
fo;t s»rr.vc "u point que l’évaporation ne purflè plus
continuer fan» donner lieu à la cryftalüfation. Oïl
reconno’t ce point à une pellicule (aline fort mince,
qui pr.roît à la furface de la liqueur & oui la ternit
comme s’il y éroit tombé de la pmiffière.. Cette
pellicule nefi autre chofe que les premières portions
du f i l qui commence-1 à fe eryftallifer : elle ne
fé 10 me jamais qu’à la furface parce que ce fe l
ne fe cryftalffe que par l ’évaporation , & que l ’éva-
poraton ne fe fait jamais qu’à la furface.
M. Rouelle , dan' fon mémoire fur la cryftallifa-
tion du fe l marin, dit néanmoins avoir obfirvé que f
quand l'évaporation de la diflolution de te fe l eft
très-l.nte, & qu’e le fe fait à une chaleur qui n’ex-
•ccde point ceile de l’été de ce pavs-ci, les cryftaux
de fe l commun .fe forment au fend , &.non à la fur-
face de la liqueur.
’ Comme cela parbît tout-à-fait confaire à la manière
dont ce fe l Ce cryftallife dans tome autre cir-
conRaocè 3 ne feroit-on pas mieux fondé à croire
que, da's cette évaporation infei'fibîe, les cryftaux
d e fe l marin fe forment d'abord à la furface, comme
dans toutes ’lés autres ' évaporations , mais qu’on ne
peut les y appercevciir, à enufe de l’extrême petite!?e
qu’ils < nt d’abord , & que la chaleur étant trop foi-
ble pour ddft cher leür furface fupérieure & la faire
adhérer avec lJair, ces petits cryftaux tombent au
.fond de la liqueur avant de'pouvoir être apper-
çus , & s’y groflîfient par l’union d’autres petits
cryftaux qui fe forment & fe précipitent de la
même manière ?
Si lorfqu’on eft parvenu au point de cryftallifa-
îion , on çeflbit de faire évaporer, & qu’on fit refroidir
la liqueur après l'avoir filtrée & mife dans
ure bouteille , pour empêcher l ’évaporation que
pourroifr-occafîonner ce qui lui refte'oit de chaleur,
à peu e le refroidiffém-nt y feroit il former quelques
cryftaux ; tout le fe l refteroit en diflolution
dans l ’eau. S i, au contraire , on continuait, à p re’er
l ’évaporation, le fel, à la vérité, fe cryftalliferoit
en jzran ^e quantité; mais comme fes parties n’au-
roient pas le temps de s’arranger entr’elles d’une 1
manière' convenable , les cryftaux feraient petits
& mal conformés. Le parti qu’il faut donc prendre
, c’cft de continuer l ’évaporation, mais de la
ménager de'manière qu’elle foit lei te : on.ob- ‘
ticn: alors de très-beaux cryftaux, partie en cubes
, partie en pyramides creufis formées par des
cubes.
Cependant il eft à propos d’obfèrver que quoi- j
qu’en -général les cryftaux de fe l marin, foientmoins j
régulier' iorfqu’ils font formés par une évaporation
rapide que par une évaporation lente , cette irré-
gulari'é eft beaucoup moins fenfible dans ce fe l que
dans la plupart des autres, & que les cryftaux tendent
toujours fenfiblement à la forme cubique > ou
paroillent au moins compofés de cubes.
Cetle obft rv ation donne lieu de croire que lès
molecu_es primitives intégrantes de ce fe l font .éi,les-
memes de. figure cubique : on conno.ît alors que
toutes les faces de ce/éZétant égales & femblables,
il^ doit toujours réfult r. de leur, m-ion , des lolides
réguliers plus ou moins approchais de fa figure
cubique, quelles que foient les faces par lefqueiles
ces molécules fe feront réunies.
D’autre part , quoique dans une évaporation
moyenne une très-grande part e des cryft-iux du
f i l commun fe‘forme en pyramides quadrangulaii e s ,
creufes & rënverfées, ou ëfpèces de trémies , la figure
cubique n’en eft pas moins la forme primitive
& eftèntiel e de ce fe l y car ces trémies font toutes
compofees de cubes fenfîbles.: de plus, elles ne fe
forment, en quelque forte , qu’ac çiden t elle m e n t
par l’union êe plufîeurs prifmes quadrangulaires
compofés de cubes qui viennent s’appliquer fue-
cefljvement fur les côtés d’un premier cube., lequel
s’etant formé à la furface de la liqueur, y relie
fufpendu par l ’adhérence qu’a fa furface fupériéure
de fléchée avec l’air. Comme ce premier cube eft
d’ailleurs un peu enfoncé dans , la liqueur par fon
propre poids, enfôrte qu’elle s’élève un p;u le long
de fes côtés , il devient par-là une efpèce de fondation
très-propre à la formation de cette pyra-
; mide. Ce mééhan’fme eft expofé fort au long dans
Jüncher & dans un mémoire de' M. Rouelle, dont
l ’objet eft l’examen de la cryftallifation du fe l
marin.
Ce n’eft pas feulement pour obtenir les f i s en
cryftaux beaux & réguliers , qu'il eft effentiel d’ob-
ferver à leur égard ies règles de la cryftalliflition
les plus conformes à leur caradère : car la figure
de leurs cryftaux étant une fois bien déterminée ,
peu importeroit après cela qu’ils fulient ou ne
fuffent fj point cryftallifés régulièrement ; mais la
cryftalJifatîon des f ils a un' grand rapport à un
objet d’une toute autre importance, je veux dire à
leur pureté.
On a déjà dit que, quand un fe l eft bien ciyftal-
li fé , l’eau de fa cryftallif.tion eft très-pure, & ne
contient rien des matières hétérogènes qui pcù-
voient fe trouver avec lui dans la même difîôlution ;
cela a lieu , même à l’égard des autres fels quipour-
roient être difîous dans la même liqueur. Si donc
on a pim leurs fels diffous enfi mble, on peut ordinairement
les féparer afleU exadement les uns des
autres, en les "fai faut eryftallif.r'chacun fuivanc
leur caradère ; car Hans le nombre prefque infini
des fels qu’on connoit où qu’on peut faire, peut-
être n’y en a-t-il pas deux dont les ph^n mènes de
la cryftallifation foient abfolumeut femblables.
Le oitre & le fe l commun qui viennent de fournir
des ex mples des deux grands moyens de eryfîal-
lilation, vont nous fervir encore à faire connoître
la manière d’employer la cryftaU fatiori , à féparer
les uns des autres plufîeurs fels différens, confondus
dans une même diffoiution. Ç ’eft certainement là
un dés plus beaux & 'des plus utiLs problèmes de
la chymie.
Suppofpns donc qu’on ait du nirre Sc du f l commun
diffous dans la même liqueur, & qu’on fe
propofe de f parer ces deux f i s . P> ur 1: peu qu’on
'fafTe attention à qé qui vient d’être dit fur la
cryftallifafton , on. trouvera bien facilement le
moyen d’y parvenir : il eft aifé de f nt r que c’eft
•en employant a cernativ:ment l ’évaporation 6c le
rçfioidifTemènt.
Il faut donc, c o m me n cer par faire évapqrer cette
liqueur ; s’il fe trouve une pellicule, à f.i furface,
& qu’en en fai fine, refroidir promptement une petite
quantité, o» n’apperçoiV.e point de cryftaux &
de nitre s’y former, c’eiVune marque que c’eft le
f i l commun qui domine ; il faut dans i e cas continuer
à évaporer , en feparant fi l’on veut, le fe l
commun à mefure qu’il fe çryftallife , ju'qu’à ce
que la liqueur foit parvenue au point de fournir
des a gui 11 es de nitré dans la petite portion qu’on
en fait refroidir de temps en temps pour l’efiayer:
alors il faut cefT.r d’évaporer, & laiffer refroidir
toute la liqueur, pour donner lieu à la cryftallifation1
de tout le nitre que ce refroidi ftement pou ira
fournir ; après quoi on recommencera à évaporer
pour fépaier une nouvelle quant té d e f i l commun ,
Sc pour rapprocher la liqueur au point de donner li,eu
à la cryftallifation d’une nouvelle quantité de nitre
par le refroidifFement.
On continuera ainfi à faire eryftallifer alternativement
cès deux fels , F un par-l'évaporation , &
l'autre parle refroidiffement, jufqu’à ce qu’on les
ait entièrement fépàrés.
Si dans le commence ment de î’o-pérat’on on
avoit obfervé, en fàifant l ’dlai , que la liqueur
donnât des cryftaux de nitre par le refroicliftimént
avant qu’il eut paru de pellièu'e ,. ce f roit une
marque que le fe l marin n’y feroit qu’en petite
quancité , & en bien moindre portion que ie nitre ;
dans ce cas ce feroit le nitre qui fe cryftalliferb't
le premier , mais toujours à fon ordinaire par le
refroidiflement : la quantité excédante du nitre en
étant fcparée. par cé moyen , alors- le fe l marin fe
cryftftliferôit à Ion tour par l’évapor^tidn.
Il y a plufieurs remarques efientieüe? à; faire fur
cette réparation des différens fels par la cryftkl-
lifation.
D’abord : quoique les deux choifis dans cët
exemple foient des plus propres à être-fépares a'nfi ,
attendu que Je fel marin eft un de ceux qui fe.
cryftallifent le moins par le refroidilfêmem , & -e
nitre au Contra-re un de ceux qui fe cryftallifent ie
nveux par ce moyen ; cependant, après une première
cryftallilat on de ces deux fels , telle qp’o v
vient de la décrire, ils ne (ont pas exactement &
eatiéc.ment féparés l’un de l’autre : le fe l marin
c o n tie n t u n peu d e n itre , 8c le n itre co n tie n t aufia
i un p eu de f i l m a rin , p arce qu’un fe l en e n tra în e
, toujours u n e p eti e p ortion d’un a u tre d an s la c ry i-
ta ü ifa tio n . Mais quand d eux fels foiit aufli différens
l'u n de l’a u tte à c e t égard qve le fon t ces d e u x -c i,
l ’on p arv ien t lac ilem e n t à c e tte fépa'-ation exaéte
en les fa i'a n t diffoudre l’u n 8c l ’au tre fcp arém en t
dans de n o u v elle eau , Sc en p ro céd an t à le u r cryftallifatio
n p ar la m êm e m éth o d e.
C om m e il fe fa it u n e n o u v elle rép aratio n à
i ch aq u e cry ftallifatio n , on p a rv ie n t, en ré ité ra n t
fuffifam m ent ce tte m anoe u v re 3 à les avo ir enfin a t -
folum en t p urs.
l a fécondé rem arq u e qu ’il fa u t fa ire fur la rép
aratio n des f i s p a t la c ry fta llifa tio n , c’eft que
; c ette f p aratio n d ev ie n t d’au ta n t plus difticile &
, p lus lo n g u e , que les fels fe reftem b len t d av antage
: p ar le u r m a n iè re d e fé ery ftallifer. 11 p a ro ît, p ar
exem p le , que fi l ’on a affaire à deux L is q u i ne
; L ie n t fu fcep tib les d e fe b :en eryftallifer l’un Sc
i l ’a u tre que p ar l ’év a p O ra fo n , com m e le fel m a -.
l rin & la féléiii e , ou p ar le refroidi'ITem: nt-, com m e
le n itre & le fel de G la u b e r, ils. reliero n t tou -
: jours confondus , de q u elq u e m an ière qu ’on les
; tra ite .
C ep en d an t dans ce cas m êm e on p eu t enco re
; p arv e n ir à le u r réparatio n ; p rem iè rem e n t, p arce
• qu ’il eft fo rt rare que d eu x fels différens e x ig e n t
;ij p ré c ifrm e n t le m êm e deg ré d ’évap oratio n ou de
f refro id iftem eu t p m r leur, 'c 'y fta ilifi'i n ; e n f t-
ij con d l ie u , parce, que quan A m êm e ils Ce teftèm - .
! -bi.eroient b eaucoup à c e t éjg^.rd;,i les différences-
'q u i ne. p eu v en t m anque;' d e fe tro u v e r en tre la
I form e & la g rolfeur de leu rs cryftaux lotfq u ’i.s
fo n t régu liers procurero t un m oyen d 'e n fa i.e au
• m o in s d abord v une fé p a ra fô n é b a u c h é e , qu ’on
; p ou rro it perfeélip nn er enfüitÇ p a r la m êm e rn a -
noeuvre lu fiifam m e n t.ré it.ré e ,
l M ais i l y a des fel's q û i 'oo'pôfént à le u r fép a-
- ra r on m u tu elle p ar la cryftadifa ion , u ne'rvfiftance
• m ai q u è . e & m êm e in fu rm o n tab le. C e fo n t ceu x
. qui o n t de i ’ad io n les uns fur les a u tre s, & d o n t ies
: parties ont récip roq uem en t de f ad h ère c e e n :r’e iie s.
; , O n a très-peu obfervé jufqu’à p réfen t c e tte ac-
' tio n des, fels; n en ries les. u ns fur les a y tre t; cepen -
j d an t i l {s’en t-roqyev dan s lefq cels e lle , eft Ten-
| fible ; tels font le fel am m on iac & le fub lim é
t c o rro fif, qui n on -feu lem en t Ce f r v e r t récip ro -
i q uem ènt- d’»nterm edes p o u r fe fa ire diffoodre en
r p ris g ran de q u an tité dans l ’fa u & dans l’e p rit-d e -
• ? v in , m a s q u i é ta n t u ne .fois con fon du s dan s le
j. m êm e f diftb lv ant , n e. p eu v en t p lu s ê tre c ry ftal-
j iifés fép arém en t p a r aucu n m oyen.
|\ Il y a dés fels q u i o n t Une fi g ran d e affinité
i' avec i’e à u , qui font fi diffo uh!es p ar c : m cnftrue
i qu ’ils n e p ë u v e rt' en q u elq u e forte fe ery ftallifer.
1 L eur fblutio n d em an d e à ê tre évap orée p refq ue
V v à