
arrêter les fleurs, & pour guérir les affrétions rhu-
oeaîifmales.
Sirop de karabê. (
On trouve fous ce nom , dans la plupart des dif-
jpcnfaires modernes, un firop narcotique, dans- la
composition duquel entre le fuccin , ou quelques-
uns de»ces principes à titre de correctifs de l’opium
; ce qui eft, pour l’obferver en payant, une
vue affez vaine , tant abfolument, ou en fo i, qu’en
particulier : c’eft-à-dire , en fe promettant cet effet
du fuccin , ou de ces principes.
Voici ce firop, d’après la pharmacopée de Paris :
prenez opium pur, coupé par morceaux , deuxfcru-
pules ; faites-le fondre dans un vaiffeau de terre,
fur un feu modéré, dans douze onces d’eau commune
; paffez la folution avec forte exprefïion ;
clarifiez & ouifez en confîftence de firop épais ,
avec une livre de fucre blanc ; lorfque le firop fera
refroidi, mêlez-y exactement deux fcrupules d’ef-
prit de fuccin ; gardez ce firop dans un vaiffeau
exadement ferme : la dofe de ce firop , eorrefpon-
dant à un grain d’opium , eft d’environ demi once :
le fuccin entier , fon huile & fon f e l , entrent dans
en grand nombre de compofitions officinales 3 tant
externes qu’internes ; le fuccin entier, par exemple
, dans la poudre antifpalmodique de- la pharmacopée
de Paris ; dans le baume de Fioraventi ;
l ’huile & le fel dans la thériaque célefte ; l ’huile
feule dans4es pilules hyftériques, l ’effence antihyî.
téiique, le. baume hyftérique, le baume acoufti-
que , &c.
L ’eau de luce n’eft autre chofe que de l’huile
effentielle de fuccin , mêlée avec de l’efprit vola*
til de fel ammoniac. -
Pour faire ce mélange, on triture avec grand
foin dans un mortier , de l’huile èffentielle de fuccin
, avec du blanc de baleine. On met ce mélange
en digeftion avec de l ’efprit-de-vin, qui par-là
fc charge de l ’hu-le de fuccin ; on verfe quelques
gouttes de cet efprit-de-vin dans de l ’efprit volatil
de fel ammoniac tiré par la chaux, ce qui lui
donne une couleur laiteufè ou blanchâtre. C ’eft ce
mélange qui eff connu fous le nom d'eau-de-luce y
qui eft un remède fouverain contre la morfur'e des
ferpens & des vipères, lorfqu’on en prend à plu-
fîeurs reprifes dix gouttes dans un verre d’eau, ce
qui produit une tranfpiration très-abondante. II y
a lieu de croire que ce remède auroit un effet très-
heureux , fi on l ’employoit contre la rage. Article
de M, Roux y ioôleur ça Médecine.'
S U C S D E S P L A N T E S .
( Art de tirer les )
tire les fucs de differentes plantes fraîches
pour en extraire les fel s êflcntiels, & pour plufieurs
ufages médicinaux , foit pour les faire prendre tels
qu’ils font, foit pour les réduire en fîrops & en
extraits.. #
La méthodè générale pour tirer ces fucs confîite
'à piler la plante dans un mortier de marbre, & a
la foumettre enfuite à la preffe : il en fort un fuc _
trouble & verd qu’on clarifie ordinairement, comme
nous le dirons inceiïamment.
Les fucs de toutes les plantes ne font pas également
faciles à extraire : quelques-unes, quoique
très - fraîches, en contienneni.fi peu , qu’on eft
obligé d’y ajouter un peu d’eau lorfqu’on le pile,
ûns quoi on n’en reiireroit point ou prefque point
de fuc à la preffe : d’autres , quoiqu’elles en loient
abondamment pourvues, n’en peuvent point fournir
davantage, à caufe de la grande quantité de .
mucilage dont elles abondent, lequel donne une i
telle vifeofité à leur fuc, que cela l ’empêche de (
couler ; on eft obligé d’ajouter auffi de l’eau à* ces
plantes pour en obtenir le fuc.
Les fucs tirés ainfî des végétaux par un moyen
méchanique, ne font point, à proprement parler, I
un de leurs principès ; ils font plutôt un amas de
tous ceux des-principes prochains dès plantes qui
font diffolubles dans l ’eau, tels que la matière fa-
vonneufe extraCtive, la fubftance mucilagineufe,
le principe de l ’odeur, toutes les fubftances falines
& fucrées, le tout diffous dans de l’eau de végétation;,
ces mêmes fucs font chargés outre cela
d’une portion de fubftance réfineufe & de la partie
verte coloranre, qui eft dans prefque tous les végétaux
de nature réfineufe ; ces deux dernières fubf-^
tances n’étant point diffolubles dans l’eau, ne font
qu’interpofées entre lès autres principes diffous
dans le fuc , & en troublent par conféquent la
tranfparence. Elles y font adhérentes néanmoins
jüfqu’à un certain point, & affez dans la plupart
des fucs., pour qu’on ne puifle les en féparer par
la feule filtration.
On eft donc obligé , lorfqu’on veut clarifier les
fucs, d’avoir recours à quelques préparations qui
doivent précéder & faciliter la filtration.
Les fucs a ides, peu mucilagineux , fe clarifient
en quelque forte d’eux - mêmes ; ils n’ont befoin
que de quelque temps de repos ou d’une légère
chaleur pour cela.
r Ceux de la plupart des plantes antifeorbutiques,
qui abondent en principes falins volatils, peuvent
être difpofés à la filtration,, par la feu’e immer-
• fion de l’eau bouillante ; & comme ils peuvent
; être contenus dans des bouteilles fermées, lorf-
■ qu’on les chauffe ainfi au bain-marie , cela donne
la facilité de leur conferver leur partie faline volatile
, dans laquelle réfîde principalement leur vertu.
La fermentation eft encore un mpyen très-efficace
pour clarifier les lues qui en font fufeepti-
blcs , car toute liqueur qui a fermenté s’éclaircit
d’elle-même après la fermentation. Mais comme
il n’eft pas à propos de laiffer fermenter la plupart
des fucs , & que d’ailleurs il y en a beaucoup
qui ne feraient fufceptibles que d’une fermentation
! imparfaite, ou ne fe fert guère de ce moyen pour
leur clarification.
Celui qui eft le plus ufité, & qui en même-
temps eft indifpenfable pour les lues qui contiennent
une certaine quantité de mucilage , c’eft 1%?
bullrion avec le blanc d’oeuf.
Cette matière qui a la propriété de fe coaguler
dans l ’eau bouillante, & celle de s’unir avec 1«
mucilage ,■ faifit ce dernier , le coagule avec elle %
le fépare ainfî de la liqueur, entraînant avec elle ,
en forme d’écume , la plus grande partie des matières
réfîneufes & féculentes qui en troubloient la
tranfparenqe ; & comme celles qui refteot après
cette ébullition avec le blanc d’oeuf ne font plus
retenues par le mucilage, elles peuvent enfuite être
très-facilement fé parées par le filtre.
Les fucs des plantes , fur-tout avant leur clarification
, contiennent prefque tous les mêmes principes
que la plante elle-même, parce que dans
l’opération par laquelle on les extrait, il n’y a
aucune décompofition & que tout refte, quant à
fa nature , dans le même état que dans la plante.;
les principes contenus dans le Le font feulement
féparés d’avec les parties tèrreufes, huileufes & réfîneufes
les plus groflières, qui compofentla matière
•folide qui refte fous la preffe.
Ces fucs ont donc exactement les mêmes vertu
que les plantes dont ils font extraits, quand ils
font bien préparés.
Au refte, on fent bien qu’ils doivent différer
autant les uns des autres quant à la nature & aux
(proportions des principes dont ils font chargés i
que diffèrent entre elles les plantes qui les four-
niffeitf. ( Dist, de chymie, ) Fffft.