
Îp6 S À L
* i° . En optant de la manière la plus favorable a
la féparation du fel marin d’avec le faipêcte, on ne
peut prétendre qu’à enlever environ moitié à chaque
opération bien conduite.
n". L e fel marin qui reliera dans le falpêtre ,
meme après la première opération, ne fera fenfîb-e ,
ni au goût, ni à la vue, & ne s’annoncera pas fur les
charbons par la décrépira' ion , mais feulement par
les lignes que nous avons détaillés..
3°. Le fel qui fe précipite dans les cuites, n’eft
jamais pur. 11 eft mêlé de tantôt moitié, tantôt un
tiers , tantôt un quart de falpêtre, quelquefois plus ,
quelquefois moins. e
La quantité pour laquelle le falpêtrefe mê'e au
fel marin dans èes précipitée, dépend de l’état où. là
cuite fe trouve dans l ’inftairt où le fél fe dépofe.
Plus là cuite eft alors rapprochée & chargée de lài-
pêtre., plus le fel marin entraîne de falpêtre avec
l i i .
4 . Chaque fois que le fel marin commence à fe
précipiter, il continue toujours de le faire jufqu’à là
fiii.de a cuite & même après qu’elle eil décantée
dans les baflins.
D’où il Pu t que tout falpêtre provenant d’une
cuite, où le fel marin «■’ efl précipité , ti ndra né-
ceflairernènt une grande iquàntVé de ce fel. Auffi
a t on vu dans les expériences ei-deflùs , que les
falpêtre s prove-aqs. des eûtes qui avoient rendu du
fel marin , ayo en: annoncé qu’il$ en avoient gardé
environ un quart de leur maflè-, forfqjr-pn les avoit
éprouves. fur les 'charbon?; & cependant ces cuites
avoient été retirées a (fez. à temps, pour qu’il y
reliât une quantité d’eaux mères cpiifidéiable.
5°. Indépendamment de ce quart de fel marin
qui fe mêle dans le corps des pains qui viennent deces
fortes de cui es, on a Vu que la bafe de ces pains
étoit fo’mée d’un dépôt qui étoii au moins moitié
fel marin.
J ’ai fait voir, en payant du rapuroir ulîté chez
les fa'pétri ers de Lorraine, que le dépôt de çe fel
qui s’y faifoit, étoit principalement dû au dé-
graflage que la cuite effuyeit dans ce vafe ; par la
rûfon que.ee dëgraiflage pe:met:oit aux molécules
du fel mar’n , p écédemment enveloppées par les
matières g. rafle s , de fe raffembler & de fe dépo-
fer. Cette raifon ne peut avoir lieu ici pour expliquer
ces culots, puilque les cuites,, dont il eft
queûion, ne th nn nt point de g:aifl.es. Mais nous
avons vu depuis, que le refroi diflement fe.ul d’une
diflolurion chargée de fe l, eu fa’foit d/pofer un
trente deuxième , & comme il cft démontré par
ces dernières expérience: que le fel entraîne avec
lui le double & même le triple de falpêtre, on a
de quoi expl quer la formation de ces culots.
6°, Le moment où la criftallifation dy fàl-
SAE
petrô s annoncera dans une cuite chargée de fel
marin & de falpêtre 3 dépend beaucoup moins de
la quantité d e^u qu’on donne à la eu"te, que
du plus ou moins grand rapport' où le fel marin
fe trouve avec le falpêtre. Car l ’expérience a fait
Yoir qu'à partie égale , & même lor qu’il ne fa t
.que le tiers de. la, niafle | çe f l s’annon.çoit toujours
le premier, quelle que fût la quantité d’tau
qu’on donnât à la cuite.
7®* Chaque fois qu’on voudra purger de fel marin
une certaine quan'ité de falpêtre , que que chargé
qu’on le fuppeie , il fera inut le d’y joindre | lu$
du double d eau que le poids de la mafle entière. Car
on a vu que fi le falpêtre n’eft que le tiers de cette
mafle , il y refera confondu ; que ces deux fel s ne
font réparables , au moins avec quelque profit, que
lorfqu’ils (ont à-peu-près à parties égales.
On a encore vu que p ur tenir le fel marin parfaitement
fondu , il ne lui falloit que t 1 pis fois fon
poids d’eau bouillante. Si on donne donc à cette
mafle. où ce f l n’eft que pour moitié, deux fois
fon poids d’eau, ce fel y trouvera trois fois le
flen, & par conféquent tout ce-qui lui en faut
pour être diflous ; le furplus fera pour la difloluiiori
du falpêtre, & pour fa iliter la féparation des deux
f i s anivés à l’éiat de diffolution complette.
8°. La quantité d’eau qu’on mettra pour réparer
le fel marin d’une mafle de falpêtre qu'on fpupco.nne
en contenir, r.e doit pas fe régler fur ce qu’on
préfume qu,e cette mafle eu tient, mais fur ce
qu’el e en peut tei ir jufqu’au terme où il eft réparable.
En partant de-la, on ne court d’autre rif.jiie
que d’avoir dans la cuite une certaine quantité d’eau
fuperflue, que l ’évaporation emportera bientôt,
inconvénient incomparablement moindre que de
hafarder.un précipité, qui perdroit toute la cuite.
D'ailleurs on a pu remarquer dans la dernière
expérience , où le fel marin n’entroit dans la cuite
que_ pour un fîxième feulement, que les réfult rts
avoient été, rela ivement à la purification de ce
fel , proportionnellement les mêmes que dans l ’expérience
ou le f l avoit tété compris pour un cinquième.
Obferv.cuion fur la féparatiqn du fe l marin,
Appli quons maintenant toutes ces réflexions 8c
ces expériences au travail des raffineurs, rela rivement
à 1a féparat on du fel mar:n. Voyons d’abord
comment ils procèdent à cet égard dans le premier
raffinage qu’ils donnent au falpêt e.
S -ppofons , comme nous avons déjà fait, que
le1- fàlpêtres bruts tiennent vingt pour cent de fel
ma in.
I es raffineurs de Paris mettent dans leur chaudière
quatre muids d’eau pour fondre trois mille
S A L
ftx cents livras de falpêtre br.:t Ceux de Verdun
mettent, environ deux mu iL & demi pour deux
mille quair: çe ts livies. Ainfi le uns & les. autres
mettent environ une demi-livre d'eau par livre de
fijpetre brut, ou cinquante pour cent d’eau.
Les raffineurs de Paris fe "trouvent en peu de
temps par- l ’évapo ati n , fort au-deflous de la
quan-ité d’eau qu’ils ont mile d ns leur chaudière.
Il eft vrai qu’il ; ne laiflent pa leur cuite très-long
temps fut le feu. Mais on croira facilement qu.'a-
}rè, cinq heures de feu, dont, trois d’ébulitioii ,
fort peu ménagée, & avec un raffraîchiflement aufli
foible que celui que cette cuite reçoit, elle aura
.perdu près de moitié d''l'eau qu’elle avoit au
comme ne ment. Ainfi d’une demi-l:vre d eau par
livre’ de falpêtre brut, il ne s’eii trouvera donc
qü’environ quatre onces-
J ’ai fait fentir Lnconv'n:ent qui en réfultoit
p ur le dégraiflage. On va voir que c’efl^encore pis
pour le fel marin.
Le raffineur de V e r ’un, par fes friquens rafrai-
cbilfémens & pat fes ïnfufions de^colle, entretient
au moins dans fon bain les deux tiers'& même les
trois quarts dé la quantité d’ au qu’il ÿ a mife ; mais
quoiqu’à.çet égard il fe comporte mieux que le Raffi-
neur de Paris , il fe trouve encore fort loin de la
quanti, é d’eau que f n opération exige. En voici la
preuve.
J’ai pris deux, livres.- de falpêtre très-pur que j’ai
fait diflbudre avec hui: on'es de f 1 marin fort pur
dans une cafferole où j’avpis mis vingt onces d’eau ;
ç’étoit une demi-on-e d’eau par once de ma:ière,
comme dans les raffineries.
J’ai laifle la cuite donne un bouillon pour m’aflù-
rer que tout le flpêtre étoit fondu', & que l ’eau
avoit diflous de fel marin tout ce qu’elle en pou-
voit tenir.'
L ’évaporation m’avoit fait perdre environ deux
onçes d’eau. J’étois sûrement au-deflus de ce que les
raffineurs de Paris, & même ceux de- Lorraine o -t
d’eau lorfqu’ils trent leur cuite ; mais j’ai rendu
çLux onces d'eau bouillante a ma diffolution , afin
de me retrouver au terme précis d’une denf-once
par livre de madère. J’ai décanté tou: de fuite, j’a;
eu un réfi.lu de douze* onces quatre gros , lequel
defî'éché a fufé fur les charbons aflëz facilement.
Là cui e d ’eant-'e a fourni un pain criflallifé en
mafle, & qui offroit à peine dans le centre quelques
aiguilles courtes & mal figurées.
Ce pain, mis en égout dans un endroit très-aéré
& très-fec, étoit encore fort humide après fix jour?.
Le tie-s de fon épaifleus vers fa bafe é oit à peine
congelé, vu la quantité de fel dont cette bafe ér,o:t
chargée. J’ai été obligé de la féparer pour.faire fé-
çher le pain.
S A L ï ji /
Quand le tout a été bien fec , j’ai pefé ; j’ai trouvé
que ce pain, fa bafe compuifo , pefoit une livre une
once deux gros.*
Il n’étoit refté dans le centre de çe pain que douze
onces d’eaux-mères, qui recuites, ont abouti à un
réfidu de trois onces quatre gros, qui fufoit aflèz
facilement fur les. charbons.
Il eft inut’le de revenir fur les produits dé çet'e
expérience. Il eft évident que le fel a é:é prefque
totalement mêlé dans l.e corps de la çriftallifatio.n ,
& que les précipités eux-mêmes n’en étoient qu’aflez
fo'blement chargés , puifqu’ils fufoient avec tant
de facilité, & qu’ils excédaient d’ailleurs de beaucoup
la quantité de fel marin e-xiftante dans la cuit-*.
On peut même dire qu’il n’y a point eu de vraie réparation
entre les deux fels.
On doit conclure delà, à plus forte raifon, que
les Raffineurs qui opèrent fur des falpêtres chargés
de matières grafles, n’obtiendront point la fépaia-
tion du fel marin dans ces falpêtres, qu’ils ne l’ob-
tie-n.dp-mt du moins que très-imparfaitement par les
eaux & par les dépôts qui leur donneront des dé.-
chets confidérables , & que la plus grande partie de
ce fri reftera renfermé dans le corps de la criftalli-
fat'on du falpêtre.
Le çaffineur de Paris me foutiendra fans doute que
fes falpêtres bruts ne tiennent jamais vingt pour- cent
de fel marin , & il fe fondera fur ce qu’il ne fe forme
pas de précipité dans fa chaudière, comme il s’en eft
fait dans notre expérience.
Je réponds que la quantité dès matières grafles ,
dont les falpêtres, bruis font furchargés, empêchent
feules ces précipités ; & je m’en fuis aflùré en répétant
l’épreuve précédente fur du falpêtre brut.
En effet, il ne m’eft venu aucun précipité, comme
je m’y attendpis. Cependant, indépendamment des
huit, onces de fel marin, il y avoit encore celui que
le fa'pêtre brut teno:t , lequel alloit au moins à quatre
onçes ; c’étoit donc environ trente pour cent de
fel marin au lieu de vingt.
11 eft inconteftable que les matières grafles fuffi-
fent feules po'ur empêcher, & empêchent en effet
que le fel marin ne fe piécipite dans le premier raffinage,
en quelque quantité qu’il s’y trouve.
On me dira peut-être encore qu’il eft difficile
que les falpêtres de Paris tiennent vingt pour cent
d* fel marin , tandis que les fermiers généraux
obligent les falpêcrieri à leur en rapporter quinze
pour cent.
Il eft vrai que telle eft la loi. Mais il ne fuit pas
delà que les falpéviers n’apportent pas de quintal de
falpêtre dont ils n’aient retiré quinze livres de fel
marin. Souvent, ainfi que je l’ai vu moi-même , ils
n’en tirent pas un atome ; & pour fournir la taxation ,
ils empruntent chez leurs confrères ce qu’ils ont pu
tirer d’excédent*