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pour préparer leurs alimens. Le bols de cet arbre
eft léger, extrêmement haut & propre à faire des
petits mâts.
Pour tirer le fuc laiteux ou la .réfine, on lave le
pied de l’arbre, & .on y fait enfuite plufîeurs
entai les qui doivent pénétrer toute l’écorce. Ces
entailles le placent au-deflùs les unes des autres ;
& au- défions de la plus bafle on mafiique une
feuille de balifîer -, qui fert de goutière pour
conduire le fuc laiteux dans un vafe placé pour le
recevoir.
Pour employer ce fuc on en enduit des moules
préparés pour cela. Si c’eft une bouteille pat
exemple qu’on veut faire , on fait le moule av,ec
de la terre grade , on applique delfus un enduit ,
on l’expofe à l’épaifle fumée d’un feu que l’on
allume à cet effet : dès que l ’on voit que l’enduit
a pris une couleur jaune, on retire la bouteille
, & on y met une fécondé, couche, qu’on
traite de même , & l’on en ajoute jufquà ce qu’elle
ait l’épaifîeur qu’on veut lui donner.
Quand la réfine eft defféchée, on cafte le moule
en preflant la bouteille, & on y introduit de l ’eau
pour délayer les morceaux du moule, & les faire
ïortir par le goulot.
Vers l ’année 1746 y M. Frefneau, ingénieur du
ro i, dans la colonie de Cayenne , y découvrit
au {fi l ’arbre dont on retire la réfine élaftique.
On doit mettre en oeuvre cette réfine fur le
lieu même où font les arbres, parce que 'e fuc
laiteux fe defsèche & s’épaiftit très-promptement
lorfqu’il eft tiré de l’arbre. L ’eau tiède, ou une
chaleur de vingt ou trente dégrés, ramollit cette
matière*la rendfouple, à raifon de fon plus ou
moins d’épaifieur , mais elle ne l ’amène pas au
point de pouvoir être pétrie ou moulée d.e nouveau.
Les ouvrages faits de cette réfine élaftique font
fenfîbles à la moindre gelée, tandis que l ’ardeur
du foléil n’y fait aucune impreflion.
M. Frefneau qui a fait beaucoup d’expérience
fur le caoutchouc, eft parvenu à le diflôudre dans
de l ’huile de noix , en l ’y tenant en digeftion à
un feu de fàbie doux. Mais ■ cette digeftion fai-
foit plus., elle le détruifoit, & il ne pouvoit plus
reprendre ni fa folidité, ni fon reflort.
Pour tirer avantage de cette réfine, il falloit
trouver le moyen de" la diflôudre, & de lui faire
reprendre enfuite fa fermeté & fon élafticité. C ’eft
ce problème que M. Macquer eft parvenu à ré-
foudre , ainfî qu’on le lit dans les mémoires de
l ’Académie des Sciences.
Après avoir fait plufîeurs tentatives ayec diffé-
rens diflolvans., tels que l’huile de lin , l’eflence
de térébenthine même re&ifiée fur la chaux , le
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lait de figuier & l ’éther ; il n’a trouvé que dan#
ce dernier diflôlvant les qualités qu’il recherchoit.
Apres avoir diftillé à une chaleur très-douce huit
ou dix livres de ‘‘bon éther, il n’en prit que
les deux^ premières livres , qui pafsèrent dans.cette
rectification.
Le caoutchouc coupé par morceaux, & mis dans
un matras bien bouché avec une afiez grande
quantité de cet éther pour qu’il en foit plus que
couvert, s’y diffout parfaitement fans aucune chaleur
que celle de l’air.
La diflblution eft claire, & prend une belle
cou leur ambrée $ elle conferve l’odeur d’éther,
mais mêlée d’une odeur défagréable, & propre
à la réfine élaftique, & cette diffolution, qui eft
un peu moins fluide que l ’éther pur, ne détruit
aucune des propriétés de la réfine.
Si on la verfe, ou qii’on l ’étende fur un corps
folide, elle y forme en un inflant un enduit
de réfine aufli élaftique qu’elle d’étoit avant
que d’être difloute; fi on la verfe dans l’eau elle
ne s’y mêle pas , & ne lui donne aucune apparence
laîteufe ; mais il fe forme à fa furface une
membrane folide' & fort élaftique, qu’on peut
étendre très-confidérablement fans qu’elle fe déchire,
& qui reprend fes premières dimenfions
dès qu’on cefle de la tirer.’
Cet académicien^ en fe fervant d’une boule de
ciré, eft parvenu à faire avec la réfine élaftique
ainfî difloute de petits tuyaux de la grofleur
d’une plume à écrire.
La folidité de cette matière, fon élafticité ,' la
propriété 'qu’elle a de réfîfter à l ’eau, aux fels, à
i’efprit-de-vin & à beaucoup d’autres dîfiblvans ,
la rendent très-propre à faire des tuyaux flexibles
& élaftiques qui pourroient être néceflaires dans
plufîeurs ouvrages de mécanique ; on pourroit
1’employer avantageufement à faire des fondes qui,
par leur' fouplefle & leur flexibilité, feroient bien
préférables à celles qu’on a été obligé de faire
jufqu’à préfent avec des métaux.
Quand l’utilité de cette diflblution fe borneroit à
faire des fondes creufes, molles & flexibles, capables
d’ évacuer la veflie dans les cas où les fècours
ordinaires font toujours douloureux & dangereux,
ne fauveroit-elle pas la vie & ne prolongerait-elle
pas les jours d’un grand nombre de malades qui
périiïent faute d’un pareil inftrument.
Pour parvenir à former ces tuyaux , il faut prendre
un moule de cire, enduire fa furface de plufîeurs
couches de réfine difloute, & lorfq'ue cette
réfine a pris de la confîftance, la plonger ayec fon
moule dans l ’eau bouillante. La cire fond §t
il ne refte plus que le tubç.
Des expériences fuivieg. & des tentatives réité-j
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VeeS, apprendront peut-être bien d’autres propriétés
de cette réfine.
Il croît aufli en Amérique plufîeurs autres espèces
d’arbres dont on retire des fucs laiteux , qui,
mêlés les uns avec les autres en certaine proportion,
font propres a faire des ouvrages femblables a
ceux qu’on fait avec la réfine élaftique, mais qui
ne font pas d’une aufli bonne qualité.
M. Poivre, commiflaire ordonnateur à l’ifle-de-
France, a mandé à M. le chevalier Turgpt, quii
avoit découvert une plante très-commune dans
cette ifle , qui donne, lorfqu’on la cafte , un fuc
laiteux, pareil à celui de l ’arbre de Cayenne,
qui, comme lui, forme en s’épaififlant une réfine
fomblable au caoutchouc ; quoiqu’un peu moins
élaftique que ce dernier, elle e ft, comme lui,
fufoeptible d’une grande extenfîon.
M. dè Magellan a communiqué une nouvelle
propriété de la réfine élaftique,, connue depuis
quelque temps en Angleterre : on peut s’en fervir
au lieu de mie de pain pour effacer les traces du
papier gratté , & celles faites fur le papier au
moyen du crayon noir d’Angleterre qui eft la molybdène.
( Dictionnaire d’ hift. nat. )
G o m m e s .
Les gomnles font des fucs mucilagineux, qui fe
féparent d’eux-mêmes de plufîeurs efpèces de plantes
ou arbres, & qui ont âcquis une confîftance
folide par l’évaporation de la plus grande partie de
leur eau furabondante.
Il paraît qu’on donnoit autrefois-le nom de gommes
indiftin&emënt à tous les fucs concrets qu’on
recueilloit fur les arbres, quelle que fût d’ailleurs
leur nature ; de là vient que plufîeurs de ces lues ,•
qui font en tout ou en grande partie réfîneux , portent
encore aujourd’hui l^e nom de gommes : telles
font la gomme,copale , la gomme êlémi, la gomme
animée, la gomme, gutte & plufîeurs autres.
Mais les chymiftes & naturaliftes modernes ont
jugé à propos j & avec grande raifon , de né regarder
comme de vraies & pures gommes , que
les mucilages concrets entièrement diiTolubles dans
l ’eau : c’eft pourquoi il ne fera queftion que de ces
fortes. de gommes dans cet article.
Les gommes ont une confîftance ferme & folide,
un certain degré d’élafticité §c une ténacité afiez
grande entre leurs parties ; ces dernières propriétés
les font réfîfter, avec une certaine force, à la
pereuflion fans qu’el'es fe caftent, ce qui les rend
difficiles à pulvérifèr dans le mortier; elles font
plus: ou- moins blanches & tranlparentes , quelques-
unes cependant ont une couleur jaune ou brune ,
jnais les manières qui les colorent leur font étrangères
«
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Les gommes bien pures n’ont point d’odeur, ni
prefque de faveur , ou n’en ont qu’une trè -douce
& même fade : elles ne font diflblubles ni par les
huiles , ni par 1’èfprit-de-vin , mais l ’eau les diffout
parfaitement ; & lorfqu’elles font difioutes par une
médiocre quantité d’eau, il en réfulte une liqueur
épaifle, vifqueufe & tranfparente ; elles redeviennent
alors des mucilages , tels qu’elles l ’étoient originairement.
Quoiqu’il y ait un très-grand nombre d’arbres &
même de plantes d’efpèces abfolument différentes,
dont on retire des gommes , toutes les gommes fe .
reflemblent cependant, beaucoup, & 11e diffèrent
à proprement parler les unes des autres, que par la
quantité de mucilage qu’elles font capables de former
avec i’eau.
La gomme adraganth ou arbrifleau épineux, tra-
gacàntha, d’où la gomme adrajanth découle.
-Cet arbrifleau croît dans l ’ifle de Crète, &
dans plufîeuts endroits de l’Afîe, M. Tournefort
a pu obforver à fon aife la gomme adraganth découler
naturellement de cet arbrifleau fur le mont
Jon, vers la fin de juin & dans les mois fuivans.
Le foc nourricier de cette plante j' épuifé par
la chaleur, fait crever la plupart des vaifleaux
où il eft 'renfermé ; non-feulement il s’amafle du
coeur des tiges & des branches, mais dans l’intérieur
des fibres, lefquelles font difpofées en
rayons. Ce fuc fe coagule en fi’e ts, de même que,
dans les porofîtés de l ’écorce , & ces filets.pafîànt
au travers de cetté partie, portent peu-à-peu à
mefure qu’ils font poufles par le nouveau fuc que
les rameaux founiiflent.
Cette matière expojfée à l’air s’endurcît, &
forme ou des grumeaux , ou des larmes tortues
femblables à des vermifleaux, plus ou moins longs,
fuivant la matière qui,fe préfente; il fembie meme
que la contraâion des fibres de cette plante contribue
à l’expreffion de la gomme adraganth. Ces
fibres déliées comme de la fiiàflè / découvertes &
foulées par les pieds des bergers & des chevaux
fe raccourciiïent par la chaleur, •& facilite lafortîe
du fuc extravafé.
Gomme arabique ; l’acacia eft l’arbre qui porte
la gomme arabique. 11 y a plufîeurs efpèces d’acacia»1
L’efpèce qui croît dans les fables du Sénégal
ainfî que dans l ’Ar bié, eft fur tout fort commune
dans l’ifle de Sor & dans le voifïnagë ifo rjfle Saint-
Louis près de l’embouchure du Niger/Cvt arbre
S’élève à peine à la hauteur de’ vingt pieds fous la
fo'rii: d’un bu.fîbn peu régulier, dont le tronc eft
alfez droit , mais court, à peine de enq où fîx
pieds de hauteur fur un pied de diamèrie, ayant
une écorcè^grçffière, fîlionnée , comparable à celle
de l ’orme , brun noir qui recouvre un bois compaét,
, très-dur, très-pefanr, dont l ’aubier eft jaune 8c