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Par la même raifon, dans les temps de gelée, elle
n'en diffolVera que le douzième.
Il reftoit encore à examiner ce qui arriverait
lorfqu’on cuiroit ces diflolutions, c’tft-à dire, lorsqu’on
feroit évaporer l’eau Superflue à la criftallifà-
tion des deux Sis qui y font mêlés.
. Ma is avant d’expofer ces diflolutions à l ’aâion
du feu, il falloir Savoir fi les pertes qui fe feroient,
tomberaient fur un des deux fels plus , que fur
l’autre, ou s’il y en aurait un qui en f-roit
exempt*
J’ai donc cuit à diverfes fois des diflolutions Séparées
de ces fels , fondus toujours à la dofe d’une
livre. J’ai trouvé conflamm’ nt que le fi.1 marin fe
retrouvoit , lorfqu'il avoit été bien de fléché , à peu
près poids pour poids après ' l ’opéra don , fauf les
dechets qui arrivent toujours par la manipulation ,
lefquels ne pafloient jamais deux gros fur une livre,
c ’< fl-vdire , un foixante.-quatrième ; mais pour le
falpê tre on peut eftimer le déchet entre un huitième
& un douzième, luivanr la man'ère dont on opère ,
félon qu’on donn; plus ou moins d’eau.
Bien affurê que le Tel matin mis en difloîurion
perdoit très-peu de fon poids, lorfqu’on le cuifoic,
& que le Salpêtre, dans le même cas, en perdoit
entre un huitième & un douzième , j’ai cuit une
diflolution faturée de fel marin & dé falpêtre.
Le prenrer s’efl dépofé dès les premiers bouillons
; j’ai eflàyé, à mefure que la réduction fe faifoit,
pour voir fi le falpêtre s’aimonçoit ; je n’ai jamais pu
en avoir un eflài, tel qu’il l’aurait fallu pour retirer
la cuite & la faire criflallifer. Toute l'opération a
abouti à un dépôt Salin chargé du falpêtre qui étoit
dans la diflolution*
Concluions*
D’où il faut conclure, i° . que chaque fois qu’on
a une diflolution où le fel marin fe trouve avec le
falpêtre dans le rapport de trois à deux, il faut renoncer
à féparer ces deux fels dans les raffineries.
i ° . Que les eaux provenantes des cuites des raffi-
neurs, ne font pas chargées de fel marin jufqu’à fatu-
ration, puifqu’on en retire du Salpêtre*
Autres expériences fur Us dijfolutions,
L ’impoflibilité de féparer le fel marin du Salpêtre
, lorfque ce dernier n’eft que pour deux dans la
diflolution, tandis que l’autre y eft pour trois, étant
démontrée pour les travaux en grand, j’ai fait une
cuite où ces deux fels étoient à dofe égale. J’en vais
détailler le procédé, parce qu’il me mènera a des
iconféqu’ nces importantes.
J’ai mis difloudre dans une caflerole fur le feu
s A L
une livre de falpêtre & une livre de fel avec quatre
livres d’eau.
En tirant ma cuite à l’eflài convenable , j’ai eu
au fond de la caflerole un réfidu qui fufoit un peu
fur les charbons, lorfqu’il a été defleché, & qui
pefoit Sept onces un gros. Je l’ai eflimé tenir envi-;
ron quatre- onces de fel marin.
Le pain provenant de cette cuite pefoit, lorfqu’il
a été bien fec , douze onces deux gros ; la bafe en
étoit cha-gée de fel.
Ii en efl reflé dix-fept onces fix gros d’eaux-mères,
lefquelles recuites n’ont pu rendre de falpêtre, &
ont donné un réfidu, lequel féché pefoit dix onces,
8c qui, vu la quantité de fel marin qui étoit dans la
cuite, pouvoir être eflimé en tènir huit onces.
En ajoutant ces huit onces de fel marin aux quatre
oncés , eftimées dans le premier réfidu , on en
aura extrait environ douze onces fur les feize contenues
dans la cuite. Mais comme nous avons vu que
le fel marin perd peu dans les cuites, on pourra conclure
que dans le pain provenu de cette opération ,
il en efl reflé environ quatre onces , ce qui en feroit
le tiers.
Il fuit de-là que chaque fois qu’un falpêtre, pur
de matières gralfés, tiendra cinquante pour cent de
fe l, ce qu’on peut facilement eftimer par la règle
que j’ai trouvée, le falpêtre qu’on en tirera, en
cuifant a grande eau & avec toutes les précautions
qui peuvent favorifer la féparation des deux fels,
demeurera chargé d’environ vingt cinq à trente pour
cent de fel, tellement mêlé dans le corps de fa
criftallifation , qu il ne fera fènfible , ni au goût, ni
à la vue, fi ce n’eft vers la bafe du pain.
De ce te expérience .où le fèl ctoit mêlé au falpêtre
à parties égales, je fuis pafîe à deux autres
épreuves, où le fel marin n’entroic plus que pour un
tiers , & enfuite pour un quart. Mais comme ce fel
ne fe trouve guères dans le falpêtre brut, à desdofes
fi fortes, & que lesréfuhats de ces opérations ne font
applicables que d’une manière générale au travail
de la raffinerie, & qu’iis n’ont rien de particulier à
cet égard, fur les ré'ult Us de l ’expérience précédente
, & de celles qui vont fuivre, je n’entrerai pas
dans le détail de ces opérations. -
Il me fuffira de dire que la première épreuve, à
une partie de fel marin contre dèux de falpêtre, ne
m’a fourni l’cflai convenable p»;ur faire criflallifer
la cuite, que long-temps après que le fel marin eut
commencé à fe dépofer j & que là fécondé , à trois
parties de falpêtre c<nt/e une de fel marin, a
annoncé le falpêtre avant cet autre fel d’une manière
affez marquée, pour qu’on fit criflallifer la
cuite.
Je viens donc à l ’épreuve que j’ai faite avec la
proportion de fel marin fur laquelle j’ai eflimé que
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ïe trouvole'nt généralement les falpctres bruts fle
Lorraine.
J’ai pris deux livres de falpêtrë pur , auxquelles
j’ai joint huit onces de fel marin pur , c’eft-à-dire ,
un cinquième ; j’ai fait difloudre le tout fur le feu
dans trois livres d’eau; quantité d’eau plus que fuffi-
fante pour tenir le fel marin entièrement dégagé du
falpêtre, & bien diflbus, à en juger par les expe- .
riences précédentes. '
La première cuite tirée, quand 1 eflài a bien
marqué, a donné un pain de falpêtre très-beau &
bien criftallffé, fans qu’il fe fût encore formé de dépôt
au fond de la caflerole. Ce pain bien féche a
pefé une livre fept onces, 8c n’a point offert de fel
marin fenfible à fa bafe.
Il eft reflé de cette criftallifation une livre neuf
onces d’eaux-mères , lefquelles, recuices jufqu au
terme d'un effai convenable, ont donné, lorfque j’ai
décanté, un dépôt qui., bien féché , a pefé huit
onces , & effayé fur les charbons, a fondu fans fuflr j
ce qui, d’ap'ès ce qu’on a vu, annoriçoic environ
moitié de falpêtre.
Le falpêtre provenu de cette fécondé cuite, étant
bien fe c , pefoit quatre onces un gros. L e corps
du pain effayé fur les charbons , a paru tenir
une partie de fel marin , & la bafe en a annoncé
deux.
• 11 efl reflé de cette cuite fix onces fix gros deux
marcs, qui ont refufé de rendre du falpêtre, & qui
ont laifle un réfidu , lequel bien fec pefoit une once
un gros, & fufoit fur les charbons, comme tenant
une partie de fel marin contre deux de falpêtre.
Reprenons les produits de cette opération. Le
premier réfidu étant de huit onces, & eflimé environ
moitié falpêtre, nous donne. quatre onces de
fel : le fécond étant d’une once un gros, & eflimé.
environ un tiers de fe l, nous donne trois gros de
fel marin.
Le falpêtre provenu de la fécondé cuite, pefant
quatre onces un gros,. & tenant une partie de fel
marin contre trois de falpêtre, donne un once de
fel marin.
En ajoutant ces produits, on a cinq onces trois
gros de fel marin extrait de la totalité de deux
livres huit onces, où ce fel entrait pour un cinquième.
Ainfî, il efKrefté deux onces cinq gros de fel
marin dans le pain de la première criftallifation ,
d’une livre fept onces , donc ce pain eft demeuré
chargé d’environ un neuvième de ce fel.
D’où l’on peut déduire généralement qu’un falpêtre
qui tiendra vingt pour cent de fel marin, en
gardera environ neuf à dix pout c en t, lorfqu’on
l ’aura raffiné , pourvu toutefois qu’on ait obfervé
toutes les conditions requifès pour faciliter la fépa-
S A E * P t
ration des deux fels, & que l ’ôri n’àit eu que 1«
fel marin de matière hétérogène mêlée parmi le
falpêtre.
Cette expérience peut être appliquée au raffinage
des falpêtres bruts. En voici une qui peut 1 être aux
falpêtr-s des deux cuites.
J’ai pris trente onces de falpêtre très-pur 8c fix
onces de fel très-pur que j’ai mis fur le feu" avec
trente-fix onces d’eau. Le tout étant bien fondu, 8c
lorfque l ’eflài a marqué, j’ai mis criflallif r , j’ai eu
un pain très-beau, lequel féché a pefé une livre cinq
onces un gros.
Il èft reflé une livre fept onces d’eaux-mères, lèf-
quelles recuites ont laiflé un dépôt de trois onces fix
gras, qui a fondu furies charbons fans fufer, 8c a
été eflimé moitié fel & moitié falpêtre.
Cette fécondé cuite a donné un pain de falpêtre,
lequel bien féché a pefé quatre onces quatre1 gros ;
effayé furies charbons, le corps du pain a annoncé'
environ un quart de fel marin, & la bafe en a paru
tenir moitié.
Il efl reflé de cette même- cuite quatre onces
neuf gros d’eaux-mères qui ont refufé de donner di^
falpêtre, & qui ont laifle un réfidu , lequel defleché
pefoit une once fix gros; jetté fur les charbons, il a
-très-foiblement fufê , ce qui l ’a fait eftimef tenir un
tiers de fel marin.
En raflemblant les produits de cet’e opération, je
trouve que le premier réfidu de trois onces fix gros ,
eflimé moitié fel marin, moitié falpêtre, donne une
once fept gros de fel marin, & que le Lcond d’une
once fix gros, eflimé tenir un tiers de fel 8c deux
tiers de falpêtre, donne environ cinq gros de lei
marin.
Le falpêtre tiré de la fécondé cuite donne encore
une once un gros de fel marin à-peu-près, puifqu’il
pefoit quatre oncés quatre gros, 8c qu’il annonçoit ua
quart de ce £1.
Ce fera donc trois onces cinq gros environ qu’oa'
aura extrait des fix onces de fél répandues fur la totalité
de la cuite primordiale. Il refte donc encore
deux oncesnm gros dans le pain provenant de cette
cuite ; mais comme il pefoit une livre cinq onces, co
fera à-peu-près le onzième dé fon poids.
Concluons de cette expérience , que lorfqu’un
falpêtre tiendra un fixième de fel marin , & fera
d’ailleurs pur de matières hétérogènes, il en tiendra
encore environ un onzième, lorfqu’on l ’aura purifié
, en obfervant toutes les précautions qui peuvent
favori 1er la féparation de ces deux fels.
Concluions de ces expériences.
Ces expériences ayant été répétées une fécondé
fois, & les réfultats ayant peu varié, on peut en ri««
, rer les conféquences fuivautes.
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