
circuhiremert. On voit bien encore qu’il n’y a
pas de meilleur remède, pour arrêter les progrès
, que les tranchées faites aufli circulai remer. t.
Récolte du fafran.
Le fafran naît dans la plupart des pays , (oit
chauds, foit froids; en S ci lé , en Italie, en
Hongrie , en Allemagne, en Angleterre , en Irlande
, dans plufîeurs provinces de France, dans
la Guierne, dans le Languedoc, dans le Gâti-
nois & dans la Normandie.
Le fafran de Gatinois pâlie en France pour le
meilleur, 8c on le fubftitue avec raifôn à celui d O-
xient, malgré les ordonnances des pharmacopées
Les fleurs de fafran fe montrent plutôt ou plus
tard , félon que les automnes font fèches ou humides
, chaudes ou froides.
Quand vers la fin de feptembre, il ' furvient
des pluies douces & qu’il s’y joint un air chaud,
les fleurs parodient avec une abondance extraordinaire.'
Tous les matins les champs femblent être recouverts
d’un tapis gris-de-îin. C’eft alors que les-
payfans n’ont de repos ni jour , ni nuit : & malgré
leur vigilance, lorlquÜl furvient des pluies &
du vent, on en perd beaucoup.
Je me fbuviens quune année , dit M. Duhamel,
il furvint de fortes gelées après que les premières
fleurs de fafran avoient été épluchées , & que l’on
fut près de quinze jours , ians en voir paroître de
nouvelles. On eroyoit que la récolte étoit finie :
mais le temps s’étant adouci , les fleurs reparurent
les unes après les autres. .
Ordinairement la récolte du fafran dure .trois
femaines ou un mois. Dans le fort de la récolte on
recueille les fleurs foir & matin 3 avant qu’elles
foient épanouies : celles du matin font toujours
plus fermes ; car il paroît que le fafran qui eft une
-plante automnale, croît plus pendant la nuit que
pendant le jour.
Lorfque les fleurs font tranfportées à la maifoiv,
les femmes fépar*nt adroitement je piftil de
la fleur, évitant de le couper, ni trop haut ni trop
bas , afin de ne point lai (fer le blanc, & de ne
point couper non plus au deflus de la divifîon des
ftigmates.
On diftingue à ce petit bout blanc^ lorfqu’il en
refte, le vrai fafran d’av.ee le fafranum que les
payfans y mêlent quelquefois.
Les acheteurs redoutent fur-tout de trouver dans
îe fafran des frigmens do pétales ? parce que ce»
parties , qui fa moififfent, lux communiquent une
mauvaife odeur.
Dans le temps de la récolté, on voit transporter
dans les villes & villages voifins, où on ne
recueille point de fafran , des charretées de fafran
à éplucher.
A mefure qu’on épluche le fafran , il faut le
faire fécher au feu. Pour cet effet-, dan? le
Gatinois on le met fur des tamis de crin fufpen-
dus , au-deflous defquels on met de la braife.
La beauté du fafran dépend de la mànière dont
il eft defleché.
Quand le fafran eft bien fec, on le ferre dans
du papier & dans des boîtes ; il faut cinq livres
de- fafran verd pour en faire une livre de fec.
Lorfque- les payfans font près de le vendre , ils
me tent leurs boîtes- à la cave pour én augmenter le
poids.
' Le prix du fafran eft fort diminue depuis quelque
temps, car on le vendoit autrefois jufqu’à quarante
écus la livre , & maintenant il ne vaut communément
que de vingt à trente livres.
La première année un arpent produit au plus
quatre livres de fafran fec ; mais la fécondé 8c la
troifième , il en donne jufqu’à vingt.
Qualités afage du fafran.
Les ftigmates du fafran defféché font très-odorants
; ils fervent aux habitans du Nord & de
tous lés Pays-Bas, même de l ’Allemagne , qui
en font une grande confommation, à aflaifbnner
leurs alimens & leur thé.
On fait aufïi ufage du fafran en France dans
les offices ; on le fait entrer dans lés crèmes,
les paftiiles, &c. ainfi que dans cette liqueur qu’on
nomme efcubac. ' . •
On en fait encore un très-fréquent ufage en
médecine, quelques médecins même l ’ont appelle
îe roi des végétaux , & la panacée végétale., à eau le
de fes excellentes vertus. La chirurgie s’en fert pareillement
pour les remèdes extérieurs.
Cependant il faut ufer du fafran modérément
& avec précaution, car la quantité prife intérieurement
en peut être très-dangereufè.
L ’odeur du fafran eft généralement reconnue pour
narcotique & enyvrante. Mille obfervations, foit
écrites, foit répandues par traditions , prouvent
«ue des perfonnes qui avoient refpiré cette odeur
très-concentrée, qui ont été enfermées, par
exemple, dans des magafins où il y avoit une
grande1 quantité de fafran, qui fe font couchées
fur une balle de fafran , &c. que^, ces perfonnes,
dis-je, ont contraâé des maux de têtes très-graves,
quelquefois même incurables , ont eu l’efpnt troublé,
& ont été attaquées d’un ris exceflif &
involontaire.
L e fafran fournit une très-belle teinture, mais
fort peu employée, parce qu’elle eft tres-chere ,
8c d’un mauvais teint.
On fe fert de la couleur du fafran dans le deiïein,
dans la miniature, & pour laver des plans, des
cartes, &c.
Enfin , on pourront faire de Pamidon avec les
oignons de fafran, fi le prix 11’en étoit pas trop
haut.
La faune même & les pétales du fafran fervent,
dans les pays où on le cultive, à faire du fourrage
pour les beftiaux.
On-doit- chqifir le fafran récent, en filets larges,
rouges , flexibles., & gras au toucher quoique fec,
d’une odeur très-aromatique, & on doit rejetter
celui qui eft pâle & en brins menus, tropfecs,-
peu odorans, ou noirâtres, & ayant l ’odeur de
moifî.
On doit outre cela monder, pour l ’ufage, le
fafran choifi de la partie de fes filets , qui eft
blanche ou jaunâtre.
L t fafran contient un principe aromatique très-
abondant, très-expanfible, & capable de parfumer
une grande quantité d’eau , d’efprit-de-vin , d’huile
par exprefïion, &c.
Le fafran contient auffi une partie .colorante
extrêmement divifible, & dont une très-petite
portion peut teindre une quantité confidérable de
liquide àqueux ou fpiritueux ; car cette fubftance
eft egalement foluble par ces deux menftrues, &
n’eft pas mifcible au menftrue huileux.
Enfin le fafran contient une matière fixe qui eft
egalement foluble par lVprït-de-vin & par l ’eau ;
enforte que l’extrait de fafran peut également
s’obtenir par l’application' convenable de l ’un ou
de l ’autre de ces menftrues.
Safran bâtard ou carthame.
La tige de cette plante eft haute d’une coudée
Sç demie , cylindrique, ferme, branchue, garnie
de feuilles alternes & en grand nombre ; longues
de deux pou es , larges de huit lignes, arrondies à
leur bafe , & embralfant la t'ge terminée en pointe
aiguë , garnies de côtes & de nervures, liftes 8c
ayant à leur bord de petites épines un peu
rbides.
Les fleurs naiflent en maifère de tête à l’extrémité
des rameaux. Leur calice eft compofé d’é-
cailles & de petites feuilles, duqu 1 sklèvent plu-
fieurs fleurons, longs de plus, d’un pouce, d’une
belle couleur de fafran, foncés & découpés en cinq
parties.
Les embryons des graines n’ont point d’aigrettes ,
& lorlqu’elles font parvenues, à leur maturité, elles
font très^blanchcs , liftes, luifantes, longues de
trois lignes , plus pontues à l’extrémité inférieure ,
marqués de quatre angles.
Elles Contiennent fous une écorce un peu dure,
! bc comme cartilagineufe , une ’ efpèce d’amande
[ blanchâtre, d’une faveur d’abord douçâtre, enfuite
acre , & qui caufe des naufées, .
Les fleurs paroifient dans le mois d’aout, les
graines (ont mûres en automne.
On cultive - cette plante dans quelques, provinces
de France, d’Italie & d Efpagne , non-feulement
pour l’ufage de la médecine , mais encore
pour la teinture.
On eftime les graines récentes, luifantes, blanches
; quoique quelques-uns ne rejettent pas celles
qui tirent fur le roux, celles dont la moelle eft
blanche , grade & qui étant jéttées dans l’eau ,
| vont au fond , mais il ne faut jamais employer
celles qui font flafques , snoifies , cariées ,
roufles.
\ On ne fe fert que de la moelle & on rejette
l ’écorce.
La graine de fafran bâtard, ou de carthame ,
que l’on nomme aufli graine de perroquet, parce que
les perroquers la mangent avec avidité , & s’eu
engraiflent fans en être purgé?, eft un purgatif pour
les hommes. Elle eft remplie d’une huile âcre ,
qui en rend l’ufage fouvenc dangereux.
Safran des Indes.
Cette plante a une petite racine ofilongue ,
tubereufe , noueufe, de couleur jaune ou de fa rany
& donnant la couleur jaune dans -les liqueurs dans
. h fqu< lies onr l’itfufe ; fon goût eft un peu. âcre &
amer; fou odeur eft agréable, appro-hante de
celle du gingembre, mais elle eft plus foible.