
modérée ^ 8ç • àrpeu-près.ffembJable à celle de Veau
bouillante. L huile efTentielle qui pafle eft limpide.
& prefque fans couleur.
On ceffe la difliliation lorfqu’on s?apparçoit
qu’ elle commence à, fe colorer, & que celle qui
refie dans la cornue-,/.eft devenue .épaiflè. comme
de la térébenthine. Gin ferre«l’huile redifiée dans,
un Bacon de cryftal', qui bouche- bien.
Il refie dans la cornue une matière réfîneufe
épaiffe, qu’on rejette comme inutile.
On redifie de la même manière toutes les huiles
efTentielles qui ont befoin de l’être.
Toutes les huiles eflentiélles diminuent confîdé-
rablement pendant leur redification , les unes
d'environ un tiers, & d’autres davantage; cèla
dépend de - l’état de dépériffement où elles fe
trouvent lorfqu’on les .redifie : en général on. en
retire d’autant moins, qu’elles font plus altérées
par vétuflé.
Chaque fois qu’en redifie une huile efTentielle
quelconque, il y en a une partie qui fo compofe ;
ce qu’on recônnoît facilement par la réfîdence qui
refie au fond de la cornue, & par la petite quantité
d’eau acide qui fb trouve dans le récipient fous
l ’huile redifiée.
Ce principe n’étoit nullement apparent avant
qu’on fournît l’huile efTentielle à la redification ,
il doit fa réparation à quelque portion de phlo-
giftique qui s’eft diflipée pendant la redification,
& qui a quitté le principe aqueux, «Si l ’on faifoit
«di Ailler ainfi un grand nombre de fois une même
quantité d’huile, il eft certain qu’on la réduiroit
toute en eau & en matière réfîneufo ; fi l’on dif-
tilloit enfiiite cette matièré réfîneufe, on la réduiroit
toute en charbon : ce charbon, brûlé à
l ’air libre , fe séduit enfiiite en terre,
Lorfqu’on veut que les huiles efTentielles fe
confervent le plus long-temps qu’il eft poffible en
ben état , il faut les renfermer dans des flacons!
de cryftal, bouchés auffi de cryftal ; tenir les
flacons entièrement pleins, du moins autant qu’on
le peut; ne les déboucher que le moins fouvent
qu’il eft poflible, & les tenir dans un endroit
frais.
Des huiles ejfentielles falfifiées.
On ne doit employer dans les médicamens,
que les huiles efTentielles préparées par des gens
reconnus pour être exads. Prefque toutes celles qui
font chères, & qui nous font envoyées par les
étrangers, font mélangées,; les unes avec des
huiles efTentielles de moindre valeur, les autres
avec des huiles efTentielles d’autres fubftances ,
& auxquelles on a fait perdre leur odeur en les
expofant à l’a i r , ou en les laiftant vieillir;
{d’autres avec des Quilès grafTes, comme font
celles d’olives, d’amandes douces , &c, & <Tautrei(
enfin- avec de l ’eiprit de vin.
Celles qui font fujettes à être mêlées avec des
huiles greffes,,, font celles de Cannelle, de girofle,
de macis , de mufçadès, de faffafras , de bois de
Rhodes , Scc. ces huiles nous viennent par la
Hollande, elles coûtent moins que celles qu’on
préparé foi-même : c’eft ce qui eft caufé que peu
q’artiftes Te donnent la peine de les préparer,
parce qu’ils n’en trouveroient que peu ou point
de débit.
Au refte voici le moyen de reconnoître ces
fraudes. i ° . On imbibe un mçrceau de papier
blanc d’une de ces huiles , & on le fait chauffer
légèrement ; l ’huile efTentielle, étant volatile, fo
diffipe en entier, & laiffe le papier pénétré par
l’huile graffe , qui ne pêut Te difliper. de la même
manière, Lorf]ue l’huile efTentielle eft pure, le
papier lefle parfaitement fèc , blanc, & ne paroît
nullement avoir été mouillé par de l’huile ; en
un mot j on peut écrire deflus comme aupara-i
vant.
a°. En diftillant au bain-marie ces huiles fai-’
fifiées , la portion d’huile efTentielle pafTe dans 1^
difliliation, & l’huile graffe refie au fond du
vaifleau, p.'irce qu’elle ne peut s’élever au degré
de chaleur de l’eau bouillante.
Quelques perfonnes croient qu’on peut falfïfîer les
huiles efTentielles, en mettant des huiles grafles
dans l ’alambic, avec les végétaux qu’on diftille ;
mais c’èlï une erreur. La chaleur de l’eau bouillante
n’eft pas fufïifante pour faire élever les
huiles grafles pendant la diftillatioh,, & l’huile
efTentielle des végétaux n’en volatilife aucune
portion. Enfin, on ne tire pas plus d’huile efientielle
que fî l’on n’eut point ajouté d’huile grafle ;
ainfi cette efpèce de falfîfication n’eft point à
craindre.
On vend quelquefois, pour huiles efTentielles
de lavande, de thym, de marjolaine, &c. l’infu-
fîon de ces fleurs & plantes dans le? htiiles grafles î
mais on peut reconnoître ces fraudes en mêlant
ces huiles avec de l’efprit-de-vin ; elles fe troublent
alors, & elles fe précipitent au lieu de fe difioudre*
Prefque toutes les huiles eflèn'tielles>céphaliques,
comme celles de thym, de romarin, de faugé, dç
lavande, de marjolaine, de polium, &c. Sc les
huiles effentielles carminatives * comme celles
d’anis, de fenouil, de cumin, de carvi, &c. font
fujettes à être mêlées avec de l’eflence de térében-
thine très-redifiée.
Il y a des gens qui mettent même cette dernièré
huile efTentielle dans l ’alambic avec les plantes,
afin que, diftillant en même temps que les huiles
effentielles, elle fe redifie en fo mêlant avec,
elles. Cette fraude eft difficile à reconnoître lorfquç
l ’effence de térébenthine eft-bien redifiée. Cependant
il eft poffible de s’en appereevoir en imbibant
un linge, de ces huiles efTentielles falfifiées :
on les laifie à l’air pendant quelques heures;
l ’odeur aromatique de s huiles effentielles des plantes,
étant plus volatile , fe diffipe la première, le linge
telle imprégné de l’odeur de.l’effence de térébenthine.
L’affinité de l ’efleace de térébenthine avec
ces huiles eft fi grande, qu’il eft abfôlument im-
poffible de les féparer l’une de l’autre ; on ne peut
tout au plus que reconnaître la fravjde.
Les huiles efTentielles céphalique dont npus
Venons de parler, ainfi que celles de citron , de
cédrat, de bergamote, d’orange, de limette, &c.
font encore fujettes à être falfifiées avec de l’efprit
de v in , en place d’effence de térébenthine. Cette
falfîfication altère infiniment moins les huiles eflen-
tîelles. On la reconnoît en les mêlant avec de l’eau :
le mélange devient blanc & laiteux fur le champ;
l ’eTprit-de-vin s’unit à l’eau, & l’huile efTentielle
vient nager à la furface ; on la peut féparer par
le moyen d’un entonnoir : & la rectifier comme
nous l’avons dit précédemment.
On peut encore verfer dans un tube de verre
un poids donné de l ’huile efTentielle qu’on foup-
çonne être allongée par de Tefprit-de-vin : on ajoute
de l’eau : on, agite le mélange : on le laifle s’éclaircir
: on décante l ’huile : on la pèfe ; ce dont
elle fe trouve être diminuée , eft la quantité d’ef-
prit-de-yin qu’elle contenoit qui s’eft mêlée à
l ’eau.
A l’égard de celles qui font altérées par le mélange
d^ine huile eflentieile de peu de valeur,
dont on a laiffe perdre l’odeur, il n’eft pas poffible
d’en reconnoître la falfîfication , fî ce n’eft pas leur-
odeur qui eft toujours plus foible que celles des
huiles effentielles non altérées.
Obfervations,
Je dois obferver, dit M. Beaumé , que toutes les
fois qn’on diftille une plante pour en tirer l’Huile
efTentielle,on en obtient toujours davantage, toutes
chofes égales d’ailleurs, lorfqu’on en diftille beaucoup
à la fois. Il y a des plantes qui encontiennent
fi peu , qu’on ne recueille point d’huile efTentielle,
lorfqu’on les diftille en petite quantité.
Nous ajouterons encore une remarque fur la
même matière. Nous croyons que fi l’on diftilloit
la même plante dans diffère ns états de maturité ,
féchée & non féçhée , on obferveroit que le temps
de la floraifo.n ne feroit pas toujours le plus avantageux
pour diftiller toutes les plantes il y.
en a qui fourniroient plus d’huile avant la Aurai-’
Ton , tandis que d’autres en fourniroient davantage
après.
Les huiles efTentielles ont communément les
vertus des plantes qui les ont fournies, mais plus
marquées & dans un plus grand- degré : elles font
en général, adives, pénétrantes, & ellesagiflent
plus promptement & plus puiflamment que les
pliantes d’où on les a tirées : il faut éviter de les
faire prendre -feules , à caufe de cela : elles s’attachent
à la gorge, elles occafîonnent des picote-'
mens, des chaleurs exceffives , & même des ampoules.
Plufîeurs de ces huiles font même caufH-
ques , appliquées à l ’extérieur, & font l’effet d’un
véficatoire : telles font les huiles légères des plante*
céphaliques indigènes, comme l’huile effentiell#
de thym, de fauge, de marjolaine , &c., &c.