
fer à-peu-près conique , qu’on entortille de linge
ou de chanvre pour former un tampon qui fert a
boucher un canal qui répond à la chaudière, &
qu’on nomme Y épine , par lequel on laide écouler
les leflives ufées, comme je l’expliquerai dans la
fuite.
Il eft clair qu’en tirant à foi le matras , oii
ferme l’épine , & qu’on L’ouvre en le pouffant .cri
dedans de la cuve.
Un autre infiniment de bois qu’on nomme encore
roua b le ou redable, eft formé d’un morceau de
planche quarré, de neuf pou es de côté, dont
les angles, font abattus, & emmanché au bout
d’une perche de neuf pieds de longueur. On verra
dans la fuite qu’il fert à remuer la pâte dans la
chaudière , lorfqu’on fait du favon marbré.
Pelle creufe de fer-j elle eft emmanche'e de bois:
elle fert à differens ufagés.
Pelle de fer emmanchée de bois , qui fert à
mêler enfemble la thaux avec les fubftances falines
qui ont été pilées, & à ranger ces fubftances dans
les cu viers pour en retirer la leflive.
MaiTe de fer emmanchée de bois, pour rompre la
barille & la bourde.
Autre maffe de fe r , mais elle eft platte, &
fon ufage eft d’écrafer les mêmes fubftances qui ont
d’abord été rompues avec la maffe.
Crible fin pour paffer la chaux.
Truelle femblable à celle des maçons : on s’en
fert pour réparer les ruptures, les écorchures & les
trous qui fe font aux pains de favon.
Plane de bois , d’un pied de long, pour applanir
le favon blanc fur Us mifes.
Pelle de fer avec un manche, aufli de fer,
qui n’a que trois pieds de long j. elle fert à lever
les pains de favon de deflus les m fesi
Peigne de bois à dents de fer pour tracer fur
les pains de favon, les endroits où il faut les couper,
folt en gros pains ou par tables, ou' par pe its
cubes.
Poêlon de cuivre de neuf pouces de diamètre, fur
une pareille hauteur , avec fon manche de bois de
neuf pieds de longueur ; il fert à tirer les leflives
&' les huiles des réfervoirs.
Petit poêlon de cuivre de fix pouces de hauteur,'
fur neuf de diamètre : la longueur du manche
eft de trois pieds; communément on le nomme
cajfe ; il fert à puifer le favon dans la chaudière,
ou de l ’eau pour avrofer la chaux. "
Couteau, dont le manche eft de fer, ainfi que
la l une, il a trois pieds de longueur; il fert à couper
le favon dans les mifes ; un ouvrier le gouverne
par la poignée, pendant qu’un autre le tire, au
moyen d’une corde.
Broc de bois ou feau de huit pouces de hauteur
, d’un pied de diamètre; on le nomme' cor-
nude; il fert à porter les leflives, l’huile ou
l ’eau.
-Fil de laiton , qui a à un bout une manille, &
à l’ai tre un bouton; il fert a couper les petits pains
de favdn.
Chauderon de cuivre à oreille, que les provençaux
nomment Jervidou ; fon ufage le plus ordi-"
naire eft de porter le favon cuit,& en pâte aux
mifes.
Jarres ; ce font des vafes de terre vemiflfés, de
Afférentes grandeurs, dans lefqu.es on dépose
l’huile.
V . Des ufenfiles pour faire Us lejfives.
Dans les petites fabriques on a un ou plufieurs
cuviers , qu’on établit fur des tréteaux, affez elevés
au-deffus du terrein pour qu’on puiffe mettre deffous
des vafes pour recevoir la leflive ; il y a au fond de
ces cuviers un ou plufieurs trous., fermés avec
des robinets de bois, pour empêcher l ’écoulement,
quand on le juge à propos, & on y fubftitué un
tampon de paille pour que la leflive coule peu à peu,'
quand on a mis dans les cuviers les fubftances fàli-
ncs & la chaux, ainfi que nous l'expliquerons dans
l la fuite.
On ne s’arrêt ra~ pas plus long-tems à détailler
cette opération, parce qu’elle eft la même que ce
qu’on voit chez les ltfliveufes quand elles coulent
leurs leflives.
Dans les grandes fabriques de Marfeille la difi-
pofîtion eft différente.
Qu’on fe repréfente des compa'timents fblidement
étabhs, dans lefquels on met le mélange de fubftances
falines & de chaux dont on veut tirer la ief-
fîve : on les nomme en Provence bugadieresailleurs
cuviers % chacune a à peu près y pieds eii quarré,
& 4 pieds & demi de hauteur, & elles fontconf-
truites à chaux & à cirnent avec des briques de
plat.
On établit des. efpeces de citernes, conftruites
en terre ; ces efpeces de citernes ou réfervoirs fe
nomment en Provence recibidou.
Il faut donc concevoir que la leflive qui s’écoule
des bugadieres par les robinets tombe dans les reci-
bidous par..les, ouvertures, qui fervent auffi à retirer
la leflive ; mais la capacité totale du recibidou eft
divifée en plufieurs petites citernes par des cloifons;
de forte que la leflive qui coule par chaque robinet
J tombe dans un récibidou particulier ; on verra daris.
la fuite que cetre'précaution eft nécçflaire pour par-
venir à diftinguer.les leflives füivant leur force.
Il y a au-deftus une gouttière qui reçoit l çau
qu’on tire d'un puits avec une pompe, & Ion
fait couler, cette eau en plus ou moins grande
quantité .dans lés bugadieres ; par les robinets.
On voit encore quelques fabriques ou les buga-
dières fort formées en dedans par. cinq ardml s
épaifles, dent une, fait le fond, & les quatre
autres les côtés; on met aux jointures un mall e ,
fait avec de la chaux en poudre & des blancs d oeuf.
que lacretc de la leflive fait durcir.
On ne fe fert plus ni de blancs d’oeufs ni d’ar-
doiii's; on fait les cloifons avec de; briqués, poiçes
de plat & à liaifon , & on emploie le meme mortier
que pour la partie de la campane qui eft au-dellus
du chauderon ; quand , les. petits murs de réparation
du réebidou font à un; hauteur convenable , on
les cinre pour former' des voûtes , fur ^ lefquellcs .
foni-établies les bugad'ères#; le tout eft crépi comme
la campane : quelquts-uus fe fervent de pozzolane,
& l’ouvrage en eft plus folide.
Tout cela deviendra plus dair quand nous expliquerons
la manière de faire lès leflives ; nous
ne nous femmes propofés maintenant que de faire
comprendre ce qu’on entend par bugadieres &
recibidou, dont nous aurons occafion de parler affez
fréquemment. ,,
V I . Des chaudières pour cuire le favon , $3 de leur
établiffement fur le fourneau. .
La grandeur des chaudières eft proportionnée a la
force de la fabrique; on en voit qui ont 8 pieds &
demi de largeur , & 8 pieds de profondeur.
On économiferoit le bois fi elles etoknt entièrement
de métal, & que l’air chaud & la flamme
pût les chauffer dans toute leur étendue ; mais a
prefque toutes il n’y a que le fond qui foit aux
unes de tôle de Suède , & aux autres de cuivre,
de 4 lignes d’épaifîeur.
Cette partie, qu’on nomme le chaudron, forme
une courbe qui n’a qu’un demi pied, ou au plus
io pouces de profondeur ; ainfi elle a la figure dune
efrèce-de jatte pu d’une calotte, qui a fon embouchure
de | à fix pieds de diamètre ; les bords ,
qu'on appelle anfes, font renverfés en dehors , &
applatis comme le bord d’un chapeau cette partie
eft noyée dans la maçonnerie, qui fait le haut du
fourneau, & recouverte par celle qui achève la
caoacité de la chaudière ; enlorte que les bords
du chaudron qui font tout plats, portent d un bon
d;mi-pied fur les murs de briques qui font le
fourneau, & ce s bords font recouverts par les
• briques qui font parrie de la chaudière. •Ces briques fe nomment en Provence medons i
elles ont 9 pouces de largeur, iz de longueur,
un & demi d’épaifitur on les pofe fur le champ
pour mieux former le contour de la chaudière.
Voici comme eft conftruit ce fourneau.
Le bas du fourneau qui eft de "briques pofées à
mortier de chaux & ciment, forme une portion’
circulaire, dont le diamètre eft plus grand que le
fond de là chaudièie ou le chaudron, à l'endroit,
où les bords fe renverfent en forme de bords de
chapeau.
Quand c ire tour de maçonnerie eft élevée comme'
il çoiivi ne, on pofe u c grille de fer , fer laquelle
on met le bois qui doit chauffer la chaudière ; le
deffous de cette grille eft lè cendiier.
Un peu plus haut que cette grille, à la partie
oppofée à Tentrée du fourneau , eft la na ffance du
tuyau de cheminée, pour la décharge de la fumée î .
fouvent il n’y a qu’un tuyau dé cheminée pour deux
chaudières.
On imagine b’en que ces tuyaux doivent s’élever
au-deffus du toit, à la naiffance du tuyau de cheminée
, la bâtiffe en brique èu fourneau fe rétrécit,
comme la naiffance d’une voûte pour embraffer le
: fond de la chaudière ou le chaudron , dont les bords
font pofés à bain de mortier, fur ce qn’on à bâ i en
brique, & on élève fur les mêmes bords la part e
de la chaudière qui doit être en maçonnerie; ainfl
les côtés dé la chaudière font élevés fur les murs
du fourneau qui lui fervent de fondation.
Le tout eft noyé dans un maflif de maçonnerie*
On conçoit* qu’une pareille chaudière ne peut ê.re
chauffée que par fon fond, & que les côtés ne font
qu’une muraille de briques, bâtie en mortier de
chaux & de ciment.
Il faut néanmoins que cette bâtiffe, & le chaudron
de métal qui y eft attaché, foient très-bien
travaillés, pour que la leflive & l ’huile qu’on nier
dedans ne puiffent s’écouler : cette partie de
chaudière, faite en ciment, a quatre ou cinq pieds ,
& même plus, de hauteur; quelques-uns la font plus ~
étroite à fon embouchure que vers le milieu de fa
hauteur.
On élève ainfi en brique, & à chaux & ciment"
la pat tie de la chaudière, comprife depuis le: bord
plat du chaudron, jufqu’à un pied au-deffous dur
bord fupérieur de la chaudière ; à cet endroit, &
par-deffus la bâtiffe de brique, on forme avec des
pierres de ta'lle blanches & dures , qu’on nomme
en Provence cairon, les bords de la chaudière ou
campane.
Quand elle eft ainfi bâtie, on y applique un crépi
ou chemife de ciment, d’environ un quart de pouce
d’épaiffeur, qu’on fouetté avec force dans les joints;
on en met à différentes reprifes trois couches l’une
fur l ’autre, coupant chaque couche avec le traa-*,