
lifer une fécondé fois; alors après les avoir égouttés
fufhfammenton les trouvera parfatement beaux;
c’eft meme là un des moyens de fé parer de l’argent,
l'alliage du fer ou du cuivre , & d’obtenir
avec de l’argent de vaille]le, par exemple
, ou allié de cuivre , une diflblution aufli
b elle, aufli blanche, que fl on eût employé de
l ’argent de coupelle.
Les cryflaux de lune font, comme on le voit,
un vrai nitre lunaire, ou à bafe d’argent; aufli
ont-ils la propriété de fufer fur les charbons aryens
pnfqu’aufli bien que le nitre à bafe de fel
alkali. Lorfqu'on fait celte expérence, on trouve,
après la d é ton nation, l’argent fous la forme métallique
, incrufté à la furface du charbon..
Malgré cette propriété qu’a le nitre lunaire de
détonner avec les charbons , propriété qui indique
une adhérence allez grande de l ’acide nitreux avec
l ’argent, cette adhérence n’eft point cependant allez
forte pour-réfifter à un certa:n degré, dè chaleur;
enforte qu’on peut par la calcination ou par la
diftillaron , féparer ces de«x fubftances lune de
l ’autre.-
Les cryflaux de lune fe fondent à une .chaleur
très-douce & bien avant.de rougir; ils perdent facilement
l’eau de leur cryftallilàtion , & fe figent
ep'fu.ire en une malle noirâtre qu’en moule, ce qui
fait la pierre infernale.
Ce fel a une très-grande cauflicité , comme cela
eft bien prouvé par les effets de la pierre infernale ,
qui efl un des plus puiflans cauftiques employés-en
chirurgie , quoiqu’elle, ait perdu une partie de fes
acides dans la fulî.on qu’on efl obligé de lui donner.
Il femble que cette qualité corrofîve des cryflaux de
lune auroit du- empêcher de; les employer comme un
médicament inferii-’. Cependant il s’eft trouvé des
médecins qui les. o> t fait prendre en qualité d’éva-
-cuant hydragogue. Boyle, fans, être méd-cin, mais
aidé de quelques gens de l’art, a propofé d’adoucir
les cryflaux de lune , & vante beaucoup ce re-
mè.'e. La manière dont il adoucit ce cauftique ,
confifle à le dilfoudre dans l’eau , à mêler cette
diflolution avec une autre diflblution d’üne éga'è
quantité de nitre, à faire évapo:er le tout enlembJe
jufqu’à ficcité & blancheur ; ce qui doit fe faire
fit un fai. de fable très doux, pour enlever, eft-il
d it , feule.ment une portion de l ’efprit de nitre fans
faire entier la maiïê en fufion. Après quoi-, on
réduit cette poudre blanche en confiflance " de
pilules, en la mêlant avec de la m;e de pain liu-
îïiedéè avec de l’eau. Il
Il n’efl pas neceffaire d'être fort habile en chymie
pour feudr que le fâlpêtre que Boyle mêle ici'avec
les cryflaux de lune , n’ayant aucune a&ioii fur ce
Gotcofif, n’efl en état de l’adoucir en aucune manière,
& qu’il le laifle abfolument tel qu’il étoit 'avant ce
mélange.
En fécond lieu , la manière dont fe fait la defli*
cation, conferve aux cryflaux de lune autant &
même plus de 'cauflicité ’que n’en a-la pieire infernale
, puifque cette derrière., éprouvant un degré
de chaleur qui efl capable de la faire fondre
& de la noircir , perd néceiïàirement une plus
grande quantité de fts acides. D’après ces çonfi-'
dérations, ii efl difficile de fe perfuader ■ que le
remède de Boyle foit aufli doux & aufli peu dangereux
qu’il le dit : ce qu'il y a de certain , c’efl
que malgré les grands éloges que lui donne ce
phyfîcien , fon uiage ne s’efl point encore établi
dans la pratique de la médecine.
Il faut obferver , au fu jet des cryflaux de lune-,
que Lémeri donne aufli à ce. fel le nom de vitriol
d’argent ; mais comme il ne contient pas un- atome
d’acide vitiïolique , ce nom ne lui convient nuile-
nn-nt, & -ne doit ctre donné qu’au fel formé par 1 union de l'acide vitiiolique avec Pargent.
Cryjlàux de Vénus.
C ’efl fous ce nom qu’on désigne allez communément
le fel formé par 1 union ce l’acide du vinaigre
avec le cuivre.
Cette combinaifon pourrait fe faire en diflolvant
direftenient le cuivre dans de bon vinaigre diftillé >
mais elle fe fait bien plus commodément & plus
promptement, lorfqu’on emploie pour cela le
cuivre réduit en veïd-dè-g-rk, parce que le cuivre
daus le verd-de-gris efl déjà divifé & pénétré par
une certaine quantité de l’acide du vin : aufli c’efl
toujours le.verd-de-giis dont on fe fert pour faire les
cryflaux de Vénus.
Cette opération efl fore Ample : elle confifle à faire
diffoudre du verd-de-gris dans de bon vinaigre
difl lié , jufqu’à ce que ce dernier en doit entièrement
faturé; on-fe f.rt pour cela d’un matras., &
d’une chaleur douçe au bain de: fable. Le vinaigre,
en diflblvant le verd-de-gris, prend une belle couleur
verd-bleue ; quelques chymiftes le nomment
alors teinture de Vénus.
Qu;iiid il celle d’agirfur-le verd-de-gris , on le
décante on le fait évaporer & cyftailiferj il fc
forme dans cette . liqueur, de très- be'-ux -cryflaux
verds-bleus allez foncés , cë font les cryflaux de
Vénus. Lorfque ce fel efl expofé à un air fe c , il
péri facilement l ’eiu de fa cryftallilatiorï, & fa fur-
face fe réduit en une poudre verd-céladon beaucoup
plus, claire.
L ’acidé du vinaigré eft aflez peu adhérent au
cuivre dans cette combinaifon : on peut l ’en féparer
en enti-r par la diftillation ; :8c comme il s’eft
dépouillé de la plus grande partie de fon eau fura-
bondante en s'unifiant au cuivre on peut 1 avoir
par ce moyen dans le plus-gi and degré de concentration
: on le nomme vinaigre radical, & improprement
efprit de Vénus.
C’efl principalement pour obtenir le vinaigre
radical, que les chymiftes font les cryflaux de
Vénus ; mais les peintres emploient aufli cette préparation
, c’eft pourquoi on la fait en grand : elle
porte, dans le commerce, le nom de verdet diftillé ;
apparemment à eaule du vinaigre diftillé qui entre
dans fa compofition.
Fabrique de plusieurs fels.
Après l’expofîtion générale des Jets' & de leur
théorie, nous devons faire connorre la, pratiqué
des dilMlateûrs d’èaux-fottes pour quelques-uns de
ces fels+ dont nous n’avons pas fait conno'itre ailleurs
l'exploitation particulière., '
M. de Machy dans fon avant mémoire fur l’art
du D istillateur , nous indiquera les procédés
de cette fabrique de plufîëurs fels que nous allons
rapporter dans les termes mêmes de cet habile
chymifte.
Sel retiré du ciment à*eaux-fortes.
Le ciment d’eaux-fortes doit être confédéré, ou
comme chargé ou comme piiyé de fel.
Pour le mettre dans ce dernier état, les diftilla-
teurs jettent leur ciment dans des tonneaux défoncés
& placés debout fur des banquettes qui le tiennent
à un pied & demi à-peu-près au-delfus de
terre.
Au bas & fur le devant de ces tonneaux, efl: un
trou bouché avec de la paille , fous lequel on place
une cuve ou demi tonneau deftiné à recevoir la liqueur
qui coulera.
C’eft précifément le même appareil que pour le
travail de nos falpêtiiers & des blanchiflèu'es.
On verfe’de l’eau lur ce ciment; elle pénètre
jufqu’au fond, & s’é- ouïe dans la cuve mife au-
deflous. On la fait pafil-r une fécondé fois pour la
charger davantage ; puis on retire cette première
leflive.
On verfe de nouvelle eau fur le ciment , pour
achever de le deflaler; & comme cette fécondé
eau eft peu chargée de-/<7 , on la réferve pour la
pafler en premier fur de nouveau ciment.
Lorfque le ciment eft bien deffalé, on le porte
en tas fous un hangard pour le laider fécher a
l’aife.
Dans des marmites de fer encadrées, quelquefois
dans le dôme dés galères, au nombre de trois ,
on met évaporer la leflive jufqù’à ce qu’une g utre
verfée fur un corps froid y prenne fur le champ ime
confiflance folide.
A ce point déconcentration on verfe la liqueur
dans des terrines ou elle cryflalli’e ; au bout.de trds
jours on renverfe les terrinës fur d’autres vuides,
pour faire égoutter tout- ce qui n’efl pas c ÿflallilé.
Cette cau-mère qui contient, outre le fe l matin
à bafe terreufe , line petite quantité de v*ai fe l marin
, fe réferve , ou pour diftiiler Pefprit de f l ,
ou doit fervir à la fabrication du fel. ammoniac.
On trouve dans les terrines égouttées quelquefois
un peu de nitre non décompofé, q :i fc diftiiigue
pa" fes .ci-yflaux en aiguilles tranfparentes ; mais la
plus grande pa1 tie du Jet qu’on retrouve «fl un vrai
Jel mar:n cubique, dont étoit rempli le nitre de
première cuite.
Il eft efTentîel de remarquer qu’on n’y trouvé ,
même avec la plus exafte recherche, ni fe l de GUu-
ber, ni fe l de duobus.
Comme le difliliateur a réellement acheté fon
nitre du fermier , le fe l marin qu’il en retire eft
fon bien, aufli en difpofe t-il, & le vend-il de fix
à fept fols la livre. Ce fe l a la propriété de rougir
les viandes qu’il, a falées , & l ’on eft prefque
d’accord à préfumer que cette piopriété efl due
à ce qu’il conferve toujours quelque cl ofe de
nitreux.
Du tartre vitriolé, tiré des eaux fortes,
Le détail des procédés pour obtenir Beau-forte,
a dû faire ente- dre qu’il reftoit dans les cuiucs une
matière faline réfuiiante de l’acide du vitriol &
de la bafe alkaline du nitre que cit acide a dé-
compofé.
Les difl liâ t eu fs ont donc foin , avant de la faire
évapor-r, d’en faire l’efiai. Il confifle à y vérfer
quelques gouttes de leflive alkaline ; fi la üqu ur
fe trouble, foie en blanc, foit en verd, c’eft une
preuve qu’elle tient du vitriol non décompofé-. On
achève cette décompofîtibm,1 en verfant fur lé rotai
la même leflive alka ine-jufqu’à ce qu’on s’apper-
ço.ve qu’il ne fe fait plus de précipité.
On filtre de nouveau la liqueur par un papier
gris à fix doubles, fans quoi e le ne pafïèroit pas
aflez claire pour fournir de beaux cryflaux blancs.
On la* met évaporer dans des ma : mites de fer
tiès-prorres , ou dans des baflincs de cuivre; &
lorfqu’elle eft en confiflance de p-tit firop,-on la
veife dans des rerrines, où elle cryftallife à l ’aife
en un Jel brillant, mat, très-dur , conformé en
pointes de diamans , qu’on connoît fous les trois
noms d'arcanum dublicatum, de fe l de duobus , de
tartre vitriolé, qui font la même çhofe»
Avant de les fécher, cm les lave avec, un peu
d’eau froide qu’on joint à Peau-mère qu'on a déjà
égouttée. Cette-eau-mèïe étendue .dans de l’eau ,
. faturé e de nouveau s’il en efl befoin, filtrée, puis