.cryftaHifê au - deffous eft nommé jnofeouâtîe.
»» Pour raffiner le fucre, on le clarifie dans de
»> grandes chaudières , avec des blancs d’oeufs. On
» emploie, en le cuifant, un peu d.e graiffe de
a> poule, puis on le met à çry fiai lift r dans de
m grands plats de terre. Celui qu’ils obtiennent
» des gâteaux de fucre eft très-bianc , très dur ,
» & femblable ^u cryftai : on le nomme fucre
» mâle. Celui qu’on obtient de la molcouade,
»? dont les cryftaux font moins beaux , moins durs
» & plus doux, eft nommé fucre femelle. »
Rhumphius ne parle point de l ’ufige de la
chaux & des leflives alkalines dans le travail du
fuc de canne, ni dans le raffinage du fucre; d’où
l ’on peut conclure que les Chinois 8c les Indiens
ne les employoient point : car ce naturalise ,
dont l’exadi ude eft bien connue , n’eût certainement
pas négligé d’en faire mention.
H paroît donc confiant, d’après la forme du
premier fucre qui paffa en Europe , du temps de
Théophrafte & même avant, d’après l ’état de celui
que Barthema & Barbofa trouvèrenr chez les ;
Indiens ( & le témoignage de Rhumphius ne permet
plus d’en douter ) que l’art d’extraire le fucre
& de le raffiner confîftoit , chez les Chinois, à
l ’obtenir dans la plus grande pureté , fous la forme
çryftalline régulière , tel qu il eft dans l’état de
fucre candi.
Rhumphius dit «« l’art de cuire le lue de canne
» pour en obtenir du fucre, n’eft pas très-ancien
» chez les Indien* ; ou ils l’ont appris des Chi-
»3 nois , ou l’appât du gain le leur a fait îmagi-
» net; & jufq.u’à ce jour les Chinois ont été en-
» core les feuls, à Java , qui ayent raffiné le fu-
» cre ». Comment maintenant fe refufer à croire
que les différents arts que demandent l’exploitation
de la canne 8c le travail de fucre,. pour ks
ufages économiques, n’ayent pas été connus* chez
les Chinois, dès la plus haute antiquité.
Quoique nous n’ayons point encore trouvé de
détails fur les moyens qu’on employa d’abord en
Arabie & en Egypte, pour purifier le fuc de canne,
pour cuire le lucre & le faire cryftallifer ; néanmoins
nous voyons par les fucres gras & noirs,
que les manufactures de ces contrées mirent dans
le commerce, qu’ellts fulvirent une marche doi;vt
principes étoient diamétralement oppofés à ceux
des Chinois.
Les marchands qui apportèrent la canne des
Indes, négligèrent, à coup sûr, de prendre des
inftru étions fur les moyens d’en traiter le fuc ; Scies
difficultés qu’éprouvèrent les cultivateur* arabes
lei firent, fans doute, tenter l ’ufage de tbute
efpèce d’ingrédiens pour le purifier , 8c imaginer
ks cônes pour faire cryftallifer Sc purger le fuçre.
Emerveillés de ce que l ’obfervation leur apprît
fer l'emploi de la -hajx Sç des aUçaüs, & trop
contents des avantages qu’ils crurent trouver dans
l’ufage des cônes , pour réfléchir aux vices a -tachés
à ces moyens , ils les regardèrent comme
ab(plument effentiels au travail d i fucre ; Sc quatre
cents ans de routine aveugle ont confacré ks erreurs
de ces premiers temps.
Les Vénitiens furent les premiers qui raffinèrent
le fecre en Europe ; ils imitèrent d’abord les Chinois
, Sc vendirent dans l ’état candi le fucre qu’ils
purifioient, en clarifiant Sc cuifant quatre à cinq
fois les fucres gras d'Egypte ; ils adopte;eut enfuite
l'ufage des cônes, Sc vendirent le fucie raffiné en
pain.
Bientôt il s'établit des raffineries dans les villes
commerçantes d;Europe, Sc elles s’y font multipliées
à mefure que l’Amérique a mis du fucre dans
le commerce, 8c que la confommation de cette
denrée s’eïl. augmentée.
Examen de la canne à fucre &* de fes différentes
punies
Les çaraélères fpécîfiques de là canne pris.,
comme ceux du genre, des parties de la, fruéiifiça-
tion , ne peuvent fervir qu’à l’étude botanique de
cette plante. Pour conduire le cultivateur à une
connoifTance parfaite 'e l ’hiftoire de la végétation
de la canne , il convient noiirfeulement de coufi-
dérer l’enfemble de toutes fes'parties, l’état Sc le
rapport de chacune d’elks , d’examiner leur firuc-
tme intime, d’étadkr la marche des diverfes périodes
de leur développement fuccefîif ; mais il
faut enepre faifir toutes les modifications qu’elle
éprouve en tant que- plante| 8c fuivre celles que
reçoi: le corps muqueux,. produit de fes fondions,
pour arriver au plus haut degré d’élaboration qu’il
puifle atteindre.
C ’eft la converfîon fie ce corps en fcl çflentîel
qui, jufqulà ce j.our, a été l’unique objet de la
culture de la canne ; elle mérite donc de la put
du cultivateur l'attention la plus particulière.
La canne n’eft pas naturelle au nouveau monde ,
ainfî que l ’hiftoire le conftate , elle ne s’y trpuve
point dans l ’état fauvage. Elle y fleurit, mais les
organes de la fru édification font privés de quelques-
unes des conditions effentielles à la fécondation du
germe, qui eft ftérile : elle fe reproduit de bouture,
8c fe multiplie avec une merveilleule fécondité.
Elle aime la température de la zone torride,
Sc elle peut s’étendre dans les zox'.es tempérées jusqu’au
quarantième degré de latitude, & même encore
au-delà ; fa conflitutioh eft plus ou moins ro-
bufte, fuivant la. fîtuation 8e i’expofîtian diifoioù
* Nous .T-épéîons i nos teâeurs eue dans la céda&ion de
cet art rçous/uivons^ toujours s^yec, ;fcrtjip.uje la d ,>$i ine de
M. Diurône , dont l’ouvrage doit devenir le manuel de
ceux qui prennent intérçc à la culture de la canné à lucre.
où elle ctfoît. Peu fenfîbleà la nature de cé fo l , elle
femble entièrement fubordonnée à fon état particulier.
Sa végétation eft confiante ; mai* elle eft plus
ou moins rapide fuivant la faifon 8c fuivant la température
de chaque faifon. (Donlidérée uniquement
comme plante : elle met cinq à fix mois' à parvenir
à fon entier accroiffement.
L ’époque de fa floraifon eft en novembre Sc décembre
, Sc elle fleuri quand la culture ne l'éloigne
pas trop de l’état naturel. Le terme de fa floraifon
marque celui de fa vie , • dont la durée eft
plus ou moins longue, fuivant les ch confiances,
lorfqu’elle ne fleurit pas. Confédérée dans l’état
cultivé , le terme de fon accroiffement eft relatif
à fa conftitution plus ou moins forte, 8c il s’étend
de douze à vingt mois, elle dépérit d’autant
plus promptement que fa conftitution eft plus foi-
ble , & c’eft à l’époque de fon dépériffement qu’il
convient de la récolter.
Elle porte trois fortes de lues ; l’un purement
aqueux, l’autre extraédif, le troifîème muqueux.
La proportion 8c la qualité de ces deux derniers ,
tient à un nombre infini de circotifiances particu-
culières , dont la coriooiffance porte le plus grand
jour fur les foins que demande la culture de cette
plante, une des plus_précieufes, fans doute, que
la nature ait offerte à l ’homme.
Les rofeaux 8c îes graminées different de pref-
que tous les végétaux, en ce que leurs vaifleaux
féveux qui font la partie la plus folide de ces plantes
, n’ont pour écorce .qu’une peau extrêmement
mince, avec laquelle ils forment une tige divifée
à certaines diftances par un renflement d’où part
une. feuille, Sc par un étranglement qu’on nomme
noeud. Ce noeud préfente intérieurement une cloi-
fon qui partage la tige- en autant de Cylindres ,
fouvent creux, qu’on nomme entre-noeuds , 8c dont
la longueur varie plus ou moins fuivant l ’efpèce,
Sc fuivant les circonftances individuelles. *
Dans la canne, comme dans les rofeaux 8c les
géminées, chaque divifion eft marquée par une
feuille. Nous nommons cette divifion de la tige
du nom de noeud-canne , & nous diîlinguons dans
chaque noeud-canne , un noeud proprement d it ,
un entre-noeud 8c une feuille.
La canne préfente au premier afpeét une fouche
ayec des racines une tige avec-des feuilles.
ï>a fouche doit être diftinguée en deux parties.
I a première eft formée de plufîeurs noeuds particuliers
, dont le nombre eft eonftamment de cinq ,
quelquefois de fix , Sc jamais- plus de fept. Leur
etendue porte une à deux lignes : leur furface préfente
un rang de petits points , élémens des racines.
Nous nommons ces noeuds radicaux , parce
qu’ils femblent uniquement deftinés à donner des
A n s 6* Métiers. Tome V i l.
S U C
racines : ils font divifés entr’eux par une feuiil*
nommée feuille radicale.
C ’eft l ’en femble de ces noeuds qui forme la première
partie de la fouche, que nous nommerons
fouche primitive ; parce qu’elle paroît fervir feulement
au premier développement des noeuds-cannes
qui lg. fùivent : comme elle ne pourroit fuffire à
une nombreüfe filiation de noeuds, la nature a doué
le noeud proprement d it, de plufîeurs rangs de
points, éléments des racines qui fe développent
aubefoin , pour former avec lés noeuds, d’où elles
partent, une fouche fecondaire.
Il arrive ainfî que les points des noeuds qui fuiven,
t là fouche primitive fe développent, 8c forment
des,,, rapines j.ufqu’au moment où les noeuds-
cannes font affez nombreux 8c affez longs pour
élever hors de terre .ceux qui les fuivent 8c qui
yônt former la tige. Cette fécondé partie de la
fouche devient très-forte , 8c femble fervir feule à
la filiation de noeuds la' plus étendue.
Les racines rc-fultent du développement des vaif-
kaux féveux difpofés en rayons concentriques autour
de chaque point , 8c de ce point même que
préfentent à leur furface les noeuds radicaux 8c les
noeuds proprement.dits. La difpofît cn des vaifleaux
féveux de la racine, coupée tranfverfalement, offre
un plan circulaire peu ferré , rempli d’un tiffù cellulaire
8c recouvert d’une peau qui eft blanche d’abord,
puis qui devient brune 8c noire, 8c dont le
tilîu eft très-fpongieux. Les racines font prefquc
cylindriques, leur diamètre eft à-peu - près d’une
lign e , 8c leur plus grande longueur eft d’un pied
au plus; elles fourniffent dans leur étendue quelques
petites radicules courtes 8c peu nombreufes.
Tous îes noeuds-cannes, foit qu’il* forment la
fouche fecondaire , foit qu’ils forment la tige , font
divifés entr’eux par une feuille qui leur eft propre,
8c que nous nommons feuille-canne.
Quelque peu confîdérable que foit l’étendue
des noeud s T cannes , foit dans la fouche fecondaire,
foit dans la tige , ils portent toujours néanmoins
tous les attributs qui les caraâcrifent.
Le nombre des noeuds de la tige eft ordinairement
de 40 à 60 , quelquefois ilVélève à quatre-
vingt 8c même au-delà. Ces noeuds varient beaucoup
dans leurs dimenfîons; ils font courts ou
longs, gros ou petit*, grêles ou ienfles, 8c plufîeurs
de ces différences Ce- rencontrent quelquefois
dans les noeuds de la même tige.
Le noeud proprement dit n’eft point dans la canne
un fîmple étranglement comme dan> la plupart
des rofeaux & des gr.minées. C ’eft un véritable
anneau dont l’étendue eft de 3 , 4 , 5 lignes , 8c
jamais plus. Il offre à fa furface z , 3 , 4 & même
$ rangs de points à demi-tranfparents, difpofés en
quinconcè, 8c deftinés à donner des racines ; il
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