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Avant d’introduire ce médicament dans l’anus,
il faudra le tremper dans de l’huile d'olive , ou
enduire de graiffè douce ou de beurre frais. Pendant
l’introdu&ion , l ’on prendra garde de' bleffer
le malade. On laiffera le füppofîtoire dans l’anus,
jufqu’à ce qu’il ait produit fon effet, s’il efl purgatif
; ou bien on ne le biffera que le temps indiqué
par le médecin,
X V I .
Des Vêficatoires.
Il efl arrivé fouvent, & fur-tout dans les campagnes,
que des malades fon’t mo ts, parce que
l ’application des véfîcatoires, qui étoit Tunique
moyen de les rappeller à la vie , a été différée, faute
de chirurgien. On fent combien il feroit utile , dans
une pareille circonftance, que les perfonnes qui-
fp.vt près des malades fufïènt en état d’y fuppléer.
Cette confidération m’a déterminé à indiquer ici
les règles à fuivre dans l’application de ce remède.
Lorfqu’on devra appliquer un véfîcatoire au bras,
on aura l’attention de placer l’emplâtre fur ce qu’on
nomme le gros ou le gras du bras. Si p’eft à la
CuifTe, a environ trois ou quatre travers de doigt
des parties , fur ce que Ton nomme le gros de la
eu!(le, un peu plus en defTous qu’en dedans ; fi
cette application devoit être faite à la jambe,'
ce fera fur le mollet ou le gras de la jambe, un
peu plus en-dedans^ qu’en-dehors, à deux ou trois
travers de doigt du jarret. L ’application des véfîcatoires
fur ies autres parties du corps n’exige point
de précautions particulières.
Ordinairement l’apothicaire fournit l ’emplâtre
véfîcatoire prête à .être appliquée ; mais il arrive
quelquefois qu’on n’a que des mouches fans emplâtre
: alors on fera une emplâtre avec du levain ,
qu’on étendra fur un morceau de toile ; on humectera
ce levain avec du vinaigre , & on y ajoutera
les mouches cantharides en poudre ; on en mettra
de TépaifTeur d’un gros fol ; on arrofera le tout
avec quelques gouttes de vinaigre. L’emplâtre étant
ainfï garnie, on mettra chauffer un demi-verre de
fort vina'^re , dans lequel on aura mis deux ou
trois pînçées de poivre en poudre , & autant de
fel.
Pendant que ce vinaigre chauffera , on coupera
les poils qui feront fur là partie où Ton devra
appliquer le véfîcatoire, ou mieux on la fera râle
r; enfuite en la frottera vivement avec un linge
un peu gros , & trempé dsns le vinaigre .chaud
dont j ai parle tout-à-1 heure ; on continuera de
frotter jufqu’à ce que la rougeur fe manifefte.
Il ne faut point avoir ici égard aux plaintes du
malade : il efl même bon qu’il fouffre un peu
pendant qu’on le frottera, .
S E R
Apres avoir fuffifamment irrité la partie, on
appliquera l’emplâtre, pardeflus laquelle on met-*
tra une comprefïè, & on affujettira. le tour avec
une bande- ou autrement, félon l ’endroit où Ton
aura fait cette application.
Si l’on a plu (leurs emplâtres à appliquer , on fe
conduira à chaque application comme je viens de
l’indiquer.
Inapplication des véfîcatoires occafîonne allez
ordinairement de fréquentes envies d’uriner, &
meme avec douleur ; c’efl pour s’opppfer à ces acci-
dens que plufîeurs praticiens concilient de mêler
quelques pincées, de camphre en poudre avec les
mouches cantharides,, & que tous prefçrivent à
leurs malades,. pendant que leurs véfîcatoires agif-
fent, un ufage abondant d’eau de poulet,. de veau,
ou mieux de 1 emulfîon n trée. La garde aura donc
attention dinfîfter fur l’ufage de cesboiffons, pendant
que l’application des mouches- aura lieu.
On la-ffera les véfîcatoires eii place 24 heures
a moins que le médecin n’ait r. Commandé de les
lever plutôt. On connoîtra que les mouches au.'ont
produit leur effet , lorfqu’après avoir levé ï ’em-
plâtre , on verra une ou plufîeurs empoules pleines
d eau : il arrive quelquefois que ces empotiles n’e-
xiflent pas, parce qu’elles ont écé crevées par le
mouvement du malade ; mais' alors on verra que
la peau fera féparée des' chairs.: il faud'a enlever
cette peau, non en la coupant, mais en remportant
avec les doigts. Je dois ayertir que cet enle-
vement de la peau produit de grandes douleurs au
malade ; mais fes cris ne doivent point empêcher
d’agir.
Lorfque toute la peau féparée par l’adîon du véfîcatoire
aura ete enlevée, on appliquera fur la
plaie qui en_ aura réfulté, des feuilles de bette
qu’on aura fait amortir fur le feu , & fur lefquelles
on aura étendu du beurre frais fans fe l, avant de
commencer à lever le véfîcatoire ; on affujettira
bien le tout, comme ci-devant.
Il faudra panfer la plaie une fois le jour feulement
, à moins que la grande fuppuration n’obli-
geat de panfer plus fouvent. On employer à chaque
panfement de l ’onguent fuppuratif, ou celui
qui aura écé indiqué par le médecin; on étendra
l’un de ces onguens fur des feuilles de bettes ou
de poirées , amorties. fur le feu, fur du .papier-
jofeph^ ou de foie : d ailleurs on fe conformera à
ce qui-efl indique a i article des panfemens.
S i , à la levée du véfîcatoire, on s’apperçoît
quil n a pas mordu , on arrofera l'emplâtre avec
du vinaigre , on y mettra de nouvelles mouches
cantharides, & on l’appliquera de nouveau à la
même place.
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;:- 'X V 1 1.
Des Saignées. -
La garde préparera tout ce qui fera néceffaire
pour cette opération ; favoir une nappe pour garnir
L lit du malade, fi on le faigne au lit, ou pour
g. r lit- fes genoux, s’il efl levé ; une bande de
toiie un peu ufée , large de deux doigts & longue
d’une aune pour le bras, & de deux pour le pied ,
une compreffe de linge fin ; une chandelle ou unè
bougie allumée ; un vaiffeau pour recevoir le fang ;
un gobelet avec de l’eau propre, du vinaigre ou
quelqu’eau d’odeur.
Toutes ces chofes font également néceffaires
pour la faignée du bras- & pour celle du pied ;
excepté que pour cétte dernière , au lieu d’un vaiffeau
pour recevoir le fang, il faudra avoir lin fceau
bu un chaudron plein d’eau chaude, que le chirurgien
refroidira à volonté : on aura auffi une
couple de ferviettes propres, dont Tune fera pour
garnir les genoux du chirurgien, & l ’autre pour
efluyer les jambes du malade.
Pendant la faignée la garde éclairera & préfen-
tera le vaiffeau deftiné à recevoir le fang. Après
|a faignée, elle ne s’éloignera pas du malade ,
.crainte qu’il ne tombe en foibleflè ; elle examinera
le bras de temps en temps pour s’aflurer fî
la bandé ne fe-lâche point, ou fî le fang ne coule
point. Dans le cas d’évanouifiement,- elle fe comportera
comme il efl pratiqué dans les cas de fyn-
cope ou défaillance.
Il feroit utile qu’une garde fût faigner , afin
de fuppléer à un chirurgien, dans un cas pref-
fant ; mais au moins il faut qu’elle fâche réitérer
une faignée", bu, comme Ton d it1, rouvrir la
veine. Je fuppofe ici qu’elle a"t cté chargée de refai
gner le malade : avant de faire cétte opération,
elle dbfèrvera s’il ' efl furvénu quelqu’accident
capable - d'eo empêcher , tel què lefc -frifîbns ; les
fueurs, le dévoiement, les règles, des éruptions,
un flux d’hémorrhoidfes , ou quelque hémorrhagie 5
dans tous ces cas , il ne’ faudra agir qu’après avoir
confulté le médecin, .
Si la plénitude de l’eflomac étoit la feule caufe
qui' empêchât de réitérer la faignée, il faudrait
attendre trois-ou quatre heures , afin de lai (fer à
la digeflion le temps de fe faire. Mais fî le malade
n'avoit pris qu’un bouillon , ôn attendra une
heure feulement, ou moins fî le cas étoit pr'efîânt.
Le malade prendra un bouillon , une heure après
la faignée, ou bien il mangera une foupe, fî les
alimeris ne lui ont pas été défendus.
X V I I I .
Des Opérations chirurgicales.
Lorfqu’une opération aura été décidée , la garde
tiendra prêt, pour l’heure indiquée , du linge fin
& un peu ufé 5 de la charpie, des bandes, qu’elle
proportionnera, pour la longueur , à la grofïeut
du membre fur lequel l ’opération devra être faite ;
’ de la chandelle ou de la bougie ; de l’eau propre ;
du vinaigre ou de l ’eau d’odeur; du vin ; des ferviettes
; un réchaud garni de feu , & les médica-
mens que le chirurgien aura demandés.
Si la garde n’a pas aiTez de courage pour affif-
ter à l’opération , elle fera chercher quelques per-
j fonnes pour la remplacer. Je fuppofe que le chirurgien
n’ait ni confrère, ni élève : la décence pré-
fidera au choix des aides, excepté le cas d’une
grande néceflîté. Ainfî , Ton prendra des femmes,
lor(qu’il s’agira d’opérer des femmes ou filles; &
des hommes, quand on opérera des hommes.
L ’opé.ation étant faite, on ôtera d e là chambre
du malade tous les linges qui lui auront fervi ,
& la garde fè conduira comme le médecin & le
chirurgien le lui auront indiqué.
X I X .
Des Panfemens.
Lorsqu’une garde fera obligée de panfer une plaie,
voici comment elle s’y prendra. Après avoir prépare
toutes les chofes nécefïàires au panfement, les
avoir mifes à fa portée fur le lit du malade dont
les rideaux feront fermés, elle découvrira doucement
la partie bleffée , elle en ôtera les compref-
fes les unes après les autres : fî elles tiennent, elle
les humedera avec de l’eau ou du vin chaud ; elle
évitera de les tiraiTer ; elle redoublera d’attention,
. lorfqu-ii faudra enlever la charpie, afin de ne point
occafîonner de douleur, de ne point enlever ou dé-
, chirer la cicatrice, & de ne point faire, faigner la
- plaie.
Lorfque la charpie fera enlevée, elle couvrira
la plaie avec un linge fin & chaud j elle èffuiera
les bords fans toucher la plaie ; enfuite elle appliquera
les médicamens qui auront été preferits, après
les avoir faic un peu chauffer ainfî que les com-
prefîes ; enfin elle fera le bandage , obfcrvant de
ne le ferrer ni trop, ni trop peu , & elle recouvri-a
la^partie avec précaution. .S’il y a des iftjedions à
faire, ou des cataplafînés' à 'appliquer, la garde
; fe conformera à ce qui efl indiqué dans les a > tic les
où il efl queflion de ces remèdes.