
quilles de moule , pour recevoir le fuc laiteux que
l:on fait lécher & que l’on garde.
Cette fcammonêe ainfî renfermée dans des coquilles
, eft réfervée pour les habitants du pays ,
& il eft très-rare qu’on en porte aux étrangers.
Les Grecs & les Arabes indiquent les différentes
manières de recueillir ce fuc»
i° . On coupe la tête de la racine. On fè fert
d’un couteau pour y faire un creux kémifphérique ,
afin que le fiic s’y rende, & on le recueille enluite
avec des coquilles.
i ° . D’autres font des creux dans la terre: ils,y
mettent des feuilles de-noyer, fur lesquelles le fuc
tombe, & on le retire lorfqu’il eft fec.
Méfué rapporte quatre autres manières de tirer
ce lue qui le rendent tout différent.
i ° . Aufli-tôt que la racine s’élève au deffus de
la terre, on coupe ce qui en déborde, & elle donne
tous les jours un fuc gommeux que l’on garde lorf-
qu’il eft féché.
x°. On arrache enfuite toute la racine ; & après
l ’avoir coupce par tranches, il en fort un lait qu’on
fait fécher à un feu doux ou au foleil : on en fait
des paftilles fur lefquelles on imprime un cachet :
leur couleur eft blanchâtre ou variée.
3°. On pile les morceaux des racines, on les
exprime , on fa t fécher le fuc qui en fort & on
le marque d’un cachet : celui-ci eft grofller, noir
& pefant.
49. 11 y a aufli des perfônnes qui tirent du fuc
des feuilles & des tiges après les avoir pilées : on
le feche enfuite, & on en fait de petites malles $
mats ce fuc eft d’un noir verdâtre, & d’une msn-3
vaife odeur.
On ne nous apporte plus de fcammonêe marquée
d’un cachet, ni celle qui découle d’elle-mémc en
larmes de la racine que l’on a coupée, & que l’on
recueille dans des coquil’es près de Smyrne.
Elle eft la meilleure , mais elle eft très-rare en
ce pays. Sa couleur eft tranfparente, blanchâtre ou
jaunâtre, & elle reflemble à de la réfîne ou A de la
colle forte : Lobet & Pena en font mention dans
leurs obférvations.
La fcammonêe qu’on nous apporte à préfi nt eft
en gros morceaux opaques & gris. Nous ne favons
point au jufte quelle eft la maniéré de la tecueill r ,
mais il eft vraifemblabléque les.maffes font formées
de fûts tirés , (oit par l ’incifîon , foit par l ’expref-
fîon : c’eft ce qui fait que l’on voit tant de variété
de couleurs dans le même morceau.
Dans l ’analyfe chymique, on retire par le moyen
de l’efprit-de-vin, cinq onces de réfine de fix onces
de fammonée. Ainfi fa plus grande partie fe diffout
dans l’efprit-de vin , & il refte quelques parties
mucilagineufes , falines & terreufes, mais Joute fa
fubftance fe. diffout dans des menftrues aqueux, qui
prennent la couleur de lait après la diffolution, à
caufe des parties réfîneufes mêlées avec les parties
falines & aqueufes.
Les Grecs & les Arabes ont employé la feam-
monèe. Les modernes la regardent comme un irès-
violent purgatif. On peut ajouter que c’eft un remède
infidèle , dont l'opération eft tiès-incer-
taine; il eft même dangereux par fa grande acrimonie.
C ’eft pourquoi on a imaginé d’en corriger
la violence. A cet effet on fe fert du fuc de coing ^
de régüflè , ou du fouffre.
S C I E - (A r t de la )
L a feie eft un infiniment pour fendre & divifer
en plusieurs pièces-, différentes matièrès folides,
comme le marbre , la pierre, le bois, l’ivoire, &c.
La fcîè étant un des outils, lés plus variés, &
les plus utiles qui aient été inventés pour la mé-
chanique, nous avons cru devoir tracer dans un
article particulier i & de mettre fous un même
point- dé vué , fies différentes ëfpèces, & lés formes
fîngulières que les arts lui font prendre fuivant les
fèrvices qu’ils en exigent.
La fable attribue l’invention de la feie a Icafe,
*jui non moins ingénieux que fon père Dédale, enrichit
comme lui les arts encore, naifians de plu-
jReurs découvertes qui ont férvi à les perfeétionner.
On dit qu’il l'inventa fur le modèle de j’arrête
d’un poiffon p lat, tel qu’eft , par exemple , la
foie.
La feie eft de fer avec des dents, mais différemment
limées & tournées , fuivant l ’ufage auquel
elle eft deftinée.
Il y en a aufti (ans dents qui fervent au feiage des
Inarbres & des pierres.
Les ouvriers qui fe fervent le pluscommunément
de la feie font pour les bois , les bûcherons, les
fcîeurs de long, lès charpentiers, les menüifiers ,
les ébéniftes , les tourneurs & les tablettiers, &c.
Pour les pierres, les marbriers, les fculpteurs ,
les fciçurs de pierre, &c.
Les lapidaires ont pareillement leur fe ie , aufli
bien que les ouvriers qui travaillent en piècés de
raport 3 mais elles né refîènibknt prefque en rien
aux autres.
Les dents de toutes ces fortes de feies s’affûtent
& fe liment avec une lime triangulaire, en engageant
là feuille de la feie dans une entaille d’uné
planche , & l ’y affcrfniflânt avec une efpècé de
coin de bois.
Toutes les feuilles de feie fe vendent par les
«juincaillèrs , qui les tirent de Forez & de Picardie:
on en trouve aufli chez eux de toutes montées,
particuliérement de celles pour la marqueterie, 8c
pour les tablettiers & peigniers, dont la monture
eft toute de fer.
Scie du chirurgien pour feier les os;
Pour examiner cet infiniment dans toutes fes
parties, il faut le divifer eu trois pièces.
La première efi l’arbre de la feie, la fécondé eft
le manche, le troifîème eft le feuillet.
i° . L ’arbre de cette feie eft ordîna:rement de
fqr. Il eft fort artiftement limé & orné. Cette première
pièce fuit la longueur du feuillet, & doit
avoir (pour une feie d’une bonne grandeur), onze
pouces quelques lignes de long.
Les extrémités dé cette pièce font coudées., pour
'donner naifîance à deux branches de différente
ftruéture.
La branche antérieure a environ quatre pouces.
huit lignes de long ; elle s’avaiice plus en avant,
& fon extrémité s’éloigne d’un police huit lignes
dé là perpendiculaire qu’on tireroit du coude fur
le feuillet. Elle repréfpnte deux fegmens de cercle,
lefquèls s’üniflent enfemble , forment en-dehors
un angle âigü, & leur convexité regarde le dedans
de la feie.
Le commencement du premier cercle forme avec
la pièce principale un angle qui eft plus droit qffob-
tus j la fin du fécond cercle eft fendue de la longueur
d’un pouce cinq lignes, pourloger le feuillet qui y eft
placé de biais, & qui forme avec ce cercle ufi
angle aigu.
L’extrémité de ce fécond fegment de cercle eft
encore percée par un écrou, comme nous allons
le dire.
La. branche poftérieure a un pouce de moins que
l ’antérieure : les deux fegmens de cercle qu elle
formé font moins allongés & plus circulaires. Le
premier fait un ang e droit avec la pièce principale
, & le fécond en fait de même avec le feuillet :
ce fécond cercle fe termine à une figure plate des
deux côtés, arrondie à fa circonférence, & percée
par un trou quarré. L’union de ces deux fegmens
de cercles ne forme pas en-dehors un angle aigu ,
comme à la branche antérieure, mais ils femblent
fe perdre dans une pomme afléz groffe, terminée
par une mitre taillée à pans, lefquelles pièces pa-
roiffent être la bafe de toute la machine.
il fort du milieu de la mitre une foie de près de
quatre pouces de long, qui paffe dans toute la longueur
du manche.
i ° . La féconde partie de cette feie eft le manche
; il eft fait de même que celui du couteau
. d’amputation ; mais fa fîtuation n’eft pas 1a même,
car au lieu de fuivre la ligne qui couperqit la feie
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