
porter dans des brouetres, d’ où on le jettè daris
le bac.
Les citernes a:nfi que les bacs, font ordmaire-
Trtent en Iniques, crépies en dedans d’un bon mortier
de cendrée d^ Tournay, ou de Pozzolane ; ce
n’eft que par l i bonté du mortier qui forme le
crépi intérieur, fa qualité , & la manière dont il
eft employé, qu’on peut efpérer d’avoir les bacs
& les citernes étanches ; car pour peu que la brique
fût découverte , la liqueur des lefïives qui eft mordante
& corrofîve, lu rungeroit, & ne tarderoit pas
à fe faire jour au travers.
A Lille on empl >11 la cendrée de Tournay, qu’on
lifte pendant plus de fix femaines.
Comme malgré toutes Jes attentions dans la conf
truâion, il leur arrive feuvent des dégradations,
quelques Javor.nie s ont préféré de les revêtir intérieur
ment en dal es de pierre de taille , jointes ;
avec du maftic.
L e bac n°. y , ainfi rempli du mélange préparé
comme nous l'avons ait, on F arrofe avec de Feau
qu’on tire de la citerne n°. 4. ü n fe fe. t à cet effet
d'une petite pompe portative , qui fe monte le long
d’un poteau de bois', établi auprès de l’ouverture
de chaque citerne ; cette pompe puife l ’eàu dans
la citerne n°. 4 , & par le moyen d’une petite gouttière
on la vtrfe fur le bac n°. y.
La quantité d’eau qu’on tire de la citerne n°. 4 ,
pour la verfer fur le bac n°. 5 , , doit'être proportionnée
à la grandeur des bacs, & aufli à la quantité
& à la qualité des matières qu’on emploie.
Sur 15 à 16 c nts de potafîe, on peut verfer 16 à
.17 tonnes d’eau ; la tonne eft de 50 pots, le pot
pefe quatre i vres, 8c contient 104 pouces cubes.
Cette eau ne doit pas être jettée toute à la fois ,
mais à plu fi eu s reprifes , c’eft-à-dire , en 14 heures
de temps, environ trois à quatre tonnes à chaque
reprife.
Chaque fois qu’on veut mettre de nouvelle eau ,
en leve auparavant Je pifton qui répond au trou
du fond du bac. Ce pifton qui eft au' milieu des
bacs, eft enfermé dans1 un tuyau de bois, de 4 à
5 pouces en quarré ; il y a de chaque côté de ce
tuyau & à la partie d'en bas, des éthancrures ; en-
forte que les eaux, après avoir filtré au traversées
terres, 8c d-flous en grande partie les fels qu’elles
contiennent, C rendei t par ces ouvertures, lorfque
le piftou eft levé, dans la citerne qui eft au-
‘deflous.
Pour empêcher les terres de fuîvre l’eau, & de
boucher les échancrures faites au bas du tuyau,
lorfque ce tuyau eft pofé à f à-plomb du trou qui eft
au fond du bac, on arrange autour de Ion pied des
brins de balai e* affez grande .quantité; par-deflus
e n forme un cône d ç fvorïes d e charbon, enforte
que l’eau des lefïives fe filtre au travers des feorres^
traverfe les brins de balai, & entre dans le tuyait
par les échancrures dont nous avons parlé , d oit
elle coule , lor.qu’on lève le pifton , dans les citernes
: par ce moyen lès tuyaux ne s’engorgent
point, & l'eau des bacs, ou les lefïives, font comme
filtrées.
Cette eau de la citerne n°. 4 , déjà chargée de
fels , lorfqu’elle a paffe fur ies nouvdles^ terres du
bac n°. y , & qu’elle eft r ndue dans la citerne qui
eft deftbus, doit avoir route la force néceflaire pour
fabriquer le favon ; fi elle étoit trop foible, c’eft que
le favonnier auroit fait pafter trop d’eau fur le
bac , proportionnellement à la force de fes ma-
tères ; l’expérience feule peut donc régler ce.te
quantité.
On connoît îa force des lefïives, en en t raint
d -ns un va e , & y plongeant un oeuf; lorfqu’elles
font affez fortes, il doit revenir à la fuperficie &
y îefter comme fiFpendu; d’autres fe fervent d’une
boule de favon, & on connoît la force de la leftive
par la quantité dont elle enfonce.
On pourroit y employer un pefe-liqueur, & ob*
ferver le degré convenable , attendu que plus les
lefïives font fortes, c’eft-à-dire, plus elles foht char- >
! gées de fcÎT, plus elles font pefantes, mais l’oeuf
ou la boule de favon étant fùffifants , il eft inutile
d’avoir recours à un autre moyen qui ferait plus
coûteux.
Quoique l’eau qu’on verfe fur le bac n°. y ,
diftolve la plus grande partie des fels que contiennent
les matières, néanmoins il en refte encore
beaucoup ; pour les en tirer, lorfque toute l ’eau eft
écoulée daus la citerne, on jette à la pelle les terres
dans le bac joignant n°. 4 , qu’on arrofe de nouveau
avec même* quantité d’eau que la-première fo is ,
mais qu’on puife dans la citerne n°. 3.
On recommence la même opération jufqu’à ce
que les terres feient parvenues dans le bac n°. 1 ;
alors comme il 11’y a point de citerne précédente ,
on les arrofe avec de l’eau ordinaire.
Le choix de cette eau n’eft pas indifférente ; celles
dites crues y ou qui ne peuvent 'diffoud e k favon,
ne valent rien , les plus douces font les meilleures,
celles de cîtjernes ou de pluie font préférables
aux autres : on l’a fuppofée, ici provenir
d’une pompe qui eft placée en dehors du
bâtiment.
Lorfque la nouvelle eau qu’on a verfée fur le
bac n®. 1 , eft écoulée dans la citerne du même
numéro, les terres fe trouvent avoir été lavées à
cinq fois différentes, en forte qu’on les regarde
comme ne contenant plus de fels, & on les jette
dehors.
O n m é n a g e à c e t e f f e t , p o u r é v i t e r l a m a in -
d ’oe u v r e ,
tî’aJuvre, une fenêtre ou une ouverture vis-à-vis le p
bac n°. 1.
Ces terres s’emploient cependant encore avec
fuccès à fumer les terres froides & fablonneufes,
& fe vendent à Lille a fiez cher. On les tranfpoite
par eau dans la Flandre-Autrichienne, où on en fait
ufage.
L a marche de Feau eft contraire à celle des
terres, c’eft-à-dire, que les nouvelles terres fe jettent
toujours dans le bac n°. y, tandis que la nou-r
»elle eau fe jette toujours fur le bac n°i 1,
On voit par cette marche que les terres font lavées
& remuées à cinq fois différentes , avant d’être
îegardées comme ne contenant plus de j e l s , &
réciproquement que l’eau avant d’ariiver dans la
citerne n°. y , ou d’être une leftive allez forte pour
fabriquer du favon, a païïé cinq fois fucceflïvement
fur ces terres ; en forte que la force des lefïives
va toujours en augmentant de la c-iterne n°, 1 ,
4 celle n°. y.
Pour que le travail foit continu, à mefure qu’on
vuîde le bac n°. y , on le remplit de nouvelles matières
préparées comme nous l’avons indique ci-
delïus.
Voilà comme on prépare les lefïives qui doivent
entrer dans la compofîtion du favon en
pâte.
A l’égard des huiles, on ne leur donne aucune
préparation ; on les emploie telles qu’on les acheté
ou qu’ elles viennent du moulin.
Nous avons dit qu’on faîfoit ofage en Flandres des
huiles, les unes qu’on nomme chaudes, & les autres
froides ÿ que les froides dont on fait la plus grande
confommation , font celles de colza ; que les huiles ,
çhaudes mêlées avec les froides, donnoient plus de
qualité au favon.
Commè ces huiles chaudes font plus cheres que
les froides , les Javonniers 11’en emploient que le
moins qu’ils peuvent. En hiver, ils font cependant
obliges d’en employer, quelquefois même jufqu’à
moitié ; en été, ils bradent -fouvent avec l’huile de
colza pure. En Picardie , ils mêlent toujours envi-
ion un tiers d’h1 ile chaude : aufli leur favon pafie-t-
il pour plus fin, & de qualité fupérieure ; & pour
cette raifon ils le vendent plus cher, & n’en ont
pas tant de débit. ce qui revient au même pour le
fabriquant.
A Lille ils en bradent aufli avec un tiers d’huile
chaude; mais ce n’ eft que lorfqu’ils en ont de commande
pour les manufa&ures qui exigent du favon
de la première qualité , 8c meilleurs que ceux qui
entrent dans le commerce.
Ce favon fe cuit comme celui en pain , dans des
chaudières : les plus grandes font les meilleures, y
ayant toujours <Je l’économie à faire de grands braf-
Arts 6* Métiers. Tome VU»
fins ; mais pour être bien proportionnées, leur dta-
mètre doit toujours être plus grand que leur profondeur.
Comme le favon, en bouillant, monte beaucoup ,
toutes les matières qui doivent former le braflin ,
ne doivent jamais emplir la chaudière qu’à moitié de
fa profondeur, afin qu’il y ait afTez de place pour le,
lavage.
Une chaudière de 13 pieds de diamètre, fur ti de
profondeur , brade environ iy à 30 tonnes.d’huile ,
& rend net un peu plus du double de favon; c’eft-à-
dire , y y a 6y tonnes. Les chaudières ordinaires font
cependant plus petites, & ne braflent que iy à i£
tonnes d’huile.
Ces chaudières font faites de plaques de fer battu ,
rivées les unes, aux autres 3 dans les grandes, la
partie du fond a jufqu’à z pouces d’épaiffeur, le
refte en propoition.
Il faut, pour la commodité de la manoeuvre, que
les bords de la chaudière ne foient élevés qu’à 1
pieds & demi 3 pieds au-defl"us du niveau du pavé du
hang^rd.
Comme il s*en échappe beaucoup de vapeurs ou
fumée , fi le hangard eft couvert d’un plancher, il
faut ménager une lanterne, au-deflus; quand il n’y a
pas de plancher, les vapeurs s’échappent au travers
des tuiles.
Cette chaudière doit ê tre, autant qu’il eft pofe
fîble, à portée de la citerne n°. y , où eft la leftive
foi te.
La quantité dii braflin doit donc être, comme
nous l’avons dit, proportionnée à la grandeur de la
chaudière, & à celle de la citerne nQ. y.
Lorfqu’on veut faire un braflin, ayant des huiles
en magafîn, ainfi que de la leftive forte dans la citerne
n°. y , on commence par mettre dans la chaudière
à-peu-près la moitié de ce qui doit entrer
d’huile dans le braflin , piufîeurs même y verfent
prefquc tout ; eufuite on allume le feu dans le
fourneau.
Quand Fhuile commence à chauffer, on y verfe
deux tonnes de leftive ; & aufli-tôt que ce premier
’ mélange bout , on y .en verfe encore deux autres«
On refte enfuite.un quait d’heure, environ , fans y
rien mettre, pour quë la leftive commence à s’incorporer
avec l ’huile, ce qu’ils appellent faire La.
■ liai fort : à mefure que la liaifon fe fait, on continue
de jetter de la leftive, & on ajoute les tonnes d’huile
qui reftent.
La quantité de leftive par rapport à celle d’huile,
n’eft pas âbfoluraeiit réglée : elle varie fuivant leur
force ; néanmoins / en général, on peut la compter
comme de 4 3 3 , c’eft-à-dire , que fur 30 tonnes
J d’huile, on en mer environ 40 de leftive , de ces 40 , 1 il s’en éyaùore environ cinq, puifqu’on retire tau*
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