
du fuccin frotté ; & c’eft par cette raifon qu'ils lui
ont donné le nom d'elettrum , d’ou eft même venu
xelui d’éledricité.
Ce bitume a allez de dureté pour qu'on puiffe le
tailler, le polir, & en faire quantité de bijoux.
Il différé des refînes , excepté de celle qu’on
nomme copale, en ce qu’il ne peut fe fondre qu’à
un degré de chaleur allez. fort pour le décompoler,
ce qui empêche qu’on ne puiffe en réunir plufîeurs
morceaux pour en former de plus grandes rnafies.
Le fuccin faifoit autrefois une branche de commerce
affez confîdérable; c’étoit un objet de luxe;
aujourd’hui le prix en eft beaucoup diminué , cependant
les morceaux les plus gros, ne laifîent pas
de fe vendre alfez cher.
La compofîtion du liiccin n’a pas moins occupé
les chimiftes que fon origine. Les amateurs de l’hif-
toire naturelle , Pott , Neuman , M. Bourdelin ,
font ceux qui paroiflent l’avoir examiné avec plus
de fuccès. Nous allons rapporter leurs travaux tels
qu’ils fe trouvent décrits dans uiie difTertation de
M. Stockar de Neuforn, imprimé à Leyde en
en 1760, dans laquelle cet auteur a^ajouté plufîeurs
expériences neuves, & app-écié de la manière
la plus iumineufe celle des iàvans chimiftes que
nous venons de nommer.
L ’eau ne produit aucun changement dans le fuc- !
cin. Lorfqu’oo l’expofe long-temps à fon aétion ,
elle contrade à la vérité une légère odeur , & fe
charge d’un peu de matière mucilagineufe, & de
quelque veftige de fel marin ; mais 011 doit atrri-
buer plutôt ces produits aux ordures qui adhèrent
à fa furface , qu’à la décompofîtion de fa iubftance.
Si l’on verfe de l’efprit-de-vin redifié fur du fuccin
réduit en poudre très-fubtile , & qu’on les faffe
digérer enfemble, on obtient une teinture rouge,
qu’on peut préparer plus promptement, fî, comme
Boërhaave le prefcrit, on empâte le fuccin réduit
en poudre avec un alkali réfout, qu’on deffeche la
maffe , qd’on la laiffe tomber en déiiquium pour
pour la deffecher de nouveau, ce qu’on répète trois
ou quatre fois; ou comme le prefcrit M. Neuen-
han , dans les mélanges d’obfervations, publiés à
Léipfïc en 17^5; qu’on broie le fuccin avec de la
potafle & du fucre, & qu’on le mette à digerer
enfuite dans l ’efprit-de-vin ; mais quoique l’on
faffe, il n’y a jamais qu’une très-petite portion
du fuccin qui fe diffout, le réfîdu eft mollafle, &
on a beau y remettre du nouvel efprit-de-vin, on
n’obtient plus rien.
Si Ton vqrfe de l ’eau fur ces teintures de fucc
in , elles deviennent hiteufes , & le fuccin s’en
fépare fous la forme cffune poudre blanche, fî atténuée
, qu’elle paffe par le filtre avec l’efprit-de-
vin ; mais elle fe précipite bientôt au fond. La
teinture de fuccin a ub goût très-agréable, & l’o- i
\ deur du fuccin ; on fent en même-temps qu’il s’en
dégage une poudre qui adhère à la langue , & qui
paroît être entièrement infîpide.
Si l ’on diftille cette teinture de fuccin , .on a
un efprit-de-vin qui conferve le goût & i’oieur du
fuccin, mais duquel l ’eau ne dégagé plus rien :
il refte au fond du vaîffeau un peu d’une matière
d’un rouge foncé, molle & tenace.
Cet efpri-de-vin ainfî chargé de l’efprit re&eur
du fuccin pourroit être d’une grande utilité pour
la médecine : il eft plus que vraisemblable qu’ il a
toutes les vêtus qu’on a reconnues dans la teinture
du fuccin , puifque le fuccin doit néceflaire-
ment s’en dégager dans Peftomaç, où il 11e trouve
plus aucun menflrue capable de le dilfoudre; du
moins on pourroic fe flatter d’augmenter la vertu
de la teinture du fuccin , fî on l’employoit , pour
la faire, de l’efprit-de-vin qu’on auroit retiré de
deffus le fuccin.
Les fels, foie acides, foit alkalis , n’agifîent
point fur le fuccin , il faut en excepter le feul
acide vitriolique qui le diffout entier & en «fiez
peu de tnnps : cette diffblution eft claire & limpide,
mais fi aifée à déranger, que les acides,
les alkalis , l’efprit-de-vin , l ’huile de térébenthine,
l'eau, &c. la décompofent; il s’en dégage une
pondre grife très-fine, qui n’a plus l ’odeur agréable
du fuccin, mais plutôt celle de la poix..
Le fucre diffous dans l ’eau , ni le plomb fondu,
n’opèrent aucun, changement dans ce bitume, il
fe ramollit un^ peu dans la cire & dans le foufre
fondus, mais il reprend fa première dureté : fitôt
qu’il eft réfroidi, il change feulement de couleur,
Hoffmann ayant renfermé du fuccin avec le double
de fon poids d’huile d’amandes dans la ma-
i chine de Papin , le trouva réduit au bout d’une
heure en une maffe gélatineufe, tranfparente, au-
deffus de laquelle nâgeoit un peu d’huile.
M. Stockar dit avoir mis du fuccin de differentes
couleurs dans des vaiffèaux de vei*re cylindriques ,
& avoir verfé par-deflus des huiles de raves, de
pavot, d’amandes, d’olives , de noix , de laurier
par décodion, de romarin, de caffb , puis de-
fuccin, de baume de copahu & térébenthine ; i l
boucha bien fes vaiffeaux & les mit en digeftîon
au bain de fable ; au bout de huit jours il trouva
que le fuccin qu’il avoit mis dans le baume de
copahu & de térébenthine s’étoit diffous en liqueur
d’un rouge foncé, laquelle étant refroidie, forma
une maffe foiide, fragile, de la même couleur.
La diffblution faite dans l ’huile,de raves , étoft
d’un beau jaune; l’huile de pavot en donna une
d’un rouge jaunâtre 5 l’huile d’olive d’un beau rougé,
celle de noix-étoit d’un rouge plus foncé ; il s’étoit
dépofé au fond’ une matière mucilagineufe
blanche; la diffblution dans l ’huile de laurier étoit
Jun rouge pourpre ; elle avoit cela de fînguîier ,
que quoique cette huile ait ordinairement la con-
fiftence d’un beurre > la diffblution qu’elle avoit
faite du fuccin refta liquide.
La diffblution dans l ’huile de lin étoit de couleur
d’or; celle dans j^buile d’amanles étoit d’un
beau jaune ; l’huile de mccin ne l’attaqua pas nen
plus que celles de romarin & de cajeput. M. Stockar
conjedure que cela vient de ce que ces huiles
s’évaporent. On peut accélérer ces diffblutions , en
les faifânt dans des vaiffeaux fermés»
Nous ajouterons à ces obfèrvations de M. Stoc-
kard , qu’on peut les faire en un quart d’heure, en
faifant fondre le fuccin réduit en poudre groffière
dans de la térébenthine qu’on tient 3 cet eflvt fur
le feu en y verfant de l ’huile de lin cuite toute
bouillante. C’eft ainfî que M. Rouelle préparoit le
vernis dont il fe fervoit pour faire fon lut gras.
Toutes ces diffblutions fe mêlent parfaitement
avec l’huile de térébenthine, & on peut faire par
ce moyen de très-beau vernis; tel eft celui qu’on
emploie pour les tabatières qui fe fabriquent aux
invalides. Elles ne fe mêlent pas de même avec
l!efprit-de-vin ; mais elles fe diffolvent entière-
ment"aufli-bien que les vernis qu’on en préparé
dans l’hu-iie de vitriol qui leur donne une couleur
rouge foncée, les autres acides ne fauroient les
attaquer.
Le fuccin détonne avec le nitre, & lorfqu’on en
a employé une quantité fuffifante, c’eft-à-dire, dans
la proportion de trois à quatre, on ne retrouve
qu’un alkali pur ; au lieu que lorfqu’on fuit la
proportion indiquée par M. Bourdelin , de deux à
quatre ; on retrouve encore du nitre entier qui n’a
pas été décompofé ; calciné avec l ’alun » il fait le
pyrophore de Homberg.
Ce pyrophore eft jaune en-dedans comme en-
dehors ; pour le bien faire , il faut commencer par
deffecher l’alun , enfuite on le mêle avec le fuccin
fans les- calciner féparément, comme on fait quand
on emploie la farine, & on les calcine enfemble
julqu’à ce qu’il ne s’en exhale plus de vapeur ; le
refte du procédé fe fait à l’ordinaire.
Si l’on expofe le fuccin dans une cornue à Faction
du feu, on obtient à un degré de chaleur affèz
léger du phlegme qui vient d’abord fans couleur ,
& qui peu-à-peu en prend une laiteufe , il paffe
en même-temps quelques veftiges d’une huile très-
limpide qui eft d’abord mêlée au phlegme ; mais
il s’en fépare par le repos en hauffant le feu ; la
retorte & le récipient fe rempliffènt de vapeurs
blanches très-épaiffes, on voit couler une huile
pure, & il s’attache au col de la retorte quelques
aiguilles falines qui augmentent peu-à-peu au point
de boucher prefqu’entièrement ce col.
Lorfque tout le fèl eft p a f f e l e fucci» fe fon d ,
il vient en même-temps une huile qui fe colore
& s’épaiffk de plus en plus, au point que fur la
fin elle adhère au col de la retorte comme de la
poix fondue, Lorfque tout eft paffe, il refte dans
la cornue un charbon tres-fpongieux qui fait à peine
un douzième du fuccin employé.
Quant à la proportion des autres produits, elle
varie félon que le fuccin eft plus.ou moins pur;
cependant 011 peut l ’évaluer à-peu près à un huitième
de phlegme , trois quarts d’huile , un vingt-
quatrième de jfêl & un douzième de terre.
Paffbns maintenant à l’examen de ces différent
produits. Le- premier phlegme qui paffe eft une eau
pure, celui qui le fuit eft chargé d’un peu'-d’huile
qui s’en fépare par le repos , & d’une petite quantité
de fel qui fe manifelL avec le fîrop de violette
qu’il rougit, & avec les alkalis avec lefquëls il fait
effervefeeiice ; on y trouve-encore un efprit redeur
qu.e 1’efprit-de-vin peut lui enlever ; cet efprit recteur
n’eft pas le même que celui que le fuccin entier
donne à l ’efprit-de-vin ; puifqu’il n’a pas la
même odeur, & que fî on le redifie , il devient
puant. En diftilSant de refprit-de-vin fur ce. phlegme
de fuccin, on remarque un phénomène que nous
ne devons pas paffer tous fîlence ; l’huile qui eft
contenue dans ce phlegme monte avec refprit-de-
vin , mais elle s’en fépare fur le champ , & tombe
au fond du récipient.
Après le phlegme, vient comme nous l’avons
d it , le fel concret. Les premiers chimiftes qui
l’ont connu , tels que Maurice Hoffmann & Glafer
l’fiMit mis au “rang des alkalis volatils-déterminés
par fa volatilité ; niais'il y a long temps que Bar-
chufen & Boulduc ont démontré qu’il eft acide.
Les chimiftes font peu d’accord fur la nature
de cet acide ; Neumann ; Sendelius, Frédéric
Hoffmann, ôce. l’ont rangé parmi les fels vitrio-
liques. M. Bourdelin veut qu’il foit de la nature
du fel marin ; le ledeur jugera par l’expofé que
nous allons faire de fes propriétés, fî ces prétentions
font fondées ; mais il faut auparavant que
nous indiquions le moyen de l’avoir le plus pur
qu’il eft poflible.
On a propofé différentes méthodes pour purifier
ce fel, mais fans entrer dans des détails inutiles »
nous dirons que la voie la plus sûre de l’avoir 1e-
moins chargé d’huile qu’il eft poflible; c’eft de le
le détacher du col de la retorte avec de lveau bouillante,
avant que l’huile épaiffe ait commencé à
pafler; car lorfqu’il eft une fois fa li, il eft très-
difficile de l’en dépouiller ; ou fera enfuite évaporer
cette eau, & on la mettra ctyftallifer ; s’il n’eft
pas aflez pur, on le diffoudra de nouveau & oit
le fera cryftallifer une fécondé fois.
Ce fel ainfî purifié , eryfîalüfé en prifmes triangulaires
dont les pointes font tronquées , il eft d'uni
goût manifeftemeut acide & un peu aftringent