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à côté de Sérapis , et marquent les trois
points du ciel, Orient, Midi et Couchant
; lé tout entortillé du serpent ,
soit celui qui représente le zodiaque,
soit celui que tient le serpentaire lui-
même. Voilà le symbole mystérieux
placé dans le temple, à côté de l'imagé
du soleil ou du grand Sérapis; voilà
le fameux chien aux trois têtes , connu
sous le nom de Cerbère. Comme le
Lion est au milieu du ciel , entre le
levant et le couchant , la tête du lion
se trouve aussi placée au milieu. Si, au
lieu du chien , on eût pris le Taureau ,
au lieu du loup, l ’aigle ou le vautour ,
placé aux mêmes limites , on eût eu
les trois Chérubins , dont nous parlerons
ailleurs. Quant au Chien et au
Loup, il est évident, que c’est Anu-
bis-à tête de chien , et Mrcédo à tête
do loup , qui accompagnent Osiris
dans ses voyages, comme nous l’avons
fait voir dans notre chapitre sur Osiris
et comme on peut s’eu convaincre
,en jettant les yeux sur le Planisphère
, qui trace la route de ce dieu.
Porphyre ( x ) a très-bien vu , que ce
Cerbère tricephale , qui accompagne
Sérapis,’ désigne les trois points de la
route du Soleil sur l'horizon , le Levant ,
le Midi, & le Couchant. 11 n’y avoit
qu’un pas à faire , pour expliquer ce
symbole ; c’étoit de placer le Lion du
milieu au méridien , et on eût aisément
apperçu aucouchantlechien, aulevant
le loup, et on eût saisi le but mystérieux
de cette l’éunîon des trois animaux célestes
, qui fixent le commencement, le
milieu et le terme de la carrière du
soleil, au moment oû il s’unit au Serpentaire,
et-qu’il devient Sérapis,
Dans un monument de Sérapis ,gra-
védansMontfauconetdansPluche;(2) on
voit ce dieu représenté sous les traits
d’un vieillard’ à barbe touffue , bien enveloppé,
et entortillé d;un serpent, dont
la queue se replie derière son épaule ,
:(I) Eufeb. præ p. I. 3. c. i r . p. 113.
{2) Pluch, hift. du ciel. c. 1. p. 171.
) U S L E S C U L T E S ,
et revient à sa main , - tandis que la
tête descend josqu’à ses pieds, après
que le corps du reptile a fait quatre replis
autour de celui du dieu,. Dans
I intervalle de chacun de ces replis , ou
voit la figure des quatre animaux du
Zodiaque ; savoir le Taureau , le Lion
le Scorpion et le Verseau ; c’est-à-dire,
précisément les quatre signes , qui >&e
trouvent aux quatre points cardinaux
du ciel , au moment où se lève le Serpentaire.
Le Lion , qui alors est au milieu
du cie l, occupe le milieu du serpent,
le Verseau, qui est au bas du ciel,
est au bas du serpent; le Taureau et
le Scorpion occupent les deux autres
intervalles. Ces quatre signes occu-
poient les deux équinoxes et les deux
Solstices , dans les siècles anciens , où
furent faites les grandes fables ; et conséquemment
les quatre points cardinaux
de la Sphère, au lever et au coucher
du soleil , soit aux équinoxes,
soit aux Solstices. Nous les verrons
ailleurs fournir les attributs des Chérubins
, et devenir les quatre animaux
de l’Apocalypse, en substituant au Scorpion
l’Aigle , son Paranatellon. Ce même
Sérapis a, de chaque côté delà tête,
trois rayons divergènes, qui ont l ’air
de trois diamètres, qui se coupent en
croix au centre -de sa figure ,, entre les
deux yeux, et cela sous un angle égal
à celui, que formeroient entr’eux trois
diamètres de l ’horizon , dont l’Un pas-
seroit par le vrai point dlOtient etd’Occi-
dent, lieux du lever et du coucher du
soleil aux équinoxes, etlesdeux,autres
par les points des levers et des eouçhers
id;été etd’hiver, ou des lte.uxde l’horizon
où se lève.et se couche le’ soleil aux
deux Solstices. C'est-à-dire , jique.^I 1#
diamètres croisés nous ; indiquent les
lieux de l’horizon où -se cou-éhoit/ët (ffl
se levoit le soleil, lorsqu’il -occupent un
des. quatre signes nommés ,
autrement dit, à.l’entrée de chaque saison.
Kirker (3) nous explique le média*
( î ) Kirker oedip. t. 2. part.
»isme
OU R E L ï G I O N
nisme, par lequel on avoit réussi en
Egypte à faire, que les rayons du
soleil , au moment de son lever et
de son coucher dans les différentes
saisons, pénétrassent par certains trous,
pratiqués dans le dôme du temple de
Sérapis, et frappassent sur le visage
du dieu. Ces rayons, croisés au centre
de la figure de Sérapis, semblent
nous indiquer les phénomènes, qui résultaient
de ce méchanisme. On peut
voir dans Cédrenus , quel soin les prêtres
Egyptiens prenoient de donner à
leurs statues un air merveilleux ,
qui sembloit tenir de la magie. Telle
étoitlastatue qu’il prétend, qu’on voyoit
dans le temple de Sérapis , laquelle
seinbloit, pour ainsi dire, suspendue en
l’air, par le moyen d’un aimant caché
dans la voûte. (1) ,
La statue- de Sérapis était composée
de tous les métaux consacrés aux
planètes ( 2 ) , savoir d’or d’argent ,
de cuivre , de fer , d.’étain , enfin des
memes métaux , dont étaient, composées
les. sept portes des âmes ( 16) ,
dans le système Mithriaque (.3 ) , qui
représentait le passage des âmes à travers
leSySphères. Elle étoit enrichie d’ér
ineraudes , de topazes, de saphires ,
pierres fameuses dans la ville sainte
de l ’Apocalypse ;, &c. c’est-à-dire , de
ces pierres, qui composoient le ra-
tional du grand prêtre des Juifs, et
qui, suivant Clément d’Alexandrie (4)
lui-même, désignoient la lumière distribuée
dans les douze signes , que le
uoleil parcourt daiis sa révolution annuelle.
Ce- sont les mêmes pierres ,qui
enrichissent la couronne de Junon, formée
de douze pierres relatives aux douze
mois , suivant Martianus. Capella. On
donna à cette statue une couleur rembrunie,,
ou d’un azur noirâtrè (&). Ce
qui s accorde parfaitement avec ce que
Hojis dit Macrobe (6) du. soin , que pre-
\1) Cedrenus p. 325. :
(2) Ck iment prot* p.
_($) Origene. I. 6 p.498, f-V-s
Ci) Clém. Aies. Stromat. !. 5. p. ggjjj,:
Relig, U/iiv. Tome, 14.
U î f I V E R S E X L E. O tyf
noiçnt les Egyptiens de donner des
couleurs1 différentes aux statues du So-
leilj suivant qu’il étoit dans l’hémisphère
supérieur , ou dans l'hémisphère inférieur,
ou.plutôt dans les signes de
printemps et d’été et dans les signes
d’automne et d’hiver. Dans4e premier
cas,dit Macrobe., cette dernière couleur
était blanche ; dans le second , elle
étoit noirâtre. C’étoit celle de J’image
di| Soleil dans l’hémisphère inférieur ;
c’est-à-dire ,comme l’explique Macrobe,
dans les signes d’hiver. La couleur
blanche étoit celle de l’hémisphère supérieur
, ou du Soleil , lorsqu’il parcourt
les signes d'été. On voit par ce
passage , que Sérapis; étant le soleil,
considéré dans les signes méridionaux
ou d’hiver, Isa statue a dû être d’un,
bleu foncé ou noirâtre, tel enfin que
»pus la représente Clément d'Alexandrie,
qui dit formellement, qu’elle avoit
cette couleur. La couleur de cette statue,
dit-il ,; ;est noirâtre. Il prétend,
qu’elle avoit été faite par Jes ordres de
Sesostris , qui, sous ce symbole, avoit
prétendu représenter le fameux Osiris ,
dontildescendoit. Effectivement c'étoit
bien la statue d’Osiris, comme nous
l’avons dit ; Mais d*Osiris, après sa dégradation
par Typhon. Aussi l’auteur
ajoute-t-il, que le statuaire y tfroit mêle
des essences , qui étoient restées de
l ’embaumement d’Osiris et d’Apis ; et
que le nom même râmenoit les idées
de tombeau et de funéraille. On se rappelle
, que dans les funérailles d’Osiris ,
on faisoit une figure tauriforme , composée
d’aromates , et cela, dans les
jours, de deuil qu’occasionnoit la mort
d’Osiris , et où l ’on portait en pompe le
boeufd’or, couvertdu crêpe noir. (7) C’étoit
à Memphis , qu’étoit le tombeau le
plus fameux d’Osiris (8), et Sérapis
était une des grandes divinitées de
Memphis. C’est là que se trouvoit le
(5) Idem, in protrep. p. 3»
(dy Sacurnafîl.’1. é. 19.
t7) Ci-deflf. c. 1. i.lg.’ci ‘3 .'^ .1
Ço) De Isid p. 366.
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