Cybèle ou de la déesse qui était
montée sur des lions , ou sur les mêmes
animaux, qui portoient aussi la
Junon Syrieno. (1)
On trouve aussi près de-là un lac,
assez voisin du temple , dans lequel on
nourit une foule de poissons sacrés,
de toutes les espèces. Plusieurs sont
énormes , ont des noms et viennent
quand on les appelle. Cet étang est
tiès-profond, et du milieu s’élève une
colonne, en forme d’autel àfleur-d’eau,
qui semble au premier coup-d’oeil être
flottante. Ces poissons sont ceux qui
étoient l ’objet du cube des Syriens ;
ceux dont ils avoient consacré les images
en or et en argent dans les temples,
et dont le type original est aux cieux
et dans les constellations. On sent,
que le désir d’en nourrir de vivans
donna lieu à la consécration d’un lac,
tel que celui dans lequel Derceto s é-
toit précipitée.
On trouvoit, à Phare, en Achaie(2),
un lac sacré, ou l’on nourrissoit aussi
des poissons , qu’on ne se permettoit
jamais de pêcher.
Quant à f’autel flottant en apparence,
on avoitsoinde le tenir toujours couronné
de fleurs , et d’y brûlersans cesse des
essences. Plusieurs dévots chaque jour
s’y rendent à la nage, dit Lucien , pour
v prier et pour y porter des couronnes
(3) : c’est aussi près de ce lac que
se célèbrent les plus grandes solemni-
lé; , sous le nom de descente au la c ,
parce qu’on y porte les images des
dieux et les objets du culte sacré. A la
tête paroît la statue de Junon et cela
pour la conservation des poissons , et
dans la crainte que Jupiter ne les voie
le premier. Car ®n croit que si cela
arrivoit , ils périroient tous. On l ’y
portoit néanmoins avec les autres. Mais
Junon, qui va en avant, l’écarte et le
conjure de se retirer ; ce qu’il fait.
Les plus grandes fêtes sont ceties qui
se céèbieut p;ès de la mer, oh se
tiennent les plus nombreuses assemblées
religieuses. Lucien dit que, n’ayant
pas fait la route avec les dévots
il ne peut pas en donner tons les détails.
Il va parler seulement des préparatifs
de ceux qui s’y rendent. Chacun
des dévots apporte de chez lui un vase
plein d’eau et bien cacheté avec de la
cire. Il n’a pas le droit de le décacheter
lui-même , pour en verser l’eau.
Un Galle , qui habite près du
lac , est chargé de cette fonction,
C’est lui qui reçoit les vases, qui vise
le cachet, et qui le brise,après avoir
reçu pour cela une certaine somme ;
ce qui lui produit beaucoup d’argent.
On va ensuite au temple faire des libations
, après quoi on s'en retourne.
La plus pompeuse des fêtes , qu’on y
célèbre, est celle qui a lieu à l ’entrée
du printemps , et qu’on appelle tantêt
fête de Bacchus, tantêt fête des lumières.
(4)
On coupe pour cette cérémonie une
assez grande quantité d’arbres, que l’on
rassemble dans l’avant-cour du temple.
On amène ensuite des chèvres , des
brebis , et d’autres animaux vivans. On
les suspend aux arbres ; avec des oiseaux
, des étoffes , des dons précieux
en or et en argeiit , qu’on y attache.
Lorsque le tout est bien arrangé , et
qu’on a promené les images des dieux
autour du bûcher, on y met le feu et
on brûle le tout. On s’y rend en foule
de toutes les parties de la Syrie, et
des lieux circonvoisins. Chacun apporte
avec soi les images et les statuas
de ses dieux. A certains jours marqués,
la multitude se réunit dans le temple ;
les Galles et les autres ministres du culte
y font des sacrifices , se tailladent 1«
corps et se portent mutuellement des
coups, au bruit des cymbales , des tain-
(3) Lucian p. 909*
(4) Ibid* 910.
(i~) Lucian ibid. p. 901.
£2) Pauf. Achaic. p. 258«
hours
bouts et des flûtes , tandis que d’autres
prêtres insphés entonnent les
hymnes sacrés. Tout cela se passe
hors dn temple et les acteurs de ces
sortes de scènes n’y entrent pas.
C’est aussi dans ces jours là , qu’on
fait des Galles, ou c!e nouveaux prêtres
de la déeSse. (1) Ici Lucien entre
dans les détails de cette singulière cérémonie,
dans laquelle l’aspirant finit
par se mutiler lui-même ; puis court
nud par la ville , et jette dans quelques
unes des maisons de son passage
les dépouilles de sa virilité. Celle qui
reçoit son présent lui fournit en revanche
des liabillemens et une parure
de femme. A la suite de la description
de la cérémonie de la mutilation des
Galles , Lucien parle de leur sépulture.
Lorsqu’un Galle meurt, ses collègues
le portent sur leurs épaules hors la
ville 5 y déposent son corps et jettent
des pierres sur le cercueil dans lequel
il est enfermé ; puis s’en retournent
chez eux. Ils sont obligés dé laisser
s’écouler autant de jours , qu'il y a de
Sphères ou de Planètes, c’est-à dire ,
sept jours, avant de pouvoir entrer dans'
le temple (2 ; s’il le faisoient auparavant
, ils se rendaient coupables de
crime. S'il leur arrive par Lazard de
voir un cadavre , ce jour là, il ne leur
est, pas permis d’entrer au temple; ils
n ypeuvent paroîtreque lelcndemain et
après s’être purifiés. Ils gardent, pendant
trente jours , les morts de leur
famille , et se rasent la tête. Pendant
tout ce temps , l ’entrée des temples
leur est interdite. Ils sacrifient des
boeufs , des vaches , des chèvres des
brebis: ; mais le porc est une victime
proscrite. Ils n’en sacrifient point, ni
n’en mangent. Quelques-uns pensent,
que ce n’est point pareeque cet animal
est abhorré , mais parce qu’il est sacré.
Ils ont le plus grand respect pour l ’oiseau
de Vénus, et de Sémiramis , la
(1) Ibid. p. 9i l .
(2) Ibid. p. 912.
■ Helitr. Univ. Tome II.
N I V Ë E S E L L T.
colombe ; ils ne se permetteTt pas d’y
toucher. Et si par hazard cela leur arrive
, par inadvertance, ifs se regardent
comme profanes ce jour là.
Lucien passe ensuite à d autres pratiques
superstitieuses, que la religion
commande à ceux qui se rendent à la
ville sacré, ou à Hiérapolis. Ils sont
tenus de se raser la tête et les sourcils.
Apiès avoir fait le sacrifice d’une brebis
, on la coupe en morceaux , et on
en mange la chair (3) , à l’exeption des
pieds et de la tête. Ces dernières parties
sont mises en réserve et placées
sur la tête de celui q u i, agenouillé Sut
la toison de la victime , invoque la divinité
et la prie d’agréer ce sacrifice »
en lui en promettant encore de ' plus
grands. La prière achevée, le sacrificateur
couronne sa tête , ainsi que
celle de tous ceux qui sont venus avec
lui. Du moment où il est paiti de chea
lui , il n’a plus fait d’usage que d’eau
froide, soit pour le bain , soit pour
son breuvage, et il a dû toujours coucher
sur la dure («7). Il ne lui a pas
été permis de monter dans un lit, jusqu’à
ce que son pelérinage, ait été achevé
, et qu’il soit de retour chez lui.
Arrivé dans la ville sainte , il- y est
reçu par un hôte public, sans avoir
besoin d’en être connu. Il y a beaucoup
de ces sortes d’hôtes , dans cette
ville ; les Assyriens les appellent les
docteurs. Ils font en partie les foliotions
des Ciceroni des Italiens.; et sont
chargés d’instruire les étrangers qui
viennent à Hiérapolis. Les sacrifices ne
àe font pas dans le temple même ; mais
celui qui veut sacrifier y conduit la
victime près l ’autel , et api ès avoir fait
des libations , il la ramène chez lui
vivante ; l ’immole et adresse sa prière
à la divinité. Il est encore une autre
manière de sacrifier. (4) Après avoir
.couronné la victime , ôn la précipite
du haut des dégrés du temple ; et elle
(3) Ibid. p. 9I3*
(pj Ibid. p. 014.
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