ni fut honoré sons le nom d’Osiris ,
e Særapis, de Pluton on de Jupiter,
et même de Pan. En effet ces Divinités
bien analysées, comme nous lèverions
, se réduisent à des formes variées
du même Dieu soleil, envisagé sous
des rapports différens , rapports tirés
de la différence de son action, de la
différence des époques de son mouvement
annuel, ou enfin des formes astronomiques
des • constellations ,' qui
fixoient ces époques du temps, que mesure
le Soleil à chaque révolution ,
considéré dans les différens siècles.
Nyse en Arabie (1) étoit la patrie de
Bacchus , ou passoit pour être le lieu
dans lequel il fut mis en dépôt après
sa naissance ; aussi prit-il de là le surnom
de Dionysos ou de Dieu de Nyse.
Là étoit cette fameuse colonne d’Osiris
et l ’inscription dont nous avons parlé
plus baut.
. Diodore pense qu’Orphée, ( 2 ) qui
voyagea en Egypte , apporta de ce
pays la plupart des rits religieux ,
qui se trouvent chez les G. ecs , &
principalement les orgies ou les fêtes
en l’honneur de Bacchus , ainsi que_
toute la fable des Enfers. Il s'appuie
de la ressemblance parfaite, qui exis-
toit entre les cérémonies religieuses
du culte d’Osiris & d’Isis en Egypte,.
& celles de Bacchus & de Cérès en
Grèce ; de manière à n’y trouver d’autre
différence , que celle des noms/
Il en tire sur-tout une preuve , de la
consécration du Phallus dans les mystères
d’Osiris et de Bacchus C 3 ). Il
dit, en parlant de ces deux Divinités
qui dans la réalité n’en sont qu’une
seule, qu’elles sont ce soleil ( 4 ) qu’A-
gamemnon invoque dans Homère, et
qu’il dit tout voir, tout entendre , et
porter ses, regards sur toute la.Nature ;
ce soleil, qu’Eumolpe dans ses chants
en l'honneur de Bgcchus, appelle i’as(
1) Mut!. 1 . 1 , c. 16 , p. g i.
(») niod i . 1 , c. 60, p. 107.
( U Diod. 1- 4» <=■ H t ) P1 247-
tre lumineux , qui verse le feu à l’aide
de ses mille rayons ;, ce soleil enfin ,
qu’Orphée nomme Phanès le luisant,
et Bacchus ; Dieu dont le? images sont
couvertes d’une peau de daim mouchetée
, pour désigner le ciel semé
d’astres, qui lui sert de manteau ( 5 ).,
■ Toutes ces ■ idées ont été. adoptées
par Plutarque , comme nous avons
déjà eu occasion de l ’observer dans
notre chapitre sur Osiris. Cet auteur
dans son traité d’Isis , où il convient
qu’Osiris est le soleil , reconnoît aussi
plusieurs fois l ’identité d Osiris et de
Bacchus. Il insiste sur-tout sur eette
ressemblance , dans l ’endroit où il
dit à la prêtresse à qui il adresse
son traité : « Qui doit savoir mieux
» que y o u s , o Clea ( 6 ) , vous qui
» par votre naissance êtes consacrée
» au culte d’Qsiris, en qualité de pre-
» mière prêtresse des Thyades de,
» ’Delphes, qu’Osiris et Bacchus sont
» la même divinité. S’il faut apporter
» des preuves, pour convaincre les au-
» très de cette vérité , supprimons à la
» bonne heure les détails secrets, qu’il
» n’est pas permis de révéler , mais
» disons tout haut , ce qui se pra-
» tique publiquement. Dans la céré-
» monie des funérailles d’Apis , lors-
» qu’on le transporte dans la barque
» au lien où il doit être enterré, ne
» retrouve-t-on■ pàsfltout le cérémo-
» niai des mystères de Bacchus. Les
» prêtres ne s'enveloppent-ils pas de
» peaux de daims , ne prennent - ils
» pas à la main le thyrse, et ne
» poussent-ils pas ces hui lemens, que
>j font entendre ceux, qui pénétrés
» des fureurs de Bacchus célèbrent
» ses orgies » ? C’est pour cette raison
, que la plupart des Grecs donnent
à BaGchusd e s formes du taureau, c’est-
à-dire , celles que les Egyptiens don-
noient à Osiris, dont Apis ou le boeuf’,
faj Diod. I. 1 , c. 14, p. 26.
(5) B'od. •• i i c. 7 , p. 14— 15.
(6) Plut, de laide p. 364.
I :'5 sacré , suivant Plutarque lui-même, étoit l’image. <* Les femmes Eléenes (t ),
B » continue notre auteur , dans les
9 B » prières qu’elles adressent à Bacchus, » ne prient-elles pas ce Dieu de des-.
B » cendre des cieux avec les grâces ,
B » et de poser sur la terre sou pied
B » de boeuf ». On faisoit Bacchus,
B comme Osiris, le dieu du labourage et
B des semailles (2), ou le dieu des opé-
-i! rations agricoles, qui ont lieu au le-
B ver des Pléiades , grouppe d’étoiles
Slacé sur ce même taureau céleste,
ont Baochus prend là forme. Aux ap-
B proches de l ’hyver, on célébroit une
B fête en son honneur en Arcadie, et l'on
B conduisoit en pompe à son temple
B un taureaù choisi dans tout un vaste
B troupeau(3). Nous avons vu en Egypte
B une ceremonie pratiquée an moment
B de la mort d Osiris en automne , au
B lever des Pléiades , dans laquelle on
B portoit un boeuf d’or voilé d'un crêpe
B noir. On trouve dans les monumens
B de 1 antiquité le taureau Gonnu sous
B le nom de taureau Dionysiaque. Il est
^■ représenté agenouillé comme celui des
■ sphères, et ii a près de lui un thyrse
B orné de pampres. La plupart des Poë-
B te s ( 4 ) l’appellent le dieu aux cornes
B d o r, ou dont le front est armé de
■ cornes ; tel il est peint par Horace (5)
B e t par Ovide (6 ) . J’ai vu un vase
■ antique, dont étoit possesseur d’Orsay,
B su r lequel Bacchus étoit représenté
B a v e c sept fiiles. Il avoit la tête, les pieds
B e t la queue d’un boeuf, et des formes
■ assez semblables à celles du minotaure,
Mlils de la Pléiade Pasiphaé placée sur
taureau , sur ce taureau^ dont cette
’$§ . e avoit été amoureuse. Chez les Ar-
gieus, peuple qui adoroit la lune, soit
fo , soit Lis, sous le symbole du signe
«pleste, dans lequel cette déesse a son.
9
exaltation, on disoit que Bacchus étoit
Bovigène, ou né d’urn boeuf. Io chez
ces peuples avoit eu sous sa forme de
vache un fils appelé Epaphus, qu Hérodote
(7 ) dit être le même qu’Apis,
ou que le dieu boeuf, image vivante
d’Osiris, suivant Plutarque (8) et du
taureau céleste , suivant Lucien ( 9 ).
Ainsi Epaphus, Apis, Bacchus, Osiris
avoient tous la forme du signe
équinoxial, dans lequel avoit été transportée
Io , ou Isis , et dans lequel le
soleil et la lune s’unissoient à l ’équinoxe
du printemps. C’est ainsi que
les formes du culte des Argiens et
des Egyptiens se lient entre elles et
avec le zodiaque, ainsi qu’avec les
deux grands astres qui impriment le
mouvement de génération à la terre
et aux eaux du N il, sous le signe
équinoxial, qui étoit autrefois le taureau.
Aussi les Argiens, qui appeloient
le dieu Bacchus fils de boeuf , l ’évo-
quoient du fonds'des eaux au son
de leurs trompettes, qu’ils cachoient
dans les feuillages de leurs thyrses (10).
Si on en croit Plutarque, la fable
tragique sur la mort de Bacchus mis
en pièces par les Titans, et qui, comme
Christ, prit le nom de Sauveur (n )
et toutes les cérémonies mystérieuses
de la nuit, (12) qu’on appeloit parfaite,,
dans laquelle on retraçoit cette mort
de Bacchus, *s accor doient entièrement
avec les mystères de la passion d’O-
siiis mis à mort , descendu aux
enfers et ressuscité , et avec toutes les
cérémonies qui se faisoient au tombeau
de l’époux d’Isis. On montroit
en plusieurs lieux d’Egypte des tombeaux
d'Osiris , comme on montroit
à j Delphes en Grèce celui où furent
déposés les restes de Bacchus , et
auprès duquel les initiés célébroient
I [ if ÇJj11- quæst. grsec. p. 290.
|/a) Plut. Ibid. ° P
! (t) Paus. A read. v.
! I Ä ■ f i r I Afeïi-
(6) Ovid. Sapho. v. 24° 3
B Hérodot. Euterpe c» v*
(SJ De Iside. p. 362.
(9) Lucian, p. 986,
(10) Plut. de Iside. p. 364. j T
C11J Pausan. Corinth, p. 74,-—70,
(12J Hérodot. 1. a. c. i 7x.