et sauva l’enfant ( i ). Çes fictions sur des expo-
sitiôr/s pareilles étoient ordinaires'parmi les bergers
d’Atcadie, qui , sans doute, comme les Arabes ,
s’en amusoient dans leurs loisirs. Le tombeau d’An-
chise étoit en Arcadie ( a .) ; et il paroît que c’est
de là que vint la fable d’Enée et de son père,■
qui fut portée en Italie. Le temple de, Vénus,
mère d’Enée, étoit à côté. Les 'Phénéates étoient
aussi dans ce canton. En retranchant le P , qui
fut sur-ajouté, reste Enéates. Le Fondatèur étoit
Ph-énée, ou Enée. On y voyoit aussi le tombeau
d’Iolaüs ( 3 ) , d’oü on fit Iolaos , Julus. Le fleuve
Craùs en Italie dans le Bruttiupi avoit pris son
nom ( 4 ) d’un fleuve de ce nom en Arcadie,
près Phénée. La fable Romaine ( 5 ) , sur Acca La-
tentia et srir le Prêtre d’Hércule, qui joue aux dés
avec ce D ie u , est une fable Arcadienne, qui
n’a pu prendre naissance, qu’à l’embouchure d’un
fleuve d’Arcadie, eh étoit une grotte, quirenfer-
moit la statue d’Hercule, aux pieds de laquelle
étoient des dés , que l’on jetoit, pour obtenir des
sorts. ( Paus. Ach. p. a 33.,) Ce fleutçg est le
Cratis. On peut voir Plutarque ,isu r les Parallè
les , et sur-tout l’article Philonome p. 314. On
célébroit en Arcadie ( Pausan. p. »69 ) une fête tous
les ans en l’honneur d’Apollon, sur le mont Lycéen,
laquelle étoit fort semblable aux Lupercales. On lui
immoloit, comme aux Lupercales, une Chèvre,
dont on découpoit les différentes parties , qu’on
se partageoit. Cette fête ressembloit assez à celle
des Lupercales, telles que Plutarque les peint
(V it. Romul. ) , dans lesquelles, on immoloit aussi
la Chèvre. Le Dieu y prenoit le nom d’E•niKvçoç ,
Secojireur. Les femmes, dans les Lupercales, se
laissoient frapper, croyant qu’elles en tiroient du
secours, pour obtenir un heureux accouchement.
( { ) On retrouve une cérémonie semblable, célébrée
à Patras, en Achaïe, en honneur de Diane
Laphyria, cette compagne fidelle de la Déesse
Ulythie ( 6 ). Ce culte de Diane Laphyria leur
venoit, suivant Pausanias, desCalydoniens, dont
elle étoit la grande Divinité ( 7 ).
comme Ericthonius, en Dragon (10), étoit représenté
(aa) On trouve aussi celle de la Pleïade Stérope
(8) , femme d’OEnomaüs. Les travaux d’Hercule $
uenous faisons voir ailleursn’être que la course du
oleil à travers les douze signes, ‘étoient tracés à
Olympie. La Lune y ’ paroissoit aussi conduisant
son Char ( 9 ).
(bb) Cet enfant est vraisemblablement Ericthonius,
et la femme, la Chèvre céleste. Car le fils de cette
femme, qui sauva Elis, en se métamorphosant, (l)
(l) Pausan.(z) Ibid. p. A2r4c7a.d. p. 246.
(3) Denis d’Halic. 1.'1.
(4) Pausan. p. 2jo. . ,
(5.) Plut. Quæst. Rem. p .'272.
(4) Pausan. Achaic. p. 224;
<7) Ibid. p. 141.
(8) Pausan. Eliac, 1, p. 157,
(p).Ibid, p. 158.
sous la forme d’un enfant, portant une
robe semée d’Etoiles, et tenant dans une main la
corne d’Amalthée, ou de la Chèvre cèles e.
Vénus avoit son domicile au Taureau, sur lequel
la Chèvre est placée. C’étoit Olénus, qui, dit-on,
le premier fit un hymne en honneur d’Illy-
th ie (n ) , et il.la fait mère de l’amour. Olénus
adonné son nom à la Chèvre, Olenia Capra : elle
étoit honorée d’un culte spécial à Ægium en
Achaïe (12). O r , Ægium tire son nom d'Aiga ,
ou delà Chèvre. Ægium et Hélice sont deux
villes voisines , sur le Golfe de Corinthe. On
disoit f qu’Aiga et Hélice étoient deux Nymphes
, filles d’Olénus (13) , lesquelles nourrirent Jupiter.
.D’autres font Aiga fille du Soleil, femme
de Pan, et mère d’Egypan, ou de Jupiter Ægiochus.
Quoi qu’il en soit, cet enfant de la Chèvre fit
fuir les Titans, comme le fils d’Illythie fait fuir
d’effroi les Arcadiens, dans la fable des Eléens (14)»
comme le jeune Ericthonius, devenu Serpent, fit
fuir les filles d’Erectée , qui se précipitèrent
du haut de la citadelle d’Athènes. La Chèvre
d’ailleurs étoit honorée d’un culte particulier,
sous sa forme naturelle , chez les Phliassiens. Le
Cocher, qui la p o r t e l ’étoit dans tout le Pélo-
ponèse , et sur - tout en Elide , sous le nom
du Cocher .d’OEnomaüs , Prince fils d’une
Pleïade. Vénus Epitrage ( i 5 ) avoit son culte
chez ces mêmes Eléens ; et c’étoit Vénus
Uranie. On faisoit aussi, à Ægira en Achaie, un
conte sur la fuite des., Syçioniens (16), à la vue
des Chèvres, lequel ressemble fort à celui de la fuite
des Arcadiens, à la vue d’Illythie. Ægira , voisine
d’Ægium, tiroit son nom à’Aiga ou de la
Chèvre. A Ægira .on adoroit aussi Vénus Uranie.
(ce) Elle avoit nourri Trophonius ( Boio-
tic. p. 313 ) , fils d’Ergine ou d’Apollon, qui
avoit pour frère Agamèdes, à qui il coupa la
tête (17). C’est la fable des Cabires, l’un desquels
fut tué, et dont la tête , enveloppée d’une étoffe
de couleur ae pourpre, fut portée au pied du
mont Olympe.
( dd ) C’est le nom qu’Aristophane donne à Es-
culape.
(ee) C’est de là que cette Déesse prit le nom
d’EiAMÔv/«t , du verbe eihea , involvo , oc-
culto, la cachée. Ce voile lui fut donné , sans
doute , parce qu’elle se trouvoit unie à la Néoménie
du Printemps, ou à la Lune, dans son occultation
avec le Soleil , ou dans sa conjonction. Elle
(10) Pausan. Eliac. p. 204.
(11) . Ibid. Boiot. p. 302.
(12) Ibid. Achaic. p. 236.
(13) Hyg. 1. 3, in Heniocho.
(14) Pausan. p. 198.
(15) Ibid, Heliac. p. 203.
(16) Ibid. Ach. p. 233—234.
(17) Boiot. p. 311.
étoit pareillement voilée chez les Ægiens , en
Achaïe (1). Chez les Eléens (2), la Prêtresse ne pouvoir
entrer dans le temple de Sosipplis, fils d’Il-
lithye, que voilée.
Les Prêtresses seules d’Illythie pouvoient voir
sa statue, chez lesHermioniens, dans l’Argolide (3).
Gn pouvoit donc, ajuste titre, l’appeler la Déesse
enveloppée et cachée , EiKti&via,. C’est la vraie
étymologie du nom d’E , Ulythie.
(ƒ ƒ ) Pausanias parle ailleurs (Phocic. p. 357)
des Dieux Mïlïchéens , auxquels on sacrifiolt la
nuit, sur une haute montagne, de la Locride,-'
aux environs d’Amphise ; et on devoit y couronner
toutes les chairs de la victime , avant que le
Soleil fut levé.
(##). Voilà le puits et- les petits pains de Sainte
Geneviève de Nanterre.
(hh) Plutarque ( Et in Delphis ) prétend qu*Apollon
s’appelle ïsménien , parce qu’il sait tout. Je
crois moi, queThèbes en Béotie, ayant été fondé
par une colonie de Thébains d’Egypte, ceux-ci
y ont porté le culte d’Esmun , leur grand Dieu ;
ou si ce sont des Phéniciens, Esmun étoit aussi
leur grande"Divinité. D ’ailleurs la fable d’Esmun
appartient aux Phéniciens, cpmme on peut le
voir dans Damascius ; il étoit adoré en Bérythe.
C ’est l’Hercule Phénicien, sous un autre nom,
lequel avoit sa statue et son tombeau à Thè-
bes , avec une suite de tableaux , qui représen-
toient plusieurs de ses douze travaux ( 4 ).
( tt ) Ailleurs ndus avons vu cette Déesse tenant
la corne d’abondance, symbole des richesses
qu’elle répand (Paus. Achaic. p. 234 ).
- 0 m Denis d’Halicarnasse , p. 92 , parle de ces
Cadolt, ou Camilli, quiservoient sous les Prêtres,
chez les Etrusques* et antérieurement chez les
Pelasges , dans les mystères des Curètes et des
Grands Dieux.
(Il) Les Olontiens, peuples de cette même I le ,
y mettaient cependant plus de-secret, et ne permet-
toient point <jue l ’on divulguât les mystères : ce
une grande faveur qu’ils accordèrent aux
peuples du L a t iu m q u e la faculté d’y être
admis ( 5 jfi
(mm) L histoire ou la fiction de l ’autel caché , et
enterré dans le champ de Mars , est celle du
Dieu Consus, dont il est parlé dans la vie de
Romulus v( 6 ). Nqus l’avons aussi trouvée chez
les Grecs ( Pausan. Arcadie, p. 244. ) Zozime nous
dit que Val es us Valesius ( Vale ) chef de la
famille des Valerius chez es Sabins , et qui passa
ensuite a Rome, ayant voulu élever un autel aux
Divinités infernales, dans le champ de Mars, près
du Gymnase des Chevaux , ou de l’Hippodrome,
trouva,en creusant la terre dans ce lieu, un autel
ancien , qui y étoit caché , et qui portait pour
inscription : à Pluton et à Proserpine. On préten-
doit que dans une guerre , qui autrefois ç’étoit
élevée entre les Sabins et les Romains , les deux
armées étant en présence, un grand spectre , vêtu
de noir, leur étoit apparu, et leur avoit ordonné,
afant d’en venir aux mains , de faire un sacrifice
dans un lieu souterrain, en.honneur de Piutonetde
Proserpine ; et qu’après avoir donné cet avis , le
spectre av-o'k disparu. Les Romains effrayés creusèrent
un lieu sous terre , où ils dressèrent un
autel; et .après y avoir sacrifié, ils l’ensevelirent à
vingt pieds de profondeur , de manière que personne
n’en eut connoissance , excepté eux. C ’est
cet autel, qu’on prétend avoir été dans la suite
découvert par Valesius , qui y fît un sacrifice t
et qui célébra auprès des veilles sacrées. Ç e fut là
l’origine du surnom de Manius et de Valerius ,
qu’il prit, dans la suite : Manius , du nom de
Mânes, et Valerius, de valert, se bien porter.
Dans la suite , l’an premier de l ’expulsion des
Rois , la peste a^ant affligé Rome, Publius Valerius
Publicola, de la même famille , immola sur
cet autel à Pluton et à Proserpine un boeuf noir,
et une génisse de même couleur , et par-là il ap-
paisa ce fléau. Ce fut lui qui mit l’inscription ,
qu’on y lut ensuite : a moi Pub. Valerius Publicola
ai dédjé le feu sacré du champ de Mars , à Pluton
et à Proserpine, et j’ ai fait célébrer des je u x ,
en leur honneur, pour la liberté des Romains ».
(nn) On peut voir ici un des grands exemples de
la stupidité des hommes. Si les Romains eussent
moins compté sur les secours chimériques des
Dieux , ils auroient entretenu dans leur ville une
bonne police, qui les eût préservés de la peste ,
plutôt qu’Esculape , que Proserpine et Pluton.
La vigilance des hommes diminue à proportion
de leur confiance en la protection des Dieux.
T e l qui a été submergé, en invoquant Saint
Nicolas, se fût sauvé, s’il n’eût compté que sur
sa manoeuvre , et sur sa présence d’esprit dans le
danger. La confiance aux Dieux n’a sauvé personne,
et en a perdu plusieurs. La divinité a remis
à l’homme tous les moyens de défense , qui
peuvent le garantir des maux. C ’est à lui de s’en
servir. C ’est se tromper que de croire , que la divinité
changera le cours de 1* nature , et la température
des elémens, au gré de quiconque voudra
l’en prier. Une telle erreur n’est profitable qu’aux
Prêtres; et elle fëra , comme elle a toujours fa it, le
malheur des hommes crédules..
(00) Voyez page. 44 , ci-dessus , comment les
fèves entroient dans le cérémonial mystérieux des
Orphiques , et de l’initiation d’Eleusis ; et dans
Servius, comment le soufre étoit aussi un des
moyens de la lustration. Apulée , L. 11 , joint l’oeuf
au soufre et au cierge , ou flambeau. Summus Sa-
(.1) Pausan. Achaic. p. 230.
(2) Eliac. p, 197.
(3) Corinth, p. 78.
(4) Pausan. Boiot. p. 290.
(S') Insciip. apud ChishuU. Ant. Asiat, p. 735 , 136.
(6) Zozim. ibid. 1. 2, Plut. vit. Romul. ci-dess. p. 29,