tous les caractères du bon principe, et
une analogie avec la nature des astres,
par lesquels le ciel exerce sur la terre
son activité bienfaisante , dont la Lune
est un des principaux agens, relativement
à la végétation. L ’union de la
Lune à Mercure , dans laquelle ce
dieu étoit censé voyager (l) ; l’union
des serpens au caducee de Mercure ;
l ’union de l ’Ibis et du chien , comme
Paranatellons , dans la sphère d’A-
benezra (z) , avec la Vierge, domicile
de Mercure , toutes ces unions sont en
partie cause de celle, qu’avoit avec
Mercure (3) l’oiseau familier de la Lune
et destructeur des serpens. C’est sans-
doute par cette raison que , dans la
fable sur la métamorphose des dieux
en difîférens animaux , Mercure prit
la forme de l’Ibis (4). Ce dieu donna son
ïiom au mois Thot, ou au premier mois
de l’année Egyptienne, dont Mercure
étoit le Génie tutélaire et l’Ibis fut
l ’expression de ce nom. Aussi Martia-
nus Capella place l ’Ibis dans la Sphère
de Mercure et avec la Vierge céleste,
sous laquelle de son temps commen-
eoit le mois Thot(5). Ce fut son caractère
Astrologique, et Hiéroglyphique,
Îilutôt encore que son utilité réelle, qui
Le respect que les anciens Egyptien
avoient pour l ’Ibis s’est perpétué jus.
qu’à nos jours en Egypte. Les Turcs
iie permettent pas encore aujourd’hui
de tuer ces oiseaux ; ils voient en eux
l'animal chargé par la Nature de pu.
rifier ce pays (9). L’Ibis y est connue
sous le nom de Belsory,
Le Scarabé fu t , comme l ’Ibis, consacré
a fit mettre au nombre des animaux
sacrés , quoiqu’en dise Cicéron (6). Il
est vrai que son utilité la fit affecter
de piéfërence aux astres, dont l’Egypte
éprouvoit l’action bienfaisante.
La Sphère des Maures placé l’Ibis ou
la Cigogne dans la constellation où la
Sphère Grecque met un homme qui tue
un serpent, ou dans la constellation
du Serpentaire (7). La Grue , par son
retour, annonce l’automne (8). Peut-être
est-ce là l ’origine de sa consécration
dans cette partie du ciel , à laquelle se
trouve le Soleil, à l’entrée de l ’automne.
(2} Plut, de Ififte p. 397.
(5) Kirk. OEdip. t 3. pars 2. p. *01. (3) Hor. A poil. 1. 1. c. 34.
(4) Anton. Lib. fab. 28. Ovidmet. I.5. v. 33. jjyg.
1.3. c. 18.
(5) Martian Capell. de nupt. phil. 1. *. c. a.
(6) Cictr. de nat. dtor- ). 1. c. 36.1.3. c. ij-
au Soleil et à la Lune, toujours
par une suite des habitudes , et
des formes, qui établissaient entre cet
insecte et ces astres des rapports de
ressemblance. On observra,qu’il|déposoit
les germes de sa reproduction dans
une boule de matière fétide (10) , qu’il
rouloit pendant vingt-huit jours , c’est-
a dire durant le même temps, que la
Lune met à achever sa révolution chaque
mois. Il la roule à reculon, c’est-
à-dire qu’il suit dans son mouvement
la marche du Soleil et des astres , qui
se meuvent en sens contraire du mou.
vernent de tout le ciel (t 1). Porphyre,
qui nous donne cetteexplication, ajoute
que le culte du Bélier et du Crocodile,
de l’Accipiter , de l’Ibis , et en général
de tous les anirarux, étoit fondé sur
de semblables observations. D’autres
auteurs , tels qu’Horus-Apollon , ont
cherché dans le nombre des pattes dü
Scarabée, qu’il fait monter à trente , là
raison qui le fit consacrer au Soleil,
lequel séjourne trente joui s dans chaque
signe (12). Il parle d’une autre espèce
de Scarabée, qui porte deux cornes , et
qui par cette raison fut consacré à là
Lune , laquelle a son exaltation dans
le signe céleste du Taureau. Enfin il
en compte une troisième espèce, qui
n’a qu’une corne , et qui, comme l’Ibis,
est consacré à Mercure.
Diogène Laerce, à l’occasion des ani-
maux sacrés de l’Egypte ( t 3) , nous dit
(7) Bayer, tab. 13. Riecioli p. l i é .
(8) Oppianalieut. 1 .1. v. 63«.
( 9) de Paw rech. furies Egyp. & les chin. t. a.p. 12*
( l e ) Ælian. de animal. I. lo .c . 15.
O O Plut de If. p 3> i.Parph.apudEuf. I.3.C.4. py4-
(12) Hor. Apoil. I. 1. c. la.
(13) Diogen. ia proeia.
qu’Osins et Isis, les plus grandes divinités
des Egyptiens, étoient représentés
pat l0 Scarabée, l’épervier, le serpent
et par d’autres animaux. Mais
Osiris et Isisétoient le Soleil et la Lune ,
comme ou l’a vu dans les chapitres de
cet ouvrage , où nous avons traité de
ces divinités (,i). Donc les animaux sacrés
réprésentoient les dieux naturels ,
le Soleil et ia Lune , et par une suite
du même principe les autres astres.
On étendra aux autres animaux sacrés
la double explication, que nous
venons de donner de l ’origine de ce
culte symbolique , qui porte en partie
sur les propriétés vraies ou convenues
des animaux, et en partie sur leur ressemblance
avec les animaux des constellations.
Encore ceux-ci n’ont-ils été
placés aux cieux, que par une. suite des
observations faites sur leur nature et
d’après lesquelles on les jugeoit propres à
telle ou telle opération, soit delà nature,
soit de l ’homme , tant du navigateur
que de l ’agriculteur. En conséquence^
nous n’insisterons pas sur les détails/
qui ont pour objet le porc , l’âne, le
coq , le hibou ou la chouette, la musaraigne
, la grenouille du Nil &c.
Différens auteurs anciens ont donné
des explications de ces divers symboles
vivans et animés, que le culte allégorique
avoit consacrés. Quoiqu’ils n,e
.soient pas tous également satisfaisans ,■
on y reconnoîtra au moins une vérité
importante , c’est que ces animaux
n’étoient point honorés pour eux mêmes
, mais pour les dieux ou pour les
êtres divins, qu’ils étoient supposés représenter.
Ce qui suffit ici pour notre
but.
C H A P I T R E D E U X I È M E.
Du culte des plantes, des pierres, &c.
I j ’A me du monde, ou la divinité,
que l ’on croyoit s’être peinte dans les
différens animaux, qui retraçoient quelques
uns tie ses caractères, et quelques,
unes de ses propriétés, pénétrant tous
les corps organisés, propageoit également
ses images dans les végétaux, qui
ont une sorte de vie et dans les pierres
et led minéraux, dont la composition
est le fruit du travail de la nature
et de Inaction du feu artiste, qui
circule dans toutes les parties de la
matière. On étudia donc les productions
de la nature dans l ’immense laboratoire
où elle travaille en silence,
aidée de la main du temps j on y
épia sa marche-j et on chercha, dans
ses moules organisateurs, l ’empreinte
de ses traits éternels.
Les -Egyptiens, par exemple, crurent
voir.dans la végétation dé l ’oignon des
rapports avec Tes phases de 1a lune,
comme ils en avoient observé dans leç
dilatations progressives de l’oeil du chat,
et dans le régime de vie de l’Ibis. Ils y
remarquèrent des périodes d’accroissement
et d’altération, qui suivoient la
marche inverse de celles . de la lumière
lunaire (2). C’est pour cela , dit Aulu-
gelle (3) , que ceux de.Pelnse s’abstiennent
d’en manger, parce qu'il est le
seul légume, qui, dans sa végétation,
semble contraster avec la marche de la
lune, et avec la progression de sa lu-
< 0 Diogen. I. 3. c. 2. & 3, ( j ) Aul. Gefi. I- 20. c- 7.
(*J Plut, de l&de- p. 3 j 3*