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quand la pluie ne venoit pas, il s adressoit au
Dragon noir.
(m) L’Apocalypse, ouvrage des initiations Phrygiennes,
est de beaucoup postérieure à ces fictions,
sur Bacchus Taureau. Ce n’est point le
Boeuf, qui y est mis à mort ; e’esi l’Agneau, ou
Arles, qui .succéda à l’ancien ï aureau Equinoxial.
(n) Hygin (i) dit , que c’çst son pied droit', qui
s’appuie sur la corné gauche du- î. aureau ; il. le
tait lever au coucher du Seipentaire, ou de
Cadmus.
(o) Toutes les traditions Libyennes, Egyptiennes,
Grecques, s’accordent à placer à Nys.e .en Arabie
( a ) , entre le Nil et la Phénicie , ; le berceau
de Bacchus. Il est certain que Bacchus, sous
le nom ! à 'Urâtd, étoit la grande Divinité t es
Arabes (’3 ) , avec-Uranie, au rapport d’Méro-i
dote ; et même leur- unique Dieu, -suivant cec nis*»
torien.
Denis d’Alexaridrie (4 ) , dans son Poème géographique,
suppose : aussi que Jupiter tire .Bac-,
chus de sa cuisse, et le dépose en Arabie, dans
un lieu parfumé des odeurs de l’encens, de la
myrrhe et de toutes les- plantes ^aromatiques-;,
et arrcsé’de mille’ sources. Il peint tous les oiseauxî
qui viennent lui porter en tribut la .cinamome.
Ce passage a beaucoup de'ressemblance avec celui
de la quatrième Eciogue de Virgile, sur La naisn
sance du jeune Héros qui doit ramener. l’Age,
d’or , et avec ces vers de i’Eclogue : At tibi
prima puer, etc. Arrien prétend que Jupiter
déposa Bacchus sur les bords du .-Sangans*
Eustiiare observe ( 5 ) , que Denis. a fait , pour
^ind dire, le thème de l'a naissance de Bacchus,
en présentant l ’état de là Nature ace moment
important; et cette réflexion trouve sa place dans
la fable de Christ, où l’on voit aussi des Bergers
, qui viennent à la crèche , des Anges, qui
entonnent des Hymnes, et des rois, qui apportent
en offrande l’o r , l’encens et la myrrhe , cornue'ici
Bacchus enfant, Dieu-Soleil, est reçu au milieu
d'un pays heureux, où croissent'l’encens et la
mÿirhe ; et comme le jeune Héros , que ramène
sur la terre le retour d’Astrée.ou de la Vierge.,
dans Virgile, est reçu au milieu'dés transports
de toute la Nature.
\p) Ce sont ces rapports qui se trouvent, dans
cette fable , avec la, Crète , et Jupiter Am'nion,
■ a v e c Aristée adoré’ à Cyrèrie, qui nous ’ font
Croire , qu ’elle 'appartient à la partie de U? Libye ,
qui est aù midi de 4a Crète , et au Nord du
temple d’Amnaon.
Hygin. 1• 3- <.) Diod. J, 4 , c. 147, p. 24s.
Ci)' Herod. 1. 3 , c. S.
C4) Dionys. Perieget. v. 940, etc.
0 ) Lusthat. ad Dionys. Perieg, ibid'
Diod. 1. * , c. 9 , p- 19-
C# Idem. 1. 3 . c- 8 » m »79-
m Herod,!. i , c. 23.
(q) Ce nom désigne Courbure et Sinuosité.
Seroit-ce le Scorpion ou un des Seipeps? Seroit-ce
le Tropique, qui auroit été figuré , sous cet emblème
monstrueux ? 11 y avoit un genre de crocodiles
appelé Campsas,
(r) Il est bon d’observer, que le Bacchus Egyptien
, ou Osiris , avoit .poiir Père , comme le Bacchus
Libyen, Animon , à qui il éleva un Temple
suivant Diodore £6); ce qui lieéttcbre la' Cosmogonie
des Libyens, avec celle-dèsEgyptien5. Les Ethiopiens
, .adorateur.! du Soleil ( 7 ) , révéroie-nt ce
Dieu , üous les noms de Jupiter, de Bacchuf
et d’hcrçÿic (-.9) ,; à Méroë , capitale de l’Ethiopie.
On y adoroit a&jflJü l’épouse d’Os iris ou. Isis ,
ainsi que Pari, le compagnon de Bacchus.
11 était également « .'la grande Divinité des
Arabes , _pqupies voisins de 1’Etfeiopie et • de
rEgypte:(iCj) , et c’étoit à Nysa en A rabie, qu’é-
t-oit son berceau , et que l’on .célébrait ses fêtes",
c’est-à-dire ,. dans un. pays où T ’on. honoroit le
Soleil .et les, belles, étoilés du Taureau céleste,
dont Bacchus empruntoit lés formes .( 1 1> ).
: . Horace ( 1 2 ) décrit le règne .Sde. Bacchus y
comme on ^décrivoit l’Agé d’or. Il- chante les
ruisseaux .dé vin et de laiti, qui côtiioient dans
les »-campagnes, et le * miel qui découloit des
arbres..
’(/) Les anciens nous apprennent , que Linu's
avoit écrit les actions de Bacchus en caractères
Pélasgrques1 ( 13 ) ;'qu’il en était de même d’Gr^
phée,de Pronopidès , précepteur d’Homère, ‘et
de Thymcethès y contemporain' d’Or p'Hée. Diod.ore
de Sicile'parle d’un cèrtain Dionysii.s , qui avoit
écrit, assez en détail, les* actions de Bacchus. Le
Poème de Thymderhès était i: titillé : la Phrygic^
Aristide le 'rhéteur cité- Orphée et Musée , qui
avaient composé des- Hymnes à Fticéhus• (• 14 )”»
ainsi- que d'anciens Législateurs, qui avoient fait
des discours en honneur de ce même Dieu.
Çè Poème distribué én. 4^ Chants , renferme
21,295, vers \ 15).,' OnTe trouve imprimé
’dans la collection des - Poètes . Grcc$ héroïques,.,
t. 2, p. 30,7 ', jusqü'à .la page 624 ; ou à la fin
du volume. L’Iliade et l’Odyssée , imprimés dans
cétte collection renferment à eux deux un peu
plus que ce P,oème unique.
(«) Cette Chèvre est celle qui nourrit Escu-
lape, lorsqu’il fot exposé après sa naissance. C’est
elle qui se couche au lever : du Serpentaire, et
dont celui-ci coupe la--'tête.,-dans le Planisphère de
Kirker. Nous avons vu aussi, que le Serpentaire,
(9.) Strab. I. 17» P* *2î‘ (lo) Herod. 1. 3, c. 8, p. 94.
((1u2)) AHbourl.f a1r.. 2D, yqndas. . 16, V, 9 .,
(ij) Gebel.'Mônde Primït. t. 4, p, 559. '. -,
(14) Arîst. Kliet. Orat. 4,1 \ 1
(15) Poet. Cr*c. veteres. Aurèlias AHobrog. ann, ïtefi*
N O T E S D U T O M E S E C O N D .
“Escuîape ou Cadmus, étoit une des formes , que
prenoit Bacchus ou le Soleil en Automne, et
que c'est son Serpent, qui fut consacré dans les
mystères de ce Dieu. Nous avons vu également,
que lé Taureau céleste , ou le Taureau d’Europe »
foumisscit à Bacchus ; ou au Soleil de Printemps,
les cornes dont son front étoit armé. Ainsi l’aventure
du Taureau d’Europe, et celle de Cadmus
ou du Serpentaire, doit être la base de ce Poème;
d’ailleurs la fable fait Bacchusfils de Sémélé, fille
de Cadmus fière d’Europe. Nouvelle raison, qui
doit faire entrer ici l'Histoire d’Europe et de Cadmus.
Dans l’histoire du premier Bacchus, on lui
donne pour mère Proserpine, qui, s’unissant à Jupiter
Serpent , produit Bacchus Taureau , ou
Dieu aux cornes de Taureau. Or ce Taureau,
comme nous lé faisons yoif, est celui qui se lève
au coucher du Serpent du Serpentaire cu: du
Serpent de Cadmus. Dans le refit des aventures
du Batchus Thébain on le fait naître d’une
.fille de ce même Serpentaire ou de Cadmus,
frère de ce même Taureau. Il est aisé de voir,
que la fiction a le même fond dans les deu*
fables. Le récit de Dicdore sur Bacchus, rapporté
par Eusèl^e ( 1 )., commence aussi par l’aventure
de C-idmus , fils d’Agénor, qui s’étoit misa la
recherche de sa soeur. N'ayant pu la trouver, il passa
en Béotie , et s’arrêta dans un lieu, où il vit un
Taureau se coucher. Ce Taureau avoit sur l’épaule
l ’image de la Lune, qui a son exaltation au signe
du Taureau et tous les Mythologues, qui ont
parlé de ce Taureau céleste, -s’accordent à dire
qu’il est Je Taureau, dont Jupiter prit la forme
dains,,l’enlèvement d’Europe. Hygin ,( 2 ) , Germa-
nicus César (. 3) , Ovide Fast. 1. 5 , Eratosthène ,
Théon. v (4) ,. etc. tous l’appelient le ravisseur
d’Europe. Nonnus lui-même le place, aux deux>,
à la fin de son récit, sous les pieds du Cocher (-5).
Oiî dit aussi , qu’il est la forme d’Io , fille d’ina-
,-chus , de cette Io (6 ) , dont on fait naître
le second Bacchus, d,ahs -les traditions Egyptiennes;
ce Bacchus, qui enseigna les mystères et les cérémonies
de l’înitiatiç'n.
(*) On adoroit à Tyr deux grandes Divinités
Astartê, ou Vénus, qui prenoit un casque de Taureau
, pour symbole de sa royauté, c’efi:-à-aire,
les attributs du signe, dans lequel là Lune avçit
son exaltation. On y adoroit aussi Hercule , dont
Ophii içus ou le Serpentaire porte le nom , ainsi
que cclùi. d’Esmùn ou d’Esculape, qui étoit également
adoré en Phé,nicîè/à Berythe (7).. O.r
voi'cj ce que Lucien , dans son. traité dé la Déesse
.de Syrie, nous d i t « ‘j’ai vu en Syrie plusieurs
w Temples, qui hê sont p“as de beaucoup posté-
(1) Euseb. Præp. Ey. 1. 2, ç, 2.
(t) Hyg. I. 2 c. ai.
43 )) TGheermonà,n .p .C æ1s2.4 .c. 4®,
(î),Nonn. v. 355.
(<f) Diôd. 1. 3', c. 7j.
i(7) Phçt, Ced, 242,
P.6Z
» rieurs à ceux d’Egypte. J’y ai vu Celui d’Her-
* cule., qui n’est pas celui que chantent les Grecs,
» mais un Hercule beaucoup plus ancien, Un
» Héros Tyrien ». Si Lucien (8) eût connu notre
théorie, qui est celle des fondateurs de’ toute«
les religions , il auroit su, que l’Hercule Grec est
ausSi l’Hercule Tyrien et Egyptien , dont le culte
avoit passé en Grèce- dans la suite. Il ajoute' ,
qu’il a vu aussi lé temple d’Astartê, adorée pir
les Sidonier.s; et il pense, que cette Astartê esc
la Lune, c’est-à-dire, l’Isis Egyptienne, cetrfe
Planète qui a son exaltation au signe céleste du
Taureau, ou dans le Taureau d’EUwspe., dont l’aventure
étoit représentée "dans ce temple (9). Aussi
ajoute*t-il, que les Prêtres-de SidonTui avoient
dit, que c’étoit le temple d’Europe , soeur de
Cadmus , et :fille “d’Agénor; Que cette Princesse
ayant disparu, les Phéniciens lui avoient élevé
<un temple. Voici la fiction sacrée^ qu’ils débi-^
toient à cç/sujet. Ils disoieht , que Jupiter , épris
de:sa beauté , s’étoit métamorphosé en Taureau ’,
l’ayoit enlevée et transportée en Crète. Les autres
Peuples de Phénicie confirmèrent ce récit à Lucien ,
et-lui montrèrent leur momloié , qui portoitT/em1-
preinté d’Europe assise- sut4 lé Taureau, dbrët
Jupitêr avoit p ris-la-forme i C’est ainsi que., dans
la vie dé Thésée, ou de l’Hercule Athénien , ou dii
Cadmus Phénicien, nous avons vu ce Héros donner, gour empreinte à sa monnoie , l ’image du-même
oeuf , que Plutarque pense pouvoir etre celui de
Marathon, c’est-à-dire , ce Taureau -, que Théon
place-dans le signe céleste , où d’autres metterit
Europe ; où lés Argiens plaçoi-ent Ib,' et les
tiens Isis, à côté de-iaquelle onjtroüve- soiVveiVt
Sarapfs, Esculape ou le'Serpentàité. Gàdmus^ssa
"en Crète à Gorfynié', où étoieist les tfcUpéaux
du Soleil ( 10)] Là il étoit adoré et se montroic
au • commencement de la nuit à ses adorateurs ,
comme ie Serpentaire Cadmus ( - 1 1 ) qui' oûvi^
la, nuit Equinoxiale..du Printemps , lorsque le
Soleil est arrivé au Taureau d’Europe'. • On- re(-
myrouer^, que cette Gortynie, étoitrune c.çlonie
d^ Gojr^ys en Arcadie,“ où l’on adoroit le' nfême
Serpentaire, sous le nom d’Esculapc (1 2). Ja mets
soiîs lesy.eux du Lecteur tous.ces rapprochemens",
afin qu’il puisse saisir la filiation dos idées Col-
mpgoniqùes'des Cretois, des TyriensIJ des Arca;-
diens, sur.le- §igne cèle1 te du Taureau, et;sur
son Baranatellon, le .Serpentaire , Çadmus‘,,Ëscit-
lape, Séràpis , Bacchus aux formes de Serpent,etc.
IG Qn observera, que Theoi\(i 3) plaçë Tantale
dans la Constellation du SerpentaireV où esf
CadiBus , sur le Scorpion., lieu qu’habkcit 'T y phon,
ou son' domaine, dans le Plâniiphère d©
(8) Lucian. de Deâ Syr. p. 877». ?
(9) Achi.II. Tat. Erotic. p. 4.
(10) Servius,ad Eclog. 6 , v. 60, ( n ) Solin. p.‘ 52.
(11) Pausan. Arcad. p.
(>3) Theço. p. ittfj