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tions ; on faisoit même passer l ’initié
par le feu (1).
Les personnes, qui se faisoient initier
aux mystères de la Divinité adorée à
Heliopolis (a) , sacrifioient la brebis sacrée
, symbole de l’animal du premier
signe, ou du signe Equinoxial ; en man-
aeoient, comme les Israélites dans leur
l'âque ; ensuite s’appliquoient les pieds
et la tête sur la leur et posoient le
genou sur la toison étendue sur le parvis.
Après quoi ils prenoient des bains
d ’eau froide, en buvoient, et dormoient
à terre.
Les initiés aux mystères de Mithra (3)
étoient régénérés par une espèce de baptême.
Ils avoient leurs aspersions lustrales,
ou eau bénite, qu’ilsrépandoient
sur les maisons, sur les temples, les cam-
pagn es et les villes,pour les purifier. Dans
les fêtes d’Eleusis et dans les fêtes
d'Apollon, dit Tertnllien , on se puri-
lioit par l’eau lustrale , et cette purification
étnit censée avoir la vertu de régénérer
les coupables, et d’effacer leurs
fautes Dans l’antre Mithriaque couloit
une fontaine d’eau pure. On marquoit
aussi le front des initiés d’un certain si-
gne (4). f
Il y eut une secte d’initiés à Athènes ,
qui prit le nom de Baptes , sans doute ,
à cause des nombreuses ablutions,qu’elle
employoit dans ses mystères. Eupolis
fit une pièce intitulée' les Baptcs, où il
attaquoit , avec les armes du ridicule,
les initiés à ces mystères (5).
Les Marcionites et fesTatiens (6),premiers
Sectaires du Christianisme, ein-
ployoient aussi beaucoup d’eau dans
leurs cérémonies mystérieuses.
Dans tonte l’Antiquité Religieuse, les
initiés étoient ,obligés de se purifier avant
d’êti* admis à la participation des mystères^)
, et cette pratique eut par-tout la
même origine , l’intention d’apprendre
(1) Procon. Gai.-in Deuter-on. Lueian.
(2) Lucitn. ce Deâ S/ria. p. 913.
(3) Teituü. de li ipt. c. '!>.
(4) Porph, de A ntr. Nymph. f>. 114
(6) Hephæst. Eochirid. p. 14.
à l’initié, quelle devoit être la pureté
de son ame , par celle qu’on exigeoït
du corps , laquelle n’étoit qu’un emblème
de la première. La pureté de
l'arne elle-même étoit exigée , par ce
qu’il n’y a que ce quiest pur, qui puisse
avoir commerce avec ve qui est pur ,
comme nous le dit Hiéroclès (7) , dans
l’extrait, que nous en avons donné ci-
dessus.
Toutes ces pratiques, comme nous l’avons
dit plushaut (8) , d’après Plutarque,
avoient un dessein etun but; et c’est dans
l ’histoire, dans la morale, dans la physique
et dans la politique , que nous
en devons chercher la raison. C’est dans
l’histoire ou plutôt dans la partie Cosmogonique
, écrite sous la forme d’histoire
, que nous devons chercher l’origine
de certains rits , de certaines cérémonies
lugubres et funèbres , dont on
s’occupoit dans les mystères. On y met-
toit en spectaclé les aventures malheureuses
des Dieux , leurs combats , leur
mort, leur sépulture etc. De là le deuil y
dont ces mystères offrirent souvent
l’image. Ainsi , on aecompagnoit de
deuil et de gémissemens, dans les mystères
de Samotbrace , la représentation
de la mort tragique du plus jeune des
Cabires (9).
Les Corybantes et les Galles en Phry-
gie , après s’être affligés sur la mort
d’Atys , faisoient ensuite éclater leur
joie , le jour de son retour. Alors , tout
retentissoit du bruit du tambour, du cor
et des crotales (10). Les Galles portèrent
encore plus loin leur enthousiasme frénétique
: ils exéentoient sur eux,par principe
d’imitation , ce qu’Atys s’étoit fait
à lui-même, pour se soustraire aux poursuites
amoureuses de la Déesse , ou , suivant
d’antres , ce que lui avoit fait la
dent meurtrière du Sanglier. Ou voyoit
■ ces furieux, livrés aux transports de la
(6) Epiph. t. 1. 304.
(7; Kierocl. p, 3o5. Ci-dess. p. 98.
(8) Ctem. in Protrepiic. p.- 12.
(9) Macrob. Sat. 1. i , ç, 21 Strob. 1. IC.
(10) Ci-dess. p. 8 ç .
plus vive douleur, tenant d’une main
un- glaive , de l’autre des torches de
pin, les cheveux épars, et poussant
d'affreux hurlemens, s’élancer sur les
montagnes de l’Ida, pour y célébrer
leurs fêtes; et pour pousserjusques au
bouti’iînilation des aventures tragiques
du Dieu, iis portoient, comme, en triomphe,
les dépouilles de leur virilité sacrifiée
(î).
Les Prêtres d’Isis se rasoient la tête,
durant les jours de deuil, que la Déesse
avoit. consacrés à la recherche de scyi
fils Horus (ü). Ces malheureux Isiaques
se meurtriS'soient la poitrine, fondaient
en pleurs et imitaient la douleur de
cette mère infortunée.
Aussitôt qu’on annonçoit qu’il étoit
retrouvé, le\leùil se changeoit en une
fête gaie , et les Prêtres, dans les transports
de la plus vive alégresse , par-
tageoientla joie de la Déesse.
La même imitation régla le cérémonial
, et les fêtes gaies ou tristes, célébrées
en honneur de Cérès (3), dont les
aventures et les malheurs ressembloient
àceux d’Isis , dont ils n’étoient qu’une
copie. De même que celle-ci cherchoit
Horus, Cérès éplorée cherchoit Proserpine
; èt dans ces mystères , il y avoit
une course de flambeaux , à l’imitation,
de celle de Cérès, qui chercha sa fille', à
la lueur d un flambeau allumé^aux feux
de l’Lthna. On y représentait, suivant
Proclus (4), les gémissemens des Déesses,
par des lamentations mystérieuses. Dans
les fêtes Thesmophories, le jour consacré
au jeûne , les femmes poussoient
des hurlemens,: en signe de la tristesse
dans laquelle fut plongée Cérès , à l’occasion
de l’enlèvement de sa fille, dont
elle ignoroit encore le séjour (5). Le
Sénat ne s’assemblôit point. Souvent
aussi on se permettoit des propos libres
(1) Eue. t. i , p. i43.Lact. 1. 1. Apul. Met. 8 et9.
(2) Athen.Leg. pro Christ, p. 55. S. A than. Cont.
Gent, p. in. Lact. I, i , c . 21.-M în’.it..Fciix, p. 163.
(3) Lact. I. 1 , c. 21. Plut, delside , p. 278.
(4) Prod, in Politic, p. 384.
(5) Serv. ad Virg. Aristoph. Theon, v. 855.
Hon. in Cerer. v. 47*
et même obscènes , à l’imitation de
ce qu’avoit fait Bacchus, pour égayer
la Déesse. Ce qui justifie notre assertion,
que le principe de l ’imitation des aventures
des Dieux* fut souvent la rèele
du cérémonial et l’origine de certaines
pratiques. Ainsi l’enlèvement de Proserpine
étoit représenté par une Prêtresse,
qu’on faisoit disparoître du Temple
(6),
Dans les mystères d’Adonis, on cé-
lébroit une fête de deuil , qui duroit
sept ..jours; on necessoitde pousser des
gémissemens , et on y retraçoit tout le
deuil, qu’on étaloit en Egypte , dans
les mystères d’Horus et d’Osiris , en
Phrygie , dans ceux d’Atys etc. et cela
par les mêmes raisons ; il n’y avoit de
differentes, que les formes, mais le principe
étoit le même. Ici c’étoit la dour
leur de Vénus , qui avoit perdu son
jeune amant , que l ’on, cherchoit à retracer
; commq ensuite on retraçoit
l ’image de sa joie , lorsque! celui - ci
était rendu à la vie. La Déesse y, étoit
représentée toute éplorée , pendant l’hiver
( 7 ) 1 et- regrettant,,le Soleil, son
amant, qui habitait alors l’empire des
morts. Sa statue sur le mont Liban
.avoit la tête voilée , l'air abattu , le regard
triste ; sa tête étoit appuyée sur sa
main gauche enveloppée dans sa robe;
des. larmes sembloient couler de ses
yeux.
En Orient, les femmes (8) plenrojent
Adonis ,sur le seuil de la porte de leurs
maisons. .Les Dames Grecques souvenf
se renfermoient dans l’intérieur de leurs
appartemens (9). Mais elles n’y restoient
pas toujours enfermées. Car nous
voyons dans Plutarque (ro) ( vie d’Alcibiade
) , qu’elles parcouroient les rues ,
se; frappant la poitrine , imitant la
pompe des enterremens, avec des chants
(6) Diod. I. 5 , §. 4- Tcrtiil1. ad Nat. 1. 2 , c, 7.
(7) Macrob. Sat. 1. 1 , c. 21.
(8) Exech. c. 8 ,. v,. 14.' t
(9) Aristoph. Lysist. v. 3yo.
(10) Plut, t, 1 , p. aop. Ibid, in Niciâ,p. j3j .