certainement la fameuse Isis, époused’O-
sirisétoit lalune, et non la planèteLuçi-
fer. II u ’est p as douteux, que les Egy p tiens
n ’affectassent une planète à chacune des
deux grandes divinités, le Soleil et la
Lune , Gsiris et Isis. Car nous voyons,
qpe leurs savans appeüoient la planète
Jupiter , la planète d’Osiris ou.
du Soleil, comme ils appelloient Vénus
la planète d’Isis, (i) Ce sont ces liaisons
des divinités premières aux divinités
secondaires , qui jettent souvent,
comme i c i , de l'embaras dans 1’,explication
des fables. La proximité dont
Vénus est du Soleil, qu’elle précède ou
qu’elle suit , passant tour-à-tou'r de
l'hémisphère obscur à l’hémisphère lumineux
attelant tantôt le char du
.jour , tantôt celui de la nuit, a pu
donner lieu à bien des'fables sur son
union avec le jour et sur sa séparation
d ’avec lui 5 mais ce n’est pas là , suivant
moi , ce que l’on a voulu peindre,
dans la fable des amours d’Adonis et
de Vénus ; mais bien la marche du Soleil
dans le zodiaque, comparée à celle
de la lune , dans leurs rapports avac la
végétation périodique. Ainsi je me dë-~
termine à voir dans Astarté ou Vénus
l’amante d'Adonis , la fameuse Isis ,
comme je .vois dans son amant l ’Osiris-
Ëgyptien, époux d’Isis. Mon embarras
n’étoit que dans le choix, qu’il falloitfai-
reentre Isis.et sa planète,ou Vénus etson
étoile 4 aujourd’hui je me décide enfin
pour la Lune, dont la dénomination
de Vénusselie naturellement à la belle
planète, quia son domicile au Taureau
et .à la Balance, et qui par là fixe
les limites de la durée de l’union d’Q-
siris à Isis , ou .d’Adonis à son amante.
Les | attributs tauriformes ,. doijnés -à
l ’Astarté de Sanchoniatom , étoient
ceux d’Isis etd’Io, Caria vache étoit le
sÿmbole d’Isis. Ellel’étoit également de
Vénus ou d’Aphrodite, Aussi cette 4éesse étoit-elle adorée en Egypte , à
£ij) Achilt- Tat, ïsag. uranoï. .pet. p. 136*
^aJ)’;Sii'ab.on. i. 17-
i. IO, Ç. '«q,
Aplitoditopolis, (2) ville qui tiroit Sôj
nom de celui de Véuus ou. d’Aphrodite
sous le symbole d’une vache blanche
Elien (3), parle aussi du culte rendu'
à Vénus Uranie, honorée sous l ’emllg.
me de la vache. Toutes ces Considéra,
tions et un examen plus réfléchi des
traits de cette fab,le et de ses rapports
avec celle d’Osiris et d’Isis, m’obligent,
de reconnoître , dans Astarté amante
d’Adonis , non pas la planète, conmjg
je l’ayois d ’abord cru , mais la
Lune , qui avoit son exaltation au
même lieu que la planète, gt qui de là
dut prendre un nom, qui l idemifioit
avec la planète même , c.hez laquelle
elle se trouvoit habiter , ou dontj.elle
occupoit le domicile.,,; («5). Nous avons
vu , qu’après la défaite de Typhon,et
ie retour d Osiris à la lumière, Isis ou
la Lune prend un casque Tanriforme,
que lui donne Mercure; ce Mercure
conducteur d’Io changé en vache , et
qui devient l ’Jsis Egyptienne ; et nous
avons prouvé que cette fiction (4). fai-
soit allusion à la Néoménie équinoxiale
du Taureau au printemps. Voilà le
casque de l ’Astarté des Phéniciens,
qui place sur sa tête cet étrange symbole
de sa royauté, emprunté du signe
céleste où elle .a son. exaltation. C’est
alors , qu’elle reçoit du soleil l'énergie
féconde , qu’elle communique à la terre,
et-qu’elle verse dans l’air , dans; les
eaux , dans toits les élémens , avec la
chaleur qui dévelope tous les germes,
C’étoit alors , que les .Egyptiens' çélé-
broient l ’union , ou le coït d’Osiris ou
du Soleil avec la Lune , à la néoménie
du printemps,,au mois Vhamenot lf),
au moment dit Plutarque , où la Lrne
mariée au Soleil , jfépand dans les airs
des germes de fécondité , et ■ devient
la .mère du monde et.de tonte espace
çle génération ; caractère qui convient
parfaitement à Vénus.
Je n’ignore pas ', au reste, que la plu-
(q) Ci-detfus I. 3. c.'3.
l'iuE de isid. p, 365,..
lifte. ;
nète elle-même a été déifiée , et qu’elle
a eu comme toutes les autres planètes,
des autels , des images et des adorateurs
en Egypte et dans tout l’Orient.
X,’exemple , que nous avons cité plus
haut, du culte que lés Arabes rendoient
à l’étoile du matin , ou à sa planète ,
en est une preuve. Et s’il est une
étoile, ou une planète, qui ait dû frapper
de préférence l’oeil des mortels et
subjuguer leur adoration, c’est incon-
I testablement celle de Vénus , la plus
belle de toutes les étoiles ; celle qui
se montre toujours la première. Les
Péruviens eux-mêmes avoient uni
| son culte à celui du Soleil et de la
i Lune , et lui avoient consacré un
[ temple particulier; rapprochement singulier
avec le culte des Arabes et des
Phéniciens.* (,o5 ) Qùelqu’éclat cepen-
! dant qu’on ait pu donner à son culte,
elle n’a jamais pu marcher de pair
avec la Lune, épouse naturelle du So-
I leil , et dont les mouvemens se combinent
avec le sien , dans le système deS
| saisons et dans l ’impulsion donnée à
la végétation, au moins d’après lespréju-
I gés anciens. C est an printemps qu’elle
est censée recevoir du soleil ou du bel
| A lonis la force féconde , qu'elle communique
à la terie; c’est à l’équinoxe
d’automne, que ie soleil, en s éloignant
| denos climats,semble perdre toute son
activité sur la végétation , et consé-
} quemment sur la Lune, qui en est l’agent
immédiat , dans le système phy-
I sxque de 1 antiquité. Ce qui rapproche
notre explication de celle deMacrobe,
qui ne diffère de la nôtre , qu’en ce
qu’il a prisria terre pour Vénus , au
f lieu de la Lune, ou la partie fécondée
pour le corps céleste , qui versoit
en elle cette fécondité. Cette erreur
lui a été commune avec ceux qui, dans
! l ’explication de la fable d’Isis, ont pris
1 Lis pour la terre, et pour la matière
sublunaire , au-lieu d'y voir la Lune
qui agissoit sur cette matièie. Voici le
passage de Macrobe , auquel il y a
peu de choses à changer, pour avoir la
véritable explication de cette fiction.
« Les physiciens , nous dit ce sa-
» vant (1), ont appelle du nom de Vénus
» l’hémisphère supérieur de la terre ,
» que nous habitons ; et ils ont nommé
33 Proserpine l ’hémisphère inférieur,
» Ainsi les Phéniciens ou les Assyriens
» supposent,que ladéesse Vénus pleure
33 la perte d’Adonis, parce que le Soleil,
33 par sa révolution annuelle à travers
33 les douze signes , passe et descend
33 dans la partie inférieure deson cer-
33 cle et vers cet hémisphère opposé
33 au nôtre. Les douze signes , qui
33 marquent sa route , se distinguent
>3 ërùsîxTqu’on appelle supérieurs èt six
33 autres qu’on appelle inférieurs. Lors-
33 que le soleil passe aux signes infé-
33 rieurs, et que par sa retraite les
33 jours diminuent , la déesse alors pa-
33 roit s'affliger de l ’absence de ce dieu,
33 qu’une mort momentanée semble lui
33 ravir , pour le livrer à Proserpi-
33 ne(p5) qui le retient chez elle. Car
33 c’est Proserpine, que nous avons dit
3» être la divinité tutélaire de l’hémis-
33 phère inférieur , et de la partie de
3» la terre opposée à celle que nous
33 habitons. Mais bientôt Adonis est
33 rendu à Vénus , et cela arrive, lors-
33 que le soleil, continue toujours Ma-
33 crobe, après avoir parcouru les six
33 signes inférieurs de son cercle an-
.33 nuel, revient à l'origine du zodia-
33 que , en repassant vers notre hémis-
33 phère, pour rendre à la lumière tout
33 son éclat, et au jour cette aug-
3» mentalion de durée, qui abrège celle
33 des nuits. >3 Jusqu’ici toute l ’erreur
de Macrobe est d’avoir dit, que l’hémisphère
supérieur s’appelloit Vénus ,
au-lieu de dire , qu’il étoit' affecté à
Vénus, ou à la lune féconde du printemps
, et à la planète, qui avoit son
domicile au premier et au dernier des
signes supérieurs ; enfin d’avoir pris
f i t Macrob Saturn 1, 1. c. 21.
lielig. Univ. Tome II. X