supplices', appose son sçcau sur chacun
d’eux, afin de.,distingue); ceux, dpnt
l’ame est atteinte d'un mal incurable-,
et qui doivent : i:ester, éternellement au
Tartare , d’avec . ceux dont le mal est
susceptible de guérison , et qui ne seront
châtiés que pendant un temps (1).
Il fixe ailleurs la.proportion établie entre
la peine et le crime, entr,e' la récompense
et Faction vertueuse h elle est décuple,
et la durée est fixée à cent ans
pour chaque crime; cardiaque crime se
punit séparément et successivement. La
même proportion étoit gardée, pour
les récompenses.
. Virgile (?) parle également des peines
expiatoires , que devaient subir ceux
qui n’étoient point assez purs pour
entrer dans l’Elysée. Ces purifications
étoient douloureuses pour les Mânes ,
et étoient de véritables supplices , destinés
à expier les anciennes fautes des
morts, qui n’avoient pas été jugés
dignes des peines éternelles du Ttfr-
tare , mais qui n’étoient pas non plus
assez dégagés de la matière et purifiés
de ses souillures, pour que leurs âmes
se réunissent à la substance lumineuse de
l’Ether, dont elles étoient originairement
émanées.
Ce sont les âmes sales et poudreuses
que l’homme merveilleux de Platon
avoit vu arriver de la terre, après un
long voyage de mille ans.
Le Poète y parle aussi de la période
de mille ans , que dure le voyage des
âmes dans ces lieux, avant qu’on leur
propose d’aminer de nouveaux corps,
comme on le voit dans le dixième livre
de la République ( 3 ) , lorsque les arnes
épurées passent , dans la colonne de
lumière , où est attaché le sommet du
fuseau des Parques ; et qu’elles font choix
de leur sort ; après quoi elles sont conduites
dans les champs , qu’arrose le
Létfaé (4); Cette , colon ne de lumière
est l’air libre.et pur, dont il est, parlé
dans les Vers d’or de Pythagore, et dans
Hiéroplès, son commentateur ( 5). C’est
une substance en quelque sorte surnaturelle,
et le corps éternel de la Divinité,
libre de toutes les affections de
la matière. Virgilp l’appelle le feu simple
et pur de l’Ether ( b). L ’ame en sortant
du corps ponservoit rarement cette
simplicité et cette pureté originelle. Son
commerce avec la matière l’avoitobligée
nécessairement de se charger de ; matière
terrestre, et de particules hétérogènes.
C’étoit pour l’en dépouiller, qu’on
employoit tous les élémens qui .ont La
vertu de purifier, c’est-à-dire, l’eau ,
l’air et le feu, élémens à travers lesquels
l’ame passoit nécessairement en
sortant des abîmes de. la terre , pour
s’élever à la région Ethérée ( r ). Ce
passage étoit laborieux plus ou moins,
à raison du plus ou du moins de matière
grossière, dont ces âmes s’étoient char-
eées. Les unes étoientsuspendues en l’air,
et exposées aux agitations du vent ; les
autres plongées dans des bassins profonds
, pour y laver leurs souillures ;
d’autres passoient par le feu ; chacun
dans ses mânes éprouvoit un supplice,
lequel fini, il étoit admis dans les
vastes plaines de l’Elysée ; mais peu
obtenoient ce bonheur (7), Beaucoup
d’appelés, mais peu d’élus. Il falloit
pour cela, que toutes les anciennes
taches fussent absolument effacées ; et
que le feu principe , qui. compose la
substance dç l’ame , comme pelle des
astres, fût resté seul et sans aucun
mélange. Voilà bien encore un Purgatoire
ou un lieu d’expiations préliminaires
pour les âmes, qui n’avûient point ete
précipitées dans le Tartare , et qui pou-
voient espérer un jour d’être admises
au séjour de la félicité ou dansl’Elysée.
(r) Plat, de Repabl. 1. 10, p. £>ij.
f i) AEneid. 1. 6 , v. 735.
(3) Plat, dp Repùbl. I. 10, p. 616«
(4) Ibid, p, 6ax.
<5) Hierocl. p. 313.
(6) AEneid. 1. 6, V. 735.
m Ibid. y. 73VLe
Le grand art dos Prêtres fut d’imaginer
qu’on pouvoit abréger le» souffrances
, et par des pratiques superstitieuses
, des expiations et des prières,
faire ouvrir aux morts les portes de
l’Elysée. Ce fut ici le grand secret du
commerce, qui se fit entre la terre ,
le ciel el les enfers, dont la terre fut
l ’entrepôt, et les Prêtres les courtiers.
On imagina ( 1 ) , qu’après leur
long voyage souterrain , les aines se
présentaient à l’ouverture qui aboutis-
soit à la prairie , où elles se réunis-
soient toutes , tant celles qui mon-
tqient de la terre, que celles qui descen-
doient du ciel ; que l ’ouverture se retré-
cissoit,etles repoüssoit avec grand bruit,
lorsque c’étoit des âmes destinées au
Tartare, ou des âmes qui a voient besoin
d’être encore punies. *
Des spectres efïrayans , des hommes
farouches, rouges de feu, saisissoient les
premières, leur lioient les pieds , les
mains, leur attachoient une corde au
cou, et les trâînoient.à terre; ensuite
ils les écorchoient et les déchiroient
en les traînant dans des routes hérissées
de pointes de 1er. Les bourreaux
aimoQÇoient publiquement les
crimes qui avoient mérité ce châtiment.
Ê’étoit pour celles seulement , qui
avoient des espérances , qu’il falloit
élargir l’ouverture , et faciliter la
voie. Les Prêtres s'en chargèrent.
C’est ainsi-que, dans l’antre probatoire
dés Indiens ( 2 ) , lorsqu’un coupable
se présentait, l’ouverture se re-
trécissoit d’elle-même ; et alors le malheureux
engageoit les Brames à prier
pour iuiet se confessoit. jusqu’à ce qu’en-
iin l’ouverture vînt à s’élargir, et qu’il
pût jouir des privilèges de l’innocent,
qui la trouvoit toujours assez large. De
même les Prêtres firent croire, que par
des prières, par des initiations, et des
purifications, ils disposeraient l'homme
û passer, sans obstacle , dans la route
qui conduit à la félicité éternelle.
L ’initiation fortifioit l’ame contre la
crainte des maux , qu’on éprouve aux
enfers (3 ). Hercule et Bacchus, dit
l’Auteur du traité intitulé Axiochus ,
s’étoient fait initier avant de descendre
aux enfers , et ils avoient puisé , dans le
Sanctuaire d’Eleusis, le courage nécessaire
pour faire ce redoutable voyage.
C’étoit la grande promesse qu’on fài-
soit aux initiés, comme nous l’avons
vu, de les délivrer du bourbier réservé
aux profanes, ef de les transporter après
la mort dans l’Elysée.
Plutarque, dans sa réponse aux Epicuriens
(4 ) , après avoir établi la distinction
des hommes en trois classes,
dont nous ayons parlé plus haut , dit
de ceux qui , menant une vie ordinaire
, ont des moeurs communes , que
pour eux les menaces des peines de
l’enfer n’ont rien de bien effrayant ,
puisqu’ils savent qu’on s’en délivre par
des lustrations, par les initiations, à
la faveur desquelles on parvient dans
un séjour agréable, où brille la lumière
la plus éclatante, où règne un air toujours
pur, et où on ne s’occupe que
de jeux et de danses. Tel étoit donc
l’effet que de voit produire l ’initiation.
Dans le second livre de la Bépublique
de Platon (5) , l’Apologiste de l’injustice
en dit autant. On nous effrayera,
dira-t-on, par la crainte des supplices
de l’enfer; mais qui ne sait que nous
trouvons un remède à cette crainte dans
les initiations ; qu’elles sont pour nous
d’une ressource merveilleuse , et qu’on
y apprend qu’il y a des Dieux , qui nous
affranchissent des peines dues au crime?
Nous avons commis l’injustice ? oui ;
mais elle nous a procuré de l’argent. On
nous dit aussi, que les Dieux se laissent
gagner par des prières, des sacrifices,
et des offrandes. Eh bien ! des fruits
(1) Plut, de Repub). 1. 10, p. 6 i;.
!*) Porphyr, de Styge, p. 152.
.(}) Axioch. p. 371.
Relig, Univ. Th me II.
(4) Non posse Suavit. p. 1105.
(5) Plat, de Rep. 1. a , p. 366.
V *