que l ’on a toujours regardé comme le
ciieu dela^nature universelle. |âj§ Aussi
presidoit-il non-seulement à la fécondité
des animaux ( i ) , mais encore à la
fertilité des jardins , en sa qualité de
dieu de la végétation. Hor- Apdlloh
grammairien d’Egypte (2) assure également,
que le Bouc étoit le symbole
par lequel les Egyptiens dcsîguoient
les organes de la génération les plus
féconds ; par une suite, de la faculté
qu’a cet animal de se reproduire de
bonne heure et avant tous les autres
animaux.
L’auteur connu sous le nom de
Nonmis , (3) dont nous avons parlé
plus haut, dit que Pan préside à l ’acte
de la génération ; et qu’on le peint
avec des pieds de'Bouc ; parce que
cet animal est violemment porté aux
jouissances de l ’amour.
Suidas , dont nous avons cité déjà
le témoignage sur le nom Mondés en
Egyptien , attribue également l’origine
du culte du bouc de Mendés,' à la vertu
prolifique et féconde de cetranimal,
naturellement porté vers' les plaisirs
de lâ génération. :
.D’après tant de témoignage léunis ,
oh I ne peut Jjlùs douter du Rapport ,'
sous lequel on révérait la divinité ,
dans le culte rendu à Pan et au
Bouc son image’ vivante. C’étoit sous
éelui de; principe actif et fécond de
lh nàttfrè, qualité qui se manifestoit'
fous lesansàréquinoxedeprintemps, au
moment où lé soleil, grand architecte
de 1’ univérs , ame active du monde, se
trouvoit dans le signe du Tânfeau uhià
la constellation de la Chèvre et des Chevreaux,
placés immédiatemèntsur leTau-
reau. C’étoit cette constellation, qui la
première pléoédoit le matin son;char,
au moment où toute la nature Se-réveil-
loit et enfantoit un nouvel ordre dé
choses par l’effet- dé la génération ' pé-
( 0 Horace Sätyr. I . i . Sat., 8.
£2) llor. Apollon, f. a. fc. 48
(.3) toÿjuup Gregoir* Naa. c* 26. p. iSriodique
et de la végétation, lorsque
comme dit Virgile , toute la nature accouche
(M)- Voilà sous quelle forme
la divinité, dont le soleil exerce l ’action
féconde, se présentoit alors 4
la terré, pour y répandre les germes
de reproduction, que tous les éié-
mens mus et échauffés par le feu Ether
faisoient éclore et nourrissoient. Voilà
Pan , instrument actif de la force féconde
Universelle. C étoit la nature
en général , et la force générât!ice qui
sfunit à elle que l’on honorait sous
le nom de Pan. Aussi étoit-il une des
premières divinités de l’Egypte. C’est
par là qu’on peut expliquer l'opinion ,
en apparence assez étrange , des Samaritains
$ur le sens du premier verset du
Pentateuqùe , dans lequel ils lisoient.
Au commencement le Bouc Azima
créa l’univers. p$Ê Ce qui revient à ceci,
Au commencement Jupiter AEgiochus ,
ou Pan créa et organisa l’univers ; ca
qui n’auroit pas choqué dans les Cosmogonies
des Grecs et des Egyptiens,
et sur-tOUt chez ces derniers, qui re-
girdèient' le Bouc coirime le symbole
de la force féconde, communiquée à
la nature par la divinité. Les Grecs re-
présentoient Vénus, déesse de la génération
, montée sur le bouc, et ils en faisoient
leur Vénus Epitrage-
La religion,qufseule croit avoir droit
de légitimer les crimes et les plus honteuses
actions, sous prétexte d’honorer
l ’Être suprême, avoit obligé les femmes
de Mendés (4) à se prostituer en quelque
sorte au dieu Bouc , adqré dans les
terfiples de cette ville. Hérodote (5) rapporte,
que de son temps un bouc avoit
eu commerce avec une femme et qu’une
foule‘de personnes avoiént été témoins
de .cet étrange accouplement. Des vers
dn poète Pindare , rapportés par Stra-
bon(6), ont conservé le souvenir 'des
unions monstrueuses du Bouc de Men-
£4) Jablonski. I. 2. c. 7. §. 4. p. 277..
(5) Hesiod. I. 2. c. 46. ”
(6) Strab. f. 17. -p.. 551.; .
dés. Plutarque semble confirmer aussi
l’existence d’un usage aussi incroyable
(1) et que la superstition seule rend
'vraistuiblnble ; m;>is il annonce, que le
fcouc témoignoit plus de’ goût pour les
[chèvres, que pour les jolies femmes
[qu’on lux présentait. ^
I- Quelque chose d ’à-peu-près semblable
[se pratiquoit à Memphis , et les femmes
(offraient aussi à Apis le spectacle
des organes passifs de la génération (2),
[dont Apis- avoit la partie active la
[mieux prononcée. C’était elles qui lui
Lendoient les premiers hommages , et
le sacrifice de leur pudeurétoit ia première
offrande.
f Ceci ne doit pas nous surprendre ,
[dans une religion dont le cérémonial
[reposoit tout entier sur les rapports
d’imitation et d’analogie. Or Apis
létantl’image de la force active féconde,
Ion lui faisoit hommage de la force passive
; enfin pour plaire aux dieux , il
[falloit imiter leut nature, et s’en rapprocher
par le culte et par les actes de reli-
Igion. Apis étoit l’image d’Osiris, ou du
soleilféeond du signe du Taureau; mais
(Osiris étoit souvent peint, comme Pan ,
'avec les organes de la génération en
'érection bien marquée. C’estcequ’on voit
‘dans ce passage du traité d’Isis où Plu-
[tarqué (3) nous d it, qu’Osiris étoit en
[baucoup d’endroits représenté sous les
traits d’nn homme en érection , pour
peindre la force active par laquelle il
engendre et nourrit les différens êtres.
Or cette fonction est celle qu’exerce le
Soleil dans La nature, sous la forme, soit
du Taureau ou d’Osiris , soit sous celle
du bouc, placé sous le Taureau, ou
du dieu Pan. Cette qualité active , qixe
personne ne peut méconnaître dans le
Soleil, et qui, après l’hyver et aux approches
du printemps, se manifeste tons
les ans au renouveau, pour me servir
(1) ïlut. in grjlto. p. 989.
(2) Diod. tel', c. 54. p. 96.
Ci) pl“t- de isid. p. 371.
(4) Euseb. præp. I. 3. c. 13. •
(SJ Saturn. p 1 . c. 17.
d’une expression populaire, cçtte qualité
active et féconde , les anciens-l’ont
attribuée au Soleil. C’est lu i, suivant
Eusèbe (4 ) , qui enstmecce’ la nature.
Macrobe (5) dit également, que le Soleil
est le dieu qui ensemence, engendre,
échauffe, nourrit et conduit à la matu-
rilé toutes choses. Il est, suivant le même
auteur (6), la tête du monde ; et le père
de tousles êtres. Lesolei! est donc, dans
la nature, ce qu’Osiris et Pan étaient
dans la théologie Egyptiene ; ou autrement
, Osiris et Pan ne sont que des
noms et des formes différentes du dieu
soleil , considéré dans ses rapports avec
la fécondité universelle. Aussi Dio-
dore (7) l’associe-t-il à Osiris , dans son
expédition , et il ajoute que , comme
Osiris, il.étoit dans une grande vénération
par toute l’Egypte. De même et
pour la même raison les Grecs l’ont
associé à Bacchus. Diodore , cité par
Eusèbe (8), prétend mêmequeplusieurs
pensoient, qu’Osiris et Pan étoient absolument
la même divinité. Macrobe prétend
également, que le fameux Pan (9),
grande divinité des Arcadiens , étoit le
même dieu Soleil, que tousles peuples
ont adoré sousdifférens noms et sousdi-
vei'ses formes; mais considéré dans ses
rapports avecla matière sublunaire, qu’il
anime, meut et féconde, dans les différentes
organisations que prennent les
corps. Son opinion est exacte sur la nature
de cette divinité; mais l ’explicatior»
qu’il donne de ses attributs est forcée.
11 étoit tout simple de la chercher aux
cienx et dans la partie des constellations
auxquelles s’unit le soleil , au moment
où cette force féconde commence
à se manifester, par la reproduction
périodique , qui a lieu au printemps.
Ses rapports avec le soleil ou avec
Apollon sont encore mieux marqués »
par la flûte aux sept tuyaux, emblème
(6) Ibid. c. 19.
Cl) Diod. !. 1. c. 11. p. 21.
(8) Euseb. 1. 2. c. 1.
(9) Saturn. i. 1. c. 21. !