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cette classe d’animaux. Nous en trouvons
deuxj savoir le Bouc, ou le Capricorne,
un des signes et la constellation
du Chevrier, qui porte la Chèvre et les
Ch evreatix , autrement du-Cocher céleste
, qui tient entre ses bras la Chèvre
Amalthée femme de Pan , et les Che-
vraux ses enfans. Le Capricorne semble
d’abord avoir été adoré sous l’emblème
du Bouc et sous le nom de Pan.
Il en conserve encore le nom, dans les
.auteurs anciens , qui ont écrit sur les
constellations. Il s’appelle Pan et Ægy-
pan, fils de la Chèvre du Cocher. (1) On
prétend, que ce fut soiis cette forme que
Pan se déguisa, pour fuir les poursuites
de Typhon , qui faisoit la guerre aux
dieux ; d’autres donnent pour raison
de sa consécration , qu’il fut nourri
avec Jupiter. Or Jupiter fut nourri par
la chèvre Amalthée femme de Pan, qui
est dans le Cocher céleste : donc le
Capricorne n’est que l ’Ægypan fils de
Pan, nourri par la Chèvre du Cocher,
par cette chèvre femme de Pan. Donc
le véritable Pan , père de l’Ægypan du
signe du Capricorne, est l’homme même
du Cocher s, qui porte Ja Chèvre et ses
Chevreaux, qu’on dit être la femme
de Pan et ses enfans. Cette conséquence
est confirmée par l ’inspection du planisphère
de Kirker , qui place dans la
division du'i’aureau ; à laquelle répond
le Cocher, un homme à cornes et pieds
de Bouc , tel que Pan (p4). Dans toutes
les explications que nous avons données'jusqu’ici
des fables sacrées , dans
lesquelles Pan joue un rôle, c'est cette
Constellation du cocher qui nous a toujours
servi et qui y a figuré sous le nom
de Pan. Enfin si nous admettons;, que
Pan et le bouc Sacré sontlamême divinité
, comme les animaux sacrés de
l ’Egypte ont toujours été représentés
par des statues de métal chez les au-
(1) Hygin I. a. c. 11). Germantc.26*Theon p.,ia«.
Eratofih. c. 27.. ’ •
(2) Paufanias. Corinth. p. 56,
(3) Pauf. Phocic. p, 331.
(4) Ibid. Corinth. p. 68.
U S L E S C U L T E S ,
très peuples, qui ont copiéle culte Egyp.
tien , ce que prouve évidemment fe
veau d’or des Hébreux , et les veaux de
Jéroboam , on ne peut guères douter,
que les Egyptiens n’aient adoré, sous
l’emblème d’un boue vivant, la même
constellation, que les Grecs adoroient,
sous la forme d’une chèvre de métal,
Telle étoit la fameuse chèvre de bronze
doré élevée dans la place publique des
Phliassiens ( 2 ) , et adorée comme une
divinité tutélaire de cette ville. Le rapport
de ce culte avec la culture de la
vigne et avec les dajtgers qu’elle pouvoit
courir, parla; suite des influences de
cette constellation , rapproche encore
ce culte de celui de Pan , compagnon,
ordinaire (fu dieu des vendanges, Bac-
chus aux cornes de taureau , ou aux
attributs du signe céleste placé sous la
Chèvre. On voyoit aussi à Delphes la
chèvre de bronze, dont les Crétois(3)
avaient fait offrande à Apollon. Elle avoit
nourri les enfans de ce dieu, et elleétoità
côté du boeuf de bronze, dont les Eubéens
avoient fait présent au même temple.
C étoit une chèvre qui avoit nourri
Esculape fils d’Apollon (4), le Sérapis
des Egyptiens , comme on le verra bientôt,
le Thésée des Grecs , comme on l’a
vu plus haut.
i Cette constellation étoit adorée dans
toute la Grèce (5), sous les noms d’Hip-
polyte fils de Thésée , de Myrtile cocher
d’QEnomaüs chez les Arcadiens,(6) dont
Pan étoit la grande divinité. On faisoit
Myrtile (7 ) fils de Mercure; on
faisoit aussi Pan fils du même dieu Mercure.
(8)D’autres nommentcecocherCil-
las (9) ; ceux-ci Spheræus. Ce qu’il y a
de remarquable, c’est qu’une partie des
monumens de ce temple étoit des
artistes de Mendés en Thrace. (q4)
La constellation de la. Chèvre et des
Chevreaux , placée sur leS limites équir
(5) Paufan. Corinth. *p. 74, -
(6) Paufa», Arcad. p. 249«
(7) Héüac. c. 2. p. 199.
ƒ8) Hérodote, I. 2. c. 145.— 146.
(9) Paufen. Héliac* p. 1^7,
OU R E L I G I O N
Itoxiales du printemps , ou dans la
partie du ciel à laquelle répond le soleil
au moment où lé dieu Ether s’unit
à la terre , et où le inonde sublunaire
reçoit les germes féconds, que le ciel par
l’action du soleil verse dans les élé-
mens avec le germe de la génération
périodique, fournit naturellement au
i dieu Soleil une des formes , sous lesquelles
on adora l ’auteur de la fécondité
universelle. La Chèvre céleste devint
la chèvre Amalthée, dont la corne,
répandoit l ’abondance de tousles biens ;
et fut toujours prise pour symbole de
la fertilité. Le mâle, dont on la faisoit
femme, puisque cette chèvre passoit
pour être une des filles du soleil mariée
au dieu Pan , fut représenté .par un
bouc ou par un homme aux pieds,.et:
aux cornes de bouc, qui concourroit
avec elle et sous les rapports de principe
actif à la génération universelle
des êtres reproduits au printemps. C’est
en effet là l'idée cosmogonique, que
les Egyptiens voulurent imprimer, sous
le symbole du boucadoré à Mendés, ou
de leur grand dieu Pan , dont, le bouc
étoit l’image vivante, C’est la force féconde
de la nature (nj) , qu’on a voulu
désigner sous cet emb êmè, observe tres-
bienjablonski(i),cetteforce par laquelle
notre monde se conserve et se reproduit.
Outre que la faculté prolifique semble
caraclé.iser le bouc plus. qu’aucun
autre animal, et conséquent ment, qu’elle
a du le faire choisir par les Egyptiens,
Gomme un des emblèmes les moins équivoques
du principe actif et fécond , qui
siège dans le ciel et qui exerce sa force
sur la terre , les autoiités des . anciens
ne nous permettent pas non plus de
douter, que ce ne soit cefte qualité pi o-
lilique du bouc, qui l’ait fait employer
parmi les symboles de l ’écriture sacrée.
Le bouc, suivant Diodore de Sicile (2),
Re fut mis au rang des dieux de l'Egypte
, qu’à cause des organes de la gené-
(O tabtonski, I. 2. c• 7.. 6. p. 281.
CO Diodor. !. x. c. 55. p. 98.
U N I V E R S E L L E. »3,
ration,dont la nature l’a si heureusement
pourvu. Cet animal a un penchant
bien décidé pour le plaisir de
l ’amour, et les Egyptiens , en. consacrant
par un culte les parties sexuelles
de cet animal, ont voulu honorer
, sous ce symbole , le principe fécond,
qui dans la nature donne naissance
à tous les êtres C’est au culte
de cette divinité , que se farsoient
d’abord initier tous, ceux qui, nés
dans la famille sacerdotale , entroient
dans l ’exercice de leurs fonctions :
c’est au nom du Bouc que se faisoit
leur inauguration. Il étoit pour les
Egyptiens , suivant Diodore , (3) ce
que le fils de Bacclius et de Yénus,
ou du dieu au formes., du Taureau et
de la déesse de la génération ,, enfin
le fécond Priape étoit pour les Grecs.
Son culte', continue Diodore , avoit la
même origine en Egypte, que le
linganisme , et le culte religieux du
Phallus dans le mystère des autres
peuples; et cette origine. est dans ,1a
nature même des fbuctions fécondes ,
que remplit cette partie du coi ps dans
la génération des animaux».; De là
vient çe respect , que Pan et les
Satyres aux formes de Bouc ont obtenu
chez différens peuples. La plupart
des images, qui les- représentent dans
les temples, poursuit Diodore, font dans
l'attitude d’une forte fef, .vigoureuse,
érection, afin d’imiter la nature du
Bouc, doué d'un penchant inipéfpeux
vers l ’acte d.c la géfiètalion,. Ce symbole
consacré dans-leurs temples n'est
que l'expression de leur reconnois-
sanoe envers fis dieux , qui prennent
soin defiur population et qui donnent
la fécondité. Diodore a restraint a
tort son idée; à la propagation de l’espèce
humaine en Egypte , tandis que ce
symbole désignoit ja fécondité universelle
donnée à tout le inonde sublunaire
; caractère mieux, adapté à Pan,
(3) Diod, Biid. c. 55. p. 98.
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