, 9ft R l l I G I O N tJ N J T e k SUE XL L SER
nature, ou le principe masCulo - féminin
de l’Univers, dont les mystères offroiénî
le symbole (1). ' ;
11 est une autre division de la nature
, qui dans tous les temps a frappé
tous lés hommes, et qui ti’a pas été oubliée
dans les mystères ;> noos en avons
déjà'parle' ailleurs- (ajf'tdest célle de la
lumière et dos ténèbres -, du jour et de
lanuit,du bien et du mal, qui sé mêlent,
se 1 choquent , ou se chassent mutuellement
darfsEUnivets. Le grand oeuf
symbolique offrira encore aux yeux des
Initiés des traits bien prononcés de eétte
grande division’du monde. Plutarque
nous a laissé un échantillon de cette
doctrine mystérieuse , dans son traité
d’Isis ^3)vCet historien philosophe, à propos
du dogme de la providence et de
celui des deux principes p lumière et
ténèbres , qu’il regarde comme la base
de la théologie ancienne, des Orgies et
des mystères, chez les' Grecs , comme
chez les Barbares;-, doctrine dont
l’origine , suivant lui, se perd dans' la
nuit des temps, cite:, pour appuyer son
opinion , le fameux oeuf. mystique des
disciples - de Zoroastreaet des inities
aux mystèresde'Mithra.Nousrenv,oyons
le leqteur à l’explication^ que nous avons
donnée de Ce symbole' rnystérieux '(4)<-
Ce passage nous présente plusieurs
dogmes théologiques à’développer , et
qui ont fait partie des mystères pie
dogme de la providence , de l ’administration
de l’Univers par dès Génies;, et
enfin le dogme des deux.principes", lumière
et ténèbres , Oromaze et Ahriman
chez les Perses , Osiris et Typhon chez
les Egyptiens , Dieu et le Diable; chez-
les Juifs et les Chrétiens ;(5j. Car toutes;
les sectes d’initiés ont établi leur'théorie;
mystique sur cette double basa-, ou surlq
système des deux principes. Là science1
sacrée n’est jamais sortie de ce cercle,
(1) Procl. L. T ; idem. p. 1 5 J. b 4 , ;p. 1.
5 , P- *»»— »93-
(2) T . 1 , 1. 2 , c. ? , p. 223.
(3) D* Isiée, p. 369— 370.
W T. 1 , L a , c. J, p. 234— 237.
' »Les Initiés a i« mystères- d’Eleusis
avofejit ‘le spectacle des deux principes,
dans îles scènes:suooessivesi de ténèbres
et de fûmlève! i 5!;que 1 l’-era* faisoit 'passer
sous leurs yeux (6). A la nüitla plus obscure
, acèompagu^é* d’rHusions d’affreux
fantômes , son faisoit. succéder
le jour le plus brillant , dont l’éclat
en vironnoitmla statue de la Divinité.
C’est Dion Chrysostoine et Thémistius
qui nous l’apprennent (yi). ; ; ï ’
; Lei récipiendaire, suivant Dion Chry-
sostome ,; passoit dans un-temple mystérieux,
d’uné grandéür et d’une beauté
étonnante, où l ’on offroit à ses regards
plusieurs tableaux mystiques;:,’ OÙ ses
oreilles étaient frappées de’voix différentes
,-et où dés-scènes, de'.ténèbres et
de lumière p assoient Successivement
sous ses yeux. Ce passage successif des
ténèbres àila . lumière , de la lumière
aux; ténèbres i, ne pouvoit que faire
allusion à ces deux principes, qui, dans
l’oeüfde Zoroastre , se combattent (p) ,
se chassent et; Ss poussent ; successivement,
entraînant à leur suite les Génies
qui leur sont affectés , et dont les divers
fantômes formbient, sans, idoiite ^ le
spectacle varié /dont parle Dion Chry-
s est Orne. ■ •-!
- .Thémistius (8} nons peint également
l’Initié, au moment où il va ehtrer dans
la partie du . sanctuaire , où réside ja
Déesse;, rempli de crainte., et d’une
liayeur religieuse, Chancelant , incertain
de la- route qu’il doit tenir p au milieu
de l’obscurité profonde qui l’environne.
Mais lorsque l’Hiérophante a ouvert la
porte de l’enceinte intérieure du sanctuaire
, qiri-i a emporté la robeqni couvre
là : Déesse , qù’il. a nétoyé .et poli là
statue ,.il la fait paraître à l’Initié , toute
resplendissante- d’une lumière divine.
Lernuage épais, l’air ténébreux, qui jusque
là avoit environné le récipiendaire ,
(5) Tte Iside , ibid, 370.
(é) Meursins Eleus. c. r i,
(7) Dioa. Chry.ost. orat. 12. Themlltills la
Patr. et Fragm. Èjnsd. apud Stoboeum.
(8) Xheoeist. orat. 2 , p. 47.
R e l i g i o n u n i v e r s e l l e . Iyi
s’évanouit ; il est rempli d’un éclat vif et
lumineux, qui retire son àmede l’affais-
semeilt profond, Où elle était plongée,,
et la lumière la plus pare succède aux
épaisses ténèbres.
Dans un fragment d’un autre discours
du même auteur, que nous a conservé'
Stobée (1) , on voit que l’Initié , avant
le moment précis , qui va consommer
son initiation, est effrayé par toxites sortes
de spectacles 5 que l’étonneinentj Ià;tër-
rcur , saisissent son esprit ; il tremble de
tout son corps ; la sueur froide coulé sur
ses membres , jusqu’à l’instant où on
lui montre la lumière ; mais une lumière
la plus étonnante. C’est la scène
brillante de l’Elysée, où il apperçoit de
charmantes prairies, que couvre un cifel
pur,-où il voit célébrer des fêtes par
des danses, où il entend des voix harmonieuses
, et lès chants majestueux des
Hiérophantes, et où il jouît de la vue dés
spectacles sacrés. C,’e3t alors , qu’abso-
lument libre, et affranchi de tous les
maux, il se mêle à la foule des Initiés,
et la tête couronnée de fleurs, il célèbre
les saintes Orgies avec eux.
Ainsiiesanciens représentaient ici-bas
dans les sanctuaires ce qui devoit arriver
un jour à Pâme vertueuse, lorsqu’elle serait
dégagée des liens du corps, ètde là
prison obscure, où elle est retenue, et que
1 initiation, qui avoit consacré ses vertus,
la ferait passer dans les brillantes contrées
de l’Ether, et dans le séjour d’Ormusd.
Là commence la véritable Autopsie ,
lorsque, dit Pséllus, l’Initié voit lui-même
tes 'lumières divines (2 V
Dans les mystères d’Isis, dont Apulée
nous a donné une esquisse dans le onzième
livre de ses Métamorphoses, on
voit le récipiendaire, que l ’on fàitd’abord
passer par la région ténébÿéftse de: l’empire
des morts : de là , (jaïu. une- autre
enceinte , qui représente les élémens , et
conséquemment le monde sublunaire ,
où les deux principes se choquent ; et
0 ) Stob: Serml i 1-9..
(») PssUusjn orac. Zoroast,
enfin il est admis dans une région lumineuse
, où le Soleil lé 'plus^brillant
fait évanouir fes ténèbres de la nuit.C’est
alors quTon l’habille lui-même , dans le
çôstùine du Dieu soleil, bu de la source
Visible de- la lumière Ethêrée , aux mystères’
duquel on l’a initié. 11 passe ‘de
l'empiré' des- ténèbres à ' celui dé la lumière.
Et après avoir foulé aux pieds
lè: seuil du palais de Pluton , il monte
dans PEmpyrée au sein du principe éternel
de la lumière du monde, d’où sont»
émanées nos intelligences.
Ce qui .se pratiquoit dans les mystères
d Isis devoit, avec beaucoup de
vrarseniblanee , se pratiquer dans ceux
de Cérès à Eleusis. Car, suivant Apulée
la même Divinité, qu’il appelle Isis , est
celle que les Grecs appellent la bienfaisante
Cérès. Plutarque même dit
formellement,-que lés aven tares' de Cérès '
ne diffèrent point des choses que l’on
racontait en Egyte sur Osiris , Isis et
Typhon (3). Lactànce est dans la même
opinion. (4) D ailleurs, Hérodote , Dio-
dore , et les autres auteurs assurant, que
l ’Isis des Egyptiens est la Cérès des Grecs,
il est assez vraisemblable , que le culte
mystérieux de Cérès devoit ressembler
beaucoup a celui d Isis , et nous aurons
occasion plus loin d’en faire le rapprochement.
Or dans les aventures d’Isis ’
d’Osiris et de Typhon, on ne voit rieil
autre chose, que l’histoire allégorique
et mystérieuse ; des combats, que se
livrent lés deux principes dans la nature
sublunaire. Typhon est incontestablement
l ’Ahriman des Perses , ou le
des ténèbres, rival et ennemi
d Osiris , qui s répond à i ’Ormusd des
Perses^ d Osiris que tous les anciens ont
regardé comme le principe lumineux
qui brille dans, le soleil.-La plûpart des
explications, que donne Plutarque, sont
JQtldees sur cette théorie, qu’il reconnoît
être la base de tous les mystères, et qui,
dit-il, etoit consacrée dans les cérémonies
(3) De laide, p. 360,
(4) Lactant, de Fais. Rçlig. p. 119.