M4 O R I G I N E D E T O U S L E S C U L T E S ,
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lliée, femme d’Ammon, n’auroit pas été
aussi savante que son époux ? Nous verrons
ailleurs , qu’elle fut effectivement
une prophétesse pour les Arcadiens établis
dans le Latium , qui gardoient le
dépôt des oracles delà Sy bille Àmalthce,
que Tarquin confia à des Décemvirs ou
prêtres chargés de les consulter et d’y
lire'les destinées de l’empire.
Mais le berceau de ce culte semble
devoir être placé en Egypte, où les
animaux célestes étoient honorés sous
des formes vivantes, comme nous l’avons
fait voir à notre article Ammon et
Apis, et où il n’est qu’une conséquence
naturelle du principe astrologique', sur
lequel pose tout le culte symbolique des
animaux sacrés , dont la consécration
caractérise la religion des Egyptiens.
Le culte du Bouc et celui du boeuf
remontent à la même époque, et prennent
leur origine dans la même source.
Aussi Manet bon , dans ses dynasties
Egyptienes, (i) fixe-t-il au même temps
l ’origine du culte rendu aux Taureaux
à Memphis et à Héliopolis , et l ’origirle
de celui qui fut établi en honneur "du
Bouc à Mendés. Il attribue au même Roi
la consécration de ces animaux ( 2 ) ,
dont les images unies, dans le même lieu
du ciel, fixoient autrefois l’équinoxe de
printemps , et le renouvellement de la
fécondité donnée à la nature.
Pan ouïe Bouc de Mendés son image,
étoitune désphis anciennes, commeune
des plus grandes divinités de l’Egypte.
C’est Hérodote qui nous l’assuré. ( 3 )
Cet historien observe,que les Grecs, qui
ont copié et altéré le culte Egyptien ,
mettoîent Pan an nombre des divinités
inférieures et d’invention moderne ,
tandis qu’en Egypte Pan étoit un des
plus anciens dieux , et du nombre des
huit premiers dieux (4); çe qui s’accorde
avec lé récit de Diodore‘(5), quinousdit
queles Egyptiens avoientunevénération
singulière pour cette divinité, ét qu’ils
( 0 Sync. p. 54.
(2) Euseb. præp ev ang p. 55.
Herod.. I. a. c. 4$.
lui avoient par-tout élevé, des temples;
Les fonctions que nous avons vu qu’il
“remplissoit dans lanature, dont il étoit
l’ame , et à l ’universalité de laquelle' on
• l ’a souvent associé , semblent avoir dû
lui assurer cette première place plus
digne de lui, que celle où l'avoient fait
descendre les Grecs, en le faisant simple
chef de troupeau , et dieu des pâtn-
rages et des montagnes, à cause des formes
sous lesquelles on le peignoit. Le
fameux hymne d’Orphé , en l’honneur
de Pan , a conservé- à ce dieu le caractère
de majesté et de grandeur , qu’il
avoit dans ^’ancienne théologie , et qui
appartient a l’ame universelle, qui meut,
les sphères , qui féconde les élémens, et
régit toute la nature par l’action du feu
Ether , qui compose la substance active
du monde et qui bouillone à grands flots
dansle soleil. « Je t’invoque, ôpuissant
s» Pan (6) y dieu fort de toutes lès forces
» du monde , qui rënfermés en toi le
» ciel,'la mer et la terré’reine de toufès
J» choses, et le feu inwnortel ; car 'ce
» sont là les membr es de ton immense
» corpSrViens, génicbienfaisant, source
33 de mouvement, qui te meus circulai-
» rement porté sur un eliar de g'oire,
53 qu’entourent les saisons. 33
33 Auteur delà génération. . .enthou-
33 siasme divin j transport qui .échauffe
33 et vivifie l’ame ! tü habites parmi les
>3 astres , et tu règles' la symphonie de
33 l’univers par fes chants mélodieux:
33 c’est de toi que viennent les songes,
33 les visions,et les fr ayeurs subites qu’e-
33 prouvent les mortels. Tü te plais
33 parmi les rochers, les fontairieS , et
» lés pâturages de la-terre ! rien n’é-
33 chape à tel regards. . . .Scrutateur de
3, toutes choses, tu te plais à entendre
l ’écho de ton harmonie éternelle.
3> Dieu engendré de tout, et qui engen-
33 dres à ton tour toutes choses ! toi que
33 l’on invoque sous diffëren ’
(4) Ibid. c. 145.
(5) Diod. I. I- p. 16.
(6) Orph. poet. grec. f
3» Maître
j. Maître souverain' du monde , qui
33 donnes l’accroissement,-lafertilité, et
„ la lumière à toutes choses, qui ha-
„ bites dans le fond des grottes. Redou-
„ t a b l e dans ton couroux, vrai Jupi-
j » ter â doublés cornes- „ .
33 C’est toi qui as fixé la terre S tii fais
«33 sentir ton pouvoir à la mer : 1 Océan
I33 t’obéit, et il n’est pas jusqu’à l ’air et
[33 au feu, qui ne reconnoisse ta puissan-,
133 ce. Tous les élémens suivant la route 1.33 que tu leur prescrit, malgré l’incons-
î 33 tanoedeleur nature,-etils fournissent
I D> aux hommes la nourriture dont ils
[ 3> ont besoin. Reçois,ô source sacrée de
u nos plaisirs et de nos transports, nos
30 voeux avec notre encens ; fais que
! 33 nous terminions heureusement notre
33 carrière , et éloignes de nous tout ce
3> qui peut nous alarmer.
Transportons-nous ,dit Blackwel ( i'|
en rapportant cet hymne , sur les ailes
de l’imagination „dans la terre sainte,
la mère des mystères , et le pays natal
de la plupart des religions , qui ont eu
cours sur la terre. Imaginez, que vous
arrivés au commencement du printemps
à Mendés , lorsque la douce haleine
des zéphirs invite la nature à mettre au
jour les richesses, qu’elle renferme dans
son sein. Représentez-vous cette foule
prodigieuse de peuple,qui couvre les
deux, rives du Nil , cette multitude de
bateaùxrémplis d’hommesetde femmes,
quile couvrent et qui viennent célébrer
la fête de l ’ancien dieu Pan. Voyez les
portes de son magnifique temple, dont
la forme estorbiculaire,comme la voûte
du ciel, et qui résone du son de la flûte
aux sept tuyaux. L’autel commence à
jetter des. flammes ; le prêtre s’approche
tout nud , il remplit ses mains
d’encens , et les lève vers le lieu saint,
La musique cesse : le peuple se prosterne,
il se met à genou, il répand son
encens dans le feu , et adresse au dieu
l’hymne que nous venons de rapporter,
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et qui est une preuve convaincante de
cette vérité , que plusieurs regardent
commeun paradoxe,dit Blackwel,savoir
que les sages de l ’antiquité ne croyoient
pas , que leurs dieux fussent clés hommes
réels, ou qu’ils eussent effectivement
les figures monstrueuses et informes
, sous lesquelles on ! les représen-
toit, et qu’ils ne prenoierit point au
pied delà lettré ce qu’on disoit de leurs
qualités personnelles et de leurs aventures
5 par exemple , continue ce savant
auteur, les sages de Mendés ne croyoient
point, que leur dieuPan eût des pieds de
chèvre,etne voyoientpoint un dieu dans
cet animal, quoique peut-être le peu-
pie le crût. Il étoit pour lui l'emblème
du principe actif de toutes choses , 1 a-
me de l’univers , et par oela même le
plus ancien et le premier des dieux Sa
figure est le portrait de la nature, revêtue
des attributs célestes , que le Soleil
son premier agent, son ame visible emprunte
de l’Olympe et du lieu où il reprend
sa force fécondante. Cette opinion
théologique sur Pan n a pas été
ignorée de ceux qui ont eu occasion
(f en parler tels que Porphyre (1), Phor-
nutus, Isidore, Servius,-Albricius, &c.
Il est, dit Serviüs , le dieu de toute la
nature- Il est modelé sur la forme du
grand tout, nous dit Isidore, il renferme
tout ce que contient la nature et
il justifie son nom de Pan. Peut-etre
l’éty mologie a-t-elle conduit ces derniers
auteurs à voir dans Pan 1 univers dieu,
ou la totalité des êtres réunis sous le
nom de cause une et éternelle des effets
produits dans son sein -, mais les anciens
avoient, indépendamment du nom, une
idée aussi grande de Pan , que celle
qu’exprime l'hymne d Orphé et qui s accorde
bien avec la fonction , que le Soleil
, ame- du monde -vls'ble | remplit
dans la nature , qu’il pénètre de son.
feu actif et vi vifiaut. Porphyre(3) regarde
Silène, espèce de Pan , comme le sym-
(1 ) Blackwel. Lettres sur la Mytho!. leu. 8. p. 75.
(2) Porph. . apiwl _ Euseb*. præp. 1. 6. p. 114-
albricius , c. 9. Isidore orig. i. 8. c. 10. Servius
Relig. Univ. Tome II.
not. ad egl. 2. Virgil. Phoynutus. c. 27.
(3) Euseb. præp. 1. 3. c. » . p- » ° -
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