de la Vierge , dit Tlîéon ( 1 ), est une
étoile brillante , qu’on appelle la vendangeuse;
car elle précède de peu de
jours le temps de la vendange. La tête
et les épaules de la Vierge se lèvent
avec le Lion. On voit aisément que c’est
là le tableau ou l’aspect Astronomique ,
que nous présente Nonnus sur la troisième
table des destinées , ou sur celle
qui annonçoit les dons précieux des raisins.
(co)
Enfin la jeune nymphe cherche des
yeux la quatrième tablette des destinées
j qui étoit tout à côté ; et qui olï'roit
l ’image de la coupe de Ganymède, d’où
découloit le nectar ( a ). Elle y vit que
les destinées accordoient à Bacchus la
vigne et les raisins, comme ilsavoient
accordé à Phébus le laurier, à Minerve
l ’olivier , à Céiès les épis ( 3 ). Elle est
ravie de joie à cette vue ; elle va rejoindre
ses soeurs , et retourne vers les
mers de l'orient, d’où sort le Soleil (4).
Il est bon d’observer , qu’au coucher
du Lion et de la Vierge , monte à l’Orient
le Verseau appelié Ganymède, qui
ia une coupe. Cependant Bacchus reste
toujours inconsolable de la perte de son
ami , et la nature entière ( 5 ) semble
partager sa douleur. La Parque lui annonce
que son cher Ampélus n’est pas
mort tout entier ; qu’il ne passera pas
l ’Achéron ( 6 ), et qu’il deviendra pour
les mortels la source d’une liqueur dé-,
Hcieuse, qui fera la consolation de l ’espèce
humaine , et retracera sur la terre
l ’image du nectar, dont s’abreuvent les
Dieux (7 ). Bacchus, dit la parque, ne
pleure,qu’afin que les larmes des mortels
soient taries ( 8). A peine eut-elle achevé
ces mots, qu’un prodige étonnant
(O Theon. p. 119.
( O v- 105.
( 3) v- 113-
(4) v. 116.
(5) v- ! 32-
(6) v. 141.
(7) v- r58-
(8) v. 171.
vient frapper les yeux de Bacchus. Le
corps de son ami subit tout-à-coup une
métamorphose ( 9 ) ; il s’élève sous la
forme de l ’arbuste, qui porte le raisin, et
se change en sep de vigne. Le nouvel
arbrisseau prend le nom d’Ampelns ,
comme son ami , et se charge d un
fruit noir (to); tandis que le jeune ('issus
de son côté , métamorphosé en arbuste,
s’élève par des replis tortueux (x 1)
autour de la vigne et des arbres qu’il
ombrage. Bacchus prend le nouveau
fruit, le presse entre ses doigts (12) et
en fait couler le jus dans une corne de
boeuf, qui lui sert de coupe (x3). Il goûte
la nouvelle liqueur , et s’applaudit de
sa découverte ( x4 )• XI apostrophe
les mânes de son ami ( x5 ) , dont
la mort a préparé le bonheur de l’humanité.
Il doixne les éloges les plus
pompeux àl’excellence du nouvel arbuste
etàcellede sonfruit, sur toutes lesautres
productions de la terre (16). Levin dit-il,
sera un remède contre tous les chagrins
des mortels (17). Voilà l ’origine poétique
et allégorique, que Nonnus donne
a la vigne , qu’il nous" représente comme
l ’ouvrage de la métamorphose d’un
jeune enfant appelié la Vigne , lequel
avoit été l ’objet des amours tie Bacchus.
A cette première tradition, le poète en
ajoute une autre (18) , qui a des rapports
marqués avec l’Astronomie ; et
qu’on saisira aisément , si on veut se
rappeller, que la vendange se fait en automne
au lever du serpent d’Ophiucus,
qui monte avec la Balance. On suppose
que la vigne, arbuste sauvage, croissoit
et rampoit sur les rochers , lorqu’un
serpent voulut manger de son fruit et
en recueillir la liqueur (19). Sa gueule
( iO v. 190.
f ia ) v. 198.
(13) v. 203.
(14) v. 205.
(15 ) v. 2IÎ.
(16) v. 240.
(17 ) v. 269.
(18) v* 294.
(19 ) v. 329.
■ fut rougie de ce jus, et Bacchus , qui
erroit sur- la montagne , s’en appercut.
Cette vue lui rappelle un ancien oracle
de Rhéa (1). En conséquence il fait
un trou dans ce rocher , pour se procu-
j rer un espèce de pressoir ( 2 ) , dans le-
j quel il met des raisins. Il les foule avec
I Iles Satyres (3), qui bientôt s’onyvrent de
I la nouvelle liqueur (4). On voit une description
de la vendange et des danses
qui l’accompagnent ; et ce morceau
épisodique termine ce douzième chant.
Ici va commencer le récit des voyages
de Bacchus chez les Indiens. Car
[ c’étoit là cette grande expédition chantée
dans toutes les histoires de Bacchus
( 5 ) , rapportées par Diodore de
j Sicile. Osiris avoit aussi porté ses bien-
f faits jusqu’aux extrémités de l’Inde ,
I dans les traditions Égyptiennes (6), qui
ont servi de modèle aux fictions des
| Grecs sur Bacchus,; c’est là proprement
: le corps du poème, et l’action principale
qui y est chantée. Tout ce qui a
précédé jusques ici ne doit être regardé,
que comme un préliminaire de cette
grande action , à laquelle tout le poeme
I se rapporte. C’eût été peude chose, que
de nous raconter la naissance de Bac-
I chus et la manière dont il découvrit le
I If vin dans son enfance , si l’on ne nous j ptesentoit ce héros voyageant dans l ’univers
, jusqu’aux extrémités les plus reculées
de l ’Orient , pour y répandre
■ une aussi heureuse découverte et -en
B faire part à tous les peuples , qu’il veut
■ s’attacher par la bienfaisance. Car c’est
■ là le caractère d’Osiris et de Bacchus ,
■ ou du Soleil , comme nous l ’avons dit ,
■ considéré dans ses rapports bienfaisans
B avec la végétation annuelle ,:etsur-tout
B avec celle de la vigne et avec la récolte
■ du vin. Jusques ici nous ne sommes
I V3J v. 3<o.
00 v. 365.
( 5) ttjN) I. 3. e. 144—139.1. 4. c. 14*.
j (fy Diod. I. 1. c. 12.
pas sortis des limites dé l ’équinoxe de
printemps , où Bacchus prend ses attributs
tâuriformes; c’est là qu’il étoit resté
en dépôt entre les mains des llyades ,
environné de Pan et des Satyres, et qu’il
découvre l ’arbuste , qui , né au printemps
, doit donner en automne les
fruits d’Ampélus ou de la vigne, et la
liqueur précieuse , dont Bacchus est le
père.
C h a n t t r e i z i è m e .
Jupiter envoyé Iris au palais de Rhéa,
pour ordonner à Bacchus d’aller combattre
les Indiens , de chasser d’Afie ces
hommes injustes , de tuer le prince jRixe
ou Déiiade ( 7 ) leur roi , qui sous la
forme du Cérame , né des eaux des fleuve^,
se faisoit redouter par ses vaisseaux,
et de communiquer à tous les
peuples ses orgies et les présens de la
vigne On sait que les mystères de Bacchus
et le don du vin , étoient célébrés
comme les mystères de Cérès et comme le
don du bled , pour avoir été les plus précieux
présens faits à l’humanité (8). Iris
se Tend aussitôt chez la déesse Rhéa; elle
y boit même de la liqueur nouvelle ; et
elle intime à Bacchus les ordres de Jupiter
( 9 ) , qui lui commande d’exterminer
une nation,qu’on ne peut accoutumer
au respect pour les Dieux. Elle
lui annonce, que ce n’est qu’à ce prix
que les Heures lui ouvriront un jour les
portes du ciel (10) , dont l’entrée doit
être achetée par quelques travail important.
Jupiter lui-même n’y est arrivé ,
qu’après avoir vaincu et enchaîné, les
Titans (11). Son message étant achevé»
Iris remonte au ciel. Aussitôt Cyfièjie
envoyé le chef de ses choeurs et de ses
danses rassembler une armée, qui jiojit
( 7) v-.7- ,
(8J Diod. I. 3. c. 139.
(9) Nonnus 1. 13. v. 20.
(10) v. a*.
O * ) V. 39»
G 3k~