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processions Egyptiennes , et qui repré-
sentoient deux C hiens , un Epervier et
lin Ibis. Il voit dans ces deux derniers
animaux ies emblèmes du Soleil et de
la Lune , et dans les premiers, les expressions
symboliques des deux hémisphères
et des points de l’horizon , qui
veillent aux barrières de la nuit et du
jour. Sans nous arrêter à examiner,
si c’étoit effectivement là le sens de
Ces emblèmes , au moins est-il certain ,
que ces figures en a voient un caché et
énigmatique ; que l ’esprit ne devoit
pas s’arrêter où s'arrêtaient les yeux ,
et n’y voir que dès animaux , mais
hien remonter jusqù’à l’idée, qu'on se
proposoit de réveiller , idée qui n’avoit
rien de commun avec l’animal, que des
■ rapports de ressemblance, de comparaison
et d’analogie. Sans cela , nous
tomberions dans l ’erreur de celui qui,
lisant la fable du loup et de l’agneau ,
dans Esope, ne verroit que 1 histoire
feinte des aventures de ces deux animaux
, et ne découvriroit pas l'innocence
et la fbiblesse cachée sous la
■ peau de l ’agneau , et l’injuste violence
-sous celle du loup. Ainsi, prendre les
animaux Egyptiens purement et simplement
pour des-animaux, et non pas
pour des signes emblématiques, c’est
prendre à lu lettre toutes les fables d’Esope
; et ne voir que du ridicule et de
la folie dans les leçons de la morale
et de la philosophie la plus sage. On
-sait que la philosophie ancienne , surtout
dans l'Orient, s’est plu à prendre
cetie forme, et que pour peindre les
secrets de la nature, elle voulut être
mystérieuse comme elle. Le monde
était une grande énigme, dontles principaux
traits furent rendus en style également
énigmatique. Ciémentd’Alexan-
drie (i)s’est attaché à prouver, que tous
ceux qui ont traité de la religion, chez
les Grecs comme chez les barbares, ont
employé de préférence l’allégorie et les
fi) Ciem. Alex. ibid. p. 356. '
Î V Ci-dessus ï. 2. c. £•
U S L E S C U L T E S ,
formes symboliques. C’est là le génie
qui a présidé, non seulement à la coin,
position de leurs fables sacrées, comme
on a pu le voir par les explications
que nous en avons données, mais en.
core à celle des images et des statues
simples ou composées de leurs dieux
comme nous l ’a déjà dit Porphyre (2)(
en parlant des figures les plus mons-
trueuses , formées de l’assemblage des
parties de divers animaux , et sous lesquelles
les Egyptiens cachoient leur
science secrète et les mystères de la
nature. .Souvent les idées intellectuelles
les plus abstraites ont été exprimées,
sous des emblèmes empruntés des formes
et des qualités de la matière.
Porphyre prouve par des exemples, sa
théorie des rapports allégoriques, qu’a-
voient les images des dieux avec les
opinions des théologiens sur la nature
des différentes divinités ( 3). Comme la
divinité , nous dit ce savant, est lumineuse
par son essence , et habite au milieu
du feu Ether, dans une région invisible
à l’oeil des mortels, toute matière
qui a de l ’éclat et un poli brillant, telle
que le marbre de Paros , le eiystal, et
l’ivoire, peut nous donner une idée
foible de cet être lumineux. L’or par
son éclat est une image de son essence,
que rien ne peut souiller, comme rien
ne souille l’éclat et la pureté de 1 or.
D’autres, au contraire, ont préféié la
pierre noire, pour désigner l’obscurilé
mystérieuse de la nature divine. Ceux-
ci ont choisi les formes humaines,
comme les plus propres à exprimer
l’intelligence et la raison souveraine
de la divinité , qu’ils ont peinte sous
les traits les plus beaux , parce que la
beauté divine est telle , que rien ne
peut altérer ses traits. Ils ont varié les
figures des dieux ; ils les ont peints à
difïérens âges , avec différens sexes ,
dans diverses attitudes, sous divers ha-
billexnens, pour rendre toutes les nuanÇ3)
ï°rph, apud Euieb.'præp. »y, I, 3. c. 7 p.
O U R E L I G I O N
e5 de leurs idées sur la' divinité et
faire mieux contraster la variété de ses
propriétés et de ses qualités différentes,
par exemple, ils ont affecté, dit Por-
nhyre, le blanc aux divinités supérieures
qui habitent l’Olympe ; la Sphère
et toutes les formes sphériques au
monde, au Soleil, à la Lune, à la fortune
même et à l’espérance. Ainsi nous
voyons placé sur le Lotus , dont la tête
est sphérique , l ’image du Soleil, sous
les noms d’Horus et d’Harpocrate (x).
Nous voyons dans Pausanias (2) la fortune,
tenant d’une main la corne d’abondance
, et soutenant un globe posé
sur sa tête. Ailleurs on voit une figure de
femme , posée sur un globe , tenant un
flambeau de sa droite, et de la gauche
soulevant le voile de sa tête, pour nous
découvrir le croissant de la Lune(3).
Dans un des tableaux du culte Mi-
thriaque , on voit Mithra monté sur
le Taureau équinoxial, tenant dans sa
main droite l’épée , et de la gauche un
. globe. (4) ' . ' ;
Porphyre n.ous parle lui-même (5)
d’une figure du monde , dans laquelle
il est représenté sous l’emblème d'un
homme, tel qu’Atlas , qui soutient un
globe d'or sur sa tête. Il est couvert
d’un grand manteau , chamarré de diverses
couleurs , et qui semble représenter
les nuances variées des étoiles ,
comme celui de l’Hercule Astrochyton ,
que nous avons vu dans le poème de
Nonnus.
Le monde étoit aussi peint sous la
forme Sphérique , ou Ellipsoïde de
l oeuf j quC l ’on inettoit dans la bouche
du dieu du feu , Phta , et de l’elé-
nient actif, qui circule dans 1 Elhel ,
dont la mobilité étoit représentée par
les ailes attachées à la tête de la statue
symbolique du fameux Cneph (6),
( 0 Ci-dessus !. 3. c.
(a) Paufan- MeiVen. p. 14*.
f-OHift. (Ju ciel. t. 1. pi. 6.
(m flyde vet. Perf. relig. e. 4 -p. l i j .
U N I V E R S E L L E , 2%
Dans- les Daphnéphor'es, célébrées
en honneur d’Apollon ou du Soleil ('/'),
l ’on portait en triomphe le laurier du
dieu , entrelacé avec l’olivier de Minerve.
On avoit uni à ce grouppe d'arbustes
tous les attributs caractéristiques
de l ’année , et ceux du Soleil et
de la Lune , dont l'un engendre l’année
et l’autre la divise en mois. Le tout
était surmonté d’une boule d’airain,
qui désignoit le Soleil ou Apollon.
Au-dessous en étoit suspendue une autre,
représentant la Lune j d autres boules
plus petites figuraient les Planètes
et les astres fixes. On y avoit aussi
adapté 365 couronnes , pour figurer les
jours.
Cette manière de peindre n’est pas
la plus savante , et elle appartientplutôt
au second , qu’au troisième genre d é-
criture sacrée, dont nous avons parle
plus haut, d’après Clément d Alexandrie.
Ce dernier style étoit plus énigmatique
et tenoit- à une etude plus
réfléchie de la nature. C’est à lui, qu appartient
l ’expression hiéroglyphique de
la Lune,dans les premiers jours du croissant,
telle qu’on la voit représentée par
une statue , dans la ville d’Apollon en
Egypte ( 8 b Cette figure symbolique
étoitun homme à tête d’épervier, («7)
qui subjuguoit Typhon , ou le principe
ténèbres, représenté par un Hipopo-
tame. La couleur blanche de la statue-,
ajoute Porphyre , représente la blancheur
de la nouvelle lumière de la
Lune; et la tête d’épervier annonce,
que cette lumière lui est donne par le
Soleil; car l’épervier est l ’animal sacré
destiné à représenter le Soleil , tant à
cause de sa légèreté, qu’à cause rie son
élévation etdesatendance verslès régions
élevées , d’où nous vient la lumière.
Nous l’ayons déjà vu uni au croissant
(5) Ibid, apui Ëufeb« I. 3. c. r r - P-11 S*
(6,/Eufeb. Ibid. i. 3. c. n.p. HJ-
(7) Damasc. vit. Ifid. Phoc. cod.
(8/Eufeb. Ibid. p. Xi<.
K k *