194 • R E L I f iHO S 'XSl'S. IlV E R S E L L E.
un voile religieux, et apposer le sceau,
du secret et du silence. fi
Mais il ne nous sera pas difficile , en
recueillant les rayons de lumière-, qui
sont échappés des différens sanctuaires,
de saisir le génie et le hut de. ces .ce,,
ïémonies. cachées. -, -,
, Nous savons par PlutarqueDioqqre
de Sicile, Eusèbeetc,: et nous avons déjà
prouvé fort au rlong, que les Egyptiens
honoraient le Soleil sous le nom d'Osiris.
Donc,les aventures, .malheureuses g,
et la fin tragique d’Osiris, ne pouvoient,
être qu’une histoire allégorique sur le
fioleii; et les souffrances de ,ce Dieu,
que .des j, souffrances , fictives , . ç t , des
blessures qu'il éprouvoit',. par l’action
du principe' Ténèbres, Ahriman , son
ennemi naturel. Donc la représentation
qu’on donnoit de. vos souffrances et de
cette mort, dans les mystères de la nuit,
n’étoit qu’une image mystérieuse des
phénomènes de la Nature , et cie l action
opposée des deux grands principes,
qui en partagent l’empire, et qui ont
le plus d’influence sur nos âmes. Le
Soleil ne naît ne meurt, ni ne ressuscite.
Cependant Osiris étoit le Soleil ;
et Osiris naissoit , mouroit et ressus-
citoit. Donc toute cette théorie mystérieuse
, sur les aventures d Osiris , mort
(r) et ressuscité , ne peut être qu’une
d e ' ces allégories Physico-cosmiques y
que l'on débitait dans les Orgies , suivant
Sanchoniaton ,• afin de subjuguer
par le merveilleux le respect dés Initiés*
aux mystères de la Nature, u
Horus , fils d’Isis ( 1 ) , le même
q u ’Apollon ou le Soleil,mouroit aussi et
étoit ensuite rendu à la vie et à samère ,
et lés Prêtres d’Isis célébraient ces
grands événemens,par des fêtes de deuil
et de joie , qui se succédoient. Isis y
paroissoit accompagnée dans , ses recherches
du Dieu Mercure q u i, dans.
(t) Asgust, de Civ. Pei 1, ' f , e, JO. Minut,
F é lix , p. 168.
(2) Lact. 1, 1 , t . ai. _ - , 4 ... ti
k ) Meureius Graêc. Feriat. 1 .1 «J— S.
(4} Fiat, in A lotiad. et in Niciâ,
les mystères'd’Eleusis, jôue Un si grand
rôle. Or, les cérémonies d’Eleusis , observe
judicieusement,Laçtance ( a ) , ne
diffèrentiguères de celles d’Isis, et les
recherches de Cérès,qui perd et retrouve
sa fille , sont semblables à celles d’Isis
qui péril et retrouve son fils.
Dans les mystères de Phénicie, établis
en honneur d’Adonis (>t), ou du
Soleil, connu sous ce nom, on donnoit
aux Initiés le spectacle de sa mort
çt de sa résurrection. Qn faisoit une
figure , représentant nn jeune homme
mort (ï).;O n jetoit des fleurs sur son
corps ; les femmes le pleuroient ; on
lui élevoit un tombeau ( 4 ),; Çes fêtes
passèrent de Phénicie en Grèce, comme
on le voit par Plutarque , et par
Ovide (fi),- : . ~ 1 fi., , .
Dans les mystères du même Dieu,
Soleil, adoré, dans- l’Asie Mineure ,
l'Arménie: et la Perse, sous, le nom de Mithra, on pleuroit la mort de Mithra,
et on céléhroit, par les expressions de
la joie ‘la pins vive, sa résurrection.
On présentoir aux yeux de ses Initiés
un cadavre ( t ) , qui représentoit
Mithra mort ( 6 ) „ et on annonçait ensuite.
sa résurrection 5 après quoi on
invitait les Initiés à se réjouir, de çe
que le Dieu mort .étoit ressuscité, et
par ses souffrances avoit fait leur salut.
Trois mois auparavant, on ayoif célébré
sa naissance, sous l éaiblême d’un
enfant, né le afi décembre, ou le
8 avant les Kalendes de janvier (7 ).
C’est ainsi qujon le représentoit à Naples
et dans toute .la Campanie (22). Lim-,
posteur Alexandre , voulant, imiter les
mystères d’Eleusis , donna la represen?
tation des Couches de Latone , mère
du Soleil (8).
En Grèce,dans les mystères.d.umême
Dieu,, honoré soas le nom de Bacchus,
on . donnoit la représentation de. la mort
f y) Gviè. Mctatn. I. 10.
(6) Jufian. Piriii. de ferr. Prof. p. 45.
-£7) Macrob. Sit. 1. 1 . e. iï,_ p . * 49- ,,
(8; Lutlxa, 1.1 , p. 888.
RÉDI GÉ G N U
de Baçchtis, tué par les Titans->'(V) ï.
descendu aux enfers ; et ensuite- ressuscité
, et retourné vers sOU principe; 'où
vers le séjour pur, d’où il étoit descendu
pour s’unir à la matière ‘-Cette
mort étoit représentée à Chio et à Té-
nédos , . par le sacrifice d’un homme
qu’on immoloit (2).'
La mutilation et les souffrances du
même Dieii-Soleil, honoré en Phrygie
sous le nom d'Jtys ( 3 ) , donnèrent
pareillement lieu à des scènes tragiques
(y) t dont on offroit tous les ans le
spectacle dans les mystères de là mère
des Dieux (4): On y portoit une figure,
représentant un jeune homme mort,
sur le tombeau duquel on versoit des
larmes, et à qui on rendoit les honneurs
funèbres.
A Samothrace , dans les mystères
des grands Dieux, on y donnoit la représentation
de la mort d’nn des Ca-
bires , ou grands Dieux (z). Cette mort
étoit célébrée par les pleurs et les gé-
missemens des Initiés. Ce jeune Cabire,
suivant Athenion (fi) , étoit le même
que le Dionysius ou Bacchus des Grecs.
Il est certain, que dans ces mystères on
exposoit les parties naturelles du jeune
Dieu, mis à mort, déposées dans une
Ciste ou Corbeille (6). On exposoit aussi
en Grèce les parties naturelles de Bacchus,
et en Egypte celles d’Osiris, mis
à mort par son irère, comme- ce jeune
Cabire l’a voit été par les siens. On donnoit
aussi au Soleil le nom de Dieu Cabire,
puisque les Astronomes anciens ont
appelé Dieux Cabires et de Samothrace
, les deux Dieux qui sont dans
la constellation des Gémeaux , que
d’autres nomment Apollon et Hercule ,
deux noms du Soleil. C’étoit donc encore
la mort du Soleil, qu’on pleuroit à
Samothrace.
Apollon avoit son tombeau à Del-
( ') Macrob. Somn. Scip. p. 1 , c. ix .
(*) Porph. de Abst. 1. s . Seet. 36,
(î) Euseb Præp. Ev. I. a , c. I.
(4) Diod. Sic. 1. 3, c. 58— 59.
N-ï V Ë R $ E t L E.
pfiès , -dù il âVoit été déposé , apfès’qtie
le -fameux Python l ’eut mis à mort (7).
Trois femmes étaient venues pleurer
sûr son tombeau, comme les trois
femmes., Marie-Magdeleine, Marie-Ja-
C ô b é , et Salomé , sur celui de Christ,
Chef dé lumière , ' mis à mort et ressuscité.'
Python , dans la fable d’Apol-
ld n , est le Serpent du Pôle, qui ra-
mène-tous les ans l’Automne, le Froid,
les Ténèbres et1 l’Hiver , dont Apollon
triomphe ensuite au 1.5 de mars, on à
son retour à l’agneau équinoxial du Printemps.
Pythagore grava quelques vers
élégiaques sur ce tombeau mystérieux.
En Crète , Jupiter Ammon , ou le
Soléil d’Aries, peint avec les attributs
du 6Îgne équinoxial de l’Agneau , cet
Ammon que Martianus Capclla dit être
le même qu’Osiris, Adonis, Atys , etc.
avoit aussi un tombeau, et une initiation
religieuse, dont une des principales
cérémonies consistait à revêtir
l ’Initié de la peau d’un Agneau noir,
pendant les mystères de la nuit. Nous
ne donnerons pas plus de développement
ici à ces fictions sacrées, parce
que nous les expliquerons dans le plus
grand détail, dans notre traité sur l ’initiation
des Chrétiens.
Toutes ces morts et ces résurrections,
tous ces emblèmes funèbres, fies fêtes
de deuil et de joie , ces cénotaphes
élevés dans différens lieux au Dieu-
Soleil , honoré sous différens noms ,
avoient un même bu t, l ’histoire allégorique
du sort qu’éprouve ici-bas la
lumière de la Nature, ce feu sacré
dont émanent nos âmes, mises aux
prises avec la matière, et avec le principe
ténébreux qui réside en elle, et
qui contrarie sans cesse le principe du
bien et de la lumière , qu’y répand la
Divinité suprême. Voilà quel était ie
grand objet de ce6 scènes tragiques (a).
(5) ApudSchel. Apoll. 1. 1 , v. 717.
(6) Clément. Alex in FiOtrcp. p. 12.
(g) Porph. ia vit. Pythag. p. 10.
Bb a