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offrait à Bacchus les prémicçs des fruits.
Le porc ennemi de Cérès, et le; bouc.,
funeste aux vignes, étoient les victimes '
ordinaires. Tous les attributs de la fé - .
condité, que le Soleil au Printemps rend
à la Terre , y étoient portés en pompe
par des filles vierges , comme l’est la
Nature avant cette époque. .Cette procession
de jeunes Canéphores (i) fixoit
l ’attention des assistant, .par l’énormité
du Phallus orné de fleurs , qu’elles por-
toient respectueusement dans une eor-_
beille sacrée, dont il excédoit les bords
assez haut, pour être vu de tout le
monde. C ’est sur-tout en honneur dç>
Bacchus, père de la fécondité universelle
, que fut instituée en Grèce-la
pompe Ityphallique , à l’imitation des
Pammylies Egyptiennes , établies en
honneür du même Dieu , honoré sous
le nom d’Osiris ( 2 ). Ces cérémonies
anciennes , instituées en honneur du
principe actif de la génération uni-,
verselle , que ,1’on retrouve jusqu’aux
Indes dans ,1e culte du Lingam , passèrent
de Grèce en Italie ; et nulle
part les hommes ne crurent blesser les
moeurs , en rendant des honneurs à
l'emblème le plus simple et le plus expressif
de l'énergie active de la-ffivir,
ïjité- Les fêtes Ity phalliques duraient un
mois à Lavinium. Pendant tout se temps ,
on promenoit dans le^s rues le; Phallus,
que noire Mai, a remplacé ,, sous une
forme moins expressive (o).
On sent, bien, que Igs chansons qpi
eccompagnoient : cette cérémonie ,
étaient analogues à l’esprit de la fête (3,).,
Aristophane .donne à ces chants le nom
d ’hymnes Phalliques ■( 4 ):. Ites initiés à
ces mystères portoient des branches
«d’arhie&ÿét accompagnoient en dansant
eettfe, ppnppe sacrée,., ( U Leur tête
étoit ceinte de branç^j^s de myrte , ep
leur jcorps souvent jpyêtu, d un vêtement
sacré appelé ÎStèbrida ou peau dé'
\i) Arist. Athir. r. ajptiui:
4?) Plut, de.l^dev -1 s .a .1, . - j
(3) Aug. de Civ. Deij liSjü^e,‘tti- ’
J4) Asûtogh, Asiÿwp T* 2^.
Faon. La couronne de lierre orna aussi
la tête des adorateurs du Dieu des
vendanges. Nous ne parierons point ici
de plusieurs jeux , qui accompagri oient
ces fêtes , tels que les sauts sur Poutre
( 6 ) , ou les jeux du Colin-maillard,
qui alloit heurter la tête contre des
Phallus de fleurs suspendus aux branches
de pin. Notre but, en ce moment,
est moins de donner un traité sur toutes
cès fêtes de Bacchus, et sur les cérémonies
particulières à chacune de ces
fêtes,, que de donner une idée de la
partie de son culte , qui étoit relative
aux Orgies , ou à l’initiation , et à ce
qu’on appelle proprement les mystères.
Il y eut en effet, outre les mystères: de
ce Dieu, des fêtes, publiques de toute
espèce en son honneur, célébrées à
différentes époques de l’année , avec
des rits et des noms différens, et dont
le récit détaillé demanderoit un traité
complet. On trouvera plusieurs de ces
fêtes dans le traité de Meursius, intitulé
Grtieciaè feriatae. Ce savant avoit même
projeté 4e réunir en un traité particulier
tout, ce cjui se trouve dans les
Auteurs anciens de relatif au culte de ce
Dieu ; mais il n’a point rempli sa promesse,,
Quant à nous, sans prétendre
y suppléer , nous croyons pouvoir,
avec quelqu’utilité, parcourir fa Grèce
avec Pausanias, et faire sur Bacchus
ce que nous avons fait sur Gérés ; suivre
les traces de son culte chez les différentes
peuplades, de la Grèce, et mettre
sous les yeux du Lecteur le rapprochement
des différentes Divinités, auxquelles
souvent il se trouve uni dans
un même temple, ou par un culte
commun.
v On trouvoit, en entrant à Athènes(7),
un édifice sacré, auprès duquel étjoient
groupées , trois stafups de Praxitèle :
l ’nnp représentant Gérés., la seconde
sa fille Proserpine, et la troisième, h
ft ) Strab, I. 10.
(6) Virg. Geprg. 1. *, v.
(.7/iPaaslAttic. g,,*,
R Ê L I G I ON U NT V E HT E U F.' C7
jeune Bacchus des mystères^ ou.Iacchus}
tenant un flambeau. Peu loin de là
était un portique, où l’on voyoit le
gymnase de Mercure , et une petite habitation
consacrée à Bacchus, qui y
iiguroit avec les attributs d’Apollon
Musagète ou. de Chef des Muses. On y
voyoit aussi la statue d’Amphyction, roi
d-A thènes , qui recevoit à sa table les
Dieux, et entr'autres Bacchus , dont
Pégase d’Eleuthère avoit introduit le
culte dans sa’ ville. Prés de l’Odéion
d’Athènes •( 1 ) , étoit- une magnifique
statue du même Dieu ; et à côté, la
fontaine aux neuf sources, qu’avoit ornée
Fisistrate, C’étoit la seule fontaine qu’il
y eût à Athènes, où l’on n’avoit que des
puits,,,-,
Dans un autre endroit (2) , on voyoit,
,à côté de Baçclms , le fameux Satyre de
Praxitèle , qui présentoit une occupe au
Dieu, à côté duquel étoit aussi l’Amour.
Le plus ancien , temple, de Bacchus étoit
près du théâtre. Ceci ne doit pas, surprendre
, puisque les , représentations
théâtrales sont nées du çultp de Bacchus
,j,et attachées principalement .aux
grandes jDionÿsies. On y trouvoit aussi
une autre statue de, Bacchus , où
ce Dieu étoit représenté , ramenant
au Ciel Yulcain , que Junon en avoit
précipité. On y voyoit Penthée et. L ycurgue:,.
punis. pour les,,outrages qu’ils
avoient faits à Bacchus , ainsi que la
belle Àriààne,endormieet; ejrhmenée
par Thésée ,' et ’Bacchus' son amant,
qui l ’enlevoit.
Près de l'Acàdérhic! ( 3 ) étoit une
enceinte sacrée', où.l’on voyoit la statue
de Diane , très -b'ciknë "ëi'Hfès - bëlle ,
et une petite chapelle, où l’ori portoit en
procession la- statue dé Bacchus Eleu-
thère, tous les ans, enfles jours marqués.
Ceux d’Acbarnée (4) unissoient son culte
à celui de Minerve, Déesse de la santé ,
(l> Ibid. p. 13.
fai Ibid. p. 18.
(3) Ibid. p. 27— 28. ;
(4) Ibid. p. 31.
{5) Plut, de Iside, " s = v v
et donnoient à Ce Dieu les surnoms de
Chanteur , Melpoménien et Cisséen,
ou de Dieu du lierre. Gé nom étoit tiré
de la .plante favorite de Bacchus ; et l’on
supposait, qulelle1 avoit pris naissance
;la première fois en cet endroit... Les
Egyp tiens ./ lui donnoient le nom de
Çiienosiris (. b ) , ou 4e Plante d’Osiris;
ce qui justifie les rapports d’identité
que nous avons établis entre l’Osiri*
Egyptien et le Bacchus Grec.
À Mégare (6) , Bacolius prenoit le
surn om de Nyctileus, ou de Dieu nocturne
, à cause, sans doute , du temps
où se oelebroieu t ses mystères : aussi
voyoit-on à côté X Oracle: de la Nuit,
et le .temple de Vénus Epistrophie.
Esculape et Hygiée avoient aussi leurs
statues dans cette ville :, où les grandes
Divinités., Gérés et Proseipine étoient
spécialement adorées, ( 7 ) ■ Polyeidua ,
espèce de Polyapthalinien ) on d’Argus ,
avoit consacré, le temple .de Bacchus à,
Mégare, ainsi qu’un p statue, de ce Dieu ,
laquelle étoit cachée , à l’exception de
la face , qui seule étoit découverte. Qn
vôÿôifc âussinne autre statue, de ce même
;Dieù , sous le nom de.- DcuQiliUs.. Le
temple de. Vé<mis étoit tout près de celui
de Bacchus.
Dana la place publiqne.de Corinthe ,
(8) on avoit élevé une statue de la, Diane
.d’Ephèseiet de Bacchus. Ce Dieu y pre-
-noit lè titré de Lysien. La fable de Keto-
■ thée , ennemi de Bacchus et iflis en
pièces: par les MénaSdes sur lè Cithéron,
se lioit à l’origine de cea statues. On
disoit, que le bois de l’arbrè sur lequel
étqit pionté- Penthée, : lorsqu’il,'épioit les
Ménades , .qui s’en. veqgèrentu'iServitf»
, faire ces statues , et devint l’objet de la
. vénération des Corinthiens , :, 4’apîes
l’ordre qui leur en fut , donné par la P,y«.
■ thie. . / , ... ’
À Sycione (9), près du théâtre, Bac-;
(6) Pausan. Attic. p. 38,
(7) Ibid. p. 41, .. .
(6) Pausan. Coriuth. p. 4^. 1 : ‘1
fai) Ibid. p. J®. " ’ ;‘î •; ! ’ (*)
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