leurs forces ce mot Oriental Eva ( 1 ) ,
qui est le nom du Serpent en général,
et en partictilier celui du Serpentaire,
ou de la Constellation, dans laquelle
lçs. Perses placent Eve et son Serpent.
Les Arabes l’appellent Hevan ou Al-
Evan, titre de Bacchus. Les Hébreux
l’appellent Chaia ou Chava, nom Hébraïque
d’Eve , et du Serpent. Les
Arabes, suivant Ulugbeigh, ou plutôt
Myde son Commentateur, y peignent
,un Serpent femelle, qu’ils appellent
Haiya. La tête de ce Serpent s’avance
dans la division de la Balance (2 ), par
laquelle se fait l’introduction du mal ,
et le passage des antes dans la région
ténébreuse. Le Serpentaire lui-même
s’appelle Hauwa ou al-Hauva ,* 1 Etoile
brillante de sa tête Ras-al-Hawa. Ce
mot Hauwa, a été prononcé Eva ,
Evan , etc. (3 )
C’est cette invocation faite au Serpentaire
Hawa , prononcé Evpë , et
au Serpent qu’il tient, qui a fait dire
i Clément d’Alexandrie, que les Initiés
aux mystères de Bacchus invoq.uoient
Eve (4). «Ils invoquoient, dit-il,
» dans leurs Orgies , Eiran, cette Eve ,
» par laquelle le mal s’est introduit dans
» le monde. Car, ajoute ce Père, sui-
» vaut le véritable sens de ce nom He-
» breu, le mot Evia, aspiré, désigne
» le Serpent femelle ( / ) >3. Or nous
venons de voir dans Hyde, que c’étoit
le Serpent femelle, que les Arabes pla-
qoient entre les mains du Serpentaire,
et qu’ils l’appeloièrit Haiya, et suivant
ÏLirker, Evan ( 5).
C’est sous le nom à'Evoë, qu’Amate
dans Virgile invoque Bacchus, dont
elle va célébrer les Orgies , à la tête
des Bacchantes, qu’elle conduit tenant
en main une torche allumée ( 6 ) ,
comme les. Inities de Cerès en avoi-cut.
(1) Demosth. Contr, Gtes. p. 568.
{i) Theon. p. 117.
£3) Hyd. Com. ad. Uiog- p. 24.
(4) Ctem. Protrept- p. 19.
É5J OE8‘P- L , )P' ' 97• 7 ' v - 3*9-
C’est Un Serpent, qui lui inspire les
fureurs qui l’agitent. Le Serpent étoït
consacré à Bacchus (7). On donnoit
le nom A'Eviask la Bacchante (Horac. 1. 3 , ode 19). Horace, apostrophant
ce Dieu dans un Dithyrambe (1. 2, ode
16 ) , lui dit, qu’il tresse les cneveux de
ses Bacchantes avec des Serpens.
Le Van Mystique, entouré du Serpent
, étoit porté dan s les fêtes Dion ysies
ou fêtes de Bacchus (8), sur la tête d’une
Prêtresse appelée Licnophore. Nous
avons vu déjà, dans las Isiaques , le
Serpent qui s’entortilloit en forme d anse
autour de l’Urne mystérieuse p peut-être
étoit-ce celui-ci, un des deux Serpens qui
accompagnoient la Déesse.
Rappelons ici ce que nous avons déjà
d it, sur les mystères de la secte des
Ophites (9). Ôn nourrissoit un Serpent
dans un coffret mystérieux, et on
l’eir faisoit sortir le jour de la célébration
des mystères. Le reptile s’avan-
ooit sur une table , où étoient disposés
Iss dons de Cerès, ou des pains,
et s’entrelaçoït entre eux.. On disoit
de ce Serpent , qu’il étoït celui qui
trompa Eve ; qu’il, étoit fils d’Iadalboth ,
Génie qui a sous luïles sept Sphères qu it
a engendrées, et qu’il enveloppe ccinse-
queniment celui qui réside dans le huitième
Ciel (g ). C’est par cet Iadalboth,
que l ame est descendue , dïsoit-on, dans
l’homme. Il sépara le monde supérieur-
au Firmament, ou le monde invisible du
monde visible ; il engendra ce Serpent,
en regardant vers le limon ou vers la matière
inférieure. Cette génération est la
même, que celle du Génie porte-Serpent,
dont parle Athrjnagore , et à qui il donne
le nom d'Hercule ('10) , nom du Serpentaire.
Ces Sectaires donnoient à ce Serpent
le nom de Roi céleste ; en même-
temps qu’ils disoient, que c’étoît ie même
(7) 'Plut. Symp. lib. 3 , Quaest. 6. Hor.l. a , 04-
16 , v. ao.
(8) Procl. in Tim. p. 124..
(9) Epiph. adv. Haep. c. 37-
(us) Âthsn. p. %
qui trompa Eve, et qui donna aux hommes
laconnoissance du bien etdu mal. Ce
Génie séducteur , suivant les Perses (1),
est celui que tient Ophiuchus. Nous rassemblons
ces traditions éparses dans les
mystères des premiers Sectaires du Christianisme,
parce qu’ils les avoient recueillies
eux-mêmes des Sanctuaires anciens ,
d’où ces notions étoient échappées. On
trouve par - tout le Serpent, par lequel
les âmes se dégradent et passent dans
l’empire des Ténèbres, soit par la génération,
soit en circulant dans la Sphère
des Planètes, etsur-tout dans le Soleil,
dont les routes sont coupées par l’Equateur
aux deux équinoxes , qui séparen t
l’empire de la Lumière de celui des Ténèbres.
Les Romains nourrissoient des Serpens
dans le Temple de la bonne Déesse,
comme ils en nourrissoient dans celui
d’Esculapé. Ces reptiles étoient apprivoisés
, suivant Macrobe ( 1 ).
Aux pieds mêmes de la statue de la
Déesse , on voyoit, comme aux pieds
de plusieurs images de la mère de Dieu,
un Serpent couché. C’est Plutarque
qui nous l ’apprend dans la vie de
César.
Le Serpent ou le Dragon se trouve
aussi placé sur la tête d’Hécate , dont
on célébra aussi les mystères, qui
avoient des rapports avec la théorie
des âmes ( 3) , comme on peut le voir
dans Plutarque. On la faisoit aussi fille
de Jupiter et de Cérès ; et elle fut
nourrie par le Bouvier de Cérès (4)-
La Statue de Minerve , que fit le
fameux Phidias (5) , avoit un Dragon
k ses pieds; et Plutarque dit que Minerve
et Isis étoient la même Divinité.
Au moins la Minerve de Saïs étoit Isis,
•t Athènes avoit tiré son culte de
Sais.
Dans l’initiation Pépuzienne, dont
les tableaux sont contenus dans l’Apo>
calypse (6), lorsque le Ciel ou le Temple
de la Divinité vient à s’ouvrir, le premier
objet, qui s’offre aux yeux de
l ’Initié , c’est une femme ailée , ayant
le Soleil sur sa tête, la Lune sous_ ses
pieds, et une couronne de douze étoiles.
Le Serpent ou Dragon marche à sa
suite, et semble la poursuivre. Nous
ferons voir dans notre explication de
l’Apocalypse , que cette femme est la
Vierge céleste , appelée Cérès chez les
Grecs, et Isis chez les Egyptiens.
Dans les mystères du Soleil, sous le
nom d'Apollon, on dut y voir pareillement
Latone et le Serpent Python, qui
la poursuivoit. En effet, dans les mystères
d’Isis , on voyoit ce même Dieu
figurer sous le nom d’ O m s , et le Dragon
Typhon, qui poursuivoit sa mère.
C’est à cette fameuse Isis, dont les
mystères ont donné naissance à ceux
dé Cérès, qui en sont une copie, que nous
allons maintenant nous attacherjet nous
ferons voir, combien, tous les tableaux,
que l’on offroit aux yeux des Initiés,
avoient d’analogie avec ceux du Ciel,
ou plutôt, qu’ils n’étoient que ceux du
Ciel, et des aspects des signes, mis en
spectacle dans les Sanctuaires et dans
les cérémonies de l’Initiation.
Nous allons d’abord examiner les emblèmes
variés, que l’on produisoit dans
la fameuse procession des Initiés, telle
qu’elle est décrite par Apulée (7). Nous
avons déjà remarqué plus haut, que le
Soleil, la Lune, Mercure et la Terre
y étoient représentés , chacun par un
symbole. Il est encore d’autres Etres
allégoriques,qui font allusion aux Constellations
, qu’il est à propos d’examiner
; ce que nous allons faire , quand
nous aurons cherché dans les Cieux
l’image d’Isis elle-même. La recherche
ne nous sera pas difficile, puisqu’un
(1) Chardin, t. j . (5) De jt jfejt P- 981— 37^— 3«3~ 314.
(*) Saturn. 1. t , c. l a , p. *15. (6) Apocal. c. 12.
(3; De Faci* in orljc Lunæ , p. 941. s Î7) - Apulée, Msuiuorp. L i l .
(4) Schol. Theoc. Idyll, a , r. 36, etTzst. ad
I.ycoph. v. 11 /8.
F f a