reconnoîire des ? apports frappans entre
ces divinités et les astres , dont le culte
étoit le fond essentiel du Sabisme ,
que nous savons d’ailleurs avoir été la
religion dominante, ou pour mieux
dire la seule de toutes ces contrées.
A la tête 4,e toutes ces divinités ,
ntvtis trouvons Belus, Bol ou Baal ,
qui rr’est autre chose que le dieu Soleil,
adoré sous différens noms par toute
la terre, et qui, dans ces pays , portoit
le titre de seigneur par excellence.
Ainsi les Chrétiens appellent leur dieu
Soleil, le Seigneur, et le jour qui lui
lui est consacré, le jour du Seigneur.
En effet, le nom de Bel, en langue
Assyrienne, équivaut au mot Adonis
en Phénicien; c’est Pépithèle seigneur
dans l’une et l ’autre langue, et ce Seigneur
est le soleil, maître souverain
de la Nature. Baal, en largue Chal-
daïque , observent avec ’ raison K.ir-
kêr (i) et Selden (2), signifie seigneur
et maître, et c’étoit le titre que l’on
donnoit à ceux qui , par leurs vertus
et la gloire de leurs exploits , mér'î-
toient les honneurs divins. Les dictionnaires
Hébreux et Chaldéens tradui-
firent également ce mot par celui de
maître et de seigneur (3). Ainsi on
cppella Baalim les divinités' tutélaires,
ou les espèces de Pénates que les
Romains appelloient Lares , dn mot
har en ancien Toscan, et qui signi-
fioit chef et maître ; épithète qu’ils
donnoient à leurs rois , tels que Lar-
Porsenna, Latt-Tolumnius. Belus étoit
donc un nom,qui fut commun à plusieurs
rois d’Assyrie, comme il fut
«ne épilhèîe commune à Saturne, au
Soleil, à Jupiter Planète, chez les
Chaldéens. Car, comme l’observe très-
judicieusement M. Hyde ( 4 )» chaque
Planète portoit le nom de roi , et de
Baal, c’est-à-dire, de maître et de dieu
On donna même cet je épithète au veau
d’or. Le soleil portoit le nom de nia},
tre et de roi 'des cieux, en Phéni.
cien, Beel-Samen , suivant Philon
traducteur de Sanchoniaton. (5).; I/é.
pithète de Beel , et de Baal étoit donnée
par excellence à la divinité universelle
de tous les peuples , et elle étoit cou.
sacrée d’une manière particulière dans,
la religion des Orientaux et des colo-
nies qui étoient sorties de ces régions,
Ainsi en langue Punique Baal, ou en
langue Assyrienne Bel , étoit une épi-
thète affectée à la divinité de Satiune
et du Soleil, comme l’obsefvent Serva
is, commentateur de Virgile (6),
et Isidore de Séville (7). Le même Servi
vius remarque aussi, que cette déno.
mination étoit commune aux rois,ou
à ceux qu’on eroyoit avoir régné Sur
ce pays autrefois, et au soleil adoré dans
toute cette contrée (8). ' On distingue
même, parmi ces rois, un Bélus le
jeune, qui portoit aussi le nom de
Mitlirès, ou de Mitbra , qui est le nom
du Soleil chez les Perses. Ce fut un Mi.
thrès , qui, suivant l’histoire des égyptiens
, fit élever des obelisqnes dans la
ville du soleil, où il régnoit(9). Cette
double dénomination de Bélus et de
Mithrès, est évidemment celle du dieu
Soleil. Aussi, parmi les différens noms,
que Nonnus donne à cet astre, adore
chez tous les peuples sous différens
titres , on y retrouve ceux: de Bélus
et de Mitbra. Ce poète,dans son hymne
au Soleil, invoqué à Tyr ions le nom
d’Hercule Astrochyton (10),lui dit : tues
Bélus sur les bords de l'Euphrate, An-
monen Lybie, Apis sur les.rives dulNil >
Saturne en Arabie, Jupiter en Assyrie»
Mithres, ou Mithra en Perse (11), Il
Hélios à Babylone , Apollon à Dd-
^i^OEdip t. 1. p. 562,
Ca) Seiden dediisSyriis fynt. 2. c. 1.
(•JyBuxtorf. Lexic. p. 81. Indexbatbr. ttChald p 20.
Abrah Trom. concorcl. t, 2.
(4) Hyde de vet- Fers. rel. p. 117.
(5) Eufeb. præp. Ev* {• !» c. 19.
(6) Servi Comm, in Ænéidl. i.v .73 3
(7 ) . Iiidor. i. 8.c. 10.
(8) Idem Serv. ad Ænéid. I. t, v. 646.
(9) Pline. Hiß. nat. i(. 36* c. 8.
(10 ) Nonn- DionyfH. 40. v. 396.
(1 lj Ibid. V. 405. ■ I
put*
plies, &c. On ne peut douter d’après
ce passage, que Bélus et Mitbra, Saturne,
Jupitrf&c. n’aient fait partie delà
longue litanie desnoms multipliés donnés
an Soleil , chez différens peuples. Les fictions ■ sacrées , qui en font des Rois
et des Princes d’Assyrie , et qui comptent
le premier et le second Bélus ,
ne doivent pas plus nous arrêter, que
les Chronolog’esfabuleuses de la Grèce,
qui comptent plusieurs Hercules , ,et
qui en font.des Héros et des- Rois ,
qui avoiont autrefois régné sur ce pays.
Il est possiblé que .la dénomination
de Baal, de Bel , ou Bélus , signifiant
■ seigneur et maître , fait été donnée à
des Rois et à des Princes ; mais ce
n’est pas de ces Rois ni de ces Princes
qu’il s’agit ici , mans des êtres honorés
par un culte religieux , et à qui
on avoit élevé des temples, sous le
nom de Baal et de Belus. On ne doit
y voir que les êtres sacrés, qui font
partie de la Nature , et qui ont mérité
les hommages de tons les peuples.
Parmi ces êtres censés divins , on doit
sur-tout distinguer le Soleil, la grande
divinité de toutes les nations , et surtout
celle des Assyriens , comme le remarque
Servius (i). Bel étoit, comme
l’a très - bien dit Geblain ( 2 ) , la divinité
suprême des Chaldéens, des
Moabites, des Ammonites , des Phéniciens
, des Carthaginois , et de tous
les'peuples en général , dont le Sabisme
étoit la religion. On retrouve ,
ajoute cet auteur, le dieu Bel jusque
chez les Gaulois , qui honoraient Bé-
lin ou Bélinus , le mêuie dieu qu’A-
pollon. Selden cite des inscriptions (3) ,
rapportées par Grutier, et des monu-
mens Celtiques, qui attestent le culte
de divinités pareilles en Angleterre ,
et en Gaule , où le nom de Bel , et de
Bêla entre dans la composition du
( 0 Servit!« ibid. v. 646.
(a) Mond. primit. I, 4. p. 483.
(3) Selden de diisSÿr.ïynt. a. p. s i8, Grutc foi. iad.
(4) Herod. 1. 8. p. 302. '
Relig. JJniv. Tome II.
nom des dieux , auxjuels ces mc-
numens étoient consacres. Herodien
parlant de Bélin ou Bélinus, adoré singulièrement
à Aquilée par tous les
peuples de la Norique, dit qu’ils prétendent
, qu’il est le même dieu qu’A-
pollon (4), ou que le dieu . Soleil, que
nous avons vu prendre tant de formes
et de^ noms, dans les chapitres pre-
cédens.
Il ne reste plus qu’à parler ici des
formes , que nous croyons qu il avoit
dans les temples de l’Assyrie , et surtout
àBabylone. Je suis por.té à croire,
qu’il eut souvent celles de Chrone. ou
de l ’PIercule d’Athénagore , de 1 Escu-
lape Grec et du Sarapis Egyptien. En
effet, on parle d’un dragon ou serpent
et d.e figures de lion placées dans ce
temple {S). Il est vrai, qu'on les place
près de Rhéa , à qui ces attributs
furent familiers. Mais on sait, qu ils ne
sont pas non plus étrangers au Chrone
ou Saturne , dont parle Athénagore,
qui est l’Esculape Grec, aimant de
la mère des dieux, et l’Hercule As-
trochyton , le Cadmus, change en
serpent, Sarapis, &ç. Belus , suivant
Cicéron , est l’Hercule Indien (6)« Baal
ou Bélus d’ailleurs , suivant Suidas (7),
étoit le grand dieu des Tyriens. Doue
il étoit le fameux Hercule Astrochyton,
adoré à T y r, l’Esculape de Sidon, honoré
sous le nom de Saturne , par les
Carthaginois originaires de Tyr , qui
immploient des hommes, victimes malheureuses
du culte de Baal : car on
sait qu’on lui en sacrifioit. Aussi
avons-nous vu plus haut, que les noms
de Bal et de Baal- étoient affectés à
Saturne , et au Soleil, chez les Assyriens
et les Carthaginois. Ce qui est
exact, s i, par Saturne, on entend
celui d’Athénagore , ou l’Hercule qui
vomit l ’oeuf Orphique, et qui repré-
Diodor. !• 2. c. 9. p. 123«
fé) Cicer. de nat. deor. 1. 2. e. 16« .
(7)Suid. Yoc. Baal.
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