vant Plutarque ( 1 ) , que la lune avoit
une lumière propre à féconder , & qui
renfermoit un principe d’humidité favo-
•rable à la reproduction des animaux & à
la végétation des plantés. Mais à quelle
epoque de la révolution annuelle ce
principe fécond sembloit-il principalement
se développer ? c’étoit incontestablement
à l ’équinoxe du printemps, autrefois
placé éous le Taureau céleste.
C’étoit à cette époque, que les Egyptiens
célébroient leur fête des Paamylies ou de
la fécondité universelle. C’étoit alors ,
que l’on célébroit l’action d’Osiris sur la
lune, ou l’entrée d’Osiris dans la lune ,
pour me servir de l ’expression de Plutarque,
{2) à l’occasion d'Apis, qu’il dit être
limage vivante d’Osiris, & porter sur
son corps plusieurs marques caratéris-
tïques de la lune, C’étoit ce contact
luni-solaire ou de la néoménie,
avec le Taureau céleste, que représen-
toit Apis , qui donna lieu à la fiction,
qui le faisoit naître du contact du feu
céleste, qu’éprouvoit au moment de la
conception lavache,qni luidonnoit naissance,
La lune étant l ’agent immédiate,
dont le foyer actif du feu Ether se ser-
voit pour modifier le monde élémentaire,&
organiser les corps, la lune, que
la physique ancienne appelle la mère des
générations, fut aussi censée être l’agent
de la génération d’Apis ou du Taureau,
qui représentait sur la terre le taureau
des signes, dans lequel arrivoit la conjonction
du soleil & de la lune, au moment
où le Dieu Ether tout puissant ve-
noit féconder la terre tout le monde
sublunaire .( 3 j. Voilà comment Apis
naissoit de l’action du feu céleste surune
vache, qui lui donnoit naissance. C’est
cette union d’Osiris ou du principe actif
avec la lune , dans la néoménie équinoxiale
de printemps , qui a fait croire à
quelques-uns, qu’Osiris étoit le monde
( l j Pïutarch. de Isidep. 367*
(2) Ibid. p. 368. - :
(B) Virgit. Géorgie. I. 2. v. 325.
éjp Piutarch. d* tside p. 367,
lunaire (4). Us s’appuyoientsurce que la
luneaunelumiereliuinide&féconde,pro-
pre tout-à-fait à la génération des aui-
maux&desplantes;&surceque l'humide
fécondest le principe caractéristique d’O-
siris, comme nous le dit Plutarque (5),
& comme nous l ’avons fait voir à notre
article Osiris (6). Tant de rapports multipliés
, qui lioient à la lune, a ses phases
& aulieu de son exaltation le fameux
Boeuf'Apis, ont fait croire à tort , quil
étoit consacré exclusivement à la lune,
quoique nous ayons fait voir plus haut,
qu’il î’étoit aussi au soleil ou à Osiris ("4).
D’où il résulte qu’il l ’étoit à la néoménie
; car elle seule réunit ensemble ces
deuxastres&deplus,qu’il l’étoitàlanéo-
menie du Taureau , puisque, suivant
Lucien , le Taureau céleste étoit repré«
senté par Apis. Enfin, qu’il,l'était à la
néoménie équinoxiale primitivement,
puisqu’autrefois le Taureau céleste , celui
que monte Mithra dans les monu»
mens de la Perse, étoit le premier des
signes, Aussi Porphyre ( 7)4 en parlant
duDieu Mithra, lui assigne-t-il sa place
dans la sphère près de l’équinoxe du
printemps , sur les signes du Bélier & du
Taureau, dont l’un est le domicile de
Mars & l ’autre, celui de Vénus. Car,
ajoute-t-il, Mithra est, comme le Taureau
, l ’auteur & le producteur de toutes
choses , & le maître souverain de la
génération des corps. Il avoit dit plus
haut, que la lune, qui préside aussi à la
génération, (8) prenoitee nom pu étoit
désignée sous le symbole du Taureau
pt avoit son exaltation dans cesigno cé-j
leste. Ceci s’accorde avec l ’explication
qn’Hor - Apollon nous a donnée du
Scarabée, qui étoit une des marques distinctives
d’Apis , lorsqu’il nous dit, que
cet animal étoit consacré àlà lune, parce
que cette planète a son exaltation au
Taureau céleste, Ce Taureau est aussi le
(p) Ibid. p. 355.
(6) -ci-delfus c. %•
(7/ Porphyr. de ant. Nymph. p. 124,
i|8| Ibid* p. 119,
domicile Astrologique de Vénus, comme
l’observe très bien Porphyre. Cette union
[de Mitrha an domicile de ladeesse de la -
Génération a fait croire à quelques auteurs
, tels qu’Hérodote , que Vénus,
[déesse des générations , s’appelloit Mi-
hhra chez les Perses,( 1 «Nous verrons
[bientôt, que le Taureau avoit les caractères
les mieux prononcés de la faculté
ténératrice, qui dévoient naturellement
[appartenir au signe del’équinoxe de printemps,
a u signe de l’exaltation de la lune,
[mère des générations & au domicile de
[Vénus, déesse de la génération. En
[attendant, suivons les rapports, que le
;Boeuf sacré & le Taureau céleste, dont
ul étoit l’image , avoient avec la lune
[dans les autres Cosmogonies ou théolo-
[gies,dans lesquelles le Boeufjoue un rôle
(important, & remplit des fonctions relatives
à la génération des êtres. La pre-
Itnière & la plus expressive de ces Cos-
[mogonies est celle des Perses, dans Ja-
[quelle le Taureau figure comme un des
[premiers agens de lanature . Suivant cette
Cosmogonie , son action étoit toujours
combinée avec celle de la lune , dépositaire
naturelle de l’activité féconde ,
[que le Taureau céleste exerce sur les
télémens, & sur tout l’ordre sublunaire.
[Nous allons transcrire quelques passâmes
de cette Cosmogonie , & donner
[quelques extraits des livres sacrés des
[Perses , où il est question du Taureau ,
[qu’ils invoquent dans leurs prières.
J’invoque & je célèbre le Taureau
elevé , disent ces livres (a ) ; ce Taureau
, qui fait croître l ’herbe en abondance
; ce Taureau donné pur, & qui
a donné l ’être à l’homme pur : & plus
loin,(3 j’invoque&je célèbreledivinMithra
élevé sur les mondes purs , les astres
, peuple excellent & céleste; Tas-
cliter, astre brillant & lumineux , &
C1) Hérod. I. 1. c. 132.
CD Zend. Avest. 1 .1. part. 2.p. 86.
C3I Ibid. p. 87,
(4) Ibid. 95.
(5) Ibid. 132.
Ç6) Ibid. d. 13j.
la Lune dépositaire du germe du Taureau.
Ailleurs (4 ) l’auteur de ces prières
invoque le Taureau élevé , qui fait
croître l’herbe verte, &c. Est-il possible
de mieux déterminer l ’époque de la ré-'
volution annuelle, où la nature semble
se ranimer. & renaître , après l ’état de,
înortauquell’a réduite l’hyver,qu’en faisant
naître l ’herbe verte, au moment où
le soleil & la lune s’unissent dans le signe
du Taureau & où toute la nature s’empresse
de faire éclore tousles germes de
fécondité, que la terre recéloit dans son
sein. Dans un autre endroit on lit, je fais
Izechné à Mâh ou à la Lune (5), dépositaire
de la semence du Taureau. Cette
prière, en style Egyptien, se réduit à
cette formule-ci, Je prie Isis , dépositaire
de la fécondité d’Osiris ; puisqu’Isis est
la Lune, & Osiris le Soleil fécond , qui
emprunte ses figures du Taureau équinoxial
du printemps,comme nous l ’avons
fait voir dans nos articles Osiris & Isis.
Je fais Izechné au cie l, à la terre (6),
à 1 eau, aux arbres , au Taureau pur.’
J invoque le corps du Taureau (7). On
sait,que les Egyptiens plaçoient dans les
astres l’ame de leurs divinités ; & conséquemment
dans le Soleil & dans le
Taureau uni au soleil équinoxial, l ’ame
d’Osiris , dont Apisétoit le corps vivant.
Que ma prière vous soit agréable (8),
intelligent Bahman , qui avez pris soin
de 1 ame du Taureau...........L ’homme
est sorti d’une jambe du Taureau (g ).
Si le Taureau, qui a été créé le premier
, va au ciel, rien ne diminuera sur
la terre (10); ce qui arrive nécessairement
à l’équinoxe du printemps , lorsque
le soleil s’unit au Taureau, & les
mois suivans, lorsque le Taureau monte
le matin devant le char du soleil. Dans
un antre endroit , ( 1 1 ) on lui donne
l’épithète de Taureau pur & lumineux.
L’auteur dè'ces prières s’adressant à Or-
(7 ) Ibid. 153.
(8^ Ibid. 1 6 1 ,
( 9 ) Ibid 161.
(10) Ibid. 164.
ffpfl Ibid, 171.