Egyptiens, qui, comme le dit Lucien (1 ),
n’a voient honoré des animaux dans leurs
Temples, que parce qu’ils.étoient des
emblèmes de ceux des Constellations.
Ainsi Isis, ses deux Serpens , sa
Coupe, sesEpis (oe), l’Ourse , le Singe ,
et le Pégase , qui formoient son cortège
Astronomique, sous le nom de P ara-
ruitollons , et que les Spheres anciennes
casèrent sous le signe de la Vierge ,
'qui se trouvoit le jour de l’équinoxe
de Printemps à la porte orientale du
Ciel, brillante des rayons de la pleine
Lune , ont été autant d’aspects célestes,
qu’on avoit retracés dans la pompe
Isiaque, et dans la fête de la pleine
Lune du Printemps. Nousne devons pas
chercher ailleurs, que dans les Cîeux ,
les types dé ces emblèmes. Nous y
joindrons celui du Vaisseau céleste (ri),
qui est placé sous le Lion, et qui monte
aussi avec elle, comme 1 assurent Era-
tosthène et Théon ( a ) , et comme le
prouve l’inspection d’une Sphère. C est
ce fameux Vaisseau , que les -Suèves ,
suivant Tacite ( 3) , avoient consacre
à cette Déesse, et qu’ils appeloieht son
simulacre. Comme il n’étoit point séparé
de ses autres Paranatellons, on
ne le sépara point non plus des autres
emblèmes consacrés dans sa fête.
La procession des Initiés s’avançoit
en bon ordre au bord de la mer. Là
se faisoit la principale cérémonie,
celle de la consécration d’un navire
artistement travaillé , construit avec du
bois de citronnier, et purifié par tous
les moyens reçus, tels que le feu , le
soufre etc. On y avoit peintes beaucoup
de figures Hiéroglyphiques, dans
le goût. Egyptien , et sur les vo.iles ,
le sujet des voeux des ‘ navigateurs.
Ce bâtiment rempli d’offrandes et d a-
romates , qu’on-y répandoit , profitait
d’un vent favorable , pour s’éloigner
du rivage. Dès qu’on l’avoit perdu de 1 2
(1) Lucian. t. I , de Astrolog. p. 316.
(2) Theon, p. 16A
{3) Tacit* de Morib. Geraian.
vue, les Prêtres et leur suite rerenoient
au temple ,' dans le même ordre , et
les Initiés rentroient dans le sanctuaire
, où l’on avoit replace les statues
des Dieux , ^chacune à sa place. La
cérémonie était terrain ée par des voeux
pour les navigateurs (o). Car on sait,
qu’Isis passoit pour présider à la navigation
, comme ayant invente le premier
vaisseau (4). Ce premier vaisseau
est le navire Argo , dont la belle Etoile
est Ganopus , Pilote du vaisseau d Osi-
ris , suivant Plutarque (p)- Le Traite
d’Isis, que nous avons explique, nous
a déjà montré bien d’autres rapports ,
entre le Ciel et les constellations , Isis
ou la Lune et ses courses. Il suffit de rappeler
ici, que le Chien céleste , appelé
Chien d’Erigone , ou de là Vierge, s appelle
aussi le Chien d Isis ; que le Chien
de Typhon, qui.poursuit Isis, estl Ourse
’que nous voyons dans cette procession
( 5 ) ;• les Cretois l’appeloient aussi la
Matrone ( 6 ).
Après avoir considéré la Vierge céleste,
sous le-nom Egyptien d’Isis , dont
elle est l’iiùage, consiuérons-la maintenant
, sous celui de Cérès, qu’elle portait
chez les Grecs. Nous avons déjà dit, que
tous les Astrologues anciens l’appéloient
Cérès ; et cela suffiroit, pour fixer notre
opinion. Mais ce qui vient encore a
l’appui, c’est que , de même que jamais
la Vierge céleste ne monte sans
être accompagnée et précédée de 1 Hydre
, et suivie du Serpent, jamais aussi
Cérès n’est peinte dans les monumen*
anciens , que portée sur un char attelé
de Serpens. La raison du choix, qu on
fit de ces animaux , pour les atteler à
son char, est la même , qui fit placer
Isis entre deux Dragons , c est-a-dire ,
la position même qu’a le signe céleste
de la Vierge, entre l’Hydre d’un côte,
qui précède son char , et le Serpent
de l’autre, qui le suit. Le Cratère , ou
(4) Hygin. f i a . 277 ; Falg. 1. 1 , e. *5.
(<) De Isid. p. ■357- 0 ) Diod. Sic. i. 4 , c. 79.
la Coupe, qui accompagne l’Hydre , ne
fut point oublié parmi ces emblèmes 5.
on. connoît le Cratère d’Eleusis, Nous
l ’avons vu aussi, dans la main d’Isis ;
et ce symbole n’étoit point étranger à
ces Déesses, par laraisori qu’il ne l’étoit
point aux mystères , comme nous l’avons
vu plus haut , dans un passage
de Macrobe , sur la chute des âmes,
qui descendent le long du Zodiaque.
Rappelons - nous encore ce que nous
avons dit d’un monument de Proserpine
, Où l’on voit la Déesse placée sur
la bande du Zodiaque, et nous ne douterons
pins, que laplûpart des emblèmes
consacrés dans les mystères, soit d’Isis,
soit de Cérès , ne soient empruntés des
Cieux , et conséquemment qu’ils ne
doivent s’expliquer par l ’Astronomie.
La robe Olympique, que l’on donnoit
à l’Initié , et qui e’toit un magnifique
manteau , parsemé de figures de Dragons
, et d’autres animaux, lequel ser-
voit à recouvrir douze robes sacrées ,
dont on le revêtoit dans le sanctuaire ,
faisoit une allusion mànifeste* au Ciel
étoilé, ét aux douze signes (1). Les sept
immersions , par lesquelles on le préparait
à la fête , en lui plongeant sept
fois la tête dans la mer, contiennent
également urie allusion aux sept Sphères,
à travers lesquelles Famé se plongeoit,
pour venir ici - bas habiter un corps.
En un mot on ne peut douter , que
dans les mystères, soit d’Eleusis , soit
d’Isis, il n’y eût beaucoup d’emblèmes ,
et d’allusions relatives à l’ordre du
monde, dans lequel entrait l’ame par
la génération. La plupart des explications
de Plutarque sont tirées de la
Nature , et dans tout sort traité d’Isis,
il rappelle la Mythologie Egyptienne
à des allégories surl’ordre du inonde,
sur la lumière , sur les ténèbres , sur
la matière et sur la force de résistance,
que le Demiourgos trouve en elle. Ché-
îémon y dans la lettre de Porphyre à
fi.) Apulée Metamorpb. 1. rr.
(3) lui. Fi.-, de Profc lteüg. p. if.
Annebon , dit en termes formels , et
nous l’avons prouvé , que la fable d’Isis*
en particulier est relative au Ciel, au Zodiaque
et aux Paranatellons. Il en dut
êtredemême de celle de Cérès (y), s’il est
vrai, comme l’ont dit les ancien* , que
cette Déesse soit la même, que l’Isia
Egyptienne, et que ses courses, pour
chercher sa, fille , soient celles d’Isis ,
pour chercher Horus. Firmicus, en combattant
les fables religieuses des anciens,
est forcé de convenir , que ceux-
ci prétendôient faire disparaître ce
qu’elles avoient en apparence de monstrueux,
par des explications, qui en fai—
soient autant d’allégories;, sur la Nature
(2) , et sur les astres. Cette opinion
étoit celle de plusieurs Philosophes:
anciens, dont parle Cicéron (3) dan»
son traité de la nature des Dieux«
Phornutus les explique aussi par ce
même principe 3 mais, comme il y a
eu du doute ', c’est aux explication*
elles-mêmes à le faire disparaître , en
ramenant à des idées simples des traditions
bizarres, telles que celles d’une
Déesse, qui vole sur Un char attelé de
Serpens , ou qui a pour tête une tête
de cheval ; ee qui ne peut trouver urr
sens, que dans l’Astronomie , et dan*
la théorie des Paranatellons.-En effet,
nous avons dit plus haut, que la Vierge
a pour Paranatellon le Pégase ; que cette
constellation, placée sur les Poissons , en
opposition avec la Vierge, se lève, quand
la Vierge se couche, et se couche, quand
la Vierge se lève. C’est cette apparence
Astronomique , qui explique la monstrueuse
3tatue/ju’avoit cette Déesse dans
un antre sacré chez les Phigaliens, dont
nous avons déjà parlé (4). La Déesse*
y étoit représentée assise sur une
pierre , ayant toutes lès parties du corps
de la femme, excepté la tête, qui étoit
celle d’un Cheval à longue crinière,
dans laquelle s’entrelaçoient des Serpens.
Elle étoit couverte d’un vêtement
p) D; Nat. Deyr. K- r, c. 1 p
(*) Pau»an. Aread. g. 271. Ci-dess. p. 13-24-