loo R E L I G I O N U
la marche : il étoit aussi chargé des purifications
; fonction qui fait pent-etre
allusion à celle du S o le ilo ù se purifient
les âmes.
Le troisième ministre d’Eleusis représentait
la Lune, sous le nom d’Epibâme
ou assistant à l’autel. On sait que la
Lune étoit aussi un des deux véhicules
des âmes, et une des deux grandes
portes, par lesquelles les âmes descen-
doient et remontaient. On ignore les
fonctions de ce ministre ; peut-être portait
il quelqu’image de la Lune ou de
petits autels, comme un des ministres
des mystères d’Isis (i).
Le quatrième étoit l’PIiéroceryx , ou
héraut sacré , qui faisoit les fonctions
de Mercure, compagnon inséparable dn
Soleil,secrétaire d’Osiris et d’Isis,de Mercure
chargé de la conduite des âmes par
les deux portes, par lesquelles elles
montent etredescendent (d). Les âmes,en
allant du Soleil vers la Lune, passoient
immédiatement par Mercure ; comme
aussi c’était de Mercure que le Soleil
lêsrecevoit, lorsqu’elles lui étaient rendues
, après avoir passé par la Lune. 11
était le lien dès deux mondes, et l’entremetteur
du commerce des âmes. Mercure
sft trouvoit donc essentiellemen t lié à cette
théorie mystique sur les voyages des
âmes dans la nature, qui étoit le grand
sujet que l’on traitait dans les initiations.
C’était lui qui lesadmettoit ou rejettoit,
suivant qu’elles étaient plus ou moins pures.
Aussi le héraut ou le ministre, qui le
représentait, avoit-il la charge d’écarter
les profanes de l’assistance aux mystères
, et accompâgnoit-il les Lampado-
phores dans leur marche (z). Mercure ,
sous le nom de Camillus , était aussi une
des Divinités de Samothrace (3 ),
On retrouve ces mêmes personnages,,
dans la procession des initiés aux mystères
d’Isis, qui furent le Type original
- de ceux d’Eleusis, comme nous l’avons
(1) Apulée, I. 11:
(z) Spon. t. 2 , p. zSj. Wheler. t. a , p, JiS,
(3) Svhol. Apoli. 1. j , v. JZ2.
N I T E R S E E L 1 ,
déjà dit ailleurs. Le premier tableau que
nous offre Apulée (4), qui nous a donné
la description de ces mystères , est
l’image symbolique de la nature universelle,
revêtue de tous les attributs qui la
caractérisent (e). Elle embrasse tous lés
élémens, et étend son empire, depuis les
Sphères de l’Olympe jusqu’aux abîmes
les plus profonds des enfers. A la tête
des ministres du culte de la Déesse,
paroît le porte-flambeau , ou le porte-
lumière , qui tient en main un vase d’or,
en forme de vaisseau , duquel s’élève
une lumière infiniment plus pure, que
celle qui éclaire nos festins et nos fêtes.
C’é toit sans doute le Dadouque d’Eleusis,
image du Dieu Soleil , qui répand sa
lumière dans tout l’Univers. La forme
de vaisseau rentre dans l’idée des anciens
Egyptiens, qui faisoient voyager
le Soleil et la Lune dans des vaisseaux
( 5 ) , et dans celle des Manichéens
(6), qui figuroient le Soleil et la
Luné, comme deux vaisseaux dans lesquels
sont transvasées les âmes (_/’).
A la suite du porte-lumière, marchoit
le porte autel, qui répond assez à l’Epi-
bôme d’Eleusis ,' symbole vivant de la
Lune. 11 étoit à-peu-près vêtu comme
le premier ; il portait dans ses mains
des autels. Il étoit suivi d’un troisième
ministre, revêtu du tons les attributs de
Mercure , portant la palme Astrologique
et le caducée.
Ce sont bien là les tfois ministres
d’Eleusis, qui viennent après le De-
miourgos ; savoir, le Dadouque , XEpi-
bôme,et\'Hiéroce>yx£o\i&ministres qui,
suivant Eusèbe, représentaient le Soleil,
la Lune et Mercure. Ce qui prouve
évidemment la ressemblance du cérémonial
des mystères de la Gérés Grecque
et de l’Isis Egyptienne, sans parler des
rapports que Plutarque et Lactance ont
remarqués, entre les fables de Cérès pleu-
rant Proserpine ? et d’Isis pleurant Horus.
(4V Apulée, Métamerph. I. 11,
(D Forph. de Ant. Nymph. p. 112.
(6) Bei pi. t. 1 , 1. f , e. 6, p. S®9.
Quelle
R E L I G I O N U : zoi
Quelle est la fable originale et de quel
côté est l’imitation ? Lé question n’est
pas. difficile:à résoudrez
Un: quatrième! ministre représentant
la justice sevêrë des Dièüx , qui deyoit >
prononcer sur ‘le sort: des âmes , marchoit'à
la suite des trois premiers, por- 1
tant une main de justice , symbole Oit -
turel de l’équité- (1.) qui président à Ce
jugement. I) portait aussi un vase , en
forme de mamelle,, rempli die : lait ,
aliment symbolique / employé dans les
mystères, où l’on traitoit de la théoriedes
âmes , suivant Macrobe et Porphyre ,
et qui faisoit allusion â la voie lactée , 1
paroùelles descendaient et remontaient.
Les âmes., suivant Platon (<2)', passoient
à la mort dans le champ de la vérité ,
où elles devoienti être- jugées par des
juges sévères et inflexibles.: On montroit
dans les mystères de l’Egypte j entre
autres emblèmes , tels que la barque ,-
le Nocher Oison etc;, des portes , qu’on
appeloit Portes de la vérité , près desquelles
étoit placée une statué sans tête ,
qu’on, nommoit la Justice, oG’est I-)io.-
dore (3) qui nous l’apprend. La main
de Justice , dans la-cérémonie d’Isis, pa-'
roît exprimer la même idée. Dans les
mystères de Mithra, on faisoit un discours
sur la Justice (4).
Deux autres ministres suivoient, portant
l’un le van (g) , et '.’autre un vase
rempli d’eaù, symbole frappan t dès deux
manières de purifier les âmes , qui'dé voient
être admiseSau séjour dés Dieux.
Nous avons-déjà vu dans Virgile (5) ,
aue les aines , qui «voient besoin d’être
purifiées, avant d’être admises à l’Elysée,
Fêtaient par l’air , par l’eaii et' pat ié>
feu. Servius prétend, que ce feu est celui
qui s’élève de la terre $ Car il y a
trois manières de purifier , ajoute cet
auteur , par l’air , par l’eau et- par la
terre. Aussi, dans toutes les cérémonies
religieuses , on emploie ’ ces trois ma-
(1) Porphyr. de Antr. Nympk. p. Somn.
Scip. 1. 1, c. 1 a , p. 48. ■
(a) Axiochus, p. 371,
(3) Diod. 1. 1 . p. 61.
Relig. Univ. Tome II,
U V E R S E L L E .
nières ; et ü cite, pour exemple, les cérémonies
de 'Bacchus. Il prétend, que la'
purification'pâr le feu des soufres et des
matières résineuses exprime be feu, que
recèle la terre , en sorte que lestroisélé-
njèns, destinésàuxpurifications, étaient,
suivant lui y l ’air , l’eau et la terre , et il
prétend que Virgile les ff rangés dans
leur ordre naturel.C’est Aussi l’ordre,
qnelessymboles suivent ici 3 car, après
lé van, symbole des purifications par
l’air, . après le vase , symbole des parifi-
cations par l’eau, Apulée nous montre
un autre symbole , c’est celui de la terre,
représentée , dit-il /par l’animal qui la
cultive. Son effigie étoit portée par un
autre; ministre , qui s’àv’artçoit d’un pas
majestueux.
Survins, dans un autre endroit (6),
regarde le van mystique des Orgies ,
comme le symbole de la purification
de l’ame ; et il ne fut/suivant lui ,ëm-;
ployé dans lesmvstères de Bacchus, que
parce que ces mystères a voient pour
objet de purifier les âmes. 11 ajoute,
que le crible fut employé; dans les
mêmes vues, dans les mystères d’Osiris
ët d’Isis , dans lesquels on enseignoit,
qu’Isis mit'sur lè crible les parties naturelles
d’Osirîs. déchiré par Typhon ;
que l’Osiris des Egyptiens est le Bacchus
des mystères , celui qu’Orphée dit avoir
été mis en1 pièces par les Titans.
■ Si le van , Comme nous n’en pouvons
douter , étoit le symbole de la purification
dés âmes par la ventilation , ou
par Mata le vasë, symbole de l ’eau , le
boeuf, symbole de’là terre, avoient donc
trait aux deux’ autres purifications par
l’èàù ët par la terré , que Servius dit
avoir été usitées dans tous: leSmystères,
en observant cet ordre, que l’air , l’eau
et la terre forrnoientutie échelle de purifications
, telle qu elle se présente dans
les • élérnens , et 1 telle cju’eile s’offre
ici dans la procession des Isiaques j
(4) S. Justin, adv. Tryph. n. 17#.
« Vir^ii. Æneidué , v. 74Q. .
(6) Comm. Georg. 1. 1 , v. 166. Georg. I. a"
V. 3%.
Ce*