équivalent à la lyre aux sept cordes ,
destinés tous deux à représenter l’harmonie
universelle du monde , dont le
soleil est l'aine et le lien, sous les noms
soit d’Apollon , soit de Pan. C’est pur
une suite de cette idée allégorique,qu’on
a donné à Pan pour femme Echo,qui représente
les sons, qui composent le
système harmonique des sphères-, suivant
l’opinion des anciens , et sur-tout
desPy thago ricie ns. Ce tte flûte pastorale,
formée de l ’assemblage de sept tuyaux
inégaux, représentoit assez bien les rapports
des rayons des.sept sphères, dont
le plus court étoit celui de la sphère
de la lune , et le plus long celui de
la sphère deSaturne.Un souffle unique,
distribué dans ces sept tuyaux, imitoit
celui de l’ame unique , qui engendre
l ’accord harmonique des sept sphères
concentriques ; aussi quelquefois le représente
t-on avec sept cercles concentriques
dans la main. (1) Macrobe dit
pareillement, quel’épousede Pan, ( 2 )
Echo , désigne l’harmonie des cieux laquelle
est amiç du Soleil, qui est le premier
régulateur des sphères , d’où naît
cette harmonie , qui échape à nos sens.
Ceci s’accorde parfaitement avec ce que
dit de Pan l ’auteur de l’hymne orphique
(3) en l'honneur de ce dieu. 11
1 appelle le génie modérateur de.l’harmonie
du monde , et l’arbitre des astres.
Aussi était-il du nombre des huit
grands dieux , ou faisoit-il partie du
iameux octonaire , résultant de l assem-
blage des sept sphères et du huitième
cie l, ou du ciel des fixes. Sous ce rapport
, Pan étoit considéré dans son action
supérieure, ou dans celle qu’il
exerce au-dessus du ciel de la Lurie ,
comme principe du mouvement et de
l ’harmonie des cieux ; tandis que- son
action, dans la partie inférieure , étoit
exprimée par le développement des organes
de la génération , et par un priapisme
habituel, qui caractérisoit le penchant
de la nature inférieure vers la
génération , et qui méritoit à Pan i’é-
pithète dePolyspore (4) , ou d’abondant
en semence,, qui lui futsouvent donnée,
et qui le fit appeller Priape.
On lui ajoute encore d’autres attributs
, relatifs à la force féconde , et à
l ’abondance qui en résulte , commeon
peut le voir dans Phornutus (5) , qui a
assez bien décomposé Pan dans sa par.
lie supérieure , qui agit sur l ’Ether , et
dans sa partie inférieure , qui organise
la matière sublunaire : deux qualités
que les anciens ont attribuées au soleil,
chef et modérateur des sphères , dans
lesquelles il distribue la lumière , et
moteur des élémens, qu’il agite et
qu’il vivifie par sa chaleur.
Il prenoit l’épithete de Bonum Numen
ou bon génie, ce qui convient à la Chfe.
vi e appellée bonne déesse chez les Romains
, et qui a conservé l ’épithète de
F é lix Sydus. Aussi Phornutus ajoute-
t-il aux traits de Pan , que la corne
d’Amalthée étoit remplie de ses bienfaits
et étoit un de ses attributs. Cette
épitliète de bon génie ou bon principe
lui étoit commun avec Osiris , avec
Ormusd,ou avec le principe bienfaisant,
dont l ’empire sur la nature s’exerçoit
dans les six signes supérieurs, à l’entrée
desquels est placée la Chèvre avec
ses Chevreaux, dans a main du Cocher.
Cette idée de génie bienfaisant, appliquée
à la Chèvre céleste, se trouve-con-
sacrée dans les moiiuiuens des Indiens,
dans un manuscrit de la bibliothèque
Nationale, n°. 11 , où sont dessinées et
enluminées des figures, qui représentent
les incarnations de Vichnou , ou du
spleil et de l’aine du inonde. On voit
souvent ce dieu avec une petite chèvre
sur le doigt ; il est représenté ainsi
dans la figure première, sous le titre
de dieu bienfaisant, qui domine sur
( 1 ) Kirker. OEdip. t. i l (4) Anth. Epig. I. 4. c. 13. p. 476.
(a ) Macrob. Sat. L i. c. 21. . . , ; (5) Phorn. c» 27.
(j ) Hymn. Orph, v* poët. grec. p. £04.
tout le inonde. Il a quatre bras, nombre
égal à celui des saisons , et il porte sur
un de ses doigts une petite chèvre.
A la table trente deuxième , on voit
Isproun, dieu bienfaisant, descendre du
ciel pour exterminer le monstre Tipe-
\rant, qui ravageoit la terre. Il tient
[d’une main la petite chèvre et de l'autre
il perce le monstre son ennemi,
f Iogui-Hisper, est une divinité qu’adorent
les Indiens , sous la forme du
croissant, et qui exprime la conjonc-
[tion du soleil avec la lune, que dési-
Ignoit aussi la statue à cornes de bouc ,
(élevée à Eléphantine en Egypte. Ce génie
Indien a quatre bras ; il a sur la
[tête le croissant de la lune et une petite
chèvre sur le 'doigt. Ainsi l ’Inde n’a
pas oublié l ’attribut caractéristique du
bon principe,qui agitàlaNéoménie équinoxiale,
et a rendu la même idée , qu’ont
(exprimée les Grecs par le Bouc, compagnon
de Bacchus, les Egyptiens par
(leur dieu à formes de Bouc, compagnon
d’Osiris à tête 4e Taureau , et les Scandinaves
par les boucs , qui altèlent le
char du dieu Thor, armé de la massue
à tête de boeuf. Le génie des sculpteurs
jet des ,peintres a varié, mais c’est la
même idée cosmogonique qui a partout
1été ainsi exprimée. On trouve, dans les
Grottes d’Ilourâ dansl’Inde, ledieuBouc
des Egyptiens , avec son nom de Men-
dés {f), qu’il portoit en Egypte ; tant
il y a eu d’accord entre les Cosmogonies
[de l’Egypte et de l ’Inde dans la haute
antiquité. Car les Indiens rapportent les
jinonumens d’Iloura à des temps très-re-
rculés, et ils les regardent comme l ’ou-
r rage des génies ; ce qui prouve leur
(ignorance sur l’époque éloignée à laquelle
ces monumens remontent. Les
(dieux ou génies aux attributs de Bouc
mous sont retracés dans le fameux Bouc
Azunades Samaritains et des Chuttéens,
jdont nous avons parlé; dans les Faunes,
[Sylvain et les Satyres des Grecs et des
CO Anq. Zend. t. I. c.249.
CO Maimon. more nev. !. 3. c. 47.
Romains , qui jouoient un grand rôle
dans la Cosmogonie des apejens Patres
de l ’Arcadie. Maimonide, (2) le plus savant
des Rabbins , nous dit que ce culte
faisoit partie düSabisme ou du.culte des
astres. Que les anciens Sabéens ado-
roientdes génies, qu’ils supposoient se
manifester à eux sous la forme de Bouc
et qu’ils appeloient ces génies les chevreaux,
et que eette opinion remontoit
aux siècles où l ’on fait vivre Moyse , et
au temps où. l’écriture nous dit : <* ils
n’immoleront plus leurs victimes aux
boucs et aux chevreaux. » Selden observe
, que le Lévitique c. 17. v. 7. défend
au peuple de sacrifier aux génies, et que
le mot hébreu, par lequel ces génies
sont désignés, signifie hérissés de poils,
comme les Satyres , c ’est-à - dire des
boucs, comme le traduit Selden. (3) Ces
boucs ou génies à forme de bouc étoient
les intelligences, qui siégeaient dans les
étoiles marquées de cette forme , et ap-
pellées de ce nom , et qui inspiroient
les chèvres prophétesses soumises à leur
influence. Car, comme le boeuf Apis
rendoit des oraoeles dépendans du Taureau
céleste, il y avoit aussi des chèvres ,
qui en rendoient également, et par une
suite du même principe astrologique,
qui fut, suivant Lucien , la base de la
divination. Eusèbe (4) nous parle de ces
chèvres prophétesses , ainsi que des,
corbeaux dressés à rendre des oracles.
Ces deux animaux ont leur type dans
leà constellations. Je ne vois pas en
effet,pourquoileSerpentou l ’Hydre placé
sous la Vierge,et la Vierge etie-même
auroient eu plus d’empire sur J’oracle
de Delphes , que le Corbeau placé sur
l’Hydre n’en eût eu sur des corbeaux
sacrés? Pourquoile Bélier et le Taureau,
placés aux limites équinoxiales, auroient
exercé leur influence sur l’oracle d’Am-
mon et de Memphis , et pourquoi la
Chèvre , qui est au-dessus d’eux , n’eût
pas eu aussi son oracle ? Pourquoi Amal-
(3) Seld. prof, p, 3g.
(4) Euseb. præp. evan. I. 2, c. 3«