lesquels une foule d'emblèmes Astronomiques
furent rassemblés. Comme nous
en donnons la description, et des explications
plus détaillées dans la troisième
partie de cet ouvrage , nous n’en parlerons
pas ici. Nous ne parlerons pas
non plus des épreuves différentes , et
sur-tout cruelles , par lesquelles on
faisoit passer les Aspirans ; ainsi que des
préparations lustrales, des jeûnes, des
abstinences et des macérations , qui
étoient les préliminaires de ces cérémonies
, ou qui les accompagnoient. Tous
ces détails trouvent leur place dans la
deuxième et la troisième partie de ce
Traité.
L ’initiation Mithriaque avoit plusieurs
degrés. Le premier étoit celui de Soldat
de Mithra (1). La cérémonie de la réception
consistoit à présenter à l ’Aspirant
une couronne , soutenue d’une
épée : on l’approchoit de sa tête ; et
il l’écartoit lui - même , en disant :
« C’est Mithra, qui est ma couronne ».
Alors il étoit déclaré Soldat de Mithra ,
et il avoit le droit d’appeler les autres
initiés Commilitones ou Compagnons
d’armes.
Ils passoient ensuite par le grade de
Lion , pour les hommes, et de Lionne ,
pour les femmes (a). Peut-être ces noms
désignoient-ils la force , qu’ils avoient
alors acquise ; ou étoit-ce une qualité
empruntée du Dieu - Soleil même, qui
avoit pour symbole ce Lion, lieu de
son domicile. On connoît le Lion Mithriaque
: sa figtire se trouve toujours unie
aux monumens de Mithra, comme on
peut le voir dans une de nos planches.
Ces cérémonies prirent en conséquence le
nom de Leontica et d'Heliaca. On leur
donna aussi le nom de Coracia oud’Iero-
coracia, de Corbeaux , ou de l’oiseau
consacré au Soleil, placé dans les Cieux
sous le Lion, avec l’Hydre, et gravé, corn-
(r$ Tertull. de Coronâ. c. 15.
(aj Porphyr. de Abst. i. 4, §. \6.
(5) Hieron. Epist. ad Læt. J.
(4) Grutt. Inscr. p. Vf, n-0.
me elle, dans le monument Mithriaque^
On le voit, dans un coin du bas-relief,
comme spectateur de la scène. Les Prêtres
eux-mêmes d’un certain ordre s’ap-
peloient Corbeaux (3). De-1 à ils passoient
dans un ordre plus élevé, oùils prenoient
le titre de Perses, soit de Persée , soit de
la Perse ; puis ils prenoient celui de
Soleil ou Helios, de Bromius, nom de
Bacchus. Au - dessus d’eux étoient les
Pères , dont le Chef ou Patriarche étoit
Patèr patrum ou Pater Patratus (4).
On donnoit aussi aux initiés les noms
d’Aigle et d’Epervier , tous animaux
consacrés au Soleil , chez les Egyptiens
(5).
■ Le Miel entroit de préférence (6)
dans les offrandes faites à Mithra.
On voit dans Plycle le Lion Mithriaque,
tenant une Abeille dans sa gueule.
Etoit - ce une allusion à l’initie' aux
Léontiques , dont on frottoit de miel la
langue et les mains (7)? Ceci me rappelle
le Lion cle Samson , ou du Dieu-
Soleil , l’Hercule Philistin , dans la
bouche duquel étoit un rayon de
miel.
Il y avoit, dans le culte de Mithra,
une foule de pratiques religieuses fort
semblables à celles des Chrétiens, que
ceux-ci ont empruntées d’eux, et qui
nous fournissent des traits de rapprochement
entre le Christianisme et le
culte Mithriaque. Nous n’en parlerons
pas i c i , afin d’éviter les redites : on
les trouvera dans notre traité sur la
religion Chrétienne , comparée à celle
des Perses et des Mages.
C’est ce qui fait que nous ne donnons
ici, qu’une très-petite étendue a
l’article Mithra, parce que nous entrons
ailleurs dans de plus grands details
, sur cette Divinité et sur le
culte Mithriaque.
C’est par la même raison, que nous
(5) Hor. Apoll. 1. 1.
(6) Porph. de Ant. Nympfa. c. iG.
(7) Idem de Abst. h 4 , §. ié<
n’avons pas fait un article séparé du
culte Isiaqùe, parce que x°. nous l’avons
vu souvent se confondre avec celui de
Cérès, qui en fut chez les Grecs une
copie ; ce- qui nous a engagés à les
réunir ensemble , toutes les fois qu’il
en a été fait mention dans Pausanias.
à0. Parce que , dans la troisième partie
de cet Ouvrage , nous entrons dans le
plus grand détail, sur la procession
d’Isis décrite dans Apulée, et sur les
pratiques religieuses des mystères de
cette Déesse. 30. Parce que nous avons
déjà analysé le traité de Plutarque sur
Isis ( 1 )T ensorte que nous en (lirons
ici peu de chose. Nous observerons seulement
, que ce culte né en Egypte ,
où il se trouve établi dès la plus haute
antiquité , passa en Grèce d’abord et
ensuite à Rome. Nous avons -vu une
foule de Temples élevés, dans différens
lieux de la Grèce, à cette Divinité,
sous son vrai nom d’Isis, et souvent
nous l’y avons trouvée unie à Sérapis ,
ou à Esculape, le Pluton Grec. Macrobe,
parlant des honneurs que les Alexandrins
rendoient à cette Divinité ( 2 ) ,
dit que c’étoit un culte penè attonitae
venerationis, et que la religion du Soleil
en étoit la base. Il compare les cérémonies
qui se faisoient en honneur des
Divinités Osiris et Isis en Egypte , à
celles d’Adonis et de Vénus en Phénicie,
à celles d’Atys et de Cybèle en
Phrygie ; il prétend qu’elles ont toutes
le meme objet. Ainsi ce sont les mêmes
mystères, que nous avons déjà vus sous
différens noms et sous différentes
formes.
Les mystères d’Isis n’étoient encore
que'ceux de Cérès, sous un autre nom ;
et ce nom étoit le plus ancien, quoiqu'ils
parût aux Romains une Divinité
moderne. Nous l’avons déjà retrouvée
plusieurs fois en Grèce, sous ces deux
(0 Ci-dess. t. 1 , 1. 3, c. 3.
(*) Macrob. Sat. 1. 1 , c. a j ; ibid. c. a i , p. u .
(3i Tertullian. ad Val. c. 10. Apolog. c. 6.
U) baser. Ap. Grutt. p. 3*5, n°. $1.
noms, quoique celui de Ceres ait ete
généralement le plus commun. Isis et
son compagnon Sérapis furent ( j )
chassés de Rome , où T on consen-
toit néanmoins à les honorer, sous la
dénomination de Cérès et de Pluton ,
ou d’Esculape ; car les noms font tout
chez la plûpart des hommes. Le titre
de Pélasgique , qu’lÈÎs prend à Rome ,
dans certaines inscriptions (4) , feroit
croire que son culte vint de Grèce, et
principalement de Corinthe , où nous
l’avons vu honorée, sous cette dénomination.
Corinthe , placée au centre
de la Grèce, et sur le bord de deux mers,
qui l’a rendoient florissante par son
commerce, devoit naturellement adopter
le culte d’Isis , dont les Images furent
souvent accompagnées d’un vaisseau.
Ce vaisseau est celui des Constellations,
placé au midi de la Vierge, ou de
l’Isis d’Eratosthèrie, et qui se lève toujours
avec elle (5). C’est ce même vaisseau
que les Romains.unissoient aux figures
de Janus, ou de l’Etoile de la Constellation
de la Vierge céleste, dans laquelle,
suivant Plutarque, ils placèrent
Janus. C’estjencore ce même vaisseau,qui
accompagnoit la statue d’Isis chez les
Suèves, peuples de Germanie , ■ qui, si
nous en croyons Tacite (6 ), adorèrent
Isis sous cette forme symbolique. Ces
circonstances Astronomiques , ou cette
union d’aspect entre Isis et son vaisseau
, firent dire à ceux qui voyoient les
Images de la Déesse, qu’elle avoit inventé
la navigation. On lui attribua
l'invention des voiles , et la construction
du premier vaisseau (7) ; c’est-à-
dire, du Vaisseau céleste, ou du Vaisseau
Argo, qu’on dit avoir été le ptemier.
Ce vaisseau, dit Eratosthène (8 ), est
le premier qui ait été fabriqué , et
Minerve l’a placé parmi les Constellations.
On sait, que l’Isis de Sais s’ap-
(5) Hygin, 6.1. 3,c. 3t.
(6) Tacit. de Morib. Germ.
(y) Hygin Fab|. Fulgent. 1. 1, e. »5.
(6) Eratosth. c. 35.
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