qui a en ses premières faveurs, (i) Après
differentes questions qu’elle lui fait sur
le nom du dieu , soit Mars, soit J/ler-
çure , soit Apollon , soit Neptune , (2)
elle lui donne à entendre , que si elle
croit que c’èst Jupiter , elle n’a d autre
moyen de s’en assurer, que d inviter
ce dieu à venir cher. elle dans tout! éclat
cfe sa gloire et aimé- de sa foudre :(3)
qu’à ces traits elle ne pourta le mécon-
noître. La jeune p: incesse , trompée et
aveuglée par l'ambition, demaude a son
amant cette marque distinguée de sa
tendresse, (4) Elle veut qu’il se montre
à elle tel qu’il paroît aux yeux de Ju-
non , lorsqu’il partage sa couche. (5)
Elle se plaint de ne l’avoir encore yu
venir que sous la forme de taureau (6) et
de serpent, tandis que Junon le reçoit
tel qu'il est lorsqu’il lance le tonnere ; et
qu’elle touche elle même sa foudre. (7)
Elle veut dans ses amours plus de bruit
et plus, d’éclat. Je n’ai point encore vu
en vous , lui dit-elle ., les formes majestueuses
d’un dieu. (8) Jupiter s afflige de
cette demande indiscrète, (9) et accuse
les Parques ennemies de son amante.
Comme il en prévoit les suites et qu il
veut sauver Bacchus, il charge Me’rcure
d’arracher ce jeune enfant aux feux terribles,
(10) qui vont consumer sa mere
Thyoné- (yS) R fait quelques représentations
à son imprudente amante, sur
les' dangers auxquels elle s’expose ; (11)
enfin il finit par lui accorder sa demande.
(iajSémélé s’enorgueillit de cette faveur
singulière, qui la place infiniment
àu-dessus de ses soeurs. (i3) Tandis que
cette princesse infortunée', ivre d’or-
cueil et de joie , veut toucher la foudre
redoutable, (34) elle périt au milieu de
ses feux. Son fils échappe à l ’incendie
qui consume sa mère , (i5)sauvé par lès
soins de Mercure. Jupiter, sensible au
malheur de.son amante, la place au
ciel, (16) ou surla voûte des astres; elle
y a pour société Jupiter, Mercure, Mars,
Vénus , et la Lune ou Diane.
C h a n t n e u v i è m e ,'
Cependant le maître des dieux dépose
dans sa cuisse le jeune Bacchus, (17)
jusqu’à ce que le foetus soit arrivé à
terme , et alors il l’en retire , pour le
mettre au jour. Au moment de cette
nouvelle naissance de Bacchus , les
'Heures (18) se trouvent prêtes pour le recevoir
et lui mettent sur la tête une
couronne de lierre. Elles entrelacent sa
coëffure du ceraste tortueux, ou du serpent
dont le front est armé de cornes ,
afin de retracer la double nature de Bacchus
taureau et serpent. (19) On se rappelle
en effet , que ces forints étoient
celles du dieu Bacchus taureau fils du
serpent , tel que le représentoient les
mystagogues , qui nous ont laissé la fameuse
formule, dont nous avons si souvent
parlé. Quant aux attributs de taureau
, ou à l’épithete de tauriforme et
de dieu qui a la nature du taureau, jamais
Nonnus ne manque de la donner à
Bacchus. Il l ’appelle l ’enfant bien encorné,
image delalune. (20) Ilnouspeint
Mercure, qui le porte à travers les airs,
pour le remettre et le confier à des nymphes,
qu’il dit êtrenymphes deseaux, (ze)
Telles étoient les Elyades. Junon les
ayant rendu furieuses,(21) Mercure fut
obligé de le retirer, pour le confier à
Ino(22)fille deCadmus et soeur de Sémélé,
(1) v. 215. 00 v. 245.
■ (3) v- 250.
(4) v- 290. «c.
CS) v. 298.
(6) v. 322.
g# V. g!». 00 v. 343.
CÔ v- 35<>-
(10) v. 344.
(10 * 365. -
(12) v. 370. ,
0 3 ) v- 385-
'£14) v. 39°-
£15) v. 400.
(.16j v. 410.
(17) l . 9. v. 3. (lij V. 12.
£19) V- M
(20) V. 27.
(11) v. 40.
(22) v. 54-
déesse marine , mère de Palémon. (1)
Jjes deux enfans sont nourris ensemble.
(2) Mais Junon ayant encore mena-
fcé de sa,colère éette nouvelle nourrice,
Mercure le retire des mains d’Ino , pour
le remettre en dé p ôt à Rliéa ou à Cybèle
jelle-mêmë, (3) qui en prend soin. Dès sa
plus tendre jeunesse , la déesse lui1 apprend
à mo'nter sur un-char attelé de
[ions, animaux consacrés au soleil. (4)
Ainfi Bacchus croissoïtet se fortilioit de
jour en jour sous la tutele deRhéa , ou
de l’épouse d’Ammon, suivant la théolotie
des Libyens. Il y a cette différence
Entre les deux traditions, que dans celle
ides Lybiens Rhéa , femme d’Ammon ,
Est jalouse de Bacchus , et son ennemie,
pomme Junon , au-lieu qu’ici , c’est elle
[qui le nourrit. (5) .
[ Nqnnus nous peint les Pans, (6) ou
les génies à pieds de chèvres, qui dan-
jsent autour du jeune Bacchus, et composent
le cortège du dieu aux formes de
taureau. C’est-à-dire qu’il donne au so-
ileil équinoxial, nourri par les Hyades ,
tau Bacchus fils de Thyoné, une desPIya-
[des, le même, cortège qu’il a auxcieux.
[Carau-dessus du Taureau , est le Cocher
avecsachèvre etses chevreaux filsdePan,
puisqu’Aigala chèvre est femme de Pan.
Les Pans célèbrent leurs danses en répétant
le nom de Bacchus , tandis que
ISemélé, encore brûlante (7) aux deux,
s.enorgueildt des succès de son fils et des
soins particuliers qu’en prenoien.t Jupiter
et Cybèle.(8) Cependant Junon irritée
contre Ino , "(9) qui avoit osé recevoir
|Bacchus et le nourrir, se déclare contre
eue et accable de malheur sa maison.
Tout le morceau épisodique , qui ren-
1 ferme le récit de cette vengeance de Juiron,
remplit le rçs.te de ce chant et une
partie du chant suivant.
C ha nt d i x i è m e .
Parmi les différens traits de cet
épisode, on y distingue sur-tout celui
du., bélier à toison d’or , qui porta
(10) Phryxus et Hellé, et qui, par,
son lever du matin avec le Cocher,
annonçoit l ’équinoxe du printemps.
Nous en avons parlé plus au long dans
notre explication du poème des Argonautes.
À la suite de cet épisode , le
poète nous ramène en Lydie , où Bacchus
(11) étoit élevé , jouant avec les Satyres
, et se baignant dans les. eaux
duPactole, (12) dont les rives sont bordées
de verdure émaillés de fleurs. C’est
là que, jouant sur les coteaux de Phry-
gie, il fait connoissance d’un jeune Satyre,
appellé Anpélus, ou la Vigne. (i3)
Le poète nous fait la peinture de ce
charmant enfant et de ses grâces naissantes
(14) , qui inspirent à Bacchus de
l ’intérêt pour lui. Bacchus l ’aborde ; lui
dit les choses les plus flatteuses. Il le
questione sur sa naissance ( i5) , et finit
par dire qu’il le connoît et qu’ilsaitqu’il
est fils du Soleil et delà Lune (16). Bacchus
en devient amoureux (17). 11 n’est
content que lorsqu’il est avec lu i, et
s’afflige de son absence (18). L ’amour
d’Ampeln^lui tient lieu de tout : il finit
par le demander à Jupiter , et il sollicite
cette grâce avec les plus vives instances
(10) • Ici le poète nous fait la description
de leurs jeux et de leurs amuse-
mens (20). On voit Bacchus qui prend
plaifir à se laisser vaincre par celui qu’il
aime (2i).Ampelus est toujours vain-,
queur à la lutte(22) et à la course. Dans
(1) v- 91.
dû v. 97.
r3) v. 138.
£4) V. 192.
(S) v. 200.
£69 V. 201.
(7) v. 205. (V V. 222.
£ 9) v. 243.
£*o) L. 10.
(U)v. 140.
v. IOC.
(12; v- 145.
(13) T‘ !# • ■
£14; V. ISO.
£15) v- I9<>- •
£169 v. 214. (ij) V. 220.
(i%) v. 229.
(19) v. 292. (•2.0) V. 330.
f21} v. 360.
P 0 V. 375.