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chus, chez les Grecs, avoit été emprunté
des Egyptiens (1), qui a voient également
consacré l'oeuf à leur Dieu Osiris , qui
fut le modèle du Bacchus Grec. Osiris ,
germe de lumière, étoit censé (z) né de
eet oeuf fameux, au rapport de Diodore.'
Les habitans de Thèbes, dans la haute
Egypte, représentoientce Demiourgos ,
vomissant de sa bouche le fameux oeuf
symbolique-, image du monde , et faisaient
éclore de cet oeuf le premier
principe de la chaleur et de la lumière ,
ou le Dieu du feu, Vulcain. Ils consacraient
à ce Dieu l’animal représentatif
du premier des signes du Zodiaque,
assigné au feu , par la distribution
des élémens dans les douze signes,
c’est-à-dire, Arles, le belier. Les Egyptiens,
ditEusèbe (3), peimoientleDieu,
qui organise l’Univers ^bus une forme
humaine , de couleur bleuâtre , tirant
sur le noir , et tenant en sa main un
sceptre. De là bouche du Dieu sortoit
un oeuf , duquel on voyoit éclore un
autre Dieu, qu’ils appellent Phta , et les
Grecs Vulcain. Ils consacrent la brebis à
ce Dieu ; et ils regardent l’oeuf comme un
emblème dumon de. Nous avons retrouvé
ce même oeuf sacré, jusqu’au Japon,
où on le voit placé entre les cornes du
fameux Taureau Mithriaque , de qui
Osiris, Apis, Bacchus etc. empruntèrent
leurs attributs. Les Bonze* y voient aussi
un emblème du monde , que le Taureau
fait éclore. Ce symbole paraît antérieur
à celui des Egyptiens de Thèbes , qui
unissoient non pas le Taureau , mais
Arles à l’oeuf symbolique , et au Dieu
Demiourgos. Or Arles ne vint qu’après
la Taureau occuper la première place
dans l’ordre du monde, ou se placer à
la tête des signes célestes. Aussi trou-
v o n s nous des traces de spiritualisme
dans l’emblème, des Thébains ; ce qui dé
note encore qu’il est postérieur aux
emblèmes tirésdu Taureau. Car il est cer-
(i) Herod. 1. », c. 42.
{») Died, 1. 1 , c. *9 , p. 5».
(?) r.ywigel. 1, 3 2 '$• l l > P’ Oî-
■ I V È R S E L L E. '
tain que les idées métaphysiques, et les
opinions des spiritualistes, doivent toujours
être postérieures au Matérialisme.'
L’homme commence par la matière, et
finit par la spiritualité.
Cet oeuf porte le nom d’oeuf Orphique,
parce qu’Orphée , auteur des mystères
des Grecs, et qui apporta d’Egypte en
Grèce les cérémonies religieuses , et les
initiations , avoit consacré ce symbole
dans les mystères de Bacchus (4) , et
avoit posé sur cet emblème les bases
de sa Cosmogonie. Il enseignoit, qu’il
existoit de foute éternité 'une matière
immense , incréée , d’où tout avoit été
formé ; et que cette matière, avant d’être
organisée , s’appeloit Cahos. Qu’elle
renfermoit en el le les principes de tous
les êtres confondus entre eux , et formant
une masse informe ; que les ténèbres
s’y trouvoient mêlées à la lumière ,
l’humide au sec , le chaud au froid;
c’est - à - dire , qu’il y avoit une confusion
absolue de toutes les parties élémentaires
des corps, et de leurs qualités.
Mais qu’après une longue suite de siècles,
cette matière s’étoit arrondie, sous la
forme d’un oeuf immense , d’où étoit
sortie une substance Androgyne , composée
du mélange des qualités Contraires
de la première substance ; et que ce fut
là le principe de toutes choses , lequel
résulta de la matière la plus pure. Ensuite
se fit la séparation des autres parties
en quatre élémens : avec les deux
premiers se composa le ciel , et
avec les deux autres , la terre , et
de ces deux productions sortirent
toutes les autres, qui participèrent plus
ou moins à la nature de l’un et de
l ’autre. C’estlà cette grande idée cosmogonique
, qu’Orphée enseigna aux Inh
tiés’à ses mystères, auxquels sans doute
l’Hiérophante ne rnanquoit pas d’expliquer
le sens mystérieux de 1 oeuf sacré,
exposé à leurs regards dans les sanc-
(4) Apud Auctor. Ref'Of’iiit. Clera, !. n i , c.
In patribus Aposteb Gotelltrii, t, 1, p. 5ÎJ.
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maires (/'). Ainsi la nature entière ,
dans son organisation primitive , se
présentoit à l ’homme, que l’on vou-
loit instruire de ses secrets, et initier à
ses mystères. C’est dans ce sens, qu’on
peut dire avec Clément d’Alexandrie ,
que l’initiation étoit une véritable Physiologie
(1).
Les nouveaux Orphiques firent naître
aussi de l’oeuf leur Phanès , ou Dieu
lumière, qu’on assimiloit a Bacchus et
à Osiris, principe lumineux de la nature
(1). Dès le commencement de l’Univers
, le sceptre avoit été remis entre
les'mains de Phanès, dont ils célébraient
les mystères. Ce Phanès , suivant Ma-
crobe , est la lumière du soleil, et le
premier rayon qui jaillit du cahos , pour
l’environner de son éclat. C’est ce
que tout l’univers adore sous différens
noms, sous différentes formes , et dont
on célébré par tout les mystères , sous
les noms de Bacchus, de Phanès, de
Jupiter, de Pluton, ect. et, ce que les anciens
regardoient, comme l’intelligence
du monde. Tels sont les traits , sous
lesquels. Macrobe peint ,Phanès (q),
sorti du fameux oeuf du cahos , qui
devint ensuite emblème du monde, organise
sous une forme régulière.
L hymne attribué à Orphée (4) en
fait le chef, le dispensateur de la lumière
, le Dieu né de l ’oeuf, qui voie sur des
ailes dorées. Elle place son séjour dans
les régions lumineuses, de l’Ether, et elle
lui donne la double nature. Athénagore
(5) représente aussi Phanès sortant de
1 oeuf, sous la forme mystérieuse du serpent.
Les Perses avoient le; grand oeuf
d Gromaze, dont nous parlerons ci-après.
Par tout on voit, que l’image, du monde
est retracée aux Initiés dans les mystères
de la lumière, et que l’oeuf a été
choisi pour symbole de la matière qui ,
en s organisant sous la forme régulière
qu’a aujourd’hui le monde , s’èst arrondie
à - peu-près comme un oeuf. C’est
(.17). Glei». Alex. Strom. 1. 4, p. 475.
(») Procl. in Tira. I. J , p. 291.
(3) M*crob. Sat. 1. 1 ,e . 18, p. 349, *5a , etc.
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ce que nous a dit plus haut l’auteur des Clémentines,
en exposant le3 principes de la
théologie d’Orphée ; c’est ce que nous retrouvons
encore dans la théologie Phénicienne
de Sanchoniaton (6) ,qui au moment,
où le cahos se débrouille -, et où la
lumière va briller , nous dit que la matière
prit la forme de l’oeuf, et qu’aus-
sitôt le soleil brilla , et avec lui la lune,
les astres et les constellations. Par tout
on a consacré la même idée cosmogonique
; etcesdogmes s’enseignoientdans
les mystères. Car à la suite de l’exposition
de cette doctrine des Phéniciens ,
l ’auteur ajoute : « ce sont là les leçons,
» que le filsdeThabion , le premier Hié-
33 rophante des Phéniciens , tourna en
» allégories , dans lesquelles la Phy-
» sique et l’Astronomie se trouvent
» mêlées , et qu’il enseignoit aux autres
» Hiérophantes, chargés de présider aux
» Orgies et aux initiations : ceux - ci ,
» cherchant à exciter l’étonnement et
» l’admiration des mortels , transmirent
» fidellement ces choses à leurs succes-
33 seurs et aux Initiés 33.
On voit donc , que les leçons sur la
Cosmogonie faisoient partie de celles
que l’on donnoit dans les mystères , et
quel’allégorie y étoittoujours employée ,
comme un voile , qui cachoit cette
science aux profanes , et qu’on soule-
voit plus ou moins pour l’Initié , à proportion
qu’il montrait plus ou moins de
désir et d’intelligence. Le monde, ou
l’Univers étoit le premier tableau, qu’on
offrait en masse à ses regards , et
les explications de détail dévoient
suivre.
Non seulement l’Univers fut exposé
en masse aux regards de l’Initié , sous
l ’einblême de l’oeuf; mais on eut aussi
des emblèmes particuliers, pour en retracer
les differentes parties , suivant
les rapports les plus importans , qu’elles
avoient avec le jeu de la nature , et
avec la circulation des aines dans l’Uni-
(4) Poet. Grec, p. 503.
( ï ) Athen. Légat, p; 81.
p | Euseb. Prjtp. Év. 1. 1 , c, 9.
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