Centaure Cliiron , à la suite duquel se
lève le Serpentaire , et qui lut nourricier
d’Esculapè. Mais revenons à ce nom
d’Esculape fils de l’Hyade Coronis. Ce
fils d’Apollon fut tué par Jupiter ,
irrité de qu’il avoit ressuscité Hippolyte
ou le Cocher (i) , lequel se lève au coucher
du Serpentaire , ou que le Serpentaire
fait toujours lever, en descendant
au sein des flots (e£). Apollon, affligé
de la mort de sou fils, s’en vengea sur
les Cyclopes qui forgeoient les foudres
de Jupiter , et les tua. Le dieu du
tonnerre, irrité de la perte de ceux de
qui il tenoit sa foudre, précipita du
ciel Apollon. Rien de si simple que
cette fable. Nous avons vu plus haut,
que l ’équateur séparoit le ciel en deux
parties, l’une supérieure appellée ciel,
et l’autre inférieure, Que le soleil pla-■
cé dans la partie supérieure s’appelloit
Apollon. Il quitte donc le ciel, ou. la
partie supérieur à l’équijioxe d automne
, lorsqu'il s’abaisse vers la terre
et vers le pôle inférieur. Il subit alors
une éspèce de dégradation , que presque
tous les peuples ont conservée dans
différentes fables. Lesuns l ’ont appellée
sa mort, comme dans la fable d’Osiris ;
d’autres sa mutilation ; d’autres enfin
son exil des cieux. C est cette dernière
fiction, qui a été appliquée au soleil ,
sous le nom d’Apollon» Alors le dieu
du tonnerre ne fait plus entendre sa
foudre , qui pendant tout l ’hiver reste
aux mains de Typhon ., comme nous
l ’avons vu dans les deux premiers .chants
du poëme de Nonnus : il ne la reprend
qu’au printemps. Ainsi l’époque-a laquelle
le soleil passe vers les régions
inférieures du monde , et celle où la
foudre de Jupiter semble s’éteindre
daùs la main de ce roi des dieux,
sont liées à la même position du soleil
dans le zodiaque. On a donc du dire,
qu’au moment où Jupiter perdojt sa
oyvirgi!. AEnéid. !. 7. t. 76i.Serv. comment, in
AEnéid. 1. 6. v.,398.
(2) Cailimach. in [avac Apollinis.
foudre,ou lesCyclopes.quila forgeoient,
Apollon alors etoit précipité des cieux.
On le supposa passé au service d’un
prince , roi du pays qu’habitoient les
Centaures (/S) , ou de Thessalie, et on
lui attribua la fonction de gardien des
cavales de ce roi. Au moins , c’est l’opinion
de Callimaque fa) ; ce qui fait
une allusion marquée aux constellations
du Sagittaire et du Centaure, auxquelles
correspond à cet époque le soleil.
Alors leTaureau céleste se couche, comme
nous l’avons déjà fait remarquer
dans le traité d’Isis et d’Oûris , et il est
précédé dePersée, qnidescend avant lui
avec tous les attributs- de Mercure ;
savoir les talonières et le pétase. Or on
dit qu’Apollon perdit ses boeufs , que
Mercure vint lui dérober , aussitôt qu'il
se fut fait berger en Thessalie. La plupart
de ces fictions ont un fond astronomique
; et il est bien naturel de chercher
aux cieux les aventures du soleil,
ou les phénomènes qui ont fourni aux
poètes les traits des diverses fictions faites
sur l ’astre du jour. (gS)
Placé au centre du système harmonique
des sphères , dont il .est le lien
et le modérateur suprême , le soleil devint
le dieu de la musique et de l ’harmonie,
Telle est la fonction en effet
que lui attribue Martianus Capella, (0)
dans son superbe hymne au Soleil ; et
telle est l’origine dela'lyre,que l’oii
met en ses mains , et du cortège des
neufs Muses , dont il paroît presque
toujours entouré. Les Muses , se distribuant
entre elles la surveillance de
tous les ouvrages du génie où règne
l’ordre del harmonie, pai tageoient avec
Apollon l ’intendance des cieux et chacune
d’elles faisoit sa partie , dans le
concert éternel des sphères célestes,
auxquelles on les croyoit attachées.
Porphyre, (4) cité par Eusèbe , nous dit
que les sept, sphères planétaires , »
(3) Àibricius. c. 4.
(4) Euseb. prap. 1. 3. ch. 11. p. I x a- ’
sphèra
sphère dessignes et la sphère sublunaire,
qui renferme les élémens , sont le sié-
«e des neuf intelligences, q u i, sous le
nom des muses , composent le cortège'
du Soleil, ou du dieu, qui, sous le nom
d’Apollon , préside au mouvement de
cet astre ( 1 ). Ce dogme théologique est
également consacré clans Macrobe, (2)
qui cite Hésiode à l ’appui de son opinion.
Ce dernier donné le nom d'U r a nie
cm àe céleste à la muse, qui préside
à la sphère suprême , ou au ciel des
fixes. De là le nom, dit-il , de Musagète
oudechef des muses donné à Apollon ,
eu au Soleil (h5). Car cet astre est en
effet, suivant Cicéron , le chef, le premier
modérateur des autres flambeaux
célestes , Pâme et l’intelligence, qui rè-,
gle les mouvemens harmoniques du
monde. Les muses, ayant dans leur direction
tous les ouvrages, de l ’intelligence
et du génie avec Apollon, ce
dieu , par une conséquence toute
naturelle, inspira les poètes et fut regardé
comme le dieu des beaux arts et.
des belles-lettres.-(3) Les oracles, qui en
parloient qu’en vers, étoient insti uits
par lui ; et les lumières éternelles du
génie poétique et prophétique, étoient
une ém anation de ce feu élevé , qui
éclsii-e toute la nature, qui voit tout
et entend tout, comme le dit Agamem-
non dans Homère (4b
Nous avons déjà vu les neufs muses
s associer au cortège du dieu du soleil,
dans la théologie Egyptienne , et former
un espèce d’opéra ambulant à la
suite d’Osiris, au moment où ce héros
s'achemine à, la conquête de l’Orient,
Les Chaldéens et les Juifs avoîent leur
n.ul chopurs d’anges d’archanges , de
■P lîîcipuutés, de dominations, de trônes
uie chérubins , dé séraphins , & c.",
qui entouraient sans cesse le ‘ trône
du dieu source dé toute lumière , et
qui célébfoient Sa gloire'par d’éternè
(x) Euseb. p. 1x3. ,
.(2) Somn, Scip. 1, a. c. 3. p. iô«f.
® DiodfJl. 5. ç. 74.
- i&mm 3'. • ;
Rel.g, JJ/iiv. Tome II.
concerts. C’est absolument la mêm»
idée théologique , sous une forme peu
différente.
La description , que Proclus nous
donne , de la statue' de ce dieu sous le
nom d’Apollon Isménien, justifie notre
assertion sur la liaison que les anciens
prétendoient établir ejitre ce dieu et
le système de l ’harmonie universelle,
désignée par .une foule d’emblèmes dif-
férens (5) , Sa tête étoit surmontée d’un
globe d’airain, auquel en étoient attachés
d’autres, d’une moindre grosseur,
La sphère supérieure étoit celle du Soleil,
ou d’Apollon. Une autredésignoit
la Lune , et d’autres boules plus petites
représentoient les planètes. On repré-
sentoitles révolutions diurnes, qui composent
l’année, par trois cent soixante-
cinq couronnes ; c’est ainsi que trois
cent soixante cinq sonnetes ou grelots
accompagnoient la parure mystique du
grand prêtre des Juifs , et que les Romains
mettoient le nombre trois cent
soixante-cinq dans la main de Janus,
génie tutélaire de l’année solaire. La
cérémonie, qui se pratiquoit tous les
neuf ans au temple d’Apollon Ismé-
nien , sous le nom de fête des lauriers ,
avoit beaucoup de rapports à la théologie
des neufs soeurs ou des vierges
muses, compagnes d’Apollon. Le laurier
étoitl’arbre d’Apollon, comme nous
l’avons déjà dit, et les neuf sphères ,
les neuf muses , qui par leurs chants
harmonieux celébroient sa gloire, com-
le dit Porphyre. (6)
Déjà l’origine cLes-fête.s musicales ,
instituées en honneur d’Apollon à Delphes;
(7). Les Athéniens en altribupierit
chez eux rétablissement au fameux
■ Erîchtohins, ou au Cocher céleste, qui
par son lever Tléllaque .annqnçoit le
printemps. Par la rnêmé raison , on lui
attrihuOJt l ’invention de la lyre , et les
s’ .sciences médicaleS(fi), qui résultent de la
( 5) -Apud Photîum codex. 242.
jjoj Eufeb.præp, h 3. c-.i i p. i j î .
C i y . Augus • \. 1B • c . 12.
|É| Dïptl 1. c. c. 74. p. 39-0.
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