bole du souffle moteur , qui anime le
grand to u t, comme la force active qui
pénètre l’universalité des êtres. Voiià
des titres suffisons , pour justifier les
■ Egyptiens de lui avoir donné une place
aussi distinguée, que celle qu'ils lui ont
assignée dans l’ordre hiérarchique et
pour en avoir fait la première divinité ,
aux mystères de laquelle leurs prêtres
dévoient sefai'-e initier. Pan ou le dieu
aux formes de bouc eut aussi sa ville
particulière, à laquelle on donna le nom
de ville de Pan ou de Panopolis ( i) ,
suivant les Grecs, et deChemmisenlan-
gue Egyptienne. C’étoit.aussi là que la
constellation, qui est aux cieux à côté
du Cocher et qui le précède immédiatement
dans son lever, Persée recevoi-t
des hommages et voyoit ses autels associes
à ceux de Pan , comme ces deux
génies le sont dans les cieu x, où ils gardent
les limites de l’équinoxe de printemps.
Nous avons v u , dans notre troisième
chapitre sur Isis, que cette déesse
ou la lune, sous le nom d ’Isis, est censée
placée à Chemmis à côté des Pans et des
Satyres , au moment où elle répond aux
constellations de Persé et du Cocher ;
ce qui arrive, lorsqu’elle est pleine au
Taureau , le soleil étant au Scorpion ;
c est-à-dire dans la position que Plutarque
donne au Soleil et à la Lune au
moment de la mort d’Isis.
Le culte de Pan passa d’Egypte en
Grèce, et se fixa sur-tout dans les
hautes contrés du Péloponèse, qui se
vantent de tenir à l ’antiquité la plus reculée,
et où Pan est, comme en Egypte,
un des premiers et des plus anciens
dieux. Les Pâtres d’Arcadie en firent
leur divinité tutélaire, comme ceux de
Lampsaque, qui l’adoptèrent sous le
nom de Priape. Il ressembloit assez au
vieux Mercure desPelasges, qui habitèrent
originairement ces pays. Aucune
partie d e là Grèce ne m’a paru avoir
conservé, plus que l’Arcadie,des statues
(O Herod. 1. 2. c. 91. Steph. ni voce Kemm. Diod.
sic. p. iS,
composées et monstrueuses , dans 1®
goût et l’ancien style Egyptien. La Cér es.
de Phigalie , (x4 > la Diane Eurynome,
les oiseaux de Stymphale, &c. en sont
une preuve. Or c ’est dans ce pays que
Pan est une divinité première, comme
il l ’étoit en Egypte. Toute f Arcadie (2'
1 adoroit. Pan I)ens Arcadiae , & c . , dit
Virgile. On y montroit ses montagnes,
ses images , ses temples, et les échos qui
retentissoient des sons harmonieux de
sa flûte. On y distinguoit , entre autres
lieu x , le mont Menale consacré à Pan,
qui,dit-on,yfaisoit entendre ses accords
mélodieux. C’est dans ces mêmes lieux,
qu’on voyoit l ’autel sur lequel brûloit
le feu sacré éternel en honneur de
Pan (3) , emblème simple et naturel du
feu sacré , qui brille dans les astres et
sur-tout dans le Soleil, et qui pénètre
toutes les parties du corps immense de
Pan ou de l’univers. Il y jouissoit, comme
en Egypte, de la prérogative de divinité
du premier ordre, qui dispensoit tous
les biens aux mortels, dont il exauçoit
les voeux , et qui poursuivoit les coupables
; caractère distinctif, qui le place
au-dessus du simple dieu des Bergeries
, et qui en fait une divinité théo-
logique, aussi relevée que l ’étoit le Pan
des Egyptiens. Il avoit aussi son oracle,
comme Apis et Ammon , lequel avoit
jo u i, dans la haute antiquité , d’une
grande célébrité. Il avoit inspiré la
Nymphe Erato , qui s’unit au Bootés,
ou à Areas fils de Callisto ou de l ’Ourse.
Erato est le nomd’unedesHyades,oudes
Nymphes deDodone. Virgile, fidèle aux
traditions antiques, invoque cette Nymphe
dans son septième livre , lorsqu’il
va chanter les noms des héros et des
peuples qui habitoient dans le Latium
les pays où s étoit établi Evandre, prince
venu d’Arcadie. C ’étoit la prophé-
tesse.fameuse chez les Arcadièns, qu’il
invoquoit. Aussi les fêtes de Pan passèrent
elles d’Arcadie dans le Latium ;
(2) P»uf. Arcadici» p. 257— 262— 269— 260— 291.
(3) Ibid. 268.
ainsique celles du dieu cheval, ou de
Neptune, qui rendit Cérès mère. La
plus grande divinité des premiers Romains
, ou de leurs ayeux , qui habi-
toient A lb e , étoit Pan , (i)que l’on ho-
noroittous les ans par des jeux , qui se
[célébroient sur le mont Palatin , ainsi
appelle de Pallantée ville d’Arcadie,
!doù étoit parti Evandre , lorsqu’il vint
; civiliser les peuples d’Italie, et leur apporter
la connoissance des lettres. Ces
fêtes se célébroient par les Romains à
la fin de l’hyver , suivant Denis d’EIali-
[carnasse (2), qui s’est plu à rassembler
Iles traits nombreux, qui rapprochentle
[culte des Romains de celui des anciens
Arcadièns et qui en marquent la filiation
( 3 ). Ce savant parle de l’ancien
! bois sacré du mont Palatin et de la fon-
[taine, qui couloit de l ’antre de Pan,
[et que l’on voyoit encore dè son.
! temps. (4)
Virgile,dans ses Pastorales et ses Geor-
giques , a consacré souvent le nom de
PanetlemontMenale d’Arcadie,séjour
favori de Pan. (5 ) Mais alors, Pan n’est
chanté que comme dieu des bergeries ,
au lieu que dans l ’ancien culte du Latium
, et sur-tout chez les Arcadièns ,
il étoit une divinité du premier ordre,
comme chez les Egyptiens. Il est fort
étonnant,que le commentateur de Virgile
, (6) Servius , l’appelle simplement
une divinité rustique, tandis qu’il le
peint sous les traits de l’univers dieu ;
qu’il l ’appelle le dieu de toute la pa—
ture, et qu’il regarde la couleur rouge,
dont 011 teignoit scs imagos , cornra©
l ’emblème du feu sacré qui circule dans
l’Ether: cequ’esteffectivement Pan. C’est
ainsi que Bacchus , le fameux Osiris*,
une des premières divinités des Egyptiens
, a fini par n’être que le dieu des
raisins.
C H A P I T R E D I X I È M E .
A d o n i s , A p o l l o n , A t t s , O r u s.
_A_Près avoir analysé les formes plus
ou moins monstrueuses, que le dieu
Soleil au printemps empruntoit des
constellations ou des signes, qui fixoient
cet équinoxe , il nous reste à parler
des formes plus élégantes, que savantes,
données à cet astre à la même époque
de la révolution annuelle. Tel étoit le
bel Apollon, ou Orus , l ’aimable Adonis
, le jeune Atys , noms difïërens
donnés au dieu Soleil, au moment où
il atteint, comme dit Macfobe (7), les
forces de la jeunesse.
Apollon est encore le soleil> mais
considéré sous des rapports d’astre lu-
( 1 ) Tit. liv* t)ecad. 1.1. i. c. 5*
(2) Diony. halic. I. 1. p. a j & 26.
(3) Ibid. p. 67.
(+) Ibid. p. 65.
mineux , placé au centre de 1 harmonie
des sphères , qui règle les jours et
les saisons, etqui reprend son empire sur
les ténèbres à l ’équinoxe de printemps,
ou le soleil régnant aux cieux. Car
c ’est ainsi qu il faut entendre le passage
de Macrobe (8), que le Soleil prend le
nom d’Apollon , dans la partie supérieure
, et de Bacchus, dans la partie inférieure
5 (j4) c’est-à-dire dans la partie
ou règne le jour et la lumière , par opposition
à celle qui est occupée par les
ténèbres. En un mo t, c ’est le dieu du
jour , qui a son siège aux cieux ; et qui
répand sa lumière dans l’air, et dans les
(5) Virg. éclog. 2. v. 31. 4- v. 58. éclog. 10. v.
Georg. 1. v- 17.
(6) Servi* comm, ad* eclog. 2 & io
(7 ) Macrob. Saturn. !. 1. c» l8.»
(8) $aturiv.l. 1. c« 18.