de l’appartement de, Sémélê, mère de
Bacchus. Du temps de Pausanias , ce
fieu* étoit inaccessible aux mortels , et
un respect religieux en défendoit l ’abord.
On prétend , qu’au moment où Sémélê
fut frappée de la foudre , et son appartement
consumé avec elle, il étoit tombé,
du ciel un morceau de bois. On dit que
Folydore, ayant orné de bronze ce morceau
de bois, l’appela le Bacchus Çad-
méen.
Ce Dieu avoit aussi près du théâtre (1)
un temple, où il étoit honoré sous le
nom de Lysien. On faisoit encore une
histoire pour expliquer l’étymologie,
de ce mot. On dis oit, qu’il avoit délivré
les Thébains faits prisonniers par les
Thraces. Il y avoit aussi une statue de
Sémélê. Chaque année, à un jour marqué
, les portes du temple s’ouvroient ;
on y voyoit les restes de la maison de
Lycus et le tombeau de Sémélê. L ’épouse
de Lycus révéroit particulièrement
Bacchus (2).
On voyoit à Tanagre le tombeau
d’Orion (o) , et un temple de Bacchus,
qù étoit une magnifique statue de marbre
de Paros. Ce qu’il y , a de plus remarquable,,
c’est' sur-tout un Triton.
On débite à ce sujet un conte merveilleux.
Les femmes de Tanagre, ayant été
les premières initiées aux mystères de
Bacchus, descendirent à la mer pour s’y
purifier. Un Triton s’avança contre ces
femmes, qui invoquèrent aussitôt le
secours de Bacchus. Le Dieu les .exauça
et défit le monstre. D’antres faisoient
un autre conte, qui n’étoit pas plus vraisemblable
, et que nous ne rapporterons
pas ici.
Près du temple de Bacchus , dans
cotte ville, étoientaussi ceux de Thémis,
d’Apollon et de Vénus (4).
. Près de PEuripe (Ù) étoit la ville: d’An-
(1) Ibid- p. 294;
(2) Ibid. p. 295.
U ) h>id. p. 297.
(4) Ibid. p. 208. '
4$) Ibid. p. 293.
[6; Ibid. p. 299.
thedon, ainsi nommée d’un fils de Nep-
tune et d’Alcyonée, une des Atlantide«.
Vers le milieu.de la ville étoit le temple
des Cabires , celui de Cérès et de Proserpine.
Bacchus y avoit aussi son temple
et sa statue.
Sur le mont de Ptoûs (6), on remarquoit
sur-tout le temple et la statue du même
Bacchus; Ils se trouvoient aussi à La-
rymna. A Copas , le même Dieu avoit
également un temple , avec Sérapis et
Cérès. ■
A Thespies (7) , où l’on adoroit Jupiter
Sauveur , on trouvoit aussi la statue
de Bacchus , celle de la Fortune et
celle de la Santé. Cupidon, ou l’Amour,
étoit la grande Diyinité de cette ville.
Cicéron ( in Verr. de sig. ) parle de la
statue que ce Dieu y avoit , et qui atti-
roit la curiosité des voyageurs. Ceux
d’Orchomène (8) avoient un temple de
Bacchus, et un très-ancien temple des
Grâces. Leurs anciennes statués étoîefit
des pierres, qu’on disoit tombées du
ciel.
C’étoit sur le Parnasse en Phocide (9),’
que des femmes Athéniennes , connues
sous le nom de Thyades , allaient tous
les ans célébrer les Orgies de Bacchus
avec les femmes de Delphes. Pausanias
prétend, qu’elles prirent le nom de
Thyades (10), d’une certaine femme de
ce nom , qui la première fut initiée à
Bacchus, et en célébra les Orgies. Cette
Thyade eut d’Apollon un fils nommé
Delphus, qui donna son nom à la ville
de Delphes , située près du Parnasse,
où les Thyades célébroient leurs Orgies.
On avoit représenté-à Delphes (11),
entr’autres tableaux , le coucher du
Soleil, Bacchus: et les Thyades. On y
voyoit aussi une statue de Bacchus Cé-
phallénite,, qu’y avoient envoyée ceux
de Méthymne.
(7) Ibid. p. 301— 502.
(8) Ibid. p. 311.
(9) Pausan. Phoe. p. 319.
(10) Ibid. p. 321.
(11) Ibid. p. 334.
■ Le culte de Diane et de Bacchus se
trouve encore réuni à BoUlis (1 ).,.
ville bâtie sur une montagne , du côté
d’Anlicyre. Si Bacchus est , comme
nous le pensons , le Dieu Soleil, il n’est
pas étonnant de le trouver si souvent uni
à Diane, ou à la Lune. Cette liaison nous
paroît aussi naturelle qu’avec Apollon.
Nous ne rassemblerons point les passages
des autres Auteurs , soit Grecs ,
soit Latins , qui peuvent nous mettre
à portée de suivre les traces de Bacchus
et de son culte , soit en Europe, soit en
Asie , où il a pris naissance. Nous nous
bornerons à Ce que nous avons rapporté
d’après Pausanias , et qui nous suffit,
pour faire voir l’universalité de son culte
chez lès Grecs , et les rapports qu’il a
pu avoir avec différentes Divinités, telles
que Cérès , Hécate , Diane , etc. qui
ont aussi eu leurs mystères.
Nous allons maintenant considérer le
Dieu Soleil, sous le norn d’Atys , qu’il
prit en Phrygie , et donner une idée
abrégée de ses mystères, ainsi que de
ceux de Cybèle son amante , dont le
culte fut toujours inséparable du sien.
On trouve dan« le Traité de Lucien,
intitulé de la Déesse de Syrie (2) , et
dans le Discours de Julien (3) sur la
Mère des Dieux , beaucoup de détails
intéressans sur le culte du Phrygien
Atys et de Cybèle. Macrobe en a aussi
parlé (4). Ce culte, en général , a beaucoup
de ressemblance avec celui d A-
donis et de Bacchus , d’Osiris et d’Isis,
et il n’est qu’une des .formes innombrables
du culte du Soleil, et des mystères
augustes de la lumière d’Ormusd. Son
origine Asiatique n’est contestée par
personne ; et la Phrygie semble avoir ,
plus qu’aucun autre pays , le droit de le
revendiquer. Cybèle et Atys sont , de
l’aveu de tout le monde , des Divinités
Phrygiennes , et les Phrygiens euxmêmes
prétendent à une très-haute antiquité
( 5 ) , au point qu’ils le dispu-
toient aux Egyptiens. Grands conteurs
de fables, comme il paroît par Esope, les
Phrygiens mêlèrent , plus qu’aucun
peuple , l’allégorie à leur culte religieux.
Aussi îles traditions sacrées sur
Cybèle et sur Atys sont-elles très-variées,
( r) Nous allons rapporter les piinci-
pales. Les Phrygiens qui habitent Pes-
sinunte , près les bords du fleuve Gal-
lus , dit Julius Firmicus (6), donnent à.
la terre la prééminence sur les autres
élémens, et la regardent comme la mère
de tout. Ils ont établi en son honneur
des fêtes annuelles, dans lesquelles ils
rappellent les amours d’une femme riche
et puissante, qui avoit autrefois régné
sur eux , et qui eut à se venger des dédains
d’un jeune homme qu’elle aimoit.
Une fête de deuil tous les ans leur retrace
les amours malheureux, dont ils
ont consacré le souvenir. Pour plaire
à cette femme irritée, ou pour lui ménager
des consolations dans ses regrets ,
ils publient, que celui qu’ils avoient enseveli
, peu de temps auparavant, est
ressuscité ; et pour condescendre à la
passion brûlante de cette femme , ils
ont élevé des temples à son amant mort.
Ils ont également voulu, que les Prêtres
attachés à ce culte éprouvassent sur
eux-mêmes ce que son dédaigneux
amant avoit éprouvé , comme châtiment
du mépris qu’il avoit. fait de ses
charmes. La pompe funèbre , que l’on
consacre tous les ans à sa mémoire ,
est liée aux honneurs que l’on rend à
la terre , à qui on leur persuade que ce-
culte s’adresse. Ils donnoient, dit Firmicus
( 7 ) , desexplications'Physiijues de
tout ce cérémonial mystérieux. Quoique
celles que rapporte Firmicus ne soient
pas tout-à-fait exactes , au moins est-il
certain, par le témoignage même da
(1) Ibid. p. 335. (3) Herod. 1. 2, c. 2,
(2) Lucian, de D a Syr. (6) Jut Firm. de Prof, Error. Relig. p. 7.
(3) Jul. Imp. Or.it. 6'. - (7) Firtn. ibid. p. 7.
(4) Macrob. Sat, c. 21J
K, *