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les Grecs ont rendue dans la fable de
Sémélé foudroyée. Cette princesse charma
par sa beauté Ammon qui régnoit
en Libye , et qui avoit pour épouse
Rhéa fille du c ie l, et soeur de Saturne
et des Titans. Il voulut en jouir et la
rendit mère d’un fils étonnant par sa
force et sa beauté ; c’étoit Bacchus. Il
établit Àmalthée, n.fere ""du jeune
prince , reine d’un pays voisin, qui
avoit la forme d’une corne de boeuf ;
ce qui est une allusion bien évidente
au Taureau céleste et à sa corne Boréale
sur laquelle s’appuie le pied du
Cocher («j qui porte entre ses bras la
chèvi e Amalthée.Théon (1), après avoir
parlé des filles de Cadmus ou des
Hyades nourrices de Bacchus , ajoute
qu’il y a une étoile du Taureau, qui
forme l ’extrémité de sa corne droite
et l’extrémité du pied gauche du cocher
, lequel cocher se leve en partie
avec le Taureau. L’étoile brillante du
cocher, placée un peu plus haut, se lève
des premières et c’est elle que toute
l ’antiquité a désignée sous le nom d’A-
malthée , (a) femme de P’aii un des
compagnons de Bacchus et d’Ôiiris.
Car tout ici se lie rapportée au ciel.
L ’auteur de cette fable fait du lieu
oit régnoit Amaltliée un séjour enchanté
; allusion bien marquée à l’état
de la terre au printemps , lorsque le
soleil parcoure le Taureau sur lequel
est placé A.malihée. La terre éfoït
couverte de vignes et de vergers
plaiités d’arbres qui produisoient des
fruits délicieux. C’étoit en effet l ’âge
d’or de la nature si vanté par les
Grecs , et le jardin délicieux où l’homme
fut placée suivant les fables Juives
et Persannes. La princesse , qui régnoit
sur ce lieu de délices et d’abondance,
l ’appella de son nom la corne d’A-
malthée. C’est depuis ce temps , continue
notre auteur , que la postérité a
(\) Theon. p. i2£.
(•■î) Hygin J. 2. c. 14.
(3 ) Ùiod-1, 141. p .2 3 j— a j f .
nommé corne d’Amalthée toute terre
excellente et féconde en fruits de toute
espèce. L’allégorie percefici de toutes
parts. Ammon craignant les suites de
la jalousie de son épouse (3) s’empare
du jeune enfant et le transporte à
Nyse , (o) dans une isle qu’arrose le
fleuve Triton. C’est un séjour enchanté
dont l’auteur se plaît à nous faire la
description , ainsi que de la grotte où
Ammon dépose le jeune Bacchus sous la
garde d’Aristéefils de Cyiène; celui dont
l’image est placée aux cieux au signe
du Verseau , qui , à cette époque , étoit
le signe du solstice d’hiver , le signe
où le soleil prenoit naissance. Ce ■
lui qui fut le précepteur du jeune
Bacchus , sous la surveillance de Minerve.
Ici est un épisode (4) sur les
goûts et les talens de cette chaste
déesse , et sur la victoire qu’elle
remporta sur la chèvre redoutable ,
dont la peau lui servit dans la suite
d’égide. Cette égide de Minerve , (5)
étant la même que celle de Jupiter ,
et celle-ci étant composée de la peau
d'e la d èvre céleste , il paroît que ce
morceau épisodique contient une autre^
fiction sur la même Constellation ,
considérée sous un autre rapport.
L’auteur suit le développement du
génie et dés talens du jeune Bacchus. (6)
Il étoit encore enfant que déjà il exa-
minoit la nature du vin et l ’usage
qu’on ên pouvoit faire , en exprimant
le jus des raisins qu’il ceüilloit aux
vignes, qui poussoient sans culture.
Peu-à-peu il trouva le moyen de perfectionner
Ces plantes par la culture ,
et forma le dessein de communiquer ses
découvertes aux autres , persuadé qu’il
obtiendront l ’im mortalité parl’i importance
d'un tel bienfait. I.ebruit de sa gloire
naissante parvint aux oreilles de Rhea
époused’Ammon ,qni tenta de s’assurer
de sa personne. N’ayant pu réussir
(4 ) Ibidem, p. 239»
$jê) Apoilod. I. 3.
(6J Diod. lbid; p. 239,
dans ses projets , elle quitta son époux
infidèle , et alla rejoindre les Titans
ses frères. Elle épousa un d’eux , Saturne
son frère. Elle détermina celui-
ci à déclarer la guerre à son premier
époux Ammon, qui succomba
et fut obligé d’aller chercher un asyle
en Crète , où il épousa Créta , (p) une
des filles des Curâtes , dont le nom
fut donné à cette isle appellée auparavant
Idea. Saturne, ( i) maître du royaume
d’Ammon, traite durement le pays
et se dispose à mener son armée contre
Nysa, où étoit Bacchus. Celui-ci
rassemble des forces , (2.) et seçondé
de Minerve s’oppose aux efforts de
Saturne , qui reçut une blessure dans
le combat et fut vaincu. La principale
gloire de cette action est due à la
bravoure de Bacchus, Ce héros traita
avec la plus grande humanité les prisonniers
, et lés attacha à ses armées.
Ils virent dans leur libérateur un dieu.
Aristée , son gouverneur, donna le premier
l’exemple aux autres de lui sacrifier
comme à une nouvelle divinité.
Comme les Pans avoient accompagné
Osiris dans ses conquêtes , les
Silènes accompagnèrent aussi Bacchus ;
nouveau trait de ressemblance entre
ces deux dieux et leurs deux fables.
Bacchus parcourut des déserts arides
et infectés par des bêtes féroces. II
tua un monstre terrible né de la terre,
qui avoit fait beaucoup de ravages,
et délivra le pays de l’effroi qu’il y
causoit : ce monstre s’appeloit (q) Kam-
pê. Car la destruction des monstres
entra aussi dans son plan de bienfaisance.
Il marcha ensuite contre les
Titans et contre Saturne , sur qui il
remporta une nouvelle victoire. Bacchus
donna encore une nouvelle preuve
de son humanité envers les premiers
vaincus, de manière à mériter l’affection
de Rhéa et de Saturne.
Après sa victoire il bâtit un temple
( î ) Ibid. p. 24©.
( ï j Ibid. c. 143.
et consacra un oracle a Ammon soa
père , et y attacha -des prêtres ( 3 ).
11 y fit représenter son père avec des
cornes de bélier à la tête, parce que.,
dit-on , le casque dont se servoit ce
prince dans les combats avoit cette
forme ; d’autres disent , parce que ses
cornes..lui étoient poussées naturellement
à la tête. Ni l ’un ni l’autre
■ n’est vrai ; ce sont les attributs do sont
1 d'Arles ou du bélier, signe qui
précédoit d’un mois celui où cet astre
prenoit les attributs du taureau. G est
sons' cette forme, que le planisphère
■ Egyptien imprimé datas foir-ker nous
peint le génie, ou le dieu tutélaire
d’Arles, ou du règne d’Ammon. C’est
par cette même raison , dit l’auteur de
cette fable, que son fils Bacchus, qui
ressembloit à son "père, eut aussi dga
cornes. Il y a cette différence entre
eux , quoiqu’en dise cet auteur ., que les
cornes d’Ammon étoient des cornes de
bélier , et que celles de Bacchus sont
des cornes de boeuf. Et la raison de
cette différence est tirée de la différence
, où se trouve le soleil dans les
deux mois qui se succèdent aux environs
de l’équinoxe , au mois du Bélier
et à celui du Tauréau- Mais" le
principe ou la raison de cet ornement
symbolique a le même fondement.
Ce temple , cet Oracle de Jupiter
Ammon , et les attributs du bélier
donnés à sa statue , ont un rapport
mieux marqué avec le ciel et avec
le signe à.’Arles dans d’autres traditions
, qui justifient notre assertion
sur l ’origine de cette consécration,
que fait Bacchus à Jupiter Hammon,
tirée des constellations , ou du Bélier
céleste. Hygin ( 4 ) , parlant du signe
céleste du Bélier , nous dit que « Bacchus
faisant la guerre en Afrique arriva
avec son armée dans un désert
très-sablonneux où il manquait absolument
d’eau ; que se trouvant dans
(2) Ibid* p* 242*
f 4) Hygin.
C 2.