I G I N E D E ' T O U S L E S C U L T E S ,
l o i . O R
lier , dont parle Phæstus qui
l ’iùst.iire de Macédoine ( i ). Or,
Jupiter Libyen n’est , suivant Non-
Iras et Martianus Capella ( 2. ) , que'-,
le Dieu Soleil , adoré en Libye sous
le nom d’Ammon. Macrobe s’accorde
avec eux à dire, que les Libyens adoraient
le Soleil ( 3) sous le nom d’Am-
inon, et il trouve dans cet astre des rapports
avec les cornes du bélier, qui
armoient le front de Jupiter Am-
mon. Il expose cette opinion théo-
.logique dans l ’explication qu’il donne
des douzë signes , et dé leur origine,
et cela à l ’article du premier signe,
ou du Bélier céleste. C’est en suivant
le même principe, qu’il établit des rapports
entre les taureaux de l ’Egypte,
consacrés au Soleil, et le Taureau des
Constellations ; rapports vrais et nécessaires
dans un culte idolâtrique,
dont l'Astrologie étoit la base, comme
nous l’a dit Lucien , et comme l ’assure
Chérémon dans le passage fondamental,
sur lequel s’appuie tout nôtre
système. Ce culte de l’animal bélier,
ou des statues humaines a tête ou
simplement à cornes de bélier, faisoit
partie du culte idolâtrique de la religion
universelle , que nous appelions
SabisUie ; et il domina principalement
dans ,1a haute Egypte, dans l’Ethiopie
, dans la Libye Qy'3), et dans toute la
partie occidentale de l’Egypte.. Cette
conformité çle cukê' entye les Egyptiens,
les Ethiopiens et les Libyens
a subsisté jusqu’au siècle du jeune
Théodose (4 ). Les Egyptiens même
avoient eu soin de conserver cette filiation
par une cérémonie , qui se pra-
tiquoit tons les ans chez eux. On transportait
une fois par an la châsse de
Jupiter au - delà du fleuve , dans la
partie du continent appellée Libye ,
et on la rapportoit quelques jours
après, comme si on eût suposé que ce
Dieu fût de retôur de son voyage en
Ethiopie. Ce fait, rapporté par Dio-
dore de Sicile""(5 ) , se trouve confirmé
par Eusthate , qui nous dit , qu’il y
avoit un temple fameux à Diospolis,
duquel , suivant plusieurs auteurs,
les Ethiopiens tiroient tous les ans la
statue de Jupiter , et celles des antres
Dieux on Génies , qui forment son
cortège. Il ajoute que, dans un certain
temps marqué , on les promenoit,
comme en procession , dans la Libye
( 6), et cela pendant tout le temps
que duroit cette fête, qui étoit de
douze jours, nombre égal à célui des
Dieux. Ces Dieux sont sans doute
ceux qui, avec Jupiter , composent le
Sénat des douze grands Dieux , que
l’Egypte , la Grèce et Rome ont
adorés , et que l'Astrologie a répartis
dans les douze signes célestes!
C’est ce Jupiter , que Platon nous req
présente marchant à la tête de l ’Hié-
rarchie céleste, porté’sur un char qu’il
conduit, et que suivent onze antres
Dieux ; allusion manifeste à la marche
du Soleil dans la route annuelle
des signes, dont le premier fournit ses
attributs à ce Dieu. Màcrobe (7 ) à
parfaitement bien senti le sens dé
cette fiction sacrée, conservée par Platon
, ainsi que de celle d’Homère sur
le voyage de Jupiter chez les Ethiopiens.
C’est cet Ammon des Ethiopiens
, des Egyptiens et des Libyens,
qui a été le type du Jupiter dés Crég
t o i s e t par suite, du Jupiter Grec.
Les Peuples de Libye (e 3) , et sur-tout
de la partie appellée Marmarique et
Cyrénaïque , que baignent les flots
de la Méditerranée, dans l’endroit
où elle est resserrée entre les côtes 0«
a écrit ce
(3) Natalis comesp, 96.
(2) Maitian. cap. de Nuptiîs. Philo. I. a. c. a* et Noniu
s Dlonyf I- 40. v . 367.
Qj) Macrob Satura. 1. 1. c. 21.
gg; Prlscus Rhetor Eclog. lega: p. a J»
f ç j Diodur. t. a. p. 88.
(6) Eusthac. Iliad. A. v. 128.
G ) Macrob. Sat. 1. i c. 23..
O U R E L I G I O N U
l ’Afrique et celles de l’île de Crete,
ien traversant ce canal et s’avançant
kers lé Nord , portèrent en C/fete le
culte d’Ammon , devenu fameux sur-
Itout par l’oracle et le temple , qu’avoit
fce Dieu dans l’intérieur des terres et
Wu milieu des sables de Libye. C’est
ïar là, avec, beaucoup d’apparence -,
feue s’est faite la communication des
cultes ; et que la connoissance de Ju-
foiter ou d’Ammon a passé én Cifete
fet en Grèce.
C'est ainsi que sônt nés le Jupiter des
fcrétois .et le Jupiter des Grecs , qui, dé-
jpouillés de leur parure primitive, ont
{paru être des Divinités particulières à
fcès Peuples , et nées chez eux y parce
Jque les légendes , qu’on a faites dans
!asuite, lés y font effectivement naître.
jCe n’est que long-temps aptes, qu’en
Ses comparant entre elles, 011 a re-
jconnu, que c’étoit la ‘même chose ,
te t que la Divinité de l’Ammon Egyptien
, étoit la mêtne que celle du Ju-
jpiter Grec, au nom et aux formes
près. Néanmoins on retrouvé encore
quelquefois ce nom et ces formes ,
pâme cirez les Grecs , comme nous
l ’assure Pausariias. Les habitans d’A-
jphyte , dans le territoire de Pal-
lène («4) > honoroient Ammon d’un
culte aussi religieux , que les Ammo-
liiens de Libye ( 1 i)-. Ce Dieu avoit
pn temple à Lacédémone, et les Lacédémoniens
paroissoient à Pausa-
Biâs être ceux des Grecs , qui avoient
le pins consulté l’oracle de Jupiter
{Ammon établi en Libye. ' Le même
Buteur dit aussi, que les Eléens ( 2 ),
liés la plus haute antiquité, avoient
feu recours à l ’oracle d’Ammon établi
en Libye ; et que dans le temple
fie ce Dieu on conservoit de petits
putels et des inscriptions , qui rappel-
(oient les différentes consultations , que
(es Eléens étaient venus y chercher,
N I V E R S E L L E. io-3
et les réponses, qu’ils en avoient reçues
«Su Dieu. Aussi ces Peuples ne se bor-
noient pas chez eux an cuite des seules
Divinités Grecques-; ils sacri-
fiôient • aussi aux Divinités des Libyens^
Junon Ammoniène etàParam-
non. Ce dernier nom étoit celui du
Mercure Libyen, s ans doute de celui près
duquel on mit un bélier ; et qui
n’est autre chose , que le fameux Per-
sée (&4J > placé sur le Bélier céleste.
On voyoit aussi à Thèbes, en Boeo-
tie (3), ville dont le nom vient de
celle d'Egypte, si fameuse par le culte
de Jupiter Âuitnon, un temple dé ce
Dieu et sa statue , qu’avoit consacré
Pindarë, lequel fit lui-même des hymnes
en honneur de Jupiter Ammon.
La statue, qu’avoit ce Dieu en Arcadie
, ( 4) étoit, semblable aux statues
de Mercure , Tétragone , et les cornes
du bélier ornoient sa tête; c’étoit
vraisemblablement le Mercure Pararn-
non des Eléens. Les Giecs de la partie
de la Libye, appellé Cyrénaïque,
avoient fait présent au temple de
Delphes ( 5 ) d’une statue de Jupiter
Ammon , qui représentait ce Dieu sur
un char, tel que le Jupiter de Platon,
dont nous avons parlé plus haut;
de ce Jupiter, que l ’on faisoit voyager
en Libye avec les onze autres Dieux,
qui composoient avec lui l’hiérarchie
duodécimale. Nous avons déjà fait
observer , que c’est, avec beaucoup de
vraisemblance , de cette Cyrénaïque et
de la Marmarique, que passa origi-
ginairement le culte de Jupiter chez les
Cretois, et chez les autres Insulaires de
la mer de Gièce. Il se propagea ensuite
dans le continent , en Laconie , en
Arcadie et en Elide , où nous trouvons
d’anciens monumcns de ce culte
rendu an Soh il, sous le nom d! Ammon,
culte établi dans un lieu distant (6)
environ de quatre cent milles de la
(17 PaufaniasLaçon. p. 300.
(1) Idem. lïetiac. p. 163.
( i ) Paufan, Boeotic* p. 29 4.
(4) Arcad. Idem. p. 263.
(5) Phocicis. p, 329.
(6j Solin. p. 88.