entr’eux sur le lieu de sa naissance.
La plus commune opinibn le fait naître
à Thèbes ; (1) mais les Eléens, les ha-
bitans de Naxe et ceux .d'Eleuthère ,
ceux de Téos et une foule d’autres ,
E retendent qu’il est né chez eux. Les
abitansdePatras disent qu’il fut nouni
dans leur pays où il courut même des
dangers delà part de Paje. (a) Ils l’honorent.
sous le nom de Bacchus .AEsym-
nete , (3) là grande divinité de tout ce
pays. Ce sont les mêmes habitans de
Patras qui révèrent sur-tout Esculape.,
sous son double nom dÿEsculape iet de
Sai apis (4) de ce .Surapis qui était
une des formes; d’Osiris,, ou du Baç-
chus Egyptien , le même que Pluton ,
avec lequel Clément d’Alexandrie (5)
confond aussi Bacchus, lors de la descente
.de ce dernier aux enfers. Les
Libyens (6) le disputent aux Grecs , aux
Arabes, aux Egyptiens y et aux Indiens,
et le font naître de la belle Amalthée,
laquelle eut commerce avec Jupiter
Ammon, qui régnoit, disent-ils, autrefois
sur une partie de la Libye. Cette
fable' Libyerie se lie aux fables Cretoises,
sur Jupiter; et sut* les, Titans , et
paraît appartenir à ceux des Libyens;,
qui étoient établis dans la Cyrénaïque
et dans le voisinage des, sables où se
trouve le temple de Jupiter Ammon.
Diodore (ÿ) place ce Bacchus avant Le
Bacchus Egyptien | fils de Jupiter , qui
régna en Egypte sous le nom d’Osiris1,
et qui établit les Mystères ; et après eux
le Bacçhus Grec, fils de Séméié , qui
dans la suite des siècles fut fameux
dans les histoires grecques par ses
voyages, et ses conquêtes. L’âge où vécut
ce dernier ne peut être que fort
éloigné de celui oùvivoit Je Bacchus,
qui étoit ; contemporain de . Jupiter et
des Titans- Tous ces Bacchus, suivant
( i j Diotlor. I. 3. c. 135— 140. p. 2 « .
(2) Paus. Ach. p. ,24. 0 ) Ibid, p; 226. "
(4) Ibid. 227.
iSj Ciem, ad Gent. p. 22.
(6) Uiüd, Ibid. I. 3 c. 14I.
nous , , se réduisent; à Punique Dieu
Soleil, chanté dans différens poèmes
et à diverses époques , chez différens
peuples, Cicéron (8) compte aussi plusieurs
Bacchus ; il en distingue principalement
cinq. Le premier étoit fils
de Jupiter et de Proserpine. Le second
étoit fils du Nil ; ç’est celui qui tua
Nysa. Le troisième étoitfils de Caprius ;
c’est celui qui commanda en Asie et
en honneur duquel furent établies les
les fêtes Sabaziennes. Le quatrième
étoit fils de Jupiter et de la Lune ; c’est
à lui que s’adressent les, cérémonies
Orphiques, Le cinquième étoit fils de
Thyoné et de ,Nisus ;. ç’est celui qui
établit les fêtes Triétérides. Cicéron,
auroit pu ajouter le fils d’Ammon et
d’Amalthée , fameux dans la Cosmogonie
des Libyens ; . celui de, Jupiter et
de Séméié,,; chanté par les Grecs; le
.Bacchus fils de Jupiter et de Cérès.que
les géans coupèrent par morceaux et
qu’ils firent ensuite cuire dans une marmite
; (9) le Bacchps fils d’Isis , qui
prit le surnom d’ArsaphèsenEgypte ;( 1 o)
le Bacchus Sebadius adoré sur le mont
Zilmissusen Thraçe,,etqueMaçrobe (ti,)
dit être le Soleil : aussi unissoit-on son
culte à celui de Diane , suivant Hérodote.
(12),
Toutes ces filiations de Bacchus
n’offrent tant de variétés , que parce
que chaque poète dans ses chants, chaque
prêtre dans sa légende sacrée-,
chaque peuple dans ses traditions religieuses
, donnoit au même Dieu une
généalogie différente, à raison des dif-
férens rapports cosmogoniques , qu’il
leur plaisoit de choisir,, pour fixer le
départ de l ’astre bienfaisant , qui féconde
Ja terre, et répand 'sur nous les
heureuses influences du ciel. Cest cette
multiplicité de légendes, qui a produit
(7 ) Ibid c. 145/
I^BJCicero Jde nat- tleor. I. 3 ç. 33.
('ç)Dioiî. i, 3. c- 138. p.'.aji.
( 10 ) Pi:;t, de Iside. p. 363-
( 11 ) Satur. i. 1. c. 18.
f l »J Hérodot. I. 5 c. 7-
une discordance si monstrueuse dans
ces anciennes traditions sur Bacchus ,
qu’il est impossible de les concilier ,
comme l ’a très- bien observé Diodore. (1 )
Mais elle n’a plus rien d’étrange, quand i ©n fait comme nous de tous ces Bacchus
, non un ou plusieurs princes ,
mais un seul être , le Soleil charité dif.
féremment, chez différens peuples, en
différens siècles. Si on doit chercher à
les concilier , ce ne doit pas être sûrement
entr’elles, mais avec la marche
de la nature, fond commun - sur le quel
tous les chantres de. Bacchus ont
travaillé. C’est le lien qui va les réunir
toutes.
On cherchera d’abord ces rapports
dans lé ciel et dans la partie du zodiaque
, où le soleil commence à exercer
cette action bienfaisante sur la terre à
l ’équinoxe du printemps. C’est là que
nous trouverons ce taureau, dont Osi-
ris, ainsi que Bacchus , empruntèrent
leurs attributs communs ; ce saint taureau,
qu’invoquoient les femmes Eléen-
nes , et qu’elles invitaient à descendre
vers elles avec son pied de Taureau,-
ce Dieu fils de boeuf, que célébraient
les Argiens adorateurs d’Io , ou de la
lune , dont le Taureau céleste conser-
vdit la dépouille , depuis qu’elle eut
quitté sa métamorphose en vache. C’est
la que.nous, trouverons , sur le front
même du Taureau, le grouppe des Hya-
des, que toute l’antiquité a appellées
les nourices de Bacchus , (z) celles à
qui Lycurgue , prince féroce , ennemi
de Bacchus, donna la chasse et qu’il mit
en fuite. Elles étoient filles d’Hyas (3)
et de la Boeotie , lieu qui donna' naissance
à Bacchus. Jupiter , dit-on , les
trouva au moment de la naissance de
Bacchus et les plaça aux deux (4) pour
indiquer les saisons. Elles annoncent
(V Diod‘. I. 3. c. 138— 139. p. 231.
(2) Hygin. I. 2 German. c. 13.
(3Î Theon ad Arat. Phoenom. 125.
<4) Ovid. fast. I. 5.
(5^ German c. 41, adlînem,
le printemps et l’automne , et'fixent les
limites de cet intervalle de six mois, qui
comprend en soi les moissons , les vendanges
et la maturité des fruits , dît
Gerinariicus. (5) Elles fixoient donc les
limités du règne bienfaisant d Osiris ou
de Bacchus et de la durée de’ l ’action
fécondé que le soleil exerce sur là na-
triïe pendant le printemps et l’été. Que
de titres pour jouer un rôle dans l’histoire
deBacchuson du Soleil. Joignezàcela que
Bacchus présidoit au principe humide
delà nature, er que les Hyades étaient
censées remplir la même fonction par
leur influence , qui leur mérita l ’épithète
de pluvieuses que leur donne Vir-
gde, (6) et qui répond parfaitement à
leur nom Grec d’Hyades, (7) Ovide fixé
leur lever vers le milieu du passage du
soleil sous le signe du Taureau, le léié-
dernain de, celui d’Amalthée ou de la
Chèvre céleste mère de Bacchus , dans
la tradition des Libyens , dont nous
parlerons bientôt, et qui, comme les
Hyades, porta le nom de constellation
pluvieusé. C’est ainsi que la fable Libyene
confia le soin de Bacchus à
Aristée on-à l homine du Verseau. Parmi
les Hyades , on en distinguera surtout
une, qui porte le nom de Thyoné ,
c est-a-dire le même nom que certaines
traditions donnent à la mère de
Bacchus , de ce Bacchus que Cicéron
Compte pour le cinquièmeBacchus, celui
qui eut pour père Nisus et Thyoné. Ovide
dans ses fastes désigne Thyoné (8)
cômme une etoile dri front du Taureau
.et consequemment comme faisant partie
des Hyades , ou des étoiles du front
du Boeuf céleste], qui donne ses formes à
Bacchus ou au Soleil de l ’équinoxe du
printemps. C’est peut être Ja brillante
des Hyades , Aldebarau , qui étoit le
dieu tutelaire de la tribu Misa chez,
(6) Virgil. Ændid. I. 1. v. 748. -
(7) Isidor. Orig. I. 3. 2- 47,
($) Fast. !. 5. v. .23,
igj Fast. I. é. x. 711-