lugubres , et marchant tristement à
la suite des figures d’Adonis mort ,
qu’on alloit enterrer. Elles portoient des
vases , remplis de terre , dans
lesquels on a voit semé divers légumes
, des laitues , du fenouil, qui ,
«ayant que peu de racines , périssoient
bientôt. On appeloit cela les jardins
d ’Adonis; et ce nom passa dans la suite
en proverbe , pour désigner une chose
xjui périt bientôt. C’étoit une allusion
au sort malheureux du jeune amant de
Vénus , enlevé à la fleur de l’âge , et
aux laitues, sur lesquelles le coucha la
Déesse , après sa mort.
Cette fête de deuil se terminoit par
des fêtes de joie , occasionnée par la
résurrection d’Adonis ( 1 ). En Syrie on
pleuroit , pendant sept jours, la mort
d’Adonis tué par un Sanglier ; on pous-
soit des gémissemens , on se flagefloit,
et on rendoit au Dieu les honneurs funèbres
(2). Enfin , le dernier jour on
annonçoit le retour du Diep à la vie,
et on faisoit son apothéose. Cette heureuse
nouvelle était annoncée fous les
«11s , par un panier d’osier , en forme •
de tête , abandonné aux flots du 'Nil ,
et jeté dans la mer , et de là sur la.
côte de Phénicie , où un vent favorable
ne manquoit jamais de le porter. Tous
les ans, à pareille époque , on teignoit
en pourpre ou en cotriehr de-sang les
eaux d’un ruisseau , nommé Adonis ,
qui tombbit du Liban , où l’on di.soit,
que le sang du jeune Adonis avoit
coulé 'de ses blessures. 0n ne voit
dans tout cela, qu’une cérémonie commémorative
dame aventure' tragique
imaginée par les Mystagpgués , fet dora
on donnoit la représentation dans
les mystères , dont font le cérémonial
étoit presque toujours imitatif.
’ '
C’est ainsi.^que dans Ses mystères de
(1) Microb. S ît. 1. x , c.-ii*.
(1) Lucian. de De à Syr.î. 2,*p. 878; ‘‘
-G)’Cicre. Preteep. -p. 9.
(4) Herad. 1. *, C. 4a.
Bacchus , ou dans les Dionysies sacrées,
on faisoit une distribution de viandes
crues, que l’on mangeoit aussitôt , en
représentation de ce que les Céans
avoient fait du corps de Bacchus, après
l’avoir mis en pièces (3) ; cette cérémonie
s’appeloit Créonomie et Omopha-
gie. Les initiés aux mystères de Mars
à Pampremis s’armoient de bâtons ,
et combattoient contre les'Prêtres, armés
de massues, pour imiter les oeuvres
du Dieu , dont ils célébroient les mystères
(4).
Ce principe d’imitation fut la source
de bien des obscénités , et de
représentations ( q ) , qui , simples et
innocentes dans le principe , donnèrent
ensuite lieu aux fêtes les plus li-
eencieuses , lorsque les moeurs vinrent
à se corrompre ; et la religion , qui pri-
mitivêment avoitpoàr but de les régler ,
en devint le plus redoutable écueil. On
étoit persuadé, que , pour plaire davantage
aux Dieux , il falloit imiter leur nature
etleurs actions (5). Ce principe d’imitation
comluisoit loin dans une religion
, qui prêtoit aux Dieux tputes
sortes d’obscénités , dans ses fictions
Mythologiques. Ainsi la force génçr-a-
tüce , qui se manifeste au Printemps .,
fut exprimée par ^élévation du Phallus.
De là vinrent la pompe Ithyphalliquè ,
les cérémonies commémora fi vqs de l’aventure
My thologique de .Bacchus ^for-
symnus (6) ; les hommages d’imitation
rendus à V.ënus', par lesfemmes Babyloniennes
; les fêtes de Prjape etç. les
propos obscènes qifon y tenyit, etc On
crut, qb’une repfëseniacion iprepgùe.jia-
thréllé des Idééé Çbémogopiqùes 2 -que
l ’on 6lévehyppoit,‘lèsjrendr.6îtpl.u« sensibles,'
et 1 csg r a ve ro i |t bi s fort ripent daa *
'la mémoire fîti Peiqée ; cni ij. en rêsui-
teroit chez, lui une impression'grande et
durable. ■ :'! : e '
-fi)C JarritrlitH- JeMyst.c. Vl.' [ ,g.
(6)\Cletti.' pfdtrep.qj. i i ■ A-riicbe. Hérpd.l.,i(,c,
Aqgust. de Cijit. üei, l'îg, c.' 21.
Ce principe d’imitation ne fut pas le
seul , qui dirigea le culte sacré et le cérémonial
des anciennes initiations. Souvent
on ne chercha , qu’à étaler une
pompe imposante , qui imprimât un
grand respect au Peuple,et qui luidonnât
une grande idée des -mystères , qu’il alloit
célébrer, soit par les préliminaires
qu’on exigeoit, soit par l ’appareil même
de la célébration. Nous avons déjà parlé
de ces préliminaires, tels que le jeûne,
la continence, les ablutions et purifications
, l’attente et les longues épreuves ,
telles que celles, par exemple , qu’on exigeoit
dans l’initiation Mitliriaque. A
Eleusis les épreuves n’étoient point rigoureuses;
mais d’attente étoit un des
moyens , qu’on avoit imaginé , pour piquer
le désir, et pour faire sentir aux
initiés tout le prix des faveurs , que l ’on
ne leur accordoit que par degrés , et
après avoir déjà été consacrés par des
initiations graduelles et préliminaires.
De-là -vint la distinction des grands et
des petits mystères (1). Il falloit nécessairement
avoir été admis à ceux - ci
depuis quelques années , avant que
d’être admis à la participation des
autres (2). Les petits mystères célébrés
à Agra , sur le bord de l’Hissus , à deux
ou trois stades d’Athènes , étoient une
préparation ,aux grands mystères. C’étoit
en quelque sorte le vestibule du
Temple ; les grands mystère* célébrés
à Eleusis -en étoient le sanctuaire f3),
Là on se purifioit , et l’on prëparoit
son ame à recevoir les vérités saintes,
qu’on -enseignoit dans la haute initiation
; et onTépuroit de toutes les souillai
res, qui aurôient pu ternir les yeux
de l’esprit, -destinés à jouir de la vision
des-tableaux Sacrés de la nature., dont
on donnoit le spectacle aux Epop-
tes (4) . : On-appeloit Epoptes ou Voyans
(1) Procl. in Piat. Tfecl,-J. 4 ,.a. 26. .f I . ..
(2) Meurs. Ebus. c, tjeqy, dUt. .PhisdnSteph.
Bys. in voc. Aÿy.’Èustaiïf. àd fùad. -ii,. / .
1 1 j i
et con templateurs, les initiés aux grandi
mystères, tandis qu’on ne donnoit que
le titre modeste d? Myste ou d’initié à
ceux qui n’étoient encore admis, qu’à
la participation des petits mystères. Us
n’étoient, que comme le* simples Catéchumènes
(4) Hàrpôèrax. m vôcë tvc-rt. Suidas in voce
Esrssrl. SçpaliaK. Aristoph. ixl Kanis.
de l’initiation des Chrétiens.
Car toutes les initiations anciennes se
ressemblent, à peu de choses près. Les
petits mystères étoient une ombre imparfaite
des grands, comme le sommeil
est une image de la mort. C’est la
comparaison, qu’en faisoit un ancien
poète (5). Une fois admis à ces premiers
mystères , l’initié devenu Myste , où
Adepte , recevoit des leçons de morale
et comme les premiers fondemens de
la science sacrée (6) , dont la partie là
plus sublime, et la plus secrète' était
réservée à l’Epopte seul, qui voyoit la
vérité nue et à découvert, tandis,que
le Myste ne l’appercevoit qu’à travers
un voile, et sous des emblèmes plus
propres à irriter , qu’à satisfaire sa curiosité.
Mais avant de lui révéler les
premiers secrets, et les premiers dogmes
de l’initiation , on s’assuroit de sa discrétion
, en lui faisant'(prêter' Un' serment
redoutable (7), pat lequel'-il s’en-
gageoit à ne jamais trahir le secret.
On lui faisoit faire des voeux , des
prières et dés sacrifices aux Dieux. Lé
PorC étoit la .victime ’d’tisage : èé qui
lui fit. damifer cottimé a n ôs ' ' gro,s
Moines’, ;le non«''d’ànimal'mystique (8)1
On l’avoit purifié auparavant dans les
eaux de la .mer. Cette première initiation
.étoit accompagnée d’une cérémonie
mystérieuse, dans laquelle'on étèn-
doit à tèrre . la peau ‘ de victimes çôn-
saçrées à'Jupiter (9) , et sur jesquélles
l’initié irrettoit les piedS.C’étôit 'sur cette
espèce de^tapjs , que le Drtdouque pla-
çoit le récipiéndaire. On lui appigÂçis
(r) Plut. Cons. ad’Apoll. 107. .ïtTW K fS ,*
,(6) Cîetn. Strom. 1. 5.^n ,ï MwjA (C
.ffl.-eS-Ù'Bii'?. AsftèUb:?..) in Proam. . j
(*) ÂÙ?.tÇflJ1;ifl.'Â8bare.-'..vù 747^764- [A (4)
(5) Suidas ià voce Atif