gien. De-Ià vient qu’Attis s’appeloit aussi Papa.
Si notre conjecture est vraie ,c e mot a été traduit
par les Latins , par celui de Pater , épithète' qu’ils'
-, • donnoient à Bacchus, Liber Pater. Ainsi Jupiter,
ou Jov-Pater , étoit appelé Pappeut, parles
# Scythes.
(«) Il y avoit une ville en Phocide; nÔmmée
Ophitée, fameuse par fa célébration des Orgies
de Bacchus, et dans laquelle on racontoit l’aventure
d’un jeune enfant , défendu par un Serpent
contre un Loup , et tué par erreur , par son père,
ainsi que le Sërpent qui le défendoit (i) . Ce père
malheureux avoit élevé .un bûcher commun à son
fils et à son gardien -, lequel donna son nom à la
ville d’Ophitée. Il est aisé de v o ir , que ce conte
s’applique au jeune enfant des mystères , à Bacchus
et au Serpent , que l’on plaçoit près de lui
dans la Ciste sacrée. Ce qui confirme l ’identité de
ce Serpent avec celui du Serpentaire , ou de l ’Es-
culape céleste , c’est d’abord , que le Dieu honoré
dans ces fêies nocturnes étoit censé avoir la
vertu de guérir toutes les maladies ; 20. qu’il don-
noit à ses Prêtres la vertu prophétique , comme le
Serpent de Delphes. Or Lucien,de Astrologid ,
dit -y que cette vertu descendoit du Serpent céleste.
- (0) Nous ne nions pas néanmoins y que, quoique
dans l’origine ces institutions eussent un but
honnête , et ne présentassent rien, dont la pudeur
s’effarouchât , cependant les idées d’obscénité
s’y réunirent dans la suite , par l’effet de la corruption
des moeurs , et de l’amour du plaisir , qui
empoisonne tout de son souffle. Ces fêtes devin-
rént donc réellement licencieuses, et ces mystères
nocturnes des écoles de débauche , qui attirèrent
soinent l’animadversion des Magistrats. On sait
avec quelle rigueur le Sénat (2) , l ’an de Rome
566 , sous le consulat de Sp. Posthumius , et de
Mar. Philippus , sévit contre les Initiés à ces cérémonies
étrangères, dont.les mystères servoient
de voile à la plus affreuse débauche , et aux plus
horribles forfaits. A Thèbes , Diagondas fit faire
une loi , qui les défendoit ( 3 ). Mais quand les
Peuples furent absolument corrompus , comme à
Rome^sous les Empereurs , ces mystères furent
favorablement accueillis ,e t la débauche se couvrit
du voile de la Religion , gour pouvoir se produire
avee plus d’impunité (4).
(p) On sait, qu’il y avoit des initiations à la
Lune et au Sole il, ou aux mystères de la lumière
de ces astres , dans lesquels passoient les âmes.
Le nom d’Hécate fut même donné à une des cavités
de la Lune , destinée à recevoir les
âmes ( 5 ).
J jÙ Thémis est le nom de la Vierge céleste J
mère de Christ. \
(r) Les noms différens de Cybèlç sont tous
tirés des villes ou des montagnes, oh elle étoit
adorée ; ce qui confirme que la Phrygie a été Je
principal théâtre de son cu lte , si elle n’en a pas
été le berceau. Tels sont les surnoms de Béré-
cynthienne (6) , Dindyménienne , Idéenne, Pessi-
nuntide, deCybê, de Cybèle, de Mygdonienne etc*’
lesquels sont tous tirés des lieux de Phrygie, oh
fut établi son culte. Elle prit lé surnom d’Andéi-
rène , d’une petite ville de la Troade.
(j) On lui attribue l ’invention de plusieurs
remèdes contre les maladies des enfans j les Egyptiens
en disoient autant d’Isis , q u i , par l’efficacité
des remèdes qu’elle inventa, rappela Horus à la
vie.
( t) Lucien semble incliner davantage vers
l’opinion, qui fait de cette Divinité Syrienne la
Junon Grecque (7) et qui rapporte l’établissement
de ce Temple à Bacchus , dont les symboles
Ityphalliques sont multipliés dans ce Temple. Mais f
si on fait réflexion qu’Atys et Bacchus sont la
même Divinité;q.ue le retranchement du Phallus dans
Atys, et l ’érection du Phallus dans les Bacchanales*
tiennent au même principe de fécondité solaire ;
que les fêtes Sabaziennes en Phrygie, et les fêtes
de Cybèle ou de Rhée , étoient égalemènt fameuses
(8), on pourroit croire , que ce rapport-là
même doit encore rapprocher ce culte des Syriens,
du culte Phrygien ; car Atys est Bacchus.
(y) On avoit consacré en Phrygie un temple, sous
l’invocation de Vénùs-Cybèle ( Nonn. Dionys, L
48, v. 6 5 4 ) , et l’on donna souvent à. la Planète
de Vénus , le nom d’astre de la mère des
Dieux ( Pline ).
(x ) Athanase (cont. gent. 27 e ti8 ) parle des cérémonies
religieuses de la mère des Dieux , dan#
lesquelles ses Prêtres abdiquoient leur sexe et l ’habit
d’homme , pour mieux honorer cette Divinité.
Il ajoute , que ces peuples ont appris de Vénus
l’infame métier des courtisanes y et de Rhéa toutes
sortes d’obscénités.
(y ) Les Romains (9) , pour conserver le souvenir
du culte de C y b è le , voulurent que ce fût un
Phrygien et une Phrygienne , qui fussent chargés
de taire les fonctions de ce sacerdoce chez eux , et
de porter tous les ans, en pompe , sa statue. Ces
Phrygiens, ayant suspendus au cou , des images
de la Déesse, alloient mendiant pour elle , comme
chez nous on quête pour la Vierge; et ils soutenoient,
par les accords de la flûte et par les tambours , la
voix de ceux qui chantoient des hymnes , errhon-
(1) Pausan. Phocic. p. 552.
(2) Tit. Liv. 1. }9, c. iç et 16*
(3) Cic, de Leg. 1. 2, c. 15.
(4) Tertull. Apol. c. 7.
(5) Plut, de Facie in orbe Lunæ*
(6) Lflio Gyrâldi Synt. 4. Tzetès ad Lycoph. p, 116. Edit,
Steph. Strab.' f. ro; id. 1. ij.
(7) Lucien, p. 886,
h ) Strab. 1. io._
(9) Denis d’Haliçar. 1. 3«
• »
neur de la Déesse , dont on portoit la statue au
fleuve, pour T y laver.
(ç) Si on consulte la Cosmogonie des Atlantes,
elle ne. peut être la Lune , puisqu’elle y est supposée
au contraire être mère du Soleil et de la
Lune.
La- tradition de Varron , conservée par Saint
Augustin, qui dit (1) que, dans ces mystères : omnia
referuntur ad mortalia semina, et exercendam Agri-
cülturam, rapproche ces mystères de ceux de Cérès
et conséquemment Cybèle même de la Cérès
céleste, ou de la constellation, oh est l ’E p i , image
elle-même de la Lune.
Servius, dans son commentaire sur Virgile ( I I ,
v . 252 ) , prétend que Cybèle est la Terre; et
ils ajoute, que si on lui met en main uneÇlef, c’est
qu’au Printemps la Terre s’ouvre, et qu’en Automne
elle se ferme.
( a ) Voyez Hygin à l’article d’Ophiuchus ,
ou du Serpent , qu’il tient et qu’il trouva aussi
près du bord du Sangaris : ce qui rapproche cette
fiction de l ’Esculape Céleste, avec qui la pleine
Lflne de l’Equinoxe étoit en conjonction ; de cet
Esmun Phénicien , dont Astronoë devint amoureuse
, et qui se mutila.
(b) On fit des Corybantes des Génies ou des
Divinités subalternes ( 2 ). Ces Corybantes sont
comme les Cherub des Hébreux, qui étoient censés
célébrer des choeurs autour du trône , de la Divinité.
Suivant Nonnus, les noms des trois anciens
Corybantes étoient Cyrbas , Pyrrichus et Idatus.
Diodôre (3) n’admet que Corybas , fils de Jasion
et de C ybèle , qui célébra le premier les mystères
de sa mère , et donna son nom aux autres ministres
de cette Déesse.
(c) Dêo étoit un des noms de Cérès , comme le
dit l’auteur de l ’ancien Hymne attribué à Homère. I (d ) Dinarque (cont. Démosth.p. 48) , parlant de
la mère des Dieux , dit : hanc scripti juris totius
Custodem urbs habet\ ce qui convient assez à.la
Vierge céleste, Thémis.
(«) Op prétend que la statue de cette Déesse
parut à Pessinunte,deux cents quatre-vingt-dix-sept
ans avant l’époque, oh l ’on fixe la prise de Troye (4),
quelques années après la prétendue arrivée de
Cadmus et de Danaüs en Grèce ; ce qui fait remonter
fort haut l’établissement de ce culte et de
ces mystères, et qui les place dans un rang d’ancienneté
supérieur à celui des mystères d’Eleusis,
en Grèce.
(ƒ) Dans la tradition de Julien , Cybèle est mère
d’A ty s , comme dans celle des Atlantes , elle est
mère du Soleil ou d’Hélios.
(1) De Civ. D ei, 1. 7, c. 24.
(2) Hyg. Fab. 134. Serv. ad Æneid. L 3 , v. I13,
(3) Dioth 1. 5. •
(4) Marmor. Ox. Epoch. io.
(5) Jul. Firm. de'Err, Prof. 1,17. Arnob, 1,
( g ) Vitam cuiquam pollicentur alernam. (August.
de ciyit D e i, 1. 7 , c. 24).
(h) L ’arbre sacré que l’on coupoit en cérémonie
étoit un Pin , au milieu duquel étoit attachée
la figure d’Atys ($) , et au pied la figure
d’Arie$ ou du Belier Equinoxial. Le Pin étoit
consacré à Cybèle. On disoit, que c’étoit derrière
cet arbre , qu’avoitét'é découvert Atys, lorsque
Cybèle força les portes * de Pessinunte : d’autres
Mythologues disent, qu’Atys lui-même fut changé
en Pin (6). Quelques-uns supposent ( 7 ) , que ce
fut Cybèle. Les branches du Pin étoient ornées
de couronnes , comme le sont encore nos mais.
Le tronc de l’arbre étoit couvert de laine.
(i) Amobe parle aussi de ces abstinences , et
entre autres de celle du pain. Qu'td temperatus ab
alimonio panis, cui rei dédistis nomen castum? nonne
illius temporis imitatio est, quo se numen ab
. Cererif fruge violentia maroris abstinuit? Tertullien,
de jejuniis , parle aussi de ces jeûnes des initiés
aux mystères de Cybèle et de Cérès, à qui on
donnoit le nom de Casti.
(k) D ’autres font naître Atys du fang d’Agdistis,
qui elle-même naquit d’une pierre (8). Dans ce sens,
Atys ressemble à Mithra aussi né expetrâ. Dans
ces siècle s-là, on faisoit tout avec des pierres.
Rhée faisoit manger des pierres à Saturne ; Deu-
calion repeuploit l’Univers avec des, pierres ; Atys
-et Mithra tirent leur origine de pierres. Enfin, Christ
fait des calambours sur le mot pierre.
(/) E x Arnobio 1. 5 , nel quia Hircos Phrygzs
suis elocutionibus Atagos nuncupant , indè Attis
nomen effluxerit. .
(m) Près de Pessinunte étoit le mont Agdestis,
où on disoit qu’étoit enterré Atys (9).
(ri) Nonne ilium Attim Phrygem ahscissum
et spoliatum viro magna matris in Adytis déum pro-
pitium , deuîÿ. sanctum , Gallorum eonclamationt
testamini î Arnob. 1. 5.
Voyez Prudence :
« Ast hic'metenda, dédient genîtalia ,
>Y Numen reciso mitigans ab inguinc :
» Offert pudendum semiyir donum deae ;
» Ilium révulsa masculini generis
» Vend ) effutnti pascit auctam sanguine>*.
(0) C ’étoit une espèce de vase de terre , dans
lequel étoient renfermés des pavots blancs, du
froment, du miel et de l’huile (10).
(p) Justin L. 1. Solem unumDeum Persae crcdunt.
(6) Oviê. Metamorph. 1. 10.
(7) Tat.cont. Gent.(8) Arnob. p. 149. A'rnobe, 1. j. 1. y.
(9) Atcic. p. 4.
(19) Athen, 1. 8,v