
 
		a empruntée  d’PIermésianax, 11’étoit pas  
 celle  des  liabitans  de  la  Galatie  ni  de  
 Pessinunte.  La  tradition  de  ce  pays  
 fkisoit  d’Atys  un.  Androgyne  né à peuples  
 ,  comme Erichtonius , d’une éjaculation  
 de  Jupiter  pendant  son  sommeil  
 (4).  La  terre ,  imprégnée de  la semence  
 du  père des Dieux,  donna naissance  
 à un être, qui avoit les organes de  
 la  génération des  deux  sexes, et auquel  
 on donna le nom d'Agdestis. Les Dieux,  
 effrayés de ce monstre, lui retranchèrent  
 le membre viril,  lequel  se  changea  en  
 un  superbe  amandier  ,  qui  portoit  les  
 plus beaux fruits. Une Nymphe ,  bile du  
 fleuve  Sangaris ,  cueillit des  amandes ,  
 qu’elle mit dans  son  sein, et  elle  devint  
 grosse. Quandelle fut accouchée,un bouc  
 (/) , ou l’animal céleste, dans lequel naissent  
 le Soleil et l’année, prit soin de l’enfant  
 qui, devenu grand, parut si beau à  sa  
 mère,  qu’elle-même  en  devint  amoureuse. 
   Le  jeune  Atys  fut  envoyé  à  
 Pessinunte,  pour  y  être  uni  à  la  fille  
 du Roi. On entonnoitles chants de l’Hy-  
 menée,  lorsqu’Agdestis  vint  attenter  à  
 sa  jouissance.  Atys,  dans  le  délire,  se  
 mutila. Agdestis,  dans  la suite ,  se  repentant  
 de sa conduite à l ’égard d’Atys,  
 obtint  de  Jupiter  ,  qu’aucune  partie,  
 de  son  corps  ne  pourrait  se  corrompre  
 (ai).  Ce  culte de  la  Déesse  de P es--  
 sinunte .étoit  établi à  Dyme en Achaïe,  
 où  "cette Déesse,  sous  le  nom de Din-  
 dyme ,  avoit  un  temple  commun  avec  
 Atys. Pausanias  d it,  qu’il  ne  hii  a  pas  
 été  possible  de rien  apprendre  de leurs  
 mystères,  ou  de  la  partie  secrète  des  
 traditions  de  ce  pays  sur  Atys  ( 1 ).  Ce  
 Dieu  avoit  aussi  son  temple  avec Cy-  
 bèle  à   Patras ,  dans  la  ville  basse ;  et  
 il  y  recevoit  des  honneurs  religieux,  
 Pausanias  n’y  vit  point  sa  statue :  celle  
 de  Cÿbèle y étoit  en pierre. 
 Dans l’Attique  (a), ceuxd’Ànagyrase 
 (i)  Païu. Acb. p.  2*6. 
 (fi)  Fausan.  Aîtic.  p.  30. 
 (3)  Corinth.  p.  48. (41  Pausan.  Lacoa.  p.  94. 
 (5)  Ibid.  p.  WJ. 
 avoient aussi  élevé  un  temple à  la mère  
 des  Dieux. 
 A  Corinthe,  on  trouvoit  près  des  
 autels  du  Soleil,  un  temple,  une  colonne  
 ,  un  trône,  consacrés  à  la mère  
 des  Dieux  (3). 
 A  Lacédémone  ,  étoit  un  temple  de  
 la  mère  des Dieux,  laquelle  étoit  singulièrement  
 honorée ,  et tout auprès la  
 chapelle  d’Hippolyte (4). 
 On  trouvoit aussi un  temple  de  cette  
 Déesse ,  près des ruines d’Elos (5) , dans  
 la  ville d’Acries, non  loin des bords de  
 la mer.  Ce  temple  étoit  un  monument  
 curieux. On  y  voyoit  une  statue  de  la  
 Déesse  ,  qui  passott  pour  la  plus  ancienne  
 de  tontes  celles  qu'on  en  avoit  
 dans  le  Péloponèse.  La  plus  ancienne  
 de  toutes  étoit  en  A s i e à   Magnésie,  
 au  nord  du  mont  Sypile.  Les  Magnésiens  
 l’attribuoient à un fils  de Tantale.  
 Il  y a  apparence, que  les Insulaires  du  
 Péloponese  avoient  reçu  ce  culte  des  
 Asiatiques  par  le  commerce.  Car  il  en  
 est  des Religions , comme  des maladies  
 épidémiques ; elles  se  propagent  par la  
 communication  des Peuples  entre eux,  
 et  sur-tout  par  le  commerce  ;  quand  
 une  politique  sage  n’a  pas  ses  lazarets  
 pour en  prévenir  la contagion. 
 Les  Messéniens ,  chez  qui on  trouve  
 une  statue  de Jupiter Sauveur ,  et une  
 fontaine  d’Arsinoë,  du nom  de  la  fille  
 de  Leucippe  ,  avoient aussi une magnifique  
 statue  de la mère des D ieux (6) ,  
 en  marbre  de  Paros,  ouvrage de  Da-  
 mophon. 
 A  Olympie  ( 7 ) ,   cette  Déesse  avoit  
 aussi  son  autel. 
 A Acacésie,  en Arcadie,  on trouvoit  
 ensemble  les  autels de  Cérès,  de  Des-  
 poina  ,  et  de  la  grande  mère  des  
 Dieux  ( 8 ).  Elle  avoit  encore ,  dans  le  
 même  pays  ,  son  temple  ,  près  de»  
 sources  de  l’Alphée  ( 9 ) ;  et  on  y  re- 
 (6)  Pausan. Messen, p.  141. 
 (7)  Heliac.  1 .1 ,   p.  16a. 
 (b)  Arcad.  p,  *67. 
 (ÿ)  Ibii  f : 274- 
 R E L I G I O N   U N I V E R S E L L E .   87 
 marquent  deux  statues  de  lions  en  
 marbre,  animaux  consacrés  à  cette  
 péesse,  dont  le  char  étoit  censé  attelé  
 de  lions. 
 À Thèbes (x) ,  on voyoit  encore  du  
 temps  de  Pausanias  les  restes  de  la  
 maison  de  Pindare  ,  une  chapelle  et  
 une  statue,  qu’il  avoit  consacrées  à  la  
 mère  des Dieux.  On  n’ouvroit  ce  sanctuaire  
 ,  qu’une  fois tous  les  ans.  Pausanias  
 y  étoit,  au  temps  où  l’ouverture  
 s’en faisoit,  et il  vit  la statue  et  le  trône  
 de  la  Déesse ,  qui  étoient  en marbre. 
 Pausanias  (2),  en  parlant  dés antres  
 sacrés  les  plus  remarquables  qu’il  ait  
 vus,  cite  un  antre de  Phrygie ,  près  le  
 fleuve Peùcella, appelé l’antre Steunos,  
 dont la concavité s’arrondissoit en voûte  
 assez  haute. Cet  antre  étoit  consacré  à  
 Cybèle,  ou  à la  mère  des  D ie u x ,  qui  
 y avoit sa  statue. Nous  aurons  occasion  
 de  remarquer  ailleurs,  que  les  antres  
 originairement  furent  les  premiers  
 sanctuaires des Dieux ,  et le lieu affecté  
 à  la  célébration  des  mystères.  L ’antrè  
 Mithriaque  en  sera  une.  nouvelle  
 preuve.  U  paraît,  que  cet  usage fut en  
 vogue  chez  les  Asiatiques ,  avant d’être  
 imité  par  les Grecs. Porphyre, dans  son  
 Traité  sur  l ’antre  des  Nymphes  ,  
 donne les raisons  de cette  consécration. 
 Après  avoir  recueilli  les  traditions  
 Grecques  sur Cybèle  et  Atys,  et suivi,  
 avec Pausanias,  les  traces  de leur  culte  
 dans  la  Grèce,  nous  nous  croyons  
 dispensés  de rassembler toutes  les autres  
 variantes de cette  fable,  telles que  celle  
 des amours  de Cybèle  et  d’Atys,  chantés  
 dans  un_petit  Poème  de  Catule. Le  
 Poète  suppose,  que  ce  jeune  Prince,  
 ayant quitté le  lieu  de sa naissance  ,  se  
 retira  dans  les  bois  de  Phrygie,  o ù ,  
 s étant mutilé, Cybèle .l’adopta an nombre  
 de  ses Prêtres. 
 Il  en  est  de  même  de  celle  de  Ser-  
 vius (3), qui nous représente Atys comme  
 Un  enfant  d’une  charmante  figure ,  at- 
 (1)  Bæot.  p,  2oo. 
 (U  Pausan»  Phçcic.  p.  349. 
 taché  au  culte  de  Cybèle ,  et  dont  le  
 Roi devint amoureux. Le jeune homme,  
 prévoyant  les  violences  du  Prince  ,  se  
 réfugia  dans  les  forêts,  où  celui ci  le  
 suivit.  Voyant  qu’il  ne  pouvoit  échapper  
 à   l’outrage ,  il  mutila  son  Amant,  
 qui, en  mourant  , s’en vengea  sur  lui,  
 en  lui  faisant  la  même  opération.  Les  
 Prêtres  de  la Déesse  l’ayant  trouvé  expirant  
 sous  un Pin, l’emportèrent dans  
 son  temple ;  et  après  plusieurs  tentatives  
 inutiles,  pour le  rappeler à  la vie ,  
 ils l’y ensevelirent. Pour perpétuer le souvenir  
 de  cet  événement, Cybèle  établit  
 des  fêtes  de  deuil,  qui  dévoient  être  
 célébrées tous les ans dans son temple, et  
 elle voulut que  ces Prêtres s’assimilassent  
 au malheureux Atys ,  par  le  retranchement  
 des parties  qu’il  avoit perdues. 
 Toutes  ces  fables  ,  quelles  qu’elles  
 soient,  finissent  toujours  par  une  mutilation  
 ;  ce qui étoit le  grand  objet  des  
 représentations  tragiques  de  la  Passion  
 d’Atys,  dépouillé  de  sa virilité, comme  
 Osiris ,  dont  les parties  sexuelles  furent  
 jetées  dans  le  Nil  et  dévorées  par  les  
 poissons ; comme Adonis, blessé à l’aîne  
 par un  sanglier furieux ;  enfin ,  comme  
 le  Cadmille  de  Samothrace,  dont  les  
 parties  naturelles  furent  mises  dans  
 une ciste par ses  frères. 
 C’est  cette  Passion  d’Atys  ,  que  les  
 Prêtres 4e Cybèle rendoient au naturel,  
 par  des  incisions  et  des  amputations  
 faites  sur  eux-mêmes ,  afin  de  mieux  
 ressembler  à  leur  Dieu,  et  par  conséquent  
 être  pins  sûrs  de  lui  plaire  en.  
 l ’imitant. Dans les accès de  leur  enthousiasme  
 ,  ou  plutôt de  leur phrénésie  religieuse  
 (4.) ,  ces malheureux, un  glaive  
 e t des torches ardentes de pin à la main,  
 les  cheveux  épars ,  poussant  d’affreux  
 hurlemens,  comme  ies  Bacchantes  ,  
 couraient les bois et  les montagnes consacrées  
 à  Cybèle,  et appeloien t ( n )  ,  à   
 grands  cris, A tys ,  dont  ils  plaignoient  
 et  retraçoient  sur  eux les malheurs.  . 
 (3-)  Serir.  ad  AEneid.  1.  9. 
 (4)  Macreb, 1.5.  August.d«Civ.Eei,!. 6 ,c.7.