, 64 O R I G I N E D E T O U S L E S C U L T E S ,
villedeCyrêne. Cette ville fut bâtie, dit-
on, par un Lacédémonien, et près d’une
fontaine appellée la fontaine du Soleil
, dénomination qui confirme encore
les rapports , qui existent entre
le Dieu Ammon, ou le Soleil peint
avec les attributs du signe équinoxial
du Printemps. C’étoit le Dieu Soleil
qui, sous le nom d’Apollon , rendoit
les oracles de Delphes (c4); c’étoit le
même Dieu Soleil, qui en rendoit aussi
en Libye, sous le nom d’Ammon ; et
ces deux oracles étoient également fameux
chez les Grecs et chez les Barbares.
La Pythie , ou la fille qui rendoit des
oracles à Delphes , étoit soumise a
l ’action de la Vierge céleste ; l’oracle
d’Ammon ( r )étoit soumis à l’influence
du Bélier céleste, de ce Bélier, dont
le Bélier adoré en Egypte , suivant
Lucien , étoit l'image vivante. C’etoit
toujours le grand Dieu Soleil , qui
coin muniquoit sa science éternelle à
l ’homme , par le moyen des astres
auxquels il s’unissoit , et qui combi-
noient leur influence particulière avec
la grande force , qu’il exerce sur -la
nature sublunaire , dont il est l ame
et la vie.
Outre le temple qu’Ammon avoit
en Libye , et qui fut si fameux par
ses oracles , qu’Alexandre le Grand lui-
même fut le consulter ; ce Dieu avoit
enCore un tàinplè-, très - respecté des
Egyptiens, à Méroë, dans une île du
gpP ( z ). Mais le plus célèbre de tous,
c’est le temple de Libye ; aussi Ammon
prit-il par excellence le nom de
Jupiter Libyen , comme le nomme Pro-
perce, (3)d’Àmmon le Libyen, comme
l ’appelle Nonnus (4) , ou d’Ammon
de l’aride Libye, comme lè nomme
Martianus Capella : les Chrétiens en
firent leur Dieu Agneau. Tout ceci
confirme ce que dit Hérodote (5) ,
( i ) Luciin de Astroiogià. p. 903.
fa) Plin. Hift- nat. 1. 6- c. 24.
(3) Froper 1. 4. Eleg- t. (41 Dionyf. 1. 40.
que le Soleil et la Lune étoient les
seules Divinités auxquelles sacrifiassent
les prêtres de l’Afrique; et qui fussent
encore de son temps l’objet du culte
de tous les Libyens. Il ajoute , en
parlant des Ammoniens en particulier,
que leur temple devoit son origine
au Jupiter adoré à Thèbes , et qui,
dans ce temple d’Egypte , étoit représenté
, connue Ammon, avec une t^te
de bélier (6). Il y fait aussi la description
de la fameuse fontaine du Soleil
, placée près du temple, et dont
nous avons déjà parlé. Tout ce qu il
y dit des Peuples, qui habitent cette
- contrée connue sous le nom de Libye
(7)-, prouve assez , qu’elle a servi
à établir la communication des usa
ges et des cultes , que l ’Egypte inventa
et que la Gièce adopta dans la suite.
Ges observations ne sont point à négliger
, pour ceux qui aiment a suivre
les traces des opinions religieuses, des
usages , des arts et du commerce des
Peuples entre eux , dans leurs mouve-
rnens variés sur la surface du globe.
On faisüit Ammon fils de Pasiphaë,
ou d’une des Atlantides , soit Pléiades
, soitHyades ; car elles étoient toutes
filles d’Atlas ( 8 ) , Les premières sont
placées sur la division du Belier ce-
leste et du Taureau. Les secondes
sur le front du Taureau. Cette Pasiphaë
avoit aussi été mère d’un Génie
à cornes de boeuf. On voit aisément
l’origine de cette double fiction. Les
Pléiades et les Hyades annonçpient le
Printemps par leur lever Héliaque,
lorsque le point équinoxial repondoit
au Taureau ; elles l ’annoncèrent aussi
par leur lever Cosmique , lorsque cet
équinoxe passa au Bélier. Le Dieu Soleil,
ou son image symbolique , sons
la double forme de bélier et de boeuf,
se trouva donc liée à ces astres , dont
Herod. 1. 4 p. 186— 188.
(G) Ibid, c- 181.
(7 ) Ibid. c. 180.
(8j mm in Agid. & le même. p. 739.
O U R E L I G I O N Ü N 1 V E R S É L L Ë . io5
le lever donnoit naissance au Prin-
rtemps. Il' n’en fallut pas davantage,
pour faire naître de Pasiphaë, une
d’elles, le Dieu aux cornes de bélier,
et le Génie aux cornes de boeuf,
Iconnus sous les noms d’Ammon et
[de Minotaure. Aussi voyons - nous ,
Eue c’est dans le temple d’Apollon,
fou du Soleil , que Virgile ( 1 ) place
le tableau des amours de Pasiphaë ,
(de cette Pasiphaë à côté de laquelle
on mettoit en Grèce la statue du Soleil
(a), dont certaines traditions la
‘faisoient fille.
Elle étoit une prophétesse , comme
les Pléiades ou les Nymphes de Do-
Idone ( 3 ) , dont les Atlantides portent
le nom. C’étoit du temple de
tTlièbes , en Egypte , qu’étoient ver
[nues les prêtresses ou prophétesses ,
hui fondèrent l’oracle de Dodone et
[celui du temple d’Ammon , en Li-
!bye (4 )- ' ■ >: v
Pasiphaë, mère d’Ammon , avoit
un temple dans la ville de Thala-
rnes, en Laconie, et un oracle , qui
étoit en grande vénération ( 5)., On
alloit coucher dans son temple, et
la nuit la Déesse, faisoit voir en songe
tout ce qu’on vouloit savoir. Cicéron
parle de cet oracle , dans son premier
livre de la Divination (’ 6 ).
On consultoit aussi, par des songes ,
l ’oracle de Faune en Italie, comme on
peut le voir dans Virgile (7). Ser-
vius, commentateur de ce poëte , dit
à cette occasion, qu’on alloit pareillement
coucher dans le Capitole , pour
y recevoir des avis de Jupiter. Ce même
commentateur ajoute, que c’étoit la
Déesse Leucothée ( d\ ), ou Ino , qui
présidoit à la fontaine Albunée , près
de laquelle étoit cet oracle de Faune.
Or c’étoit près de Thalames, en Laconie
, que l’on consultoit Ino en dormant
, et que l’on obtenoit les songes
qu’on vouloit avoir. Ce qui donnerait
à croire qu’Ino et Pasiphaë seroient
ici la même Divinité ; d’autant plus ,
que dans ce temple on y trouvoid
deux statues ; savoir , celle de Pasiphaë
et celle du Soleil (8) ; et qu’il y
avoit aussi une fontaine sacrée.
C H A P I T R E H U I T I È M E .
T,Ap i s , Om p j i i s , M r e v i s , M i t h r a , n i e u x a ztx f o r m e s d e T a u r e J u , o»
M O R T E S SU R RE T A U R E A U . m
L e même principeMystagogique, qui
pt donner aux monumens de la religion
solaire les formes Astronomiques
du Bélier, un des douze signes, quand
PC Soleil y répondolt, dut Faire donner
à ce même astre celles du Taureau
, à l’époque de l’année où le So-
|eü occupoit ce signe, c’e st-à -d ire ,
purant le mois, qui suivoit immédiatement
celui où le Soleil parcourait le
(1) t n-id. 1. 6. v, jj,
(2) Paufan. Laconie, p. ioq.
% ($) Hygin. c. 2.
£4) Herod. I. a- c* 54.
Relig. U/dv. Tome I I .
Bélier des Constellations. C’est donc par
le ciel , qu’il nous faut expliquer l ’origine
des Taureaux sacrés , soit vivans ,
soit sculptés ou peints, et même celle
desfigures, quin’avoient d’autres attributs
que les cornes du boeuf, tels qu’O-
siriset Bacchus , ou qui étoient montées
surle boeuf, comme Mithra. Car on peut
regarder ces dernières formes, comme
des abréviations des anciens symboles.
Plut, in Agid. & Cleom. p. 799— 807.
(6) . C ic . de div. i* 1 c. 96.
(7) Virgil Æneîd. I- 7. v . 90.
(87 Paufan. Lacon. p. 10j .
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